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EAN : 9782709650595
256 pages
J.-C. Lattès (29/08/2018)
3.05/5   19 notes
Résumé :

Quiconque s’obstine à pleurer la disparition d’un être cher au-delà des trente jours et des onze mois prescrits, disent les Écritures, c’est une autre disparition qu’il pleure.
Au moment où commence cette histoire, Serge Bramly voit se terminer simultanément deux aventures, l’une amoureuse, l’autre littéraire. Rivka, la jeune femme avec qui il a entretenu une liaison adultère durant dix-neuf mois, vient de le quitter. Quant à son grand roman sur la co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Le roman de l'écrivain mélancolique

Avec «Pour Sensi», Serge Bramly nous livre sans doute son roman le plus personnel en nous contant le vide existentiel de l'écrivain qui voit sa maîtresse le quitter, en même temps que sa dernière oeuvre.

On a beaucoup glosé sur le rapport de l'écrivain à son oeuvre. Depuis le fameux «Madame Bovary c'est moi» de Flaubert jusqu'à l'autofiction, le roman aura été beaucoup ausculté, analysé, expliqué. Mais jamais peut être le rapport de l'auteur à son oeuvre n'aura été si joliment mis en abîme que dans ce roman jubilatoire – pour le lecteur bien davantage que pour le narrateur – qui parcourt les chemins tortueux de l'inspiration littéraire.
Nous voilà prévenus dès les premières lignes, le livre que nous sommes en train de lire est une «possibilité de roman» parmi d'autres : «Six débuts possibles. Des phrases sortent d'entre les autres, et je pourrais commencer ainsi: Nous marchions en direction de la place de la République lorsque Rivka m'a annoncé qu'elle mettait fin à notre liaison. Elle ne voulait plus continuer comme ça.»
Cela faisait pourtant dix-neuf mois qu'il entretenait une liaison avec l'épouse du frère de sa copine et que leurs rendez-vous clandestins semblaient les satisfaire autant que les réjouir. C'est du moins l'avis de l'auteur qui ne comprend pas cette soudaine rupture. «C'est un début. J'ignore si c'est le bon. Parce qu'il faudrait préciser alors, et cela m'entraînerait dans une autre direction, impliquant un tout autre commencement, que j'étais d'ores et déjà déprimé, très, avant que Rivka m'annonce sa volonté de rompre.»
Car comme on parle du «Baby blues», il existe pour le romancier une sorte de «Parution blues» quand le livre trouve le chemin des librairies et qu'il échappe à son auteur. En combinant le vide amoureux avec le vide de l'écriture, Serge Bramly a trouvé une manière élégante de dire son désarroi, son incompréhension face à cette double trahison. Son livre, tout comme Rivka, lui échappe : « J'entre en jachère, en hibernation tel le loir dont la neige ensevelit le territoire. Entretenus par des bourrasques de pensées désagréables, torpeur et désarroi vont durer de trois à six mois, je le sais; quelquefois davantage: le temps qu'un nouveau livre se mette en place, qu'il m'échauffe, m'emplisse, gonfle la baudruche de mon esprit et m'occupe en entier. »
Il y aurait bien ce projet de livre sur les Allobroges, ce peuple des guerriers gaulois établis sur ce qui deviendra plus tard la Savoie et pour lequel il s'est déjà bien documenté, mais en attendant de trouver le bon angle d'attaque, l'inspiration créatrice qui lancera la rédaction de l'ouvrage, il aimerait bien que Rivka revienne.
Et c'est là que Serge Bramly est grand. Il utilise toutes les ficelles du romancier pour emberlificoter son lecteur, le roman dans le roman, le retour en arrière dans une biographie qui, depuis sa Tunisie natale jusqu'aux tournées de promotion de ses précédents ouvrages, va tenter de comprendre l'origine de ses pannes. Il va même convoquer un sorcier mexicain pour sortir de son mal-être. Avant de nous révéler qui est cette Sensi du titre et qu'il pourrait bien être ce «figurant fictif d'une fiction» qui nous a enchanté tout en nous menant en bateau. du grand art !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Pour Sensi de Serge Bramly est un ouvrage de la rentrée littéraire 2018 découvert grâce à net galley et les éditions J.-C. Lattès.
