En cette période anxiogène où tout est fait pour nous maintenir dociles en jouant, comme d'habitude, sur la peur et en faisant de l'autre un danger potentiel, qu'il est bon de se plonger dans un livre qui, sans nier la dangerosité du virus ambiant, démonte point après point les discours et les actes stupides de nos politiciens et de bon nombre de « savants » complices.
La revanche de la nature d'
Aymeric Caron est un journal de bord commencé au premier jour du confinement et qui s'achève la veille de la liberté conditionnelle généreusement accordée depuis le 11 mai.
J'en entends déjà commencer à hurler : « encore un journal de bobo » pour rester poli. Alors pour éviter à ceux qui seraient enclins à ce genre d'appréciation, sachez que sur 255 pages, si on met bout à bout quelques instants de sa vie privée, on atteindra une quinzaine de pages. Des bouts de vie qui introduisent certaines démonstrations des élucubrations hallucinantes de politiciens, de médecins, de journalistes au jour le jour.
Pas de théorie du complot dans ces pages, pas de leçons non plus. Juste du bon sens. de ce bon sens qui fait tant défaut dans nos sociétés. Comme dans chacun de ses livres,
Aymeric Caron appuie là où ça fait mal et forcément sa cote de popularité est assez proche du QI d'une Nabila. S'entendre dire qu'on s'est trompé toute sa vie sur la manière dont nous vivons n'est pas agréable c'est certain mais il y a pire. Avec un minimum de recul, s'apercevoir que toutes les objections que nous pourrions opposer à ses dires ne tiennent pas la route, ça peut piquer les yeux des rageux et des marionnettistes qui nous tiennent (Sibeth Ndiaye n'avait-elle pas dit devant les caméras il y a quelques mois, qu'elle assumait très bien le fait de mentir pour protéger Macron ? Il y a un chapitre sur elle avec retranscription d'émissions de radio où elle était invitée qui vaut son pesant de cacahuètes).
Ce virus est dangereux oui. Oui mais… attention c'est là que ça va piquer certains noeils, nous sommes les seuls responsables de cette pandémie comme de tant d'autres. Nos modes de vie nous conduisent dans le mur. Ce virus est un des murs en attendant le prochain, plus dur encore.
Tous les thèmes chers à l'auteur y sont abordés car tout est lié. le mépris pour la nature, l'élevage, notre barbarie envers les animaux (d'élevage et sauvages), les inégalités et l'organisation de la société, en résumé, le
VIVANT, ce miracle perpétuel que nous souillons.
Toutes les incohérences politiciennes, médicales, policières des deux derniers mois sont pointées du doigt.
Se souvenir de notre vulnérabilité, entendre la nature qui meurt par nos mains, identifier l'essentiel, remplacer la puissance par la plénitude, accepter que l'humanité est une, assumer ses responsabilités, retrouver l'humilité, être cohérent, désobéir à la stupidité. Voici quelques titres de chapitres, enfin de jours confinés, pour convaincre que ce journal n'a rien à voir avec un truc creux sans aucun intérêt comme l'ont fait certains écrivains… Ah, j'ai oublié celui du dimanche 5 avril, être épicurien : déconsommer, un chapitre que j'aime particulièrement.
« le sage évite tout excès de quantité, de nombre et de mesure, affirme l'un des tout premiers décroissants,
Lao Tseu »
« Contrairement à une idée reçue, l'épicurisme est une recherche du plaisir… dans la modération. Il est donc logique d'affirmer : soyons épicuriens, décroissons ».
Mention pour le chapitre « accepter que l'humanité est une » où les fermetures de frontières sont mises à mal.
« L'homme n'est pas fait pour construire des murs mais pour construire des ponts, prête-t-on à
Lao Tseu ».
Voilà le type de bouquin qui devrait se retrouver en tête de gondole dans tous les endroits où un livre est à vendre. Malheureusement, il faut fouiller pour le trouver. Etonnant non ?
Plus qu'un livre à mettre entre toutes les mains, c'est en plus un livre à faire circuler… comme ses autres titres.