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EAN : 9782130592945
324 pages
Presses Universitaires de France (05/09/2012)
3.42/5   6 notes
Résumé :
La sociologie exerce sur la vie des idées dans les démocraties modernes une influence importante, mais ambiguë. Dans sa dimension scientifique, elle a réalisé une remarquable percée dans l'explication des phénomènes politiques, moraux et religieux. Elle a montré que la souveraineté du peuple dans une démocratie représentative n'a rien d'utopique, mais aussi que les démocraties représentatives sont menacées par une dérive oligarchique, et expliqué pourquoi la France ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si comme moi vous n'avez jamais gardé les cochons avec la sociologie, les références qui se chevauchent dans ce livre, s'empoignant les unes les autres par les cheveux, ne vous aideront guère à mettre en ordre vos idées, quand bien même l'auteur s'évertue à de louables efforts pour distinguer les différents courants sociologiques dont il s'est nourri. Son objectif est le suivant : étudier la raison des croyances humaines. Il semblerait que l'information suivante puisse être essentielle à ceux qui réussiraient à en comprendre la valeur (ce n'est pas mon cas) : Boudon déplore qu'on ne voie pas assez les principes sociologiques imposés par Weber et Durkheim dans l'analyse des phénomènes politiques, moraux et religieux d'aujourd'hui. C'est notamment à partir de Weber que Boudon développe sa théorie de la rationalité ordinaire, dont je ne me souviens plus aujourd'hui, comme je ne me souviens plus non plus, d'ailleurs, de l'ensemble de cet essai (deux ans que je l'ai lu, deux ans que j'ai écrit ce résumé à l'arrache, en ayant sans doute hâte d'aller faire autre chose, n'importe quoi d'autre).


Dans l'ensemble, l'objectif de Boudon s'aligne avec le paradigme de notre époque : il s'agit d'établir une sociologie scientifique. La vraie science de chez la vraie science. Celle qui fait bander. le complexe de non-scientificité attristerait-il les pratiquants de la sociologie en mal de reconnaissance ? Science molle, qu'on leur dit. Ils veulent devenir durs. L'avènement d'une sociologie qui se prétendrait scientifique pense devoir atteindre sa plus parfaite gloire en remontant aux raisons des croyances les plus irrationnelles – c'est-à-dire aux croyances qui ne sont pas les siennes. La sociologie veut rigoler des autres sans se foutre d'elle-même. Elle pense pouvoir y aller de sa petite scientificité comme d'une appellation d'origine contrôlée dans le champ des denrées alimentaires : personne ne sait ce que ça veut dire, mais ça rassure au moment de s'y enfourner dans les tripes. Ainsi, la digestion se fait plus paisiblement, c'est-à-dire dans l'ignorance de ses fins dernières. Cherchant donc à se définir dans l'exclusion méprisante, Boudon rejette loin de lui toutes les méthodes qu'il juge non-scientifiques : vulgates marxiste, psychanalytique et structuraliste, entre autres, et notamment parce qu'elles stipulent que le comportement humain est soumis à des forces impersonnelles agissant à l'insu de l'individu. Comment ? L'homme ne saurait donc jamais parfaitement ce qu'il dit, ni ce qu'il fait ? Boudon n'y croit pas, pourtant c'est ce qu'il fait.


Boudon dit que toute action a une cause vers laquelle on peut remonter, et même si celle-ci n'est pas parfaitement consciente à l'individu qui l'a commise, un autre individu, bien informé (le sociologue scientifique) pourra la lui indiquer. Boudon plonge sans le voir dans le grand fantasme de l'ère de la scientificité : le culte de la transparence (qui faisait bien marrer Philippe Muray) et son corollaire, l'horreur de l'incontrôlable.


