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EAN : 9791031201573
275 pages
Editions Ateliers Henry Dougier (11/06/2020)
4.03/5   31 notes
Résumé :
« Elles s'appelaient Flora, Begonia, Rosa. Elles étaient trois, elles étaient soeurs. Elles habitaient cette maison, à Cerbère, cette grande maison qu'aujourd'hui j'habite. Sous leurs fenêtres l'histoire roulait des flots d'hommes et de femmes. Sous leurs fenêtres la mer se balançait. Un jour elles sont parties, ont tout abandonné ».

Seul, blessé, Gabriele s'installe à Cerbère pour commencer une nouvelle vie. Il achète la Maison des fleurs, une grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi cette interminable tristesse dans le coeur de Gabriele ?
Certes, Nadine l'a quitté, lassée d'un homme qu'elle n'a jamais su aimer.
Une séparation qui l'a mené d'Agen à Cerbère, une envie de mer, de brasses..normal pour un champion de France, pour "il ragazzo di Gallipoli".

Au fond de lui résonne obstinément le bruit de pas sur les cailloux, un cri, un hurlement sur la sirène d'un navire qui s'éloigne, une douleur tapie dans les plis qui le font...celle de sa nona.
De l'exil, il ne connaît que celui de ses parents, un exil paysan, de terre à terre, des Pouilles à la campagne agenaise.
Un exil heureux, source de prospérité, de réussite..alors, pourquoi cette tristesse ?

C'est dans la maison des Fleurs, une grande bâtisse rose abandonnée surplombant le port, qu'il choisit d'enfuir sa solitude.
En acquérant cette demeure, il va découvrir l'existence d'un exil plus violent, celui des réfugiés politiques de la "Retirada" espagnole, après l'avènement de Franco.
Des dizaines d'activistes républicains ou de poètes, cachés dans les montagnes, trouvèrent refuge dans sa maison alors propriété de trois soeurs.
La découverte des carnets de l'une d'elles ainsi que les fresques peintes sur les murs vont le sortir de son engourdissement et faire taire un moment le cri de sa grand-mère.
Trois femmes prises dans la tourmente de la guerre et de ses résistants dont il va suivre la destinée.

Il y a beaucoup d'amour dans ce récit, de la compassion, de la tendresse mais aussi de la pudeur.
Un récit aux couleurs et aux parfums du Sud, des chapitres courts, voire brefs, qui condensent les émotions avec douceur.
Exil du coeur, exil économique, exil politique, voulu ou subi, autant de bessures, d'arrachements à
soi-même avec lesquels il faut composer, qu'il faut apaiser.

Je peux parler d'un coup de coeur tant ma lecture fut empreinte d'empathie et je remercie Félicie pour ce beau cadeau !
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Un livre sur les apatrides, un livre sur l'exil.


Gabriele, un homme de 40 ans, d'origine italienne arrivé en France enfant, vient s'installer à Cerbères à l'occasion d'un changement de vie. Il se rend acquéreur d'une maison où un peintre espagnol et ses trois filles étaient venus vivre dans les années 30 après les décès de la mère de famille.

A travers le destin des trois soeurs sera évoqué la Guerre D'Espagne, la Rétirada, la Résistance, l'occupation ainsi que la guerre d'Algérie. Pour chacun de ces évènements, c'est toujours l'exil, la fuite, les déplacés qui sont le centre du récit.

Gabriele va essayer de se trouver lui- même, d'expliquer son mal être en s'immergeant dans l'histoire de cette famille. Tous ces déplacés qui seront toujours " le rital " ou " l'espagnol " en France et qui, si ils retournent dans leur pays d'origine seront " le français" : toujours et encore un étranger.



Plus habitué à des récits authentiques ou à des témoignages, je remercie Babélio et les Editions Ateliers Henry Dougier ( mention spéciale pour le petit mot qui accompagne l'envoi ) de m'avoir permis de sortir de mon univers de lecture et de découvrir cette auteure.

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La Feuille Volante n° 1472 – Juin 2020.

Les trois soeurs qui faisaient danser les exilés – Aurélia Cassigneul-Ojeda – Ateliers Henry Dougier.

