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EAN : 9782882508720
528 pages
Noir sur blanc (07/09/2023)
4.11/5   9 notes
Résumé :
AUTOUR DU LIVRE
En 1940, fuyant l'avancée des nazis, des milliers de Juifs affluent en Lituanie, pays dont l’URSS s’empare, mais que le Reich lui arrachera bientôt. Dans ce climat de catastrophe imminente, le Néerlandais Jan Zwartendijk, directeur de la filiale lituanienne de Philips et nouveau consul honoraire à Kaunas, parvient à ouvrir aux Juifs une dernière issue pour échapper au pire. À l’insu de presque tous, Zwartendijk travaille jour et nuit pendant t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'Ange de Curaçao


C'est ainsi que fut surnommé Jan Zwartendijk, Néerlandais, directeur de la filiale de la société Philips en Lituanie et fraîchement nommé consul honoraire à Kaunas. Il doit son surnom au fait qu'il délivra près de trois mille visas pour l'île de Curaçao à quelque milliers de juifs, pour beaucoup, réfugiés polonais et qui fuyaient de nouveau devant l'arrivée imminente de l'armée Allemande en 1940.


Le seul "chemin" pour rejoindre cette île des Antilles néerlandaise pendant cette période de guerre, était de traverser toute la Russie jusqu'à Vladivostok via Moscou et d'embarquer ensuite pour le Japon. C'est là qu'intervient le consul du Japon à Kaunas, Mr Sugihara, qui va lui aussi délivrer des milliers de laissez-passer de transit. Concernant les autorités Russes, elles se contenteront "d'empocher" 500 dollars (oui,vous avez bien lu: dollars) par billets de train du Transsibérien.


C'est l'histoire de ces consuls Néerlandais et Japonais que nous raconte l'auteur. Leur vie avant, pendant et après la guerre. Ce qu'ils étaient en tant qu'Homme et leur parcours qui les conduira à prendre tous les risques pour délivrer ces visas.


C'est aussi l'histoire de ces familles de réfugiés. Ces hommes et ces femmes qui pour la plupart rêvaient des Etats-Unis sans savoir que les frontières américaines étaient fermées. Certains feront finalement leur vie en Australie, en Nouvelle Zélande mais très peu sur l'île de Curaçao. La grande majorité, encore au Japon quand ce pays rentrera en guerre, trouveront refuge à Shanghai parfois jusqu'en 1948 date à laquelle, ils pourront enfin espérer rejoindre les Etats-Unis ou le Canada.


Un très beau récit, puissant dans lequel l'auteur donne la parole aux enfants des deux principaux protagonistes proclamés "Justes" mais aussi aux rares réfugiés survivants. Jan Brokken nous raconte par le détail tous ces évènements, il se rend également sur les lieux, en Lituanie évidemment mais aussi au Japon pour mieux nous permettre de revivre l'épopée de tous ces expatriés.


Au total, plus de dix mille personnes (un visas étant valable pour plusieurs membres de la même famille) réussiront à fuir l'avancée allemande grâce au courage et à la responsabilité de quelques uns.
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le titre Les Justes, une expression du judaïsme tirée du Talmud, Juste parmi les nations, désignent celles et ceux qui ont contribué à sauver des citoyens de confession juive pendant la Seconde Guerre mondiale. Wikipédia explique : » le titre de Juste est décerné au nom de l'État d'Israël par le mémorial de Yad Vashem. Au 1er janvier 2020, 27 712 Justes parmi les nations de 51 pays ont été honorés ; la Pologne, les Pays-Bas et la France sont les pays dont les citoyens ont été les plus médaillés. En tout, les Justes ont sauvé des centaines de milliers de personnes. » Parmi eux, l'attention de l'auteur néerlandais Jan Brokken a été attiré par l'un de ses compatriotes défunts, Jan Zwartendijk, occupant la fonction de consul honoraire à Kaunas la « capitale temporaire » de Lituanie, après l'annexion de Vilnius par la Pologne, pendant les premières années de la guerre : c'est un bel hommage qu'il rend ici à cet homme qui a contribué, en coopération avec d'autres Justes, à sauver plusieurs milliers de Juifs au péril de sa sécurité et celle de sa famille.


