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EAN : 9782330050863
1198 pages
Actes Sud (13/05/2015)
3.45/5   11 notes
Résumé :
Phrynê a seize ans et déjà la beauté du diable quand le jeune Praxitélês pose pour la première fois les yeux sur elle. Il n’est pas encore le plus grand artiste de son temps, elle est encore loin de devenir l’hétaïre la plus scandaleuse d’Athènes. Ni l’un ni l’autre ne devine que la déshabiller les rendra tous deux célèbres pour l’éternité. Mais ce premier regard va sceller leurs destins, miroirs d’une civilisation à l’aube de sa métamorphose.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En se promenant ainsi entre les ruelles et les bordels du Pirée, le port d'Athènes, le célèbre sculpteur en devenir Praxitèle, aujourd'hui exposé au Louvre et dans le monde entier, est loin de se douter qu'il vient d'apercevoir la femme qui changera sa vie à tout jamais. Et, à vrai dire, Phryné est elle-même incapable d'imaginer que ce simple coup d'oeil jeté au travers d'une arrière-cour la transformera en la prostituée la plus célèbre du monde hellénistique et en la première femme nue à apparaître dans la sculpture antique. Il ne suffit que d'un geste, une esquisse tracée le long de son visage par le doigt du sculpteur, pour réveiller l'absente et l'amener à nous conduire à travers les méandres de son passé et de sa vie athénienne. Au fil des 1200 pages que contient l'imposant ouvrage écrit par Christophe Bouquerel, Phryné, qui est au départ une misérable esclave sexuelle d'un sordide bouge du Pirée, nous emmène côtoyer dans les banquets athéniens les hommes les plus importants de cette époque. Platon, Isocrate, Diogène, Praxitèle, Hypéride, Darius, tous les grands noms de l'histoire ressurgissent dans un détail, une scénette, une anecdote racontée par un personnage. Au fur et à mesure des festivités athéniennes, plus que les personnages qui l'entourent, c'est elle-même que Phryné va apprendre à apprivoiser. Elle, l'absente, celle dont elle ne veut plus connaître le vrai prénom, celle dont elle désire à tout prix renier le passé, elle va se découvrir fille, femme, mère, grand-mère à partir du moment où Praxitèle commencera à la révéler aux yeux du public grec sous les traits de la déesse Aphrodite.

Praxitèle, Jean-Léon Gérôme, Charles Baudelaire, Henryk Siemiradski, Camille Saint-Saëns, Maurice Donnay, nombreux sont les artistes qui ont essayé – et réussi – à inscrire la légende de Phryné dans le monde artistique. le tour de force de Christophe Bouquerel n'est pas ici de simplement romancer la figure aujourd'hui moins célèbre de Phryné et de nous livrer un roman historicisant. À l'instar du Pont sur la Drina d'Ivo Andrić ou des Enfants de minuit de Salman Rushdie, La Première femme nue est un roman-fleuve. En nous emmenant au quatrième siècle avant J.C., le roman fourmille de personnages, d'histoires et d'histoires enchâssées dans les plus petites histoires… Jusqu'au point où certaines de ces petites scènes de la vie d'Athènes occupent une importance majeure dans la vie de Phryné.

Évoquons maintenant un gros mot. Féministe. La Première femme nue est-il un roman féministe ? Bien que je ne sois ni un expert du féminisme ni la personne la plus appropriée pour en parler, il me semble en effet que ce roman correspond à ce que l'on peut attendre d'un bon roman féministe, à savoir nous parler de la femme autrement. En effet, pendant l'Antiquité, il faut savoir que la femme ne possède pas le même statut social que l'homme. Dans la société grecque et romaine par extension, la mère de famille ou l'épouse ne possèdent pas les mêmes droits civiques que leur mari et/ou fils. Reléguée en marge de la société, la femme est une figure de l'Altérité au même titre que le Barbare ou le Félon à qui on aura coupé nez et oreilles… Ainsi, cela ne serait pas rendre justice au roman que de l'évoquer sans se pencher sur l'un de ses aspects majeurs. Phryné est une prostituée grecque. Et c'est pourtant par ses yeux et ses souvenirs qu'elle nous conte l'histoire de la Grèce au quatrième siècle avant J.C. C'est par ses yeux et ses souvenirs qu'elle se moque de la société athénienne mâle, c'est par ses yeux et ses souvenirs qu'elle nargue les hommes, se moque d'eux, et parvient en premier lieu à extorquer à Praxitèle huit drachmes et six oboles – une somme exorbitante pour une passe dans un bordel du Pirée.

