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Hercule Poirot - Romans tome 15 sur 33

Louis Postif (Autre)
EAN : 9782702400692
283 pages
Le Masque (03/01/2008)
3.87/5   479 notes
Résumé :
Charles ? Un mauvais sujet.
Thérèse ? Trop maquillée pour être honnête. Bella ? Une idiote ; d'ailleurs elle a épousé un Grec... Impardonnable. Bref, ni le neveu ni les nièces de miss Arundell ne trouvent grâce à ses yeux. Dommage ! Ils auraient tellement besoin de son soutien... financier, s'entend. La vieille demoiselle roule sur l'or. Et elle dépense si peu... C'est bien normal, à son âge.
Alors, puisqu'ils doivent hériter de toute façon, pourquoi n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (86) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 479 notes
Nouvelle enquête d'Hercule Poirot.🧠

Un beau matin, au courrier arrive une lettre d'une certaine Emily Arundell. Celle-ci explique dans son courrier de manière brouillonne qu'elle pense avoir été victime d'une tentative de meurtre dont l'instigateur pourrait être un membre de sa famille. Elle sollicite donc les conseils de notre détective préféré ainsi que sa discrétion. Ce courrier qui dit tout et ne dit rien à la fois interpelle Hercule Poirot - notamment en raison de la date (deux mois avant la réception) qui part de suite pour Market Basing avec son fidèle ami et associé, le capitaine Hastings.
Arrivé sur place, première surprise : Miss Emily Arundell est morte il y a deux mois. le courrier aurait été donc envoyé par un tiers. L'enquête menée sur place établit que Miss Arundell est morte une quinzaine de jours après le premier "incident". Accident ? Meurtre ? Maladie ?
Hercule Poirot décide de mener l'enquête au nom de la défunte et plus il en apprend sur la famille Arundell, plus ses moustaches frémissent.


Témoin muet est une des rares enquêtes où Hercule Poirot tente de résoudre un meurtre passé.
L'intrigue dans l'ensemble est assez basique avec un crime familial et un mobil pécuniaire. Dès le début, le lecteur est informé de cette trame narrative et il ne lui reste plus qu'à choisir parmi les membres de la famille, celui qui pourrait faire un bon coupable. Personnellement, je trouve que le tout manque de profondeur et de finesse. Tout est révélé de manière grossière et sans grand suspens.
Côté personnages, Agatha Christie nous propose des êtres caricaturaux et qui manquent de profondeur. Ici, vous avez le neveu fainéant, la nièce épicurienne, l'autre nièce apeurée par son mari.... Sans compter les stéréotypes repris par l'auteur concernant les étrangers qui sont forcément des êtres dont il faut se méfier ; ou les demoiselles de compagnie qui sont forcément des êtres sans cervelles.😒


Au final, le seul élément vraiment atypique de ce roman vient de la personnification faite de Bob, le fox-terrier via les commentaires du Capitaine Hastings. Ainsi, par moment, Agatha Christie se fait plaisir en nous proposant les commentaires du chien. C'est décalé, mais sympathique.🙂


Globalement, une enquête basique ayant pour cadre une intrigue très codifiée donc pas trop de surprise pour le lecteur. Ce n'est pas mon roman préféré de l'auteur, mais cela se laisse lire.
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Cet été je pouruis ma relecture des romans d'Agatha Christie dont je ne me souviens pas de la fin...

Mais à peine commencé, les personnages présentés : tout m'est revenu ! Et le plaisir de lecture n'a pas été de découvrir "qui était le coupable ? ", mais plutôt : comment la reine du crime s'y prenait pour nous embrouiller tout du long !
Publié pour la première fois en 1937, ce roman a aussi une valeur historique : comment vivaient les anglais, quelle était la place des femmes, de la domesticité, leurs habitudes , etc...
Le titre est très bien trouvé, le témoin muet étant le chien de la victime , car il ne lui manque que la parole...
Ce roman fait partie de la série "Hercule Poirot ", mais il démarre sur une narration originale : notre détective belge reçoit un courrier vieux de deux mois, d'une certaine Miss Arrundell, faisant part, de façon brumeuse, de ses affres et de ses doutes concernant des faits impliquant sa famille.Hélas, celle-ci est décédée depuis (de mort naturelle), mais Poirot se sent un devoir moral d'aller y regarder de plus près et découvre que la vieille dame a légué tout son héritage à sa dame de compagnie, spoliant au passage son neveu et ses nièces. Poirot sent que ♫ ça cache kekchose !♫


