AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782889441327
221 pages
Slatkine et Cie (05/03/2020)
4.08/5   44 notes
Résumé :
Antonio est un étudiant solitaire. Son père, un brillant mathématicien. Leur relation n’a jamais été simple. Au début des années 1980, par un après-midi de juin, ils atterrissent à Marseille. Par un malheureux concours de circonstances, ils vont y passer deux jours et deux nuits sans sommeil.
Pour la première fois, les deux hommes doivent apprendre à se connaître. Une quête complexe, à l’ombre de la figure maternelle, magnifique mais insaisissable.
Leu... >Voir plus
Que lire après Trois heures du matinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
4,08

sur 44 notes
5
8 avis
4
16 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un fils et un père, italiens.
Un lycéen solitaire ayant toujours vécu avec sa mère, plein de ressentiment à l'égard d'un père qu'il ne connait que peu, mathématicien distant en conflit avec son ex-femme.
Juin 1983, ils vont devoir passer 48 heures ensemble à Marseille suite à une consultation médicale auprès d'un expert de l'épilepsie dont souffre le fils. Deux jours et deux nuits sans dormir pour un test de déclenchement qui déterminera si le fils est guéri après trois ans de lourds traitements.

«  Une fois dehors, nous nous sommes regardés les yeux dans les yeux, et j'ai eu la sensation que c'était la première fois que nous le faisions vraiment. » En 48 heures, au gré de déambulations insomniaques dans Marseille, entre quartiers mal famés, calanques lumineuses et rencontres inoubliables, le père et le fils vont se rencontrer.

Autant dire qu'il ne se passe pas grand chose en terme de rebondissements stricto sensu, et pourtant il se passe tellement, une rencontre imprévue et imprévisible entre deux êtres qui découvrent la richesse l'autre. La langue claire, simple et millimétrée de Gianrico Carofiglio ( quel nom prédestiné pour écrire un tel roman ) parvient à saisir toutes les nuances les plus délicates de cette rencontre où chacun ose exposer ses fragilités et ses doutes. C'est très touchant de voir un père si pudique rajeunir au fil des confidences faites à son fils, au fil de cette longue conversation qui se teinte de philosophie sur le sens de la vie. C'est très beau de voir le fils découvrir dans une boîte de jazz une facette de son père qu'il ne soupçonnait pas et en être fier, pour la première fois.

Un doux roman initiatique aux accents méditatifs sur le passage à l'âge adulte, qui touche les cordes les plus sensibles des relations familiales et humaines.
Commenter  J’apprécie          9211
Ce que j'ai ressenti:

"« Qui se serait douté qu'à Marseille il y avait des endroits aussi beau? a fait remarquer mon père au bout d'un demi heure de navigation."

Avant que le temps ne passe tout seul, avant que les heures de la nuit s'étirent, avant que Trois heures du matin vienne vous prendre, allez voir Marseille et étonne-vous encore du pouvoir d'attraction de cette ville. Marseille, mon amour, ma ville. Alors, il est question de temps, et mieux encore de 48 heures de libertés offertes à un père et son fils, pour apprendre à mieux se connaître, apprendre à devenir un père et aussi un fils, des heures à se perdre dans une ville pour se découvrir enfin. Alors pourquoi dormir?! Profitez plutôt de la douceur de vivre de ces lieux… Je connais trop la folle façon d'aimer à l'italienne, entre ardeur démesurée et pudeur des sentiments avoués, et Gianrico Carofiglio nous le décrit avec tellement de justesse et de simplicité, qu'il nous touche en plein coeur, grâce à ce rendez-vous imprévu qu'un médecin arrive à prescrire. C'était agréable de se perdre avec l'un et l'autre, au coeur de la ville et dans leur intimité- Antonio, parce qu'il se retrouve entre deux âges difficiles tandis que son père s'abandonne à ses rêves oubliés- et cette escapade leur donne la place d'en parler…Et nous, de s'émouvoir dans leurs confidences…

"-Il se produit des courts-circuits, dans la tête et dans l'âme des gens, que personne ne parviendra jamais à saisir. Si on essaye de les élucider, on devient fou."