Je l'ai terminé il y a quelques temps et j'ai attendu pour écrire ma chronique car je ne sais pas trop quoi en dire !
Pour Sensi c'est un roman très personnel, en partie autobiographique. Serge Bramly voit se terminer simultanément deux aventures, l'une amoureuse, l'autre littéraire, quand ce roman commence.
Rivka, la jeune femme avec qui il a entretenu une liaison adultère durant dix-neuf mois, vient de le quitter.
Quant à son grand roman sur la conjuration de Catilina, la rédaction en est au point mort.
Il semble alors à l'auteur qu'il ne sera plus jamais capable ni d'aimer ni d'écrire : devant lui, le monde se referme.
Cette sensation de vide l'oblige à tourner pour la première fois son regard vers l'arrière et à arpenter le dédale de causes et d'effets qu'est sa vie, dans l'espoir de comprendre.
Pour Sensi est comme je le disais plus haut un ouvrage très personnel, il y a de bonnes réflexions sur l'écriture notamment mais aussi sur la vie, l'amour, les échecs..
Il y a de très bonnes choses dans ce livre toutefois je dois avouer que je n'ai pas été passionnée plus que ça par ma lecture.
C'est intéressant, mais pas forcément à mon goût, ça arrive.
Du coup je ne mets que deux étoiles et demie.
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Vous connaissez Serge Bramly ? Oui ? Bravo vous avez sans doute lu « le premier principe-le second principe » qui lui a valu l'Interallié de 2008. Moi, avant de recevoir par la Poste son nouvel ouvrage, renseignement pris le vingt-neuvième ce qui pose un peu son auteur, je n'avais jamais entendu son nom. Le plouc, quoi !
Eh bien, le plouc s'est régalé, avalant, dans la journée, je n'ai rien fait d'autre, tant pis, ce livre passionnant.
C'est un livre de souvenirs sur une période de sa vie où, à la joie et à l'excitation de voir un de ses romans sortir en librairie succéda, presqu'immédiatement, une double frustration ; littéraire, d'abord car le livre qui l'a tant occupé jusqu'alors lui devint « un étranger dont je me méfie. C'est mon livre et il ne m'appartient plus. Ta tâche est achevée, me dit-il. L'ingrat n'a plus besoin de moi, sinon pour assurer sa promotion. de même que Rivka, il a sa vie à lui, me fait-il comprendre, où je n'ai de part que périphérique et subalterne. »
Les pages qu'il y consacre sont, pour le béotien que je suis, très éclairantes sur le phénomène de dépossession qu'il ressent, un peu comme le baby blues de la jeune mère de famille à son retour de clinique. Intéressants sont les passages où il décrit son rituel de travail ou celui de Giono bien éloigné du sien. J'ai beaucoup apprécié également le soin (certains diraient la coquetterie) qu'il met à éviter, lorsqu'on l'interroge sur sa profession, de se présenter comme écrivain ou la manière dont il utilise son entourage pour nourrir ses personnages. Il alimente et éclaire ses réflexions en citant Voltaire, Thérèse d'Avila, Edgar Poe, Kafka ou Flaubert, toujours à propos sans que l'on puisse penser, qu'il en rajoute.
La seconde frustration, la plus importante, celle qui semble, si longtemps après, toujours à vif c'est la rupture d'une liaison adultère à son corps défendant. C'est le tout début du livre : « Nous marchions en direction de la place de la République lorsque Rivka m'a annoncé qu'elle mettait fin à notre liaison. Décision réfléchie, je le percevais au son de sa voix. Jugement sans appel. »
C'est le fil conducteur, la plaie talentueusement grattée tout au long du récit dont le pouvoir évocateur emmène le lecteur à partager son tourment. Ca ne l'empêche pas de nous raconter de belle manière ses années 70, ses voyages, ses amis, ses parents, la mémoire qui déforme et pourquoi il n'a jamais écrit le roman historique sur la conjuration de Catilina que son éditeur attendait.