Je me souvenais de ce roman parce qu'un des personnages est marié à un Grec. Les reflexions sur ce sujet reviennent souvent, ( au mieux , ça étonne, au pire, ça ne plait pas du tout.).. Les passages consacrés à ce fait sont assez 'datés", (ce roman a été publié en 1937), les européens qui se mariaient entre eux en ces temps-là, , ça devait être hyper rare et hyper exotique... Ces passages peuvent faire "grincer", Agatha Christie parle de leurs enfants au teint "olivatre"...
Et sinon, Hercule Poirot est toujours égal à lui-même : opiniâtre, rusé, intuitif et brillant sur le final quand il convoque toute son assemblée pour leur expliquer tout ce qu'ils n'ont pas vu , pas su interprêter et que lui a résolu !

Un bon cru qui permet de voir comment vivaient les gens dans la campagne anglaise et à Londres fin des années 30...






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Chacun des romans d'Agatha Christie est prenant, bien écrit et intelligent, Il m'est difficile d'en faire une critique tant j'ai l'impression de me répéter. Je serai donc brève.
« Témoin muet » est un roman comme je les aime. Il nous embarque dans une histoire complexe de famille. Les personnages sont extrêmement durs à cerner et la tension entre eux est palpable.
Je me laisse mener lorsque je lis Agatha Christie, je ne cherche quasiment jamais à deviner qui est l'assassin. J'observe, j'écoute, j'admire le talent de l'auteure et je m'incline.
Avec toujours le même plaisir.

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Qu'est-ce que cela fait du bien par moments de s'immerger dans une enquête écrite par la reine du crime c'est-à-dire Agatha Christie. A chaque fois, je me demande si je ne vais pas, cette fois-ci, réussir à soupçonner, à deviner qui est le ou la coupable, car à force de lire des livre de cet auteur, je devrais mieux comprendre la façon dont elle élabore ses intrigues, mais…. A chaque fois je me fais balader et manipuler par dame Agatha. Une fois de plus, cette lecture ne déroge pas à la règles car la seule personne que je n'avais pas soupçonné, car c'était impossible selon mes ressentis et réflexions était évidemment la coupable. Je ne sais pas trop si je dois en sourire mais il faut avouer qu'elle est douée Madame Christie !
Dans témoin muet, nous allons assister une fois de plus au talent de détective de ce petit bonhomme presque insignifiant s'il n'était doté d'une terrible paire de moustaches, je parle bien sûr de Hercule Poirot.
Je l'ai retrouvé avec plaisir d'autant plus qu'il était accompagné dans cette enquête par le capitaine Hastings. Il va être amené à s'interroger sur le décès apparemment pas du tout suspect d'une vieille dame. Cette dernière lui avait écrit une lettre mais qui, il faut le dire, n'était pas très explicite.
Cette vieille dame, miss Arundell, a par contre créé la surprise à la lecture de son testament. Alors que ses seuls descendants directs sont ses deux nièces et son neveu, ces trois derniers vont être déshérités en faveur de la dernière dame de compagnie de leur tante. Quel pouvait bien être le véritable motif de ce changement de testament de dernière minute ?
Il n'en faut pas plus pour que notre cher Hercule nous fasse une fois de plus une brillante démonstration de ses petites cellules grises.