C'est plusieurs d'années de recherches qui ont abouti à ce livre, à chemin entre l'essai et le livre d'histoire, qui évoque des hommes, des pays qu'on a moins l'occasion de parler lorsqu'on évoque cette guerre mondiale: les Pays-Bas, de par leur neutralité déclarée mais tout de même envahis par l'Allemagne, des pays baltes imbriqués entre l'omniprésence des deux géants impérialistes et agressifs qui les entourent, l'Allemagne nazie et l'Union soviétique. C'est par le biais de l'histoire de Jan Zwartendijk et de sa famille, sa femme Erni, ses enfants Jan Junior, Edith, Robby que Jan Brokken va faire débuter son récit, pour comprendre les enjeux géopolitiques et la position de Jan Zwartendijk, d'abord directeur de la filiale lituanienne Philips, assujettie à la maison mère d'Eindhoven, puis directeur de ladite filiale en même temps que consul honoraire des Pays-Bas. C'est un récit extrêmement documenté et précis, qui fait revivre les personnes impliquées jusqu'à la description de leur caractère. Les dernières dizaines de pages le laissent entendre, l'auteur a entrepris cette gigantesque entreprise de recherches et de reconstitutions et d'écriture, en partie pour rendre justice à Jan Zwartendijk, dont le courage n'a visiblement pas été reconnu à sa juste valeur, non seulement par son pays, mais aussi par les autorités hébraïques. Un travail qui a été réalisé en coopération avec deux des héritiers du consul néerlandais, et qui fait écho à la volonté farouche de Jan Junior l'aîné à l'initiative de cette tentative de reconnaissance officielle, et qui se sont farouchement battus pour que le nom de leur père soit officiellement inscrit parmi ces Justes.

On ne se doute pas de l'investissement de Jan Brokken dans ce récit titanesque sur le destin individuel d'un homme, qui n'a jamais voulu être reconnu comme un héros, qui a joué sur une subtilité des administrations diplomatiques pour envoyer les Juifs dans l'une de ces colonies néerlandaises, Curaçao, méconnue par un grand nombre, par le biais du Japon, dont Chiune Sugihara le diplomate tout aussi digne des honneurs, a travaillé en collaboration avec son confrère néerlandais. Autour d'eux, des familles qui savaient et soutenaient, des supérieurs dans la même lignée, tout un cercle qui a contribué à ce que cette opération, à souligner que même les autorités russes ont joué leur rôle en fermant les yeux sur les activités des deux hommes, qui ont joué sur une coopération implicite, fondée sur le sentiment de faire son devoir d'homme en offrant une porte de sortie à des familles qu'ils pensaient avec raison condamnées. Compassion, entraide sans jamais commisération aucune, mais propulsé par un sentiment instinctif d'urgence, presque religieux, de ne pas faillir à ses valeurs personnelles.


Si on a tous eu écho de ces sociétés qui ont tristement collaboré avec l'Allemagne nazie, il est intéressant de constater que Philips a au contraire fait son possible pour épargner ses collaborateurs juifs des arrestations et des déportations et mettre au placard les individus sympathisants du régime allemand. Et de découvrir la Lituanie comme un territoire certes pillé par ses voisins expansionnistes, mais terre multiculturelle entre influences polonaises, allemandes, russes, yiddish, juif, catholique et orthodoxe, avant la Shoah. Une terre d'abris pour ces Volksdeutsch déracinés et mal acceptés. Un panier multiculturel dont la famille Zwartendijk est aussi une image, d'origines néerlandaise, tchécoslovaque pour Erni l'épouse, Jan ayant déambulé en Europe centrale, et qui a pressenti les changements de mentalité. C'est d'ailleurs dans ces moments-là que se fait le plus apprécier le sens de la réflexion, d'analyse et de synthèse de l'auteur, concernant les principaux concernés de la famille Zwartendijk, mais aussi les frères et soeurs, aux personnalités remarquablement clairvoyantes, totalement conscients eux de ce qui se jouait chez leurs voisins belliqueux.

Les recherches de Jan Zwartendijk ne se sont pas arrêtées aux frontières de la Lituanie, qui ont d'ailleurs largement été transgressées par l'armée rouge, il est allé jusqu'au Japon, première et dernière étape pour une bonne partie des persécutés, comme pour finir le travail de Jan Zwartendijk, qui jusqu'au bout n'a pas vraiment su si les visas qu'il avait attribués ont sauvé des vies. Un devoir de mémoire, bien plus que cela, ce titre est la réhabilitation de ceux, et il n'y a pas que Jan Zwartendijk, on citera l'ambassadeur néerlandais de Lettonie, De Decker, l'ambassadeur de Pologne Tadeusz Romer qui ont de leur côté ont pris des risques, comme Jan Zwartendijk, qui a été remercié par un blâme quelques années plus tard, vraisemblablement par désobéissance au rôle qui était le sien en tant que consule honoraire.