Deux cents pages plus loin, le lecteur emballé par cette prose si claire, si érudite et si attachante, comprendra enfin le choix du titre, et la genèse du Réseau Melchior, le roman qui permit de conserver la confiance de l'éditeur et que je vais me procurer sans tarder, tant ma lecture d'aujourd'hui en appelle d'autres. Il saisira le cadeau Pour Sensi, que constitue ce livre et appréciera la beauté de la dernière page, et en particulier cette dernière phrase : « L'écriture, ce n'est pas un simple mode d'évasion ou d'appréhension, c'est d'abord cet ouvrage d'aiguille, une réparation, un fin ravaudage, la couture qui rappellera longtemps, aussi longtemps que possible, ce qui a existé. »
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Peu après la publication de son dernier roman, le narrateur est quitté par sa maîtresse. Incapable de s'atteler vraiment au roman suivant il se sent aspiré par un grand vide…

Cette panne d'écriture se double, pour le narrateur, d'une liaison amoureuse adultère qui se termine, elle aussi sans qu'il l'accepte, et arrive à la dépasser.

Plus largement qu'un roman d'amour, "Pour Sensi" est ainsi surtout une habile et profonde réflexion sur la vie, sur l'écriture ( belles références sur des grands écrivains majeurs comme Jean Giono que Bramly semble aimer particulièrement ), réflexion sur l'écriture, l'amour, l'échec relationnel, le sens à trouver pour armer la vie d'un futur digne d'être vécu. et aussi sur ce fameux phénomène de dépossession qu'un écrivain ressent quand sort un livre et que le public s'en empare un peu la dépression post natale qu'une jeune femme qui vient d'accoucher peut ressentir.

On avait encore jamais eu la chance de lire du Serge Bramly: on a été frappé par sa sensibilité et son écriture sensuelle tendre, avec ce beau roman, qui parle d'amour et d'écriture et la plume de Bramly, riche, et vive permet au lecteur de s'y prendre facilement au jeu d'une autofiction qui ne porte pas son nom et qui transcende le matériau d'origine.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Pour Sensi Serge Bramly J.C Lattès 29/08/2018.
C'est avec ce roman que je découvre Serge Bramly. Bien sur le nom ne m'était pas inconnu mais je n'avais jamais franchi le pas . C'est chose faite. La surprise est au rendez-vous!
Le narrateur, l'auteur sans aucun doute, nous narre deux déchirures vécues il y a quelques années. La première survient à chaque parution de livre. Il a amené son livre à bon port, l'accouchement a eu lieu et le voilà en plein marasme. Cette dépression aussi douloureuse soit elle il en a l'habitude et sait que dès que les mots seront prêts à être à nouveau déposés sur la feuille blanche il ira mieux. La seconde est bien plus douloureuse et il ne l'avait pas vu ou voulu voir arriver. Rivka l'a quitté. le "ce n'est pas ma vie" qu'elle lui a asséné en bas de la rue du Faubourg du temple tourne en boucle ....
Serge Bramly confie au lecteur que nous sommes les émois , les bonheurs, les désarrois de l'homme , de l'écrivain , de l'enfant qu'il fut et qu'il reste. Il est touchant et désarmant. Il n'en reste pas moins que sa prose m'a semblé par moment difficile d'abord. Il est et reste un grand intellectuel au vocabulaire riche et touffu ...
Un grand merci aux Editions J.C Lattès via NetGalley pour ce partage #PourSensi #NetGalleyFrance
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critiques presse (3)
LeSoir
31 décembre 2018
Dans « Pour Sensi », Serge Bramly montre le pouvoir salvateur de l’écriture.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
21 décembre 2018
Avec beaucoup de subtilité et d’humour, il remonte jusque dans son enfance, en Tunisie, avant l’arrivée en France, à l’adolescence (où un professeur de latin lui fit découvrir la conjuration de Catilina), pour comprendre d’où lui vient ce besoin de rendre le monde habitable par la littérature.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
21 novembre 2018
"Pour Sensi" commence sur la fin d'une histoire d'amour, qui marque un plongeon dans le vide, et le début paradoxal d'une reconquête de soi. Un livre enchanteur où surgissent impromptus quelques invités tout droit débarqués de l'Antiquité, comme le conspirateur Catilina et les Gaulois Allobroges.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
La conviction de vivre en propre m’a longtemps fait défaut. Autrefois j’avais l’impression d’appartenir plutôt à l’espèce des «fausses gens» (ces gens qui n’ont que l’apparence de gens) que Carlos Castaneda prétend avoir appris à identifier grâce à l’enseignement d’un sorcier mexicain, don Juan Matus, un Indien Yaqui dont aucun anthropologue sérieux ne pense aujourd’hui qu’il a vraiment existé. Figurant fictif d’une fiction, c’est ainsi que je me vivais. Sans m’alarmer outre mesure. Savoir ce que l’on est ou que l’on n’est pas ne modifie guère le cours des événements. J’habitais une fable cohérente, dont je n’avais pas conscience d’être l’auteur, et m’en accommodais : elle semblait la réalité même.