Challenge Agatha Christie
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Le témoin muet, c'est Bob.
Bob c'est un chien.
Un Fox-Terrier.
Madame Arundell, c'est la maitresse de Bob, c'est aussi la propriétaire du manoir de Littlegreen.
Cette dernière est tombée dans son escalier, du premier au rez-de-chaussée. On accuse Bob d'avoir laissé traîner sa balle, Miss Arundell ayant buté dessus et dégringolé.
Seulement la vieille dame n'est pas d'accord, pour elle c'est une tentative de meurtre, aussi écrit-elle à Hercule Poirot de venir s'en inquiéter.
La vieille dame meurt sans avoir posté sa lettre. Oubli! Une domestique poste la lettre deux mois plus tard.
Poirot, accompagné de son fidèle Hastings, décide d'enquêter "post mortem".
Il faut ajouter que Miss Arundel, vieille fille, a pour toute famille nièces et neveu avides d'argent, sans le sou bien que fortunés mais dépensiers sans compter.
Elle laisse sa fortune à sa dame de compagnie au grand dam des héritiers, du moins qui se supposaient tels.
La plume d'Agatha est limpide, elle connaît son sujet depuis le temps et les affaires de famille c'est, comme qui dirait, un peu son jardin. Aussi intrigue, enquête, doutes, témoins, domestiques, le train-train, elle connaît Agatha et il n'y a rien à redire. C'est ficelé, empaqueté et livré avec brio et talent. Poirot est, de plus dans son élément sauf que, fait nouveau il enquête sur une morte de mort naturelle et enterrée. Hastings, et c'est son rôle manifestera bien des fois son désaccord à cette enquête. Mais le Poirot est têtu.
Et au final, comme d'habitude, grande réunion avec les différents antagonistes pour explication et solution de la part du détective.
J'étais pas mal dans la course et, ma foi, je n'étais pas loin de la solution, enfin presque.
Un bon cru, même si parfois c'est un peu lent, cependant il faut reconnaître à l'auteure que redondant ou pas c'est à chaque fois différent dans les personnages, le lieu, la démarche et la solution. C'est toujours, pour moi, un excellent moment.
En bon Fox Terrier, Bob est un peu aboyeur mais guère méchant, il protège son territoire, ce que nous savons puisque Agatha Christie le fait parler le langage des hommes. C'est savoureux !

