Le mari et amant, ex-joueur de tennis, ‘'Le champion'' : « Il faut que je me fasse une raison, cette femme ne veut pas, ne veut plus partager les jours et les nuits avec un homme. Elle m'accepte seulement le jeudi, je dois m'en contenter, je m'en contente (…) Quand l'heure de la séparation approche, je ne peux plus la regarder, je n'arrive plus à la toucher. Avant le départ, il faut que je m'arrache d'elle, que je m'éloigne à la vitesse de la lumière, sinon je ne pourrais plus partir, je serais capable de m'incruster et çà, je sais qu'elle ne l'accepterait pas».
La maîtresse, ‘’La danseuse’’ : « Je veux ce que je ne veux pas et ne veux pas ce que je veux… je ne suis sans doute pas une femme facile à comprendre, à cerner (…) Je m’interdis de t’aimer parce que je ne veux plus souffrir. Pourtant, semaine après semaine, jeudi après jeudi, tu me hales vers toi, tu me tires et m’attires, tu m’obliges à m’approcher et j’ai peur de ce lent mouvement car bientôt j’arriverai au bord, et près du bord je sais qu’il suffira d’un rien pour que je tombe ».
La femme, ‘'La groupie'' : « Nous formons un couple pour le moins singulier : un homme et une femme unis par les liens du mariage qui, dans la moindre de leurs actions et jusque dans le sommeil, travaillent à l'exclusion, à la négation de l'autre (…) Voilà comme nous sommes : on a fait le tour d'un homme, il y a beau temps qu'on a cessé de l'aimer, de s'y intéresser, on se figure qu'on est enfin exemptée des tourments de la jalousie, mais il suffit qu'il se tourne vers une autre, qu'il vous la préfère, pour que cette gangrène revienne de plus belle vous miner la tête et le coeur ».
Les chapitres alternent le point de vue de chacun des protagonistes sur un mariage devenu vide de sens depuis longtemps et une liaison dans laquelle chacun a des attentes différentes et où règnent les non-dits.
Une fine analyse du trio, des désirs, des contradictions, des peurs et des évolutions de chacun, du pouvoir de ces deux femmes sur cet homme (« Dans le temps, j'étais un joueur de tennis qui comptait, qu'on admirait. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'assister à une partie qui se joue entre la danseuse et la groupie. Moi, je suis la balle qu'elles se renvoient. Qui gagnera la balle de match ? »).
Roman surprenant et bien écrit ; une lectrice a parlé à juste titre d'un ‘'élégant triptyque amoureux''.
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Un roman qui met en scène un trio amoureux , une sorte de vaudeville sans théâtre , sans grotesque. Trois êtres, trois voix racontent cette relation adultère : le champion, sa groupie, sa femme et la danseuse, sa maîtresse.
Un vaudeville psychologique, où chacun évolue dans ces relations, où chacun évoque ses pensées , ses émotions, ses souvenirs. Ce roman s'ancre dans le présent de cette relation. C'est un roman choral d'amour : celui au sein du mariage, celui hors mariage...En toute franchise on découvre les relations et leurs évolutions, des réflexions sur le mariage, sur l'amour, sur le désir. Une réflexion sur les formes d'amour.
Un roman comme un poème à plusieurs voix qui laisse place à toutes les émotions sur tous les registres. L'écriture est noble, précise, soutenue et agréable à lire.
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Deux personnes vivent une histoire d'amour vingt après s'être rencontrés. L'épouse participe à ce roman car le mari n'a pas su taire sa rencontre.
L'histoire est bien racontée vécue différemment par les trois acteurs du roman.
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Une histoire d'amour très particulière entre une danseuse en fin de carrière et un ancien champion de tennis. Ils se retrouvent vingt ans après leur première rencontre, et s'instaure alors des rendez-vous purement amoureux, où seuls leurs corps semblent les lier, et pourtant… L'épouse est le troisième personnage de cette sorte de huis-clos intime, délaissée et jalouse. Chaque chapitre donne la parole à l'un des trois protagonistes, à tour de rôle et le fil de l'histoire se déroule ainsi avec le regard de chacun sur leur vie et cette aventure qui les ronge de manière différente mais semble-t-il toute aussi intense. Une belle écriture et des émotions fortes, ce roman ne se lit pas, il se dévore ou se grignote, c'est selon votre envie du moment…
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Elle attendait qu'un type vienne l'inviter, n'importe lequel, elle était disponible, prête pour l'aventure, toute sa chair dorée et sa robe rouge le disaient, attendaient avec elle, appelaient avec elle. (... ) Je l'ai invitée à danser, elle m'a souri, elle est venue contre moi tout naturellement, j'ai posé mes mains sur elle et croyez-moi si vous voulez, d'une certaine façon je les ai plus jamais retirées."
"je me demande si lady Chatterlay aimait son garde chasse.(...) Outre celle qui concerne lady Chatterlay, j'ai une liste d'interrogations saugrenues, lesquelles ont trait aux différences qui, dans un couple, peuvent faire problème et compromettre l'entente, l'harmonie, et, qui sait, l'amour même. Il peut s'agir de différence raciale, intellectuelle, culturelle, plus souvent d'une différence de milieu, de condition.
Dans un tel cas de figure, un mot de l'autre peut suffire à provoquer l'effondrement du bel - et fragile - édifice amoureux. Voilà pourquoi, en effet, je te préfère muet. Voilà pourquoi je redoute ta parole, je la redoute en vérité autant que je l'espère
Cette façon qu’elle a de parler du sexe, c’est fort, je trouve, c’est très fort, moi je n’oserais jamais. Ces choses-là, les hommes ne savent pas les dire simplement ; s’ils sont entre eux, ils plaisantent, ils ricanent, ils y vont d’une bonne rigolade, c’est une manière qu’ils ont de se dédouaner, de cacher leur gêne. Ou alors, ils se taisent carrément, ils restent motus et bouche cousue devant les affaires de lit.
A présent, je le sais un peu mieux car tout s'est simplifié, tout a cette douceur, tout a pris cette tonalité feutrée, cette coloration en demi-teinte que donne au monde le malheur redouté et finalement advenu.
Tu jettes un coup d'oeil à ta montre abandonnée sur le moquette et tu dis : ''Le temps passe si vite''. Bien sûr, il passe vite quand la vie est douce, tu ne le savais pas ?
p. 47 "La haine et le dégoût de soi sont les pires armes qu'un individu puisse brandir contre lui-même : elles le tuent à petit feu mais à coup sûr."
P. 104 "Je m'interdis de t'aimer parce que je ne veux plus souffrir."
Une affection longue durée
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