Ainsi qu'Erich Fromm étudia dans « La Peur de la liberté » le caractère de Luther pour expliquer comment, dans son combat contre les doutes qui l'assaillaient sans cesse, il finit par déclarer la doctrine de la prédestination pour mettre fin à la lutte, il serait intéressant de savoir quelles raisons « occultes » (dirait Boudon pour les discréditer) ont poussé l'auteur de ce livre à déclarer comme scientifiques les méthodes qui sont les siennes à l'exclusion de toutes les autres. Mais enfin, il y a peut-être d'autres choses plus intéressantes à faire aujourd'hui.
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Au delà de ce que le titre laisse penser sur le contenu de ce livre du très grand sociologue récemment disparu, il s'agit surtout d'un essai sur la sociologie, et l'histoire de son développement scientifique et parfois pseudo scientifique.
Certes, l'excès d'ambition nuit à la clarté du propos, notamment dans la structure du livre ; mais Il reste tout de même de longs passages extrêmement instructifs, comme très souvent dans les productions de cet intellectuel que son honnêteté sans faille a tenu à l'écart des médias car elle le conduisait sur des chemins éloignés du discours qui plait à l'étroite élite qui y fait la loi.
Son analyse de la mode (éphémère dans les milieux universitaires, moins dans l'élite médiatique) du structuralisme, des raisons qui ont fait son succès comme méthode d'approche d'une véritable connaissance dans le domaine de la linguistique, dans une bien moindre mesure dans l'anthropologie, et qui ont conduit à son échec total en sociologie, et cela, malgré des conséquences délétères et durables de la brève période où il a pu y asseoir une certaine domination, est remarquable de clarté.
Il montre à quel point, par ex, la culture de l'excuse, comme le pédagogisme, tous deux à l'origine de faillites gigantesques de politiques publiques essentielles, sont issus de cette brève période d'hégémonie du structuralisme dans les sciences sociales.
Faire de structures sociales la base de tout comportement, a conduit au refus tragique de la prise en compte de la responsabilité individuelle.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La globalisation a un effet majeur : affaiblir le modèle du despotisme immense et tutélaire de l’Etat. Les nécessités de la coopération en matière de politique de l’énergie ou de gestion des ressources rares et les avancées des techniques d’information et de communication sont peut-être appelées à jouer un rôle de facilitation des processus de rationalisation analogue au rôle que Durkheim a imputé aux progrès de la division du travail. Car ces facteurs ont pour effet d’affaiblir les Etats-nations et de favoriser le pouvoir des institutions et des organisations transnationales de caractère humanitaire, économique, judiciaire ou communicationnel. Ces institutions et organisations transnationales sont porteuses d’une forme de contrôle social dans une large mesure inédite, esquissant le développement d’un Recht ohne Stat : d’un « droit sans Etat ».
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En se posant des « limites », en privilégiant sa dimension morale par rapport à sa dimension dogmatique, la religion a, sans avoir recherché cet objectif, évité aux Etats-Unis les conflits avec la science qui caractérisent d’autres contextes nationaux, et notamment le contexte français. […]
En raison de sa centralisation, le catholicisme français était porteur de conflit avec l’autorité politique dont le protestantisme américain était préservé de par son éclatement. De plus, la dimension dogmatique est plus accentuée et la liberté d’interprétation du dogme consentie au croyant plus étroite dans le catholicisme que dans le protestantisme. D’où le conflit du catholicisme avec le développement des sciences.
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Lorsque nous effectuons ou renonçons à effectuer une action selon qu’elle entraîne des effets que nous estimons bons ou mauvais, nous faisons preuve de « rationalité instrumentale » (Zweckrationalität). Lorsque nous effectuons ou renonçons à effectuer une action selon qu’elle est ou non conforme à des principes que nous jugeons bons ou mauvais, nous faisons preuve de « rationalité axiologique » (Wertrationalität).
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[…] la sociologie comme science a toujours traité l’autonomie relative de l’être humain comme un fait irrécusable. Certes, il se meut toujours à l’intérieur d’un univers de contraintes. Mais ces contraintes ne peuvent sans abus de langage être dites déterminantes. Elles représentent des paramètres, jamais des causes efficientes de l’action humaine. Méconnaître cette distinction, c’est méconnaître le fait même de l’autonomie de l’être humain et par là organiser la confusion intellectuelle.
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La division du travail a fait […] que l’individualisme, que Durkheim voit comme un trait de la nature humaine, peut s’exprimer plus facilement dans les sociétés modernes. Cela explique que les sociétés modernes soient caractérisées par des tendances séculaires qu’il faut voir comme les effets d’un processus de sélection rationnelle des idées piloté par le politique sous le contrôle de l’opinion publique.
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