C'est un titre, qui fourmille d'anecdotes et d'histoires personnelles sur des hommes et femmes que le consul néerlandais a côtoyés, ou plus générales sur ces communautés juives qui ont trouvé refuge au Japon : essai-document très exhaustif que dont on ressort plus instruits, j'y ai appris ainsi que les Etats-Unis ont fermé les frontières aux réfugiés juifs dès 1939, ils ne s'en sont visiblement guère vanté, ce que l'on comprend facilement. Jan Brokken y explore quantité de pays et de personnages, on y lit une page de l'histoire et sous l'angle d'un auteur néerlandais, point de vue que l'on n'est guère habitué à endosser. La rentrée littéraire n'est pas que fiction et autofiction, et à coté de toutes ces informations que l'on reçoit, ce qui m'a aussi touché, c'est la façon dont l'auteur a eu à coeur de parachever les efforts de Jan Junior, attaché à rendre à son père l'honneur qu'on lui a mesquinement refusé à deux reprises et de mettre en lumière ces quelques hommes, cernés entre nazisme et armée rouge, qui ont trouvé suffisamment de courage pour sauver ces milliers de vie.
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L'histoire d'un acte de courage, d'une décision prise en peu de temps qui a influencé le destin de milliers de personnes. le protagoniste est Jan Zwartendijk, consul des Pays-Bas à Kaunas, en Lituanie, qui, avec l'aide et la coopération de son homologue japonais, Chiune Sugihara, a réussi à trouver un moyen d'expulser des milliers de Juifs d'Europe - en toute sécurité et presque légalement - en quelques semaines seulement. Nous sommes à l'été 1940, la Lituanie vit ses premières semaines en tant que pays sous domination soviétique ; il faut se dépêcher, car la situation des Juifs est incertaine, on ne sait pas ce qui peut leur arriver ; le plan est d'obtenir un visa pour rejoindre Curaçao, une colonie hollandaise dans la mer des Caraïbes, en empruntant le Transsibérien avec un visa de transit pour le Japon.

Le livre de Brokken fait partie de ce voyage, écrit avec passion et dévouement ; l'auteur a pris son travail comme une mission, une manière de rendre hommage au courage d'un homme qui est resté dans l'ombre jusqu'à la fin de sa vie.
Une écriture magnifique et attachante, un homme qui sait raconter des histoires, et bien que le livre ne soit pas facile à lire - tant d'informations, tant de noms, tant de digressions - je l'ai dévoré en peu de temps, m'immergeant complètement dans ces pages qui racontent d'autres temps.

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Lors de la Seconde guerre mondiale des atrocités ont été commises par les nazis et leurs alliés envers les juifs. Mais certains membres des alliés ont aidé les juifs et ont utilisé leur pouvoir pour en sauver le plus possible. Ils été appelés "justes" par la communauté juive. Qui sont certains de ces hommes ?
J'ai été très attirée par ce livre car on lit beaucoup sur les horreurs de la seconde guerre mondiale mais je voulais aussi en savoir plus sur ceux qui avaient une âme et qui ont choisit de sauver ces hommes, femmes et enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration et d'extermination.
Ce livre est un documentaire, qui se concentre sur quelques-uns de ces justes. Ce n'est pas une listée exhaustive. Ici l'auteur a choisi de se développer la vie de ces quelques justes. Donc on en apprend sur ce qu'ils ont fait pour aider les juifs lors de la guerre mais pas seulement. On en apprend sur leurs origines, où ils ont grandi, leur environnement familial.
J'aurais préféré que ça soit concentré sur les actes lors de la seconde guerre mondiale.
Le travail de recherche et de documentation est remarquable, c'est très détaillé et documenté. le texte est illustré avec des images de ces hommes et de leurs familles.
Ils avaient un point commun, leur sens profond de l'humanité et une très grande empathie. Ils n'en avaient rien a faire de la religion, ils cherchaient à sauver des êtres humains. Ils travaillaient dans l'administration à des postes à responsabilité et ont utilisé ce pouvoir. Par ex, la production et la distribution en masse de visas pour le Japon.
Ce livre n'est pas du tout romancé ce qui rend certains passages d'autant plus difficiles à lire.
Bref, c'est un livre passionnant ravira les amateurs d'histoire.
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En 19410 le Néerlandais Jan Zwartendijk est directeur de la filiale lituanienne de Philips à Kaunas quand il est nommé consul des Pays-Bas. La Lituanie est alors devenue un lieu de refuge pour des milliers de Juifs polonais fuyant le nazisme. Au mois de juin 1940, quand les troupes soviétiques envahissent la Lituanie, les réfugiés commencent à chercher une autre destination. C'est alors que Jan Zwartendijk a l'idée de signer des « visas » pour Curaçao, colonie antillaise des Pays-Bas. Complétés par un visa de transit au Japon, signé par Chiune Sugihara, consul du Japon à Kaunas, ils permettent à leurs détenteurs de traverser l'URSS en train, de s'embarquer à Vladivostok pour le Japon puis, de là, de chercher un nouveau point de chute. Curaçao n'est qu'une excuse. Les exilés n'iront pas. La grande majorité passera le reste de la guerre à Shanghaï.