Dernièrement, il convient de mentionner l'aspect fantastique de l'oeuvre de M. Bouquerel. Phryné est appelée à devenir, au cours de ses péripéties, la prêtresse d'un culte oriental dans la scène athénienne. le système de croyances est à l'époque bien différent de ce que nous connaissons aujourd'hui – le théâtre constituant par exemple un acte civil et religieux. La religion grecque est peuplée d'histoires que nous connaissons encore aujourd'hui : la concours musical entre Pan et Dionysos, les enfants de Médée assassinés par leur propre mère, le rapt de la nymphe Europe. La première femme nue n'est pas exempt de personnages croyant à ces légendes et, lorsque celles-ci sont abordées, le texte se transforme en une exploration des mythes de la Grèce antique. Ces mythes sont vivants, les personnages vivent des aventures particulières et sont confrontés aux dieux, aux déesses, aux nymphes et autres créatures de la mythologie. de ce fait, La Première femme nue oscille entre le roman strictement historique et le roman fantastique. La frontière devient diaphane, proposant des explications rationnelles aux expériences mythologiques vécues par les personnages et des explications plus passionnées, laissant planer le doute sur la nature du monde…

Il y aurait encore fort à dire sur cette oeuvre magistrale qu'est La Première femme nue. Amoureux de l'Antiquité, connaisseur des travaux de Praxitèle ou curieux de connaître la vie de la plus célèbre prostituée de la Grèce, j'invite tous les lecteurs à poser leur attention, ne serait-ce que quelques instants, sur les premières pages du roman.
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C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'ai démarré ma lecture de ce pavé qu'est La première femme nue (plus de 1100 pages, quand même !). Entre une 4e de couv alléchante et une couv sublime, j'avais hâte de découvrir l'histoire de Phrynê.
Arrivée à mi-parcours, l'ouvrage a fini par me tomber des mains. Et pourtant, cela commençait si bien...
Dès les premières pages, l'auteur nous présente son héroïne, prétexte autant que coeur du récit, dont elle est la narratrice. le style est ciselé, l'ambiance (la Grèce antique) installée avec une profusion de détails. Christophe Bouquerel est helléniste de formation et cela se sent ! Il nous abreuve de détails, sons, odeurs, informations, le tout au travers de l'histoire de Phrynê et des personnes qui gravitent ou ont gravité autour d'elle. Passionnant !
Mais (il y en a un), la profusion de scènes de sexe décrites de façon très (trop) crue et des longueurs ont fini par me détourner du livre. Pour ce qui est du premier point : je conçois que, l'héroïne étant une prostituée, ce genre de scène soit inévitable. Je ne suis pas non plus pudibonde, sinon j'aurai lâché le livre bien plus tôt. Non, ce qui a fini par m'agacer, c'est que ce genre de scènes revenait trop souvent et décrites d'une façon... eh bien j'ai plus eu l'impression de lire un porno réalisé par et pour des hommes que le récit à la première personne d'une femme.
Et les longueurs n'ont rien arrangé, j'ai fini par soupirer d'ennui devant la lenteur du développement de certaines intrigues. Les détails, c'est plaisant, mais quand l'histoire n'avance guère pendant plusieurs pages, on finit par perdre le fil (et l'envie de poursuivre).
J'abandonne donc là ma lecture, je m'y replongerai peut-être un jour, histoire de connaître la relation entre Praxitélès et Phrynê (car, à la moitié du livre, ils ne sont pas encore tout à fait ensemble). Mais en attendant, je préfère m'en tenir là. Dommage, ça commençait tellement bien !
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Les amants de la Grèce antique découvriront ici la grande Histoire du IV siècle avant notre ère, raconté dans le style de Jacques le Goff, c'est à dire, privilégiant la présentation des mentalités et de faits du quotidian. Mélangeant personnages réels et fictifs, l'auteur nous fait découvrir ce siècle qui a vu l'apogée et la décadence d'Athènes. Magistral ! Mais - il y a toujours un "mais" qui, ici, ne détruit pas l'oeuvre mais la diminue - la profusion de scènes de sexe alourdi sens nécessité la narration. Quand la narratrice est l'hétaïre la plus connue est la plus scandaleuse d'Athènes, on s'attend à descriptions de scènes de sexe comme éléments fondamentaux de la psychologie du personage. le problème c'est qu'il y en a beaucoup trop !
