« L'auteur », c'est-à-dire l'esclave de ces nocturnales qui plus tard arrêterait de fuir le scandale et s'avouerait vaincue, en mon nom, était comme le Chien à demi-enfoui de Goya. Ce Chien, je ne l'avais jamais vu avant, ce demi-Chien (qui jadis au temps des Choses était plutôt à demi-écureuil mais que j'ai reconnu dans le demi-chien), il est resté à mi-chemin de vie et mort de terre et ciel dans un orage d'ocres déversés par Goya dans l'embrasure d'un néant, à Madrid, dès que je l'ai vu, le jour où je l'ai vu, c'était moi, ce jour-là sans hésitation, j'ai vu le portrait de mon âme, une déterrée elle aussi, moi en tant que chien au museau jaune à moitié vivant malgré l'étreinte de la mort. C'est comme si j'avais trouvé la preuve et l'origine.
(p. 113)
Mon effort dans la langue et dans la thématique est de briser les interdits et les fausses pudeurs. Voilà pourquoi je vais si volontiers chez les rêves : je les admire pour leur aptitude à la non-discrimination. C’est chez eux que règne l’égale lumière d’avant le sentiment de culpabilité. Ni orgueil ni honte. C’est seulement en rêve que nous sommes assez forts et assez généreux pour regarde en face Dieu en train d’éclater de rire. Cette création, quand même ! Ces créatures ! Il faut le faire ! Et moi aussi je ris d’avoir surpris Dieu à faire ce qu’il n’a jamais fait ailleurs.
(pp. 104-105)
L’agneau aime la fragilité du loup, et le loup aime la force du frêle. Le loup est maintenant l’agneau de l’agneau et l’agneau a dompté le loup. L’amour noircit l’agneau.
Loup qui aimes-tu ?
Si je savais !...
L’amour c’est : ça. Ça même. Et Ça m’aime. Et la fable s’appelle « Le Loup est l’Agneau ».
(p. 40)
Dans chaque livre vit une phrase au secret, un diamant caché dans le papier, sous le récit.
(p. 134)
Un livre n'est pas que de l'écriture ; c'est une arme ; c'est un méfait ; c'est une course au(x)secret(s). C'est une lutte contre la mémoire, pour le souvenir. On est en lambeaux, on se rapièce. C'est pour ça que j'adore la Vie de Henry Brulard. C'est une vie qui est un livre en train de se faire la peau, de se ronger les sangs, d'avoir froid aux pieds, de discuter vivement de mort et de destin dans la cuisine.
(p. 110)
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde :
- M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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