Avez-vous lu les classiques de la littérature ?, tome 2

Les auteurs poursuivent sur le même principe que pour le tome 1 : une vingtaine d'oeuvres «classiques» revisitées façon BD et résumées à l'extrême (16 vignettes la plupart du temps, que l'oeuvre soit un conte (Barbe-Bleue) ou un pavé (Le Rouge et le Noir). Les seules oeuvres qui ont droit à plus sont Mort sur le Nil, Notre-Dame de Paris et le comte de Monte-Christo (32 vignettes pour chacune). Il m'a semblé que le choix des oeuvres était plus varié, mais ce n'est peut-être qu'une impression. J'adore, alors que je ne suis en général pas du tout attirée par les grands classiques mis en roman graphique. Les synthèses façon digest sont amusantes, très, très succinctes et pleines de sel. Pour les oeuvres que je connais, j'apprécie tous les clins d'oeil et pour les autres ça permet de faire un tri entre ce qui pourrait me tenter, ou pas. Les anachronismes sont un vrai régal. Bref, je vais continuer à emprunter la suite à ma médiathèque. Au passage, j'ai demandé quel était le profil des lecteurs et c'est plutôt des adultes grands lecteurs qui ont déjà lu une bonne partie des oeuvres résumées.

L'an passé, on vous disait tout le bien qu'il fallait penser de la BD "Avez vous lu?" de Soledad Bravi écrit en complicité avec Pascale Frey, journaliste à Elle ( et qui est paru dans l'hebdo chaque semaine il y a peu) ? Réviser (ou découvrir pour certains comme c'est mon cas) des grands classiques résumés en images.


Soledad Bravi et Pascale Frey remettent ça en cette fin d'année : elles dépoussièrent les classiques, les revisitent avec humour par le dessin et par le texte et désacralisent des monuments de la littérature française et étrangère, classique et contemporaine.

J'avais aimé la saison 1, j'ai souri dès la case 2 du premier classique, Barbe bleue.Si je ne lis pas de classique j'ai retrouvé des classiques vus à l'école et dont j'avais oubliés certains détails depuis. Je suis toujours aussi friande des introductions à chaque classique dans lesquelles on apprend des choses sur le contexte de l'oeuvre, sur la façon dont elle a été accueillie par la critique et le public et des éléments biographieques sur l'auteur (le tout dans un format court). ~~~~


A lire :
🍁Si vous n'avez pas vu le film mais que vous voulez quand même pouvoir participer à la conservation quand vos ami(e)s vous parlent du Docteur Jivago ou de Fanny de Pagnol par exmple

🍁Si les anachronismes vous font rire

🍁Si vous avez besoin d'un coup de pouce pour (re)découvrir un classique. Personnellement cette saison 2 d'Avez-vous lu les classiques de la littérature ? m'a donné envie de lire De sang froid de Truman Capote et Mort à Venise de Thomas Mann.

Mais une chose est sure : le pari de Soledad Bravi est comme souvent avec elle, réussi à 100%
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

Non, chers lecteurs ados, " Avez-vous lu?" ne se substitue pas à des anti-sèches sur les Classiques littéraires.
Soledad Bravi et Pascal Frey proposeront plutôt des amuses-bouches, pour donner envie de se plonger dans ces classiques passionnants classés dans la catégorie "c'est bien, au bout du compte!" mais certe peut-être un peu plus arides qu'une littérature jeunesse plus accessible et plus fun.
Cette collection est à rapprocher du " Musée imaginaire de Jane Austen" de Fabrice Colin et Natalie Novi chez Albin Michel Jeunesse, dans l'intention.
Ces titres se posent comme de nouveaux livres de référence pour choisir le classique un peu obligatoire en période scolaire, celui qui nous sied pour cette expérience.
Ainsi, les lecteurs ado emprunteront ces sentiers en pleine conscience, avec un peu plus de motivation.

Guidés sur les grandes lignes, les lecteurs pourront, nous l'espérons, se pousser à aller jusqu'au bout de l'aventure d'un autre temps, en profitant de la contrainte abec plus de plaisir.


Les auteures de "Avez-vous lu?" dépoussièrent l'approche en adoptant un résumé tonique sur le ton humoristique et familier, un peu comme si c'était un pote ou une copine qui vous racontait l'histoire entre deux cours vite fait.
La synthèse est irrésistible du coup et devient une bonne stimulation à choisir et à lire.

Il était une fois une Barbe bleue. "... Barbe bleue vit dans une très très belle maison mais comme il est moche à cause de sa barbe, il n'arrive pas à se marrier... - Je leur fait peur." ( Barbe Bleue, Charles Perrault)



" À Vérone, deux familles, les Montaigu et les Capulet, se détestent. Les Capilet font ine fête, Roméo tape l'incruste, masqué...". ( Roméo et Juliette, William Shakespeare)

" Colin trouve un travail: il annonce les malheurs le jour d'avant. C'est comme ca qu'il sait avant tout le monde que Chloé va mourir... - gling gling, mauvaise nouvelle, mauvaise nouvelle!". ( L'Écume des jours, Boris Vian)



On peut passer rapidement les notes ou choisir son résumé à découvrir( le meni est à la fin).

Pauvre "Princesse de Clèves" (de Madame de la Fayette) qui se lie pour la vie à un homme fortuné aimable puis rencontre l'amour de sa vie aimant peu après. C'est un peu l'histoire du trio le Roi Arthur de Camelot/ Guenièvre et Lancelot du Lac.
À cette époque, le divorce n'existait pas, chers lecteurs, ainsi ne pouvant supporter de faire du tort à son époux et ne pouvant renier ses sentiments profonds, la jeune épouse se retirera dans les ordres (religieux). Elles ne vont tout de même pas toujours mettre fin à leur jour, ces pauvres enfants, il ne faut pas exagérer, messieurs les auteurs.
Les belles tragédies peuvent tenir à ça, à peu d'alternatives pour ses choix du coeur.