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Praxitèle est un jeune sculpteur inconnu quand il rencontre Phrynê, très jeune prostituée fraichement débarquée. Leur amour capricieux offrira à la Grèce l'aphrodite de Cnide, première statue de femme nue.
Il a le talent, elle une volonté farouche d'indépendance, l'histoire de leur relation est passionnante.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
À travers les fumées grasses du bûcher, la vision se précise : une dizaine de filles en train de déjeuner dans le havre de lumière d’une arrière-cour. Les seins nus, les jambes allongées, alanguies dans des poses qui ne sont pas lascives mais vives, elles mangent des olives et des câpres sur une galette frottée d’huile. Elles s’offrent à la caresse gratuite du soleil. Les yeux fermés, elles se nourrissent avidement de ses rayons de miel. Quelques rires légers, parce qu’elles ne sont pas sous le regard des hommes. Cette image originelle, maintenant, je la vois de l’extérieur, de son point de vue à lui. Je sais que, dans ce spectacle insolite, dont la fraîcheur le tire pour un instant de son angoisse, ce qui retient l’attention du Sculpteur, c’est moi. D’emblée moi. L’absente. Perdue au milieu des autres. Assise très droite sur la margelle du puits, je les domine toutes, dans cette position, de la tête et des épaules. Bien que l’une de mes camarades, presque une enfant, ait posé sa tempe sur mes genoux et que je lui caresse distraitement les cheveux, il perçoit d’emblée ma distance. Ma réserve. Mon orgueil. Il pense sûrement : Totalement incongru pour une pute.
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Il éprouve non plus le désir mais le besoin, le manque presque douloureux, de ma nudité. Il désire tellement me voir nue qu’il ne sait même plus s’il aura ensuite envie de me prendre. Le plus exaspérant, d’ailleurs, c’est qu’il reste lucide sur ce que je suis, sur ma condition de putain de bordel municipal. Et se dire que des dizaines d’hommes avant lui ont dû me déshabiller sans émotion particulière ne change rien à l’intensité de son trouble. D’où cette gamine tire-t-elle cette science ? Cette connaissance presque perverse du désir des hommes ? Il n’éprouve un tel désir de me voir nue que parce que je refuse de me montrer.
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Il a besoin de me revoir. Pas de me faire l’amour, de me revoir. Oui, bon, de me faire l’amour aussi. De fermer les yeux et de se sentir exister dans la palpitation de ma peau, l’élancement de mes seins menus, la souplesse de ma taille, qui l’affole, maintenant qu’il y repense, et dont il se reproche de n’avoir pas assez su profiter la première fois. Trop obsédé par ses images. Là, les oublier, enfin, et, simplement, délicieusement, me baiser ! Jouir de moi, de chaque centimètre de ma peau nue !
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“Jamais vu de fille plus belle.” Comme il s’y attendait, les courbes de mon corps gardent quelque chose de gracile et d’inachevé. Mes seins menus, l’arrondi de mon ventre, mes cuisses viennent d’éclore mais ne sont pas encore épanouies. Émouvant miracle. Comment se fait-il que l’existence de putain, que je mène depuis plusieurs mois peut-être, n’ait pas encore abîmé le surgissement naïf de ma beauté ? Ne pourrait-on pas croire que je me déshabille devant un homme pour la première fois ?
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Comme la plupart des hommes, et bien qu’il se sente plus qu’eux le désir de suivre jusqu’au bout les courbes et les détours du corps féminin, l’intimité de ce dernier lui répugne. Il y devine des écoulements de sang, des épanchements visqueux de sécrétions et de glaires dont il pourrait être souillé et qui l’effraient.
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Vidéo de Christophe Bouquerel
Christophe Bouquerel - La première femme nue .Christophe Bouquerel vous présente son ouvrage "La première femme nue" aux éditions Actes Sud. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/bouquerel-christophe-premiere-femme-nue-9782330050863.html Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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