Bien sûr, que lorsque j'ai vu que cette histoire s'ancrait dans les rues de la belle Massilia, j'ai tout lâché pour partir avec Gianrico Carofiglio et ce duo père/fils. Je m'en suis épuisée de joie et je n'en ai rien laissé: j'ai aimé toutes les sensations que cette ballade a réveillé en moi. Je ne regrette pas cette lecture qui fleure bon le parfum des souvenirs et de la mélancolie, tout cela enrobé dans un doux son de jazz et quelques strophes de poésie. Je vous aurai bien confié d'ailleurs que la pensée magique m'a touchée comme un porte-bonheur grâce à cette belle histoire de complicité, et qu'il y avait plein de petits détails de dates et de petites étincelles qui font que cette lecture sera mon petit « crush » de ce mois-ci…Et puis, surtout, qu'il vous faut absolument visiter Marseille à toutes les heures du jour et de la nuit…C'est une ville incroyablement époustouflante.

"il faut épuiser la joie, c'est la seule façon de ne pas la gâcher, après elle disparaît."

Balikwas! À vous, maintenant de bondir sur cette lecture!


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          260
Antonio, la cinquantaine nous narre les trois jours passés avec son père, juste avant ses dix-huit ans.
Ses parents étant séparés et n'ayant pas évoqué avec lui ni le pourquoi de leur séparation, ni raconté leur vie commune, il doit faire un séjour à Marseille, dans un but thérapeutique. C'est son père qui l'accompagne.
Épileptique depuis bientôt dix ans, il doit passer quarante-huit heures sans dormir afin de déterminer s'il lui est possible de ne plus être sous traitement.
Dans un premier temps, c'est le petit garçon qui parle des effets de la maladie, traitement à prendre, ne pas pouvoir partager les activités des copains, donc l'éloignement qui s'en suit. Ceux qui n'ont pas de problèmes de santé ne cherchent pas à savoir et lui-même se sentant différent s'isole. En pénétrant dans l'unité des malades ayant sa pathologie, il s'aperçoit qu'il est plutôt favorisé, car certains sont à des stades plus avancés.
« Depuis qu'on avait établi ce diagnostic, l'épilepsie avait été pour moi un stigmate d'infériorité, une marque d'infamie à occulter à tout prix. »
Ces journées, sont une parenthèse dans sa vie, et pour la première fois il va oser pénétrer dans l'intimité de son géniteur. Il le découvre comme homme, mathématicien et musicien amateur.
Il s'aperçut qu'il ne parlait pas de son père avec sa mère et vice versa.
La profession de son père, mathématicien, le classait aux yeux du fils, dans la catégorie des gens cartésiens.
Peu à peu, il découvre un homme qui doute, qui angoisse, ayant peur de la mort, qui n'a pas accompli tous ses rêves…
Il découvre un homme bienveillant qui lui distille des conseils, pour faire du jeune homme un homme ouvert au monde. Tant par la culture, choix à faire, connaissances à approfondir, que par la droiture à avoir, en essayant de ne pas oublier qui il est profondément.
La vie fait que parfois, on peut s'égarer en chemin.
A contrario le père découvre que son enfant n'est plus un enfant, mais un homme en train de se construire.
Cette errance de quarante-huit heures dans une ville comme Marseille, belle et inquiétante, loin de chez eux est une aubaine.
« Je crois que la liberté n'existe pas sans un certain degré de risque, d'insécurité. La liberté, c'est un équilibre précaire, c'est n'être jamais tout à fait à sa place. »
Ces heures seront gravées dans le marbre de leur mémoire.
Il émane de ce livre une douceur et une profondeur qui épouse le rythme du Jazz, musique dont il est question aussi. le livre est hanté comme cette musique par les muses. le mot est juste comme le ton, comme le Jazz c'est un dialogue véritable entre les instruments que sont le père et le fils.
Sur un rythme méditatif le père découvre l'homme en devenir qu'est son fils, et le fils découvre un homme qu'il ne soupçonnait pas derrière l'image du père.