Pendant un mois, avant que leurs consulats soient fermés, Zwartendijk et Sugihara signent des visas à la chaîne, sauvant ainsi la vie à au moins 6000 Juifs. Jan Brokken a enquêté sur quasiment tous les aspects de cette filière d'évasion. En travaillant à partir d'archives et d'ouvrages d'historiens, en interrogeant les survivants ou leurs descendants, en se rendant sur les lieux, il a mis à jour la chaîne de solidarités et de complicités qui a permis cette vaste opération de sauvetage. Il montre aussi comment l'action de ces héros modestes a été tardivement reconnue : en 1963, quand le ministère des affaires étrangères des Pays-Bas découvre à quoi Jan Zwartendijk a occupé son poste de consul à Kaunas, il le convoque pour passer un savon au retraité.

J'ai trouvé cette lecture fort intéressante. Jan Brokken explore son sujet tous azimuts. Jan Zwartendijk a travaillé pour Philips ? Présentation de la politique de Philips sous le nazisme pour mettre à l'abri ses salariés juifs (dès 1932 des cadres juifs de Philips en Europe sont mutés en Amérique). Jan Zwartendijk conduit une Buick Roadmaster ? Rapide topo sur la Buick Roadmaster. Biographie des protagonistes de la naissance à la mort, autant que possible. En même temps l'auteur nous fait part du déroulement de ses recherches, de ses difficultés et de ses sentiments, ce qui est une façon de travailler que j'aime bien. L'Europe centrale d'avant la seconde guerre mondiale, héritière de l'empire austro-hongrois, où se déroulent une partie des événements racontés ici, m'apparaît comme un espace cosmopolite. Je ne peux m'empêcher de penser que l'Europe actuelle, avec la multiplication des Etats-nation, a perdu en richesse culturelle.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dès cinq heures du matin, une longue file se forme devant le consulat; à sept heures, la Laisvės alėja est noire de monde.
Ce qui n'est en réalité qu'une formule ajoutée dans le titre de voyage et indiquant qu'aucun visa n'est requis pour Curaçao et le Suriname est bien vite surnommé le « visa pour Curaçao ». Ce titre en poche, les réfugiés se rendent au consulat japonais. Là, ils doivent à nouveau faire la queue et, dans la plupart des cas, attendre des jours pour que le consul du Japon, Chiune Sugihara, leur délivre un visa de transit.
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Mon père a fait ce que lui dictait sa conscience. Il estimait qu’il fallait défendre les valeurs auxquelles on était attachées. Négocier là-dessus, c’était sonner le glas.
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Après la guerre, quelques réfugiés ayant réussi à rejoindre Los Angeles après bien des errances ont surnommé Jan Zwartendijk "l'ange de Curaçao » (The Angel of Curaçao) afin de lui rendre honneur. Lorsqu’il en a entendu parler pour la première fois en 1963, il a déclaré au rédacteur en chef du Leeuwarder Courant : « Si quelqu’un mérite ce titre, c’est plutôt De Decker, qui m’a dit comment rédiger les pseudo-visas. »
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