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Peu avant sa mort, le vendredi de Pâques, Emily Arundell trônait encore dans le hall de Littlegreen et donnait ses instructions à miss Lawson.
Ravissante jeune fille en son temps, Emily Arundell avait encore de beaux restes. Bon pied bon œil, elle se tenait droite comme un i. Son teint, seul, tirait un peu vers le jaune et signalait qu'elle ne pouvait se laisser impunément aller à des excès alimentaires.
Miss Arundell en vint tout naturellement à s'enquérir :
— A propos, Minnie, comment avez-vous prévu de les installer ?
— Je... j'espère n'avoir pas commis d'impair : le Dr et Mrs Tanios dans la chambre de Chêne, Theresa dans la chambre Bleue et Mr Charles dans l'Ancienne Nurserie...
Miss Arundell la coupa :
— Theresa pourra parfaitement se contenter de l'Ancienne Nurserie, et vous mettrez Charles dans la chambre Bleue.
— Oh ! pardonnez-moi... Je m'étais dit que l'Ancienne Nurserie était moins confortable et que...
— Elle est bien assez confortable pour Theresa.
Du temps de miss Arundell, les femmes étaient quantité négligeable. Dans la société, c'étaient les hommes qui comptaient.
— Je suis tellement navrée que les chers petits ne viennent pas, larmoya miss Lawson.
Elle adorait les enfants - dont elle était parfaitement incapable de se faire obéir.
— Quatre personnes à la maison, ce sera bien suffisant, assura miss Arundell. D'ailleurs Bella pourrit ses enfants. Il ne leur viendrait jamais à l'idée de faire ce qu'on leur demande.
— Mrs Tanios est une mère très dévouée, murmura Minnie Lawson.
Bella est une femme remarquable, approuva miss Arundell avec un sérieux imperturbable.
Miss Lawson soupira :
— Ce doit être parfois très dur, pour elle... vivre ainsi au bout du monde... à Smyrne.
— Comme on fait son lit on se couche, rétorqua Emily Arundell sur un ton sans réplique.
Et, sur cette déclaration très Grand Siècle, elle ajouta :
— Maintenant, je vais au village passer les commandes pour le week-end.
— Oh, miss Arundell, laissez-moi faire. Je veux dire...
— Ne soyez pas sotte ! Je préfère y aller moi-même. Rogers a besoin d'être secoué. Le problème avec vous, Minnie, c'est que vous n'êtes pas assez ferme. Bob ! Bob ! Où est encore passé ce chien ?
Un terrier à poils durs dévala l'escalier en trombe. Il se mit à tournicoter autour de sa maîtresse, remuant la queue et jappant frénétiquement.
Maîtresse et chien franchirent la porte d'entrée et s'éloignèrent dans l'allée qui menait au portail.
Miss Lawson resta sur le perron à les suivre du regard, la bouche entrouverte en un sourire niais.
— Ces taies d'oreiller que vous m'avez données, m'selle, eh ben elles font pas la paire, déclara soudain dans son dos une voix revêche.
— Quoi ? Oh ! que je suis bête...
Arrachée à ses rêves, Minnie Lawson dut se replonger, une fois de plus, dans ses tâches domestiques.
Quant à miss Arundell, flanquée de Bob, c'est avec des airs de souveraine qu'elle descendait la rue principale de Market Basing.
Et cela évoquait en effet beaucoup une visite royale.
Dans tous les magasins où elle entrait, le patron - ou la patronne - se précipitait pour s'occuper d'elle.
C'était miss Arundell de Littlegreen House. C'était « l'une des plus anciennes clientes ». C'était « quelqu'un de la vieille école. Au jour d'aujourd'hui les gens comme ça on les compte sur les doigts de la main ».
— Bonjour, miss. Que vais-je avoir le plaisir de vous servir ?... Pas tendre ? Vraiment, si je m'attendais à entendre ça... Et moi qui me disais qu'une jolie petite selle d'agneau comme ça... Oui, bien sûr, miss Arundell. Si vous le dites, c'est parole d'Evangile... Non, vous pensez bien ! Jamais il ne me viendrait à l'idée de vous livrer du Canterbury à vous, miss Arundell. Mais oui, bien sûr ! j'y veillerai personnellement, miss Arundell.
Grondant en sourdine, poil hérissé, Bob et Spot, le chien du boucher, se tournaient autour avec lenteur. Spot était un solide molosse d'ascendance plébéienne. Il savait qu'il ne devait pas se battre avec les chiens des clients, mais il s'autorisait à leur faire comprendre, de manière subtile, qu'il était prêt à les réduire en chair à pâté pour peu que l'occasion lui en fût donnée.
Bob, qui ne manquait pas de cran, lui répondait sur le même registre.
Emily Arundell lança un « Bob » définitif et quitta la boutique.
Chez le marchand de légumes siégeait une auguste assemblée. Une autre vieille personne, aux formes quelque peu sphériques mais dotée du même air de royale distinction, l'accueillit comme chez elle :
— Comment va, Emily ?
— Bonjour, Caroline.
— Vous attendez la jeune classe ? demanda Caroline Peabody.
— Oui. Ils viennent tous. Theresa, Charles et Bella.
— Ainsi donc, Bella est rentrée, c'est ça ? Son mari aussi ?
— Oui.