La formule des notes suivra le même processus à chaque fois, un résumé de l'oeuvre tenant sur une page, suivi d'une brève biographie de l'auteur. Et enfin, un joyeux pastiche de l'oeuvre en peu de pages comme une pièce jouée à la sauce moderne.
Les passions imaginées de toutes pièces (ou inspirées de la vie tumultueuse des auteurs) sont des théâtres.
"Chéri" le bêllatre de Colette, délaissera son épouse pour l'amie de sa mère puis la trouvera finalement trop fanée à son goût. Goujat!
Les petits coeurs ne sont pas toujours ménagées dans ses idylles hors normes pour leur époque. L'amour libre cotoie parfois la frivolité et l'égoïsme, rendant la chance du choix plus amère.

Avec " À la recherche du temps perdu" de Marcel Proust, cette fois, c'est une déconvenue masculine. Les hommes y sont jugés en plusieurs parties trop empressés, trop collants, trop jaloux et sont vite mis à l'indexe par une gente féminine qui prendra le temps de choisir et de croquer le bon fruit sur l'étalage, si l'on peut dire.
Pauvre Marcel, qui croit à chaque fois trouver la bonne élue de son coeur.
La gaucherie attendrit et amuse en général le lecteur, avec un héros ici qui par amour en fait trop, avec un coeur d'artichaud, semblerait-il.

Les notes tenteront de faire le tour d'une intrigue à grandes enjambées et parfois certaines choses importantes resteront en marge, à découvrir à la lecture même de l'oeuvre. Nous pensons en particulier au loisir assidue de " Madame Bovary" à la lecture pour tuer son ennui conjugal.
L'expression Bovarisme vient de là, vivre une réalité fantasmée au travers de ses fictions.
Cela restera finalement une bonne surprise, réservée pour la grande épreuve de lecture, les petits détails savoureux qui feront mouche gardés pour capter l'intérêt des lecteurs.
Passé sous le filtre de " Avez-vous lu?", "la Métamorphose" de Kafka et le "Malade imaginaire" deviennent irrésistibles, nous vous l'assurons. C'est tout de même l'histoire d'un gars qui se réveille un matin dans la peau d'une bestiole. Avec tout ça, on peut vite être en retard pour le boulot à 8h.. Et puis, de son côté, le personnage d'Argan de Molière, hypocondriaque de nature, se fera passer pour mort afin de vérifier qui l'aime vraiment. Ça n'est pas commun. Quelle drôle de folie imaginé par l'auteur, qu'une mise en scène pour percer à jour ses proches! À mourir de rire et à en pleurer aussi.

Nous voyagerons dans l'espace et le temps d'un très grand tour parmi les classiques français, américains et aussi anglais.
La collection est amusante et intéressante.

La saison 2 est excellente aussi ! Elle m'a donné envie de lire Mort sur le Nil d'Agatha Christie (fait !), de sang froid de Truman Capote, voir de retenter Docteur Jivago de Boris Pasternak ! Les dessins de Soledad Bravi sont toujours très simples et aisément reconnaissables. Même constat que sur les autres saisons, l'amour, le sexe, les trahisons et toujours une façon très soft et un peu amusante de faire mourir ses héros.
Le but de cette série de BD est d'avoir une vue globale des classiques, de raviver les souvenirs... et de remplir vos PAL, ne nous le cachons pas.

EXCELLENT.
Ce n'est pas un livre pour passer et réussir l'épreuve anticipée de français du bac: ces "oeuvres éternelles" sont très, très résumées. de vrais digests.
Il n'est d'ailleurs pas destiné à ceux qui ignorent le contenu de ces classiques et voudraient faire l'économie d'une lecture: trop de clins d'oeil malicieux, dans les dessins ou le texte, ne peuvent être captés que par des connaisseurs.
Mais pour ceux-là, quel délice! En 163 pages et 16 vignettes pour chacun ( seuls Mort sur le Nil et le Comte de Monte-Cristo ont droit à 40 images) 24 classiques de la littérature française et étrangère - romans, pièces de théâtre, conte, policiers, mémoires - qui unissent l'humour , le coup de crayon coloré de Soledad Bravi, et la culture souriante, jamais pesante, de Pascale Frey, avec d'excellentes notices biographiques, pleines de détails inattendus ( on apprend par exemple que le père de J.D. Salinger importateur de produits alimentaires de luxe, l'avait expédié en Europe pour qu'il se familiarise avec l'univers de la charcuterie!).
Des trouvailles désopilantes, comme les exclamations en latin de cuisine du séminariste Julien Sorel ( " Je suis balezum en latinum", "merdum" "quelle garçum!) ou celle de l'Alise de L'Ecume des jours à un Jean-Sol Partre magnifiquement croqué, avec sa pipe et ses lunettes: "Je te hais le loucheux").
Enfin un plaisir pour les yeux, avec la jaquette aux couleurs vives, propres, si besoin était, à dépoussiérer les classiques. On n'a qu'une envie, être comme la lectrice qui orne cette jaquette, entre ciel et sol, du bleu en haut et du bleu en bas, avec des livres à portée de baskets, l'oeil à demi fermé sur d'insoupçonnables délices.
Merci à Masse Critique, à Babelio et aux éditions Rue de Sévres.
Une seule critique (mais si petite): pourquoi annoncer sur la couverture "romans éternels" alors que tous les genres sont représentés?