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Quand on me demande ce que je fais dans la vie, il m'est toujours pénible de répondre :"J'écris, je suis écrivain". Ca coince, je me ferais l'effet d'un imposteur. Evasif sans être mensonger, "je travaille dans l'édition" me semble plus acceptable, moins tape-à-l'oeil, plus décent. Plus apte à couper court. Plus facile à gober aussi. La personne qui me questionne ne connait ni mon nom ni mon oeuvre (mon oeuvre, syntagme le plus imprononçable) et l'approximation derrière laquelle je me retranche m'évite de subir un interrogatoire démoralisant : "Des romans ? Ah oui...de quel genre ? Un titre en particulier que je pourrais...? Suivi du dubitatif, du mielleux, du condescendant, du mesquin et sempiternel "et vous réussissez à en vivre ?" La question vient toujours; elle conforte mon interlocuteur dans l'idée qu'il ne rate rien à ne pas connaitre un seul de mes ouvrages. Expliquer, se justifier, devoir prouver qu'on existe : écrivain la belle supercherie !
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L'actuelle extinction du sentimental.
Dans les livres, les films. Jusque dans les chansons qui font danser.
Pour obtenir droit de cité, dans une culture dévouée à la glorification de soi (dans une société absorbée par le commerce de l'image de soi), la rétrospection s'exerce aux dépens du rapprochement attendri.
Soit on se drape dans une impudeur souveraine, soit on se pare de son propre dénigrement ...
Comment parler aujourd'hui du vague à l'âme, de morbidezza, du regret de l'autre ? De la nostalgie de la complétude ? De gorge nouée, de l'arme à l'oeil ? Pour les faire passer, de quelle couche d'agressivité revendicatrice les enrober ? De quel vernis de persiflage ?
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Quand j'ai devancé l'appel en 1969 pour effectuer mon service militaire dans la coopération, l'héroïne se répandait avec virulence, métastase de la guerre du Vietnam, tout comme s'était propagé la morphine un siècle plus tôt lors de la guerre de Sécession. Les pointes du Triangle d'or s'enfonçaient dans les veines de l'Amérique par le canal des raffineries corses et des docks de Marseille. Préliminaire d'une économie mondialisée ?
Dans le dédale des ruelles du quartier nommé justement "Chicago", à Toulon, une boite d'allumettes pleine à ras bord de poudre blanche coûtait le prix d'un dîner à deux dans une brasserie. Les meilleurs de mes amis n'y ont pas résisté.
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J’entre en jachère, en hibernation tel le loir dont la neige ensevelit le territoire. Entretenus par des bourrasques de pensées désagréables, torpeur et désarroi vont durer de trois à six mois, je le sais ; quelquefois davantage : le temps qu’un nouveau livre se mette en place, qu’il m’échauffe, m’emplisse, gonfle la baudruche de mon esprit et m’occupe en entier.
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Videos de Serge Bramly (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Bramly
Alternant l'écriture de romans et d'essais, Serge Bramly conserve au moins une constante dans l'écriture : celle de vivre l'entre-deux livres comme une période de deuil, de vide. L'histoire de "Pour Sensi" (JC Lattès) illustre d'autant plus cette "dépression postnatale" puisqu'il raconte une rupture amoureuse ayant coïncidé avec ce moment de battement où un ouvrage ne vous appartient plus.
En savoir plus sur "Pour Sensi" : https://www.hachette.fr/livre/pour-sensi-9782709650595
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