Un mot, un seul - mais il évitait de s'étendre sur une situation que les deux femmes ne connaissaient que trop.
Car Bella Biggs, la nièce de miss Arundell, avait épousé un Grec. Or, dans la famille d'Emily Arundell, gens de bon ton s'il en fut, on n'était pas censé épouser des Grecs.
D'un ton qui se voulait discrètement réconfortant - bien entendu, un tel sujet ne pouvait être évoqué en public -, miss Peabody ajouta :
— Le mari de Bella est très intelligent. Et puis il a de si bonnes manières :
— Des manières exquises, voulut bien admettre miss Arundell.
Une fois dans la rue, miss Peabody s'enquit :
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fiançailles de Theresa avec le petit Donaldson ?
Miss Arundell haussa les épaules.
— La jeune génération est d'une insouciance ! J'ai bien peur que ce ne soient des fiançailles qui tirent en longueur - si toutefois elles se concrétisent. Il n'a pas le sou.
— En revanche, Theresa possède une certaine fortune personnelle, dit miss Peabody.
— Un homme ne peut sérieusement songer à vivre aux crochets de sa femme, répliqua sèchement miss Arundell.
Miss Peabody laissa échapper un petit rire de gorge.
— Ça n'a plus l'air de les déranger, de nos jours. Nous sommes vieux jeu, Emily. Toutes les deux. Moi, ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est ce que cette petite peut bien lui trouver. Dans le genre grand dadais, on ne fait pas mieux.
— C'est un excellent médecin, je crois.
— Ces besicles... et ce ton guindé ! De mon temps, on l'aurait traité de raseur !
Il y eut un silence, au cours duquel les pensées de miss Peabody vagabondèrent dans le passé, avec son cortège de sémillants gommeux à favoris...
Elle ajouta en soupirant :
— Dites à ce chien fou de Charles de passer me voir - s'il vient.
— Bien sûr. Je n'y manquerai pas.
Les deux femmes se séparèrent.
Elles se connaissaient depuis cinquante ans bien sonnés. Miss Peabody n'ignorait rien de certaines frasques regrettables du général Arundell. Le père d'Emily. Elle savait exactement quel choc le mariage de Thomas Arundell avait été pour ses sœurs. Et elle avait une idée très précise des problèmes de la jeune génération.
Mais les deux femmes n'avaient jamais évoqué aucune de ces questions. Elles possédaient toutes deux un sens trop aigu de la dignité et de la solidarité familiales, pour ne pas observer en ce domaine une discrétion de bon aloi.
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— Attendez ! m’écriai-je. Ne me dites rien. Voyons si je puis la découvrir par moi-même.
[...]
— Non, je ne vois rien. La dame a eu la frousse. À tort ou à raison ? Il serait difficile de le savoir. À moins que votre instinct…
[...]
— L’instinct ! Vous savez que je déteste ce mot. Quelque chose me dit… Jamais de la vie ! Je raisonne. J’emploie les petites cellules grises. Il y a dans cette lettre un point intéressant que vous négligez complètement, Hastings.
— Tant pis ! Je donne ma langue au chat.
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Miss Arundell mourut le 1er mai. Si sa maladie fut brève, son décès n'étonna guère à Market Basing, petite bourgade provinciale où elle vivait depuis l'âge de seize ans. Dernière survivante de ses cinq frères et sœurs, Emily Arundell avait plus de soixante-dix ans et on lui connaissait des problèmes de santé depuis belle lurette. Quelques dix-huit mois plus tôt, elle avait d'ailleurs bien failli succomber à une crise semblable à celle qui venait de l'emporter.
Mais si le fait qu'Emily Arundell ait en fin de compte rendu l'âme ne surprit pas grand monde, il en alla tout autrement de son testament. Les dernières volontés de la défunte suscitèrent en effet les réactions les plus diverses : stupeur, commentaires hilares, vertueuse réprobation, fureur, désespoir, colère et commérages à n'en plus finir. Pendant des semaines — voire des mois ! —, il ne devait plus être question que de ça à Market Basing. Chacun tenait à y aller de son grain de sel, de Mr Jones, l'épicier, qui clamait à tous les échos que « les liens du sang, c'est tout de même sacré », jusqu'à Mrs Lamphrey, la receveuse des postes, qui répétait jusqu'à plus soif : « Ça cache quelque chose, je vous en fiche mon billet. Ça cache quelque chose et vous m'en direz des nouvelles. »
Que le testament n'ait été rédigé que sur le tard, le 21 avril, ajoutait encore aux spéculations. Si l'on se remémore de surcroît que les proches d'Emily Arundell étaient venus passer le week-end pascal avec elle juste avant la date fatidique, on comprendra sans peine que les populations aient pu échafauder les théories les plus scabreuses – heureuse diversion dans le morne train-train quotidien de Market Basing.
