Je dois avouer que je ne suis pas convaincue... Il m'arrive rarement de vouloir laisser tomber un livre (allez, jette-toi hors de mes mains, te dis-jeee), et j'ai longuement hésité.
Débattant n°1 : Autant le finir, puisque j'ai du mal à trouver le temps de lire en ce moment, et je ne vais pas en commencer un autre à cette heure. Et c'est du jeunesse, ça se lit vite...
Débattant n°2 : justement, c'est du jeunesse : pour une fois, ce n'est pas bien grave si tu ne le finis pas...
Groumpf. Bon, allez, je le finis. Mais soyons honnête, je me suis mise à mettre des post-it en fonction de ce qui me dérangeait.
Je ne me suis pas attachée du tout aux personnages que j'ai trouvés peu travaillés. Il y avait pourtant de quoi faire de Joaquim un personnage complexe avec son histoire familiale et sa maladie, mais sa manière de présenter les choses lorsqu'il parle ruine tout : "je ne suis qu'un pauvre idiot qui ne sait plus distinguer ses hallucinations de la réalité. Je suis un malade, un monstre. JE SUIS UN MONSTRE !". Il faut dire que je déteste l'usage des majuscules ; il y a tant de manière de faire passer les émotions, pourquoi utiliser cette facilité ?
La relation de Joaquim et Stéphane m'a paru superficielle : n'ayant pas adhéré aux personnages, j'ai encore moins adhéré à leur amour soudain et passionné digne d'une grande tragédie. On a l'impression qu'ils se connaissent depuis deux jours et se sont côtoyés d'autant moins (la narration est très rapide au début), mais, "tu vas y arriver, mon amour", bisou bisou. Il faut dire que notre protagoniste écrit des
poèmes, attention, voilà qui fait de lui un grand romantique. Il publiera même un recueil à la fin, et croyez-moi ce n'est pas du spoil, de toute façon on n'en voit pas un vers de ses "magnifiques odes". de fait, il est facile de le comparer à Tristan,
Rimbaud, etc. Facile, mais pas franchement pertinent.
Cerise sur le gâteau : il y a deux jeunes filles dans le roman, deux soeurs jumelles ; évidemment, toutes deux se disputent le protagoniste.
Les personnages, de manière générale, sont insuffisamment creusés. Que dire de la mère malade, vraisemblablement alcoolique aussi, qui revient comme une fleur guérie à la fin, c'était "l'inquiétude de perdre son fils", vous comprenez. Miracle.
Quant au collège auquel se rend Joaquim au début du roman, c'est une vraie caricature : le jour de la rentrée, les professeurs, les élèves, tout.
Les ficelles du roman sont évidentes ce qui gâche le plaisir. Par exemple, on suit le point de vue de Joaquim, mais comme par hasard, on descend l'escalier avec le grand-père seul, qui marmonne dans sa barbe une phrase censée provoquer l'attente : personnellement, j'ai trouvé ça tellement facile que ça m'a blasée. Quant à cette histoire d'île, elle m'a d'autant moins convaincue qu'on nous répète quinze fois la même chose des fois qu'on n'ait pas compris (si). Au passage, j'ai trouvé ça d'un kitsch extrême : "il faut vous réconcilier. Il faut vous aimer. C'est l'île qui le demande. Elle respire, tu sais, elle est vivante." J'ai déjà la fibre écologique, heureusement, car on ne peut pas dire que cette histoire ait révolutionné mon rapport à la nature. En outre, cela révèle bien le manque de profondeur des personnages : hop, ils se réconcilient (bon, Joaquim résiste bien deux pages, quand même).
Dernière chose : j'ai été attirée par le titre,
Loreleï en Finistère (qui évoque les légendes, la Bretagne) , et la 4e de couverture (on parle de "princesse gothique", de la lande, des récits des marins). Je dois dire que j'ai l'impression d'avoir lu un autre livre.