L'ensemble est sobre, précis, empreint de tact, toujours, très intimiste mais tellement vivant.
Ici les valeurs humaines sont célébrées, la vie a un sens et l'on transmet les instruments de la liberté.
Finir ma lecture en écoutant Miles Davis « Time after time » a tout son sens.
Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Slatkine é Cie pour cette découverte qui me donne envie de lire autre chose de cet auteur.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 06 mars 2020.
Commenter  J’apprécie          60
Trois heures du matin, lever du rideau sur une histoire très belle, douce et poignante. Gianrico Carofiglio écrit dans cette orée pâle d'une aube en devenir « Je viens d'avoir cinquante et un an, l'âge qu'avait mon père à l'époque. J'ai pensé que le moment était venu d'écrire sur ces deux jours et ces deux nuits. » Nous sommes en plongée directe dans la vie d'Antonio qui conte sa vie. Dans ce peu de jours et de nuits, dans une Italie en 1983. Antonio apprend qu'il est malade. Tout va basculer. Ses crises d'épilepsies sournoises vont être pour ce jeune enfant l'anéantissement de sa vie sociale. Un rejet vif des autres jusqu'à la première heure du matin, en advenir. Plus de sport, un traitement de fond lourd, chape de plomb pour Antonio qui se ferme comme une huître. Mais l'ampleur du récit n'est pas là. Il n'y a aucun pathos. Tant Antonio persévère et fait bloc avec les contraintes. Bien plus que cela encore nous sommes dans un récit initiatique. L'enfant va s'élever. Il faudra du temps. Poursuivons cette lecture qui étale le temps furtivement avec application. Antonio est enfant unique. Son père est éloigné et vient dans l'antre familial que trop peu, mais s'implique dans l'éducation et la maladie d'Antonio. Ce dernier vit seul avec sa mère. Des liens entre tous les trois sont forts et constants, tous soudés malgré la distance pour le père. Un traitement va être proposé à Antonio. A l'adolescence ce dernier saura s'il a réussi. Mais pour cela il lui faudra affronter une épreuve. Partir de sa terre natale l'Italie pour Marseille avec son père. Et là il devra ne pas dormir pendant 48 heures pour analyser les méandres de cette maladie et entrevoir (peut-être) sa guérison. Ces trois jours seront apothéose. Salvateurs, nourriciers, les souffrances ancestrales d'Antonio vont s'estomper. Le sublime d'un relationnel va porter ses fruits. Métamorphose d'un adolescent qui va découvrir le langage d'une délivrance enfouie depuis la nuit des temps. L'apprentissage des entrelacs de la vie, les confidences affirmées généreuses et actées. Lâcher les morceaux d'étoiles d'un père pour son fils. Lui dire, lui prouver, démystifier l'absence d'avant. Ce récit est aussi au summum d'une équité avérée. Tout est beau et grand, bouleversant aussi. Antonio et son père sont se relier métaphoriquement. Marcher dans l'ombre de l'un et de l'autre. Vivre des heures glorieuses, abattre l'envie de dormir en faisait un pas de côté riche de surprises, de tendresse, et d'attitudes altières et sincères. Devenir des siamois dans l'heure ultime, ensemble et à jamais. « Si les gens croient que les mathématiques ne sont pas simples, c'est simplement parce qu'ils ne réalisent pas combien la vie est compliquée. » « Trois heures du matin » est le livre de la générosité. Traduit de l'italien par Elsa Damien. Publié par les majeures éditions Slatkine & Cie
Commenter  J’apprécie          30
Antonio est un jeune adolescent italien qui souffre d'épilepsie idiopathique depuis l'enfance. Après un traitement terriblement invalidant et inadapté (prescription médicale lourde, pratiquement plus aucune activité digne de ce nom, de sport, ni même de boissons gazeuses …) ses parents (divorcés depuis ses neuf ans) décident de le faire examiner dans un hôpital réputé de Marseille.
Afin d'être jugé définitivement guéri, Antonio devra revenir trois ans plus tard et se soumettre à un test, au cours duquel il devra rester éveillé durant deux jours et deux nuits.
