Mais comment fait
Jenny Colgan pour toujours se renouveler avec cette série " Au bord de l'eau" ?
A partir d'une pure invention, que cette charmante île de Mure au large de l'Ecosse, , elle a créé de toutes pièces un endroit, des gens qui y habitent , des histoires qui s'interpénétrent, des problèmes, qui toujours trouvent une solution, un joli moment de plaisir, une halte dans la vie d'une lectrice entre deux lectures plus difficiles.
Nous avions laissé Fintan en plein deuil de son mari Colton, celui-là même qui lui a laissé un sacré héritage : un hôtel de luxe, tout neuf à gérer, lui qui ne sait que faire des fromages... Très vite, la cuisine se remplit, avec un chef français, Gaspard (très colérique) , Isla (débauchée du café de Flora), Konstantin, un jeune homme norvégien, qui doit fait ses preuves et Flora, qui bien que jeune maman, ne peut s'empêcher de veiller à ce que tout se passe bien.
L'histoire tournant principalement autour de cette cuisine, soufflera sans cesse le chaud et le froid...
Froid , comme les températures glaciales qui sévissent sur l'île, comme la mère d'Isla, comme une jounaliste sans pitié, comme la façon dont sera accueilli les inaptitudes de Konstantin , froid, comme tout ce qui ne tourne pas rond sur cette île ..
Chaud , comme la nourriture, comme cet hôtel douillet, comme cette île où tout le monde se connait depuis la naissance, comme les personnages qui se soucient de leur prochain, comme cet amour naissant entre Fintan et Gaspard, comme celui qui ronge Saif, le réfugié syrien et Lorna...
C'est un roman feel good et pourtant, cette histoire de médecin réfugié syrien va au-delà du feel good. Elle est poignante et m'émeut à chaque fois... Parce que cette histoire rejoint la grande histoire, celle des guerres, des destins brisés, des espoirs fous, des mauvaises nouvelles, des petits arrangements avec soi-même, des instants où l'on voudrait être "grands" mais où l'on est qu'un homme... C'est d'autant plus magnifique qu'elle est glissée au milieu de celles des autres, des autres pesonnages, ceux qui ont un destin d'une banalité affligeante, ceux qui n'ont jamais pris , ou subit de risques sans qu'elle soit plus importante, parce qu'aucun personnage ne l'est dans cette série, ou plutôt , ils le sont tous...
Et puis, il faut saluer le personnage de Agot, odieuse, et pourrie gâtée, qui gouverne son monde et même au-delà , grace à son ton autoritaire du haut de ses cinq ans ! Si rigolote , pour nous lecteurs (mais si épuisante pour son entourage...).
Amusant, sympathique, émouvant, charmant, frais, et agréable...