Quelqu'un était à juste titre soupçonné d'en savoir sur la question plus long qu'elle ne voulait bien l'admettre. C'était miss Wilhelmina Lawson, la dame de compagnie de la défunte. Miss Lawson déclarait cependant à qui voulait l'entendre qu'elle se perdait en conjectures comme tout un chacun. Et elle se plaisait à avouer que la teneur du testament l'avait laissée pantelante.
Beaucoup, on s'en doute, n'en croyaient pas un traître mot. Néanmoins, que miss Lawson fût ou non aussi ignorante qu'elle le prétendait, une seule personne eût pu le dire. Et la personne en question c'était la morte. Selon une habitude bien ancrée, miss Arundell avait gardé le fond de sa pensée pour elle. Même à son notaire elle n'avait rien laissé entrevoir des motifs qui la poussaient à agir ainsi qu'elle le faisait. Et ses dernières volontés, elle s'était contentée de les décréter – sans fioritures.
Cette propension au mutisme était le trait dominant du caractère d'Emily Arundell, créature en tous points typique de sa génération. Elle en possédait les qualités et les défauts. Autoritaire et volontiers arrogante, elle pouvait se montrer parfois des plus chaleureuses. Capable de vous dire vos quatre vérités en face, elle savait faire preuve d'une gentillesse extrême. Sous des dehors d'un sentimentalisme bêlant, elle cachait des trésors de perspicacité. Ses innombrables dames de compagnie, elle les avait certes malmenées sans pitié, mais toujours récompensées avec le maximun de générosité. Son sens de la famille, enfin, était poussé au plus haut degré.
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Quand miss Arundell mourut, le 1er mai, après une très courte maladie, son décès n’éveilla aucune surprise dans la petite cité villageoise de Market Basing où elle avait vécu depuis l’âge de seize ans. La vieille demoiselle avait, en effet, plus de soixante-dix ans et chacun la savait de santé délicate. Dix-huit mois auparavant elle avait souffert d’une crise de foie semblable à celle qui venait de l’emporter.
Si la mort de miss Arundell ne surprit personne, il n’en fut pas de même de son testament. Les dernières volontés de la propriétaire de Littlegreen suscitèrent dans son entourage des émotions bien diverses : étonnement, joie, réprobation, fureur et désespoir. Pendant des semaines, et même des mois, on ne parla guère d’autre chose à Market Basing. Chacun émettait son opinion, depuis Mr Jones, l’épicier, défenseur des droits de la famille, jusqu’à Mrs Lamprey, la receveuse buraliste, qui répétait à longueur de journée : «Il y a du louche là-dessous ! Notez bien ce que je vous dis!»
Le fait que miss Arundell rédigeât ce testament le 21 avril, c’est-à-dire peu de jours avant sa mort, suffisait déjà pour troubler les esprits. Si, d’autre part, l’on sait que les proches parents d’Emily Arundell passèrent à Littlegreen les fêtes de Pâques, on comprendra aisément que les hypothèses les plus scandaleuses furent émises, apportant une agréable diversion dans l’existence monotone des habitants de Market Basing. On soupçonnait miss Wilhelmina Lawson, la demoiselle de compagnie de miss Emily Arundell, d’en savoir sur cette affaire plus long qu’elle ne voulait l’admettre. Cependant, miss Lawson prétendait ne rien connaître de plus que les autres et se montra stupéfaite à la lecture du testament. Bien des gens doutaient de la sincérité de miss Lawson. Quoi qu’il en soit, une seule personne connaissait réellement le fin mot de l’histoire, et c’était la morte. Selon son habitude miss Arundell ne prit conseil que d’elle-même pour la rédaction de ses dernières volontés, et elle s’abstint de dévoiler à son notaire les mobiles qui l’avaient poussée à les modifier à la dernière heure. Cette réserve de miss Arundell constituait la note dominante de son caractère. Produit typique de l’époque victorienne elle en possédait les vertus et aussi...
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La haie, peu épaisse en cet endroit, nous laissait voir le chien, un fox-terrier au poil long et raide. Dressé sur ses pattes largement écartées, il semblait prendre plaisir à se faire entendre. Animé des meilleures intentions, il paraissait vouloir se faire excuser :
- Voyez comme je suis bon chien de garde. Mais ne faites pas attention ! Je m’amuse, tout en remplissant mon devoir. J’aboie simplement pour faire savoir qu’il y a un chien dans la maison. Je m’ennuierais autrement. Vous allez entrer, j’espère. La vie est si monotone ; je voudrais bavarder un peu.
- Allons, fiston ! lui dis-je en avançant le poing entre les barreaux.
Allongeant le cou, il renifla d’un air soupçonneux, puis remua gentiment la queue laissant échapper quelques courts aboiements, comme pour me dire :
- Nous n’avons pas encore été présentés l’un à l’autre. Mais je vois que vous avez de bonnes manières.
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