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EAN : 9782849214398
270 pages
Editions Thot (13/02/2018)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Au beau milieu de l’inhospitalier détroit de Béring, sur l’île Diomède, se retrouvent six personnes attirées par la promesse d’assister à une prouesse humaine et technique : la construction d’un pont entre les continents russe et américain. Un pont pour permettre la circulation entre les deux pays et révolutionner les échanges.
Mais les enjeux de ce chantier dépassent l’imagination : les six héros vont se retrouver, bien malgré eux, contraints de contribuer à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Construire un pont dans le détroit du Béring, pour relier le continent russe et américain, a quelque chose de spectaculaire et d'angoissant à la fois.
Quelles en seront les répercussions sur l'environnement, sur les échanges entre ces hommes si différents ? Cherche-t-on par ce lien à partager ou à dominer ?
Un projet si étrange qu'il ressemble à un mythe, une légende. Et c'est bien ce qu'offre ce roman ; un pont entre fiction, mythe, littérature et réalisation technique.

Six personnes sont invitées sur l'île Diomède pour assister à ces travaux dantesques. On pense à une aventure humaine et technologique avec de multiples rebondissements. Mais il n'en est rien.
C'est en cela que ce roman m'a surprise et peut-être un peu déçue. Il s'agit plus ici d'une chronique sur les ponts. Une chronique étrange, digne d'un roman kafkaïen.
C'est intéressant cependant. Cette histoire nous révèle tout ce que l'homme a intériorisé en lui de mythologie autour du pont. Des légendes, des sacrifices à faire frémir d'horreur, telle la légende de l'Emmuré des Balkans.
Le pont est personnifié, il s'immisce dans nos pensées, nos images.
« le fleuve ne veut pas d'un joug ! Il s'ébroue, il secoue cet élément rigide qui limite sa liberté. »
Il fait partie de notre littérature, de notre Histoire.
Un pont relie mais bien souvent, il est un instrument de conquête.
Un mariage entre les hommes, un mariage entre la terre et l'eau.
Un lien de pierres où quelques secrets et mythes païens murmurent, où le sang coule entre ses joints.
Il offre une belle perspective, comme un élan qui parfois se brise. Maléfique ou bénéfique, dans tous les cas, il fait couler beaucoup d'encre.

Un univers glaçant, évoquant les méthodes du KGB ou du FBI. Un scénario improbable, des personnages hétéroclites obsédés par les ponts, aux réactions étonnantes. Bref, je ne m'y suis pas toujours sentie bien à l'aise.

Mon passage préféré est celui-ci :
« En effet, l'art de construire un pont n'était pas bénin. Il venait après des millénaires de plans, d'architectures, de maçonnerie… Bâtiments, immeubles, forts et ponts se trouvaient en quelque sorte unis par une filiation commune à la tour de Babel. Archétype de la construction, de l'assemblage de matériaux par la seule volonté humaine, la tour de Babel, au tragique destin, portait en elles toutes les difficultés que rencontrent les bâtisseurs et tout leur désespoir lorsque l'oeuvre est réduite à néant. Ce mythe et son épilogue linguistique, l'échec de l'utopie d'une langue unique, suggéraient une autre analogie : lorsque les Russes et les Américains, si éloignés jusqu'alors, se trouveraient unis par ce pont de Béring, arriveraient-ils à communiquer ? Ou au contraire, quelque grande catastrophe ne conduirait-elle pas à l'effondrement de l'espoir de mieux se comprendre ? »

Je remercie Babelio et les Éditions ThoT pour cet enchâssement de récits surprenants, mettant en lumière le symbolisme du pont.
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"Littératures comparées. On se sent estime et sympathie vraie, à l'heure de l'Europe unie, pour ces perceurs de frontières, qui jettent des ponts entre des rives qui séculairement s'ignorent - même si c'est parfois plutôt pour la perspective que pour la circulation." Cette belle citation de Julien Gracq figure en tête du prologue !

De l'importance des ponts dans nos vies.
Les ponts qui relient les deux rives du fleuve,
Les ponts qui peuvent exister entre deux cultures,
Les ponts que l'on peut tisser entre deux êtres,
Les ponts que l'on peut trouver entre différentes littératures ....
Tout le monde est conscient du bien que nous apporte ces ponts.

De l'importance de bien savoir construire ces fameux ponts, c'est déjà moins courant.
Peu de monde s'en préoccupe et pourtant c'est indispensable.

De l'importance des lieux dont on parle ...
Les îles Diomèdes, deux îles dans le Détroit de Béring, entre deux continents, peuplées par des Inuits inupiat.
La petite, Inaliq, à l'est, fait partie de l'Alaska, 7,35 km2, hauteur maximale 494 m. Il y vit une communauté d'Inuits de 170 personnes, presque entièrement groupée dans l'unique village de Diomède, sur la côte occidentale.
La grande, Imaqliq, 29 km2, hauteur maximale 477m, n'est située qu'à 3 km à l'ouest, fait partie de la Tchoukotka, le point le plus oriental de la Russie. Les Inuits locaux ont été déportés sur le continent à l'époque soviétique, dans les années 1930, et depuis, seule une petite garnison de l'armée russe occupe l'île.
Particularité de cette endroit, la ligne de changement de date, passe entre les deux à 1,5 km de chacune d'elles. Comme cette ligne se trouve à portée de vue l'une de l'autre, on peut de l'Alaska (Petite Diomède) regarder « demain » en Russie (Grande Diomède). Par exemple quand il est lundi côté américain, il est mardi côté russe.
Les îles Diomèdes sont souvent mentionnées comme étapes intermédiaires dans les projets futuristes de pont ou de tunnel traversant le détroit de Béring.

