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En date de mai 1940...voici notre grand poète dans ses pompes et dans ses oeuvres..Surtout très bien dans ses pompes, et dans l'art de cirer celles qu'il faut !! "Monsieur le Maréchal, voici cette France entre vos bras, lentement qui n'a que vous et qui ressuscite a voix basse. II y a cet immense corps, à qui le soutient si lourd et qui pèse de tout son poids. Toute la France d'aujourd'hui, et celle de demain avec elle, qui est la même qu'autrefois! Celle d'hier aussi qui sanglote et qui a honte et qui crie tout de même elle a fait ce qu'elle a pu! C'est vrai que j'ai été humiliée, dit-elle, c'est vrai que j'ai été vaincue. II n'y a plus de rayons à ma tête, il n'y a plus que du sang dans de la boue. II n'y a plus d'épée dans ma main, ni l'égide qui était pendue à mon cou. Je suis étendue tout de mon long sur la route et il est loisible au plus lâche de m'insulter. Mais tout de même il me reste ce corps qui est pur et cette âme qui ne s'est pas déshonorée! .............................................................................................................................. Monsieur le Maréchal, il y a un devoir pour les morts qui est de ressusciter. Et certes nous ressusciterons tous au jour du jugement dernier. Mais c'est maintenant et aujourd'hui même qu'on a besoin de nous et qu'il y a quelque chose a faire ! France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père. Fille de Saint-Louis, écoute-le ! Et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ? Cette proposition comme de l'huile et cette vérité comme de l'or.." J'ai toujours détesté la poésie de Claudel et même son théâtre qui me paraissent tous deux ampoulés et artificiels, m'ennuient absolument et n'éveillent en moi aucune émotion, mais là ce n'est plus de l'ennui , ni une lassitude agacée devant les faux semblants de la rhétorique censés "représenter" l'émotion, non, c'est de la colère à l'état brut: voici de la poésie de propagande, et la pire, et la plus basse. Claudel n'a pas seulement été une ordure avec sa soeur Camille, il l'a été à l'égard de tout un peuple et de son art même. + Lire la suite |
« Rien ne me réconcilie, je suis vivant dans votre nuit abominable, je lève mes mains dans le désespoir, je lève les mains dans la transe et le transport de l'espérance sauvage et sourde ! » (Paul Claudel, Cinq Grandes Odes)
« Singulière figure que celle de Georges Bernanos (1888-1948) […]. Sorte de Protée des haines et de l'amour, il semble ne jamais offrir deux fois le même visage. Il y aurait plusieurs Bernanos : un Bernanos de droite, à cause des Camelots du Roi, un Bernanos de gauche à cause des Grands Cimetières sous la lune ; un Bernanos romancier des abîmes de la condition humaine, ou un Bernanos pamphlétaire névropathe ; un Bernanos anticlérical, un Bernanos pieux catholique ; un Bernanos antisémite, un Bernanos réactionnaire, un Bernanos prophète, un Bernanos énergumène, un Bernanos enthousiaste... L'inventaire est sans fin […]. Romancier, essayiste, journaliste, Bernanos est l'homme d'une oeuvre vaste mais unifiée, tout entière contenue dans cette tâche qu'il découvrit être la sienne : rendre témoignage à la vérité, en manifestant de toutes les manières possibles ce qui est pour lui la finalité de toute condition humaine.
[…] Bernanos ne se faisait aucune illusion quant à l'efficace immédiate de ses écrits sur la marche du monde. C'est, toujours et seulement, de la révolte de l'esprit, la seule qui vaille, qu'il est question chez lui. […] » (Romain Debluë)
« […] C'est sans doute ma vocation d'écrire, ce n'est ni mon goût ni mon plaisir, je ne puis m'empêcher d'en courir le risque, voilà tout. Et ce risque me paraît chaque fois plus grand, parce que l'expérience de la vie nous décourage de plaire, et qu'il est moins facile encore de convaincre. J'ai commencé d'écrire trop tard, beaucoup trop tard, à un âge où on ne peut plus être fier des quelques vérités qu'on possède, parce qu'on ne s'imagine plus les avoir conquises, on sait parfaitement qu'elles sont venues à vous, au moment favorable, alors que nous ne les attendions pas, que parfois même nous leur tournions le dos. Comment espérer imposer aux autres ce qui vous a été donné par hasard, ou par grâce ? […] Il faut vraiment n'avoir pas dépassé la quarantaine, pour croire que dix pages, cent pages, mille pages d'affirmations massives sont capables de forcer une conscience : c'est vouloir ouvrir la délicate serrure d'un coffre-fort avec une clef de porte cochère. L'âge aidant, il me paraît maintenant presque aussi ridicule et aussi vain de dire au public : « Crois-moi ! » qu'à une femme : « Aime-moi ! » et le résultat est le même, soit qu'on ordonne ou qu'on supplie. Rien n'est plus facile que de prêcher la vérité. le miracle, c'est de la faire aimer.
[…] » (Georges Bernanos, Comprendre, c'est aimer, paru dans La Prensa, à Buenos Aires, le 19 janvier 1941.)
0:04 - Réponse à une enquête
11:30 - Générique
Référence bibliographique :
Georges Bernanos, Scandale de la vérité, essais, pamphlets, articles et témoignages, Éditions Robert Laffont, 2019
Image d'illustration :
https://www.france-libre.net/bernanos-appel/
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Four Witnesses (Piano Version)
Site :
https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-four-witnesses
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