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EAN : 9782810202324
120 pages
Rue de Sèvres (15/03/2023)
4.19/5   205 notes
Résumé :
Comment retrouver de l'air quand le quotidien et son rythme infernal nous étouffe ? Edouard Cortès a choisi, pour se libérer du « monde d'en bas », d'aller vers celui « du haut » : au bord du gouffre, il va quitter femme et enfants pendant plusieurs mois pour vivre dans une cabane de sa propre construction, nichée dans un arbre en pleine forêt. Loin des réseaux sociaux et du tumulte de la société, il trouve une échappatoire dans le silence et la contemplation solita... >Voir plus
Que lire après Par la force des arbres (BD)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Rue de Sèvres...

Dans le Périgord noir, perché à six mètres de hauteur, dans ce chêne qu'il a minutieusement choisi, Édouard entreprend d'écrire sur les raisons de son isolement, sur les événements qui l'ont conduits là-haut, sur ce qu'il attend et espère...
Éleveur de chèvres, Édouard se perd dans son travail, dont la moitié est aujourd'hui passé devant un ordinateur à remplir des formulaires ou des dossiers. Suite à divers soucis, il se voit obligé de vendre son troupeau, malgré tout l'amour qu'il porte à ses bêtes. Ayant perdu toute confiance en lui et en pleine dépression, fatigué de lui-même, il décide de prendre du temps. Rien que pour lui. Loin des hommes et du monde d'en bas. Aussi, en ce mois de février, s'aventure-t-il en pleine forêt pour y dénicher l'arbre qui deviendra son repère, son lieu