De l'île Diomède, j'édifierai ce pont reprend ce rêve.
La langue est belle et nous sommes invités à découvrir les pensées secrètes des "élus".
Rappelez vous
"Littératures comparées. On se sent estime et sympathie vraie, à l'heure de l'Europe unie, pour ces perceurs de frontières, qui jettent des ponts entre des rives qui séculairement s'ignorent - même si c'est parfois plutôt pour la perspective que pour la circulation." J'ai plus apprécié cette belle citation de Julien Gracq, qui figure en tête du prologue, après lecture de ce roman, elle y prend tout son sens et permet de se laisser bercer par ces mots.
Il paraît que ce pont est en construction et que bientôt nous pourrons aller vers ces contrées "contempler à travers les parois vitrées de la grande galerie, le ballet des otaries à fourrure ."
Rendez vous sur les rives de la mer de Béring pour le franchir nous aussi.
PS
Merci à Babelio et aux éditions Thot pour ce voyage dans le futur.
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Journaliste et bibliothécaire, spécialiste des ponts et plus particulièrement d'une certaine légende sur des personnes enfermées vivantes dans un pilier pour en garantir la solidité , la narratrice répond à une annonce dans une revue spécialisée . La construction d'un pont entre deux continents , la Russie et les États-Unis , au dessus du détroit de Béring , et prenant appui sur l'île Dioméde , ne peut que l'intéresser .
Embarquée dans cette aventure , elle découvre un peu contrariée que 5 autres personnes sont également du voyage .
Très vite l'histoire ne va pas tourner comme on pourrait s'y attendre , ni pour les 6 protagonistes , ni pour nous lecteurs .
Un livre surprenant , dont j'ai apprécié aussi bien la construction , l'emboitement de plusieurs récits , que l'écriture . Même si je m'attendais à autre chose à la lecture de la 4eme de couverture , je ne suis pas déçue mais ravie d'avoir été surprise et "envoutée" comme dans les contes de mon enfance .
Un grand merci aux éditions Thot et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse critique .
Un premier roman à découvrir et à faire circuler , en attendant j'espère les suivants .
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L'entrelacement de récits est fascinant dans cette oeuvre. Ces histoires qui reprennent un substrat commun inconscient ainsi que les nombreuses références littéraires forment un roman d'une grande richesse. Je lui ai trouvé beaucoup de force et d'esprit. Finalement, ces récits enchâssés entrainent le lecteur dans l'intrigue principale et appellent à connaitre la suite. Ce livre à clefs a le mérite d'être original et de susciter la réflexion. A lire et relire.
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Ce roman a du souffle, et pas seulement celui des tempêtes du détroit de Béring. Il nous plonge dans les symboliques glaçantes des ponts, monuments d'espoirs mais pas que. L'intensité dramatique simple mais brutale, la profondeur noire de notre esprit dévoilée par le perfide Mostol, les éclats intenses et fragiles de phares littéraire et culturels, en font un must-read. Vous ne passerez jamais plus sur un pont sans un frisson d'angoisse. Ce livre est à la mesure de l'auteure, une femme extraordinaire, aux vies multiples, pétrie des cultures du monde et qui n'a pas fini de nous surprendre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ils étaient les plus forts puisque le médecin était accompagné de deux soignantes, robustes cerbères au corps moulé dans une blouse blanche, tout droit sorties des services d'urgence d'un village de Sibérie. Là où la force physique et le côté bourru compensent la pénurie d'anesthésiants, d'antibiotiques, de matériel stérilisé.

p.225
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... je sais parfaitement que les maîtres apparents ne sont pas toujours les vrais. Je sais que ceux qui prélèvent l'impôt, ceux qui contrôlent les armées ou les milices locales, ceux qui érigent les barrières et décrètent le droit ou l'interdiction d'emprunter telle ou telle route... ne sont pas toujours ceux qui connaissent la valeur intime de la terre et son dialogue avec le cosmique.
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Ce sont les bâtisseurs qu'on encense et qu'on flatte, jamais ceux qui creusent pour amener les tuyauteries, ni les organisateurs du ballet des camions poubelles.
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Lorsque les vaisseaux et navires ne suffisent plus, ce sont d'autres techniques qui sont utilisées pour jeter par-dessus les flots ce drôle de morceau de terre qu'on appelle le pont.
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La légende de l'emmuré vivant qui imprègne les Balkans : un pont ne peut pas résister à la force contraire des éléments, ligués contre lui, que si en son sein, dans sa pile centrale, on y sacrifie un être vivant - femme allaitante, ou jeune enfant, ou jumeaux - qu'on emmure au cours de la construction du pont.
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