À presque dix-huit ans, en juin 1983, Antonio y retourne - en compagnie de son père cette fois. Un père qui demeure une réelle énigme à ses yeux. Grand mathématicien, il n'a jamais eu les mots nécessaires, appropriés à un rapprochement filial, et le temps a inexorablement fait son oeuvre. Avec l'aide de médicaments qui empêcheront Antonio de s'endormir, les promenades nocturnes dans cette ville inconnue et à la fois angoissante, le vin des diners, un miraculeux (mais non moins sincère) rapprochement se produira entre le père et le fils, une complicité fugitive que le jeune homme n'oubliera jamais.
Gianrico Garofiglio a plusieurs cordes à son arc : écrivain, mais aussi homme politique (sénateur), magistrat et procureur (en charge de dossiers sur la mafia dans les années 80-90). Il nous livre un très beau récit emprunt de tendresse et de nostalgie, sur la rencontre fugace d'un fils et de son père qui se font des confidences intimes pour la première fois. le plus âgé sur sa jeunesse et l'amour de sa vie (à savoir la mère de son fils) et le plus jeune sur son appréhension, à l'aube de son entrée dans la vie d'adulte. On se pose d'ailleurs la question, quant à la part de fiction et d'autobiographie de cette tranche de vie …
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
Actualitte
12 mars 2020
Roman initiatique, frisant les principes de la tragédie classique — unité de lieu, d’action, et quasi de temps — Trois heures du matin embarque dans un récit transgénérationnel. On y lutte avec des amphétamines pour garder l’esprit éveillé — difficilement lucide. Et pourtant, c’est dans ces espaces de conscience contrainte qu’une honnêteté peut voir le jour.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, je me demande ce que ça veut vraiment dire, être libre, ai-je dit de but en blanc.
- Je crois que la liberté n’existe pas sans un certain degré de risque, d’insécurité. La liberté, c’est un équilibre précaire, c’est n’être jamais tout à fait à sa place.
- J’aime bien cette idée : ne jamais être tout à fait à sa place.
- C’est ce que nous disions, ta mère et moi, il y a des années de cela
Commenter  J’apprécie          20
- Fitzgerald était un grand écrivain et un homme malheureux. Je pense souvent à cette citation de lui : « Dans la véritable nuit noire de l’âme, il est toujours trois heures du matin. »
Cette phrase et sa poésie sont restées gravées dans ma mémoire.
C’était une intuition fulgurante et, en même temps, j’avais l’impression qu’elle contenait aussi le contraire de sa signification apparente. C’est ce qui se produit avec les plus belles métaphores, au-delà des intentions de leurs créateurs.
Commenter  J’apprécie          10
il faut épuiser la joie, c'est la seule façon de ne pas la gâcher, après elle disparaît.
Commenter  J’apprécie          100
Pour finir elle explique qu’il faut épuiser la joie quand elle nous surprend car c’est la seule façon de ne pas la gâcher. Elle répète cette expression, à l’évidence très importante, et qui reste en effet gravée en moi : il faut épuiser la joie, c’est la seule façon de ne pas la gâcher, après, elle disparait
Commenter  J’apprécie          20
Prima di quel momento, se mi avessero chiesto di descrivere il suo viso, avrei avuto delle difficoltà. Certo avrei parlato del naso lievamente pronunciato, degli occhiali, degli occhi scuri, dei capelli folti e spruzzati di grigio. Ma non avrei saputo dire -- perché non me ero mai accorto -- che aveva una fossetta sotto il mento, ciglia lunghe e una cicatrice sul sopracciglio sinistro. Com'era possibile che non ci avessi mai fatto caso ?
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Gianrico Carofiglio (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gianrico Carofiglio
La raison du doute - Gianrico Carofiglio Margue Page 05-10-2010
autres livres classés : marseilleVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (87) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..