Je remercie l'éditeur de m'avoir fait parvenir cet ouvrage.
Quand on achète une vieille maison, on acquiert aussi un peu de son histoire, de celle des gens qui l'ont habitée, surtout si on y découvre de vielles photos, des souvenirs cachés, de vieux cahiers, autant de jalons, de bribes de souvenirs laissés par les anciens occupants. C'est ce qui arrive à Gabriele, la quarantaine, fraîchement divorcé, fils de pauvres immigrés italiens des Pouilles, qui vient de faire l'acquisition, un peu par hasard d'une vieille bâtisse où il vit seul, à Cerbère, cette ville coincée entre la mer et la montagne, à la frontière espagnole. On appelle cette maison rose « La maison des Fleurs » parce ses dernières habitantes, trois soeurs espagnoles bien différentes les unes des autres, parties depuis longtemps, s'appelaient Bégonia, Rosa et Flora et y vivaient avec leur père Diego Sevilla, un artiste peintre. Après leur défaite en 1939, les républicains, fuyant à pied le franquisme, y ont été accueillis, une façon pour elles de gommer la culpabilité d'avoir été épargnées par cette guerre fratricide et meurtrière, alors que la France, « pays des droits de l'homme », les recevait si mal. Gabriele retrouve des clichés, des lettres, des carnets, des traces de cette période de la « Retirada », rédigés par Flora, l'aînée, qui témoignent de la détresse, du désespoir de ces pauvres gens qui ont tout abandonné, un peu comme ses parents partis des Pouilles. C'est comme un livre de bord qui témoigne de l'histoire de Clara, d'Alfredo, Eleidora, Raoul, Pedro qui ont passé ici quelques jours, cachés, pour repartir ensuite dans des camps indignes de la France, « les camps de la honte » a-t-on pu dire, avec la misère et la mort ou vers un autre destin d'exilés. Ils ont marqué leur passage dans cette maison et les « Fleurs » en ont gardé la mémoire. Plus tard, après la déclaration de guerre, ce seront des juifs en fuite, les maquisards et la Résistance, malgré les Allemands et l'Occupation, (plus tard des rapatriés d'Algérie s'y retrouveront) et toujours cette chronique en pointillés, entre témoignages, confidences et non-dits. Bien sûr, au cours de cette période troublée, les « Fleurs » ont connu l'amour, la peur, la cruauté, la trahison, le désespoir, la honte, le deuil, la lâcheté, la solitude et finalement ont quitté chacune leur tour cette bâtisse, son histoire, ses fantômes pour un ailleurs… Grace à ces vies qu'il a connues, en quelque sorte, par effraction, Gabriele s'est retrouvé lui-même à travers les carnets de sa mère qu'il n'avait pas pu lire auparavant .
Plus qu'un roman, c'est une évocation de cette période qui a déchiré l'Espagne et qui s'est prolongée par une dictature de quarante années, privant pour longtemps les républicains de leur pays, les contraignant à s'établir ailleurs où ils n'ont été que des étrangers, condamnés plus que les autres à réussir leur vie en oubliant leur langue et leurs racines pour s'intégrer à leur nouvelle patrie. Cette obligation d'exil rejoint, mais dans un autre contexte, celle des parents de Gabriele qui eux aussi ont été des « ritals » à leur arrivée en France, un peu trop vite qualifiée de « pays de la liberté ». Cet ouvrage est d'une brûlante actualité quand les immigrés frappent encore aujourd'hui à nos portes.
C'est une réflexion sur la mémoire, sur la vie de ces trois femmes qui ont vu dans cette maison se dérouler sous leurs yeux une page d'histoire, une réflexion sur la manière dont on mène sa propre vie, à la recherche légitime du bonheur, concept un peu vague construit intimement à coups de certitudes personnelles, de rêves de jeunesse, d'espoirs et d'illusions, qui peut être un rendez-vous manqué sans qu'on n'y puisse rien parce que des événements extérieurs ou simplement les autres sont venus bousculer cette quête et en ont fait une impossibilité définitive, douloureusement frustrante. Flora, l'auteur de ces carnets fait en quelque sorte le bilan de leurs vies aussi contrastées qu'elles ont été différentes et cela consacre l'effet cathartique de l'écriture, des mots écrits qui conservent la mémoire, qu'on ne garde plus pour soi et qu'on confie au fragile support du papier pour exorciser sa souffrance intime.
C'est un témoignage poignant fort bien écrit avec des descriptions poétiques somptueuses. Cela fut pour moi un bon moment de lecture et un réel plaisir. ©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite
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Gabriele se sépare de Nadine.. ou peut-être que c'est elle qui le quitte. Lui qui avait tant besoin de tendresse et d'attention et elle qui ne voulait pas en donner. La lassitude a gagné. C'est vers Cerbère, village frontalier avec l'Espagne, qu'il posera ses valises et tentera un nouveau départ proche de la mer. Il y achète une vieille bâtisse « La maison des fleurs », appelée ainsi car une une famille avec 3 filles prénommées Bégonia, Flora et Rosa y habitait dans les années 30.

En acquérant cette demeure, il ne sais pas qu'il hérite également de tout un pan d'histoire Espagnole qu'ont vécu ces jeunes femmes et leur père durant l'époque Franquiste et après. Grâce à la boulangère du village, avec qui Gabriele ‘sympathise', il commence à recevoir les anecdotes de la villa, et de tous les petits secrets qu'elle renferme. de plus, de nombreux objets personnels ont été laissé, un peu à l'abandon lorsque les 3 filles sont parties, l'une après l'autre, faire leurs vies.

Au fil des jours il lis les carnets intimes de Flora qui consignait leurs journées, des dessins ainsi qu'une énorme tapisserie brodée par Rosa. Tous ces souvenirs retracent une époque dure de l'histoire d'Espagne. Il découvrira que « La maison des fleurs », aujourd'hui bien calme, a connu des heures mouvementées.

C'est au travers de toutes ces pages de journaux que nous apprendrons sur cette douloureuse partie de l'Histoire qui a fait fuir de nombreux Espagnols pour survivre : la Retirada suivie de la résistance… Cette bâtisse est située sur la frontière entre l'Espagne et la France, retirée du village et au détour de bois permettant aux exilés de se cacher. Flora, Bégonia et Rosa ont très souvent risqué leurs vies en voulant aider ces Républicains. Mais qu'importe, cette humanité qu'elles avaient en elles et le besoin d'aider son prochain étaient évidents.

Rosa brodait tous ces instants de vies sur la tenture, des personnes qui les ont marqué, qui leur manque, des événements importants qu'abritait leur maison.. Flora écrivait les peines et les douleurs de ces gens de passage, de ces enfants aux regards apeurés et de leurs parents qui craignaient pour leur survie à tous, pour des lendemains incertains.

Dans leur fuite, ces exilés trimballaient dans leurs bagages un peu de leur vie d'avant, leurs joies, leurs craintes, leurs rires, leurs histoires. Mais de ces rencontres parfois très succinctes, des relations sincères se sont poursuivies avec le temps. de cet espoir éphémère, est aussi né l'amour. Car la vie à « La maison des fleurs » était malgré tout, souvent joyeuse, gaie et comblée d'instants d'insouciance. Ici ils étaient ensembles, plus forts. Ils avaient un endroit à eux où ils n'étaient ni exilés, ni étrangers. Pour ne pas penser à demain.

Gabriele est finalement peu présent dans ce roman : les vraies Héroïnes sont bel et bien «Les trois soeurs qui faisaient danser les exilés ». Mais la découverte de la réalité de cette période, lui permettra de faire enfin le parallèle avec sa propre existence et son passé familial, lui aussi exilé d'Italie. Il n'en a que de vagues souvenirs flous mais se rappelle avoir dû fuir très jeune avec ses parents. Puisse t'il faire la paix avec la révélation d'un secret bien gardé ? Peut-il lui aussi envisager une nouvelle vie alors qu'il pense être passé à côté avec Nadine ? Arrivera t'il à continuer sans elle, lui qui ne sait pas défaire les liens d'amour ?

Aurélia Cassigneul-Ojéda retrace une sombre période, elle raconte l'exil, la peur et les trahisons qu'ont vécu ces échappés. Son écriture est percutante tout en restant délicate et poétique. Un beau roman sur la résilience et l'amour, la vie et les difficultés à exister dans un monde qui ne veut plus de vous..
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Que dire de ce roman, j'ai été touché par l'histoire des ces trois femmes Flora, Begonia et Rosa qui par le courage ont accueilli les républicains espagnols qui fuyaient le régime franquiste puis des personnes qui voulaient échapper aux nazis. Ce livre nous est raconté avec des phrases percutantes et des chapitres très courts ce qui donne un rythme à la lecture. J'ai trouvé la plume pleine de poésie. Une très belle découverte avec cette lecture.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le long de l'Èbre, les traces de la guerre étaient visibles partout, les piles de ponts détruits, témoins immobiles, barraient son lit. Le silence emplissait les lieux de violence et de mort; j'imaginais la guerre et j'étais séduit par la beauté de cette terre, ce long fleuve paisible, cette eau limpide où tant d'hommes s'étaient vidés de leur sang. Mora d'Èbre, les terres hautes de Gandesa, terras altas, entre oliviers et vignes sous les sommets trapus; forêts abruptes de pins où les républicains se cachaient, où les avions allemands les trouvaient. La beauté et l'horreur.
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Un mort sans sépulture.

Un mort perdu quelque part dans les terres froides du Cid. Gisant dans une fosse commune, anonyme, méprisé, abattu sans pitié, sans remords et jeté au hasard de la campagne, là où la terre s'ouvre le plus aisément, jeter les corps des morts, criblés de balles fascistes, au plus vite, camoufler l'horreur.

J'ai entendu cette histoire tant de fois.
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Vous connaissez Jackson Pollock... C'était un génie. Sa femme, Lee Krasner, était peintre. Ils ont commencé ensemble , on peut même dire qu'elle l'a influencé. Mais tout le temps qu'il a été vivant elle s'est mise au service de son génie à lui. Elle devait sentir qu'il y avait dans cet homme quelque chose de grand alors elle s'est mise en attente et l' aidé à accoucher de son art. Parce que c'est bien ça une oeuvre, c'est une gestation. Quand ça sort ça fait mal et ça libère...
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Elles s'appelaient Flora, Bégonia, Rosa. Elles étaient trois, elles étaient sœurs. Elles habitaient cette maison, à Cerbère, cette grande maison qu'aujourd'hui j'habite. Sous leurs fenêtres l'histoire roulait des flots d'hommes et de femmes. Sous leur fenêtre la mer se balançait. Un jour elles sont parties, ont tout abandonné.
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C'est ça l'exil, on ne sait plus d'où l'on est, personne ne nous reconnait plus vraiment, on est fait de trop d'expériences différentes, les cultures se mélangent et l'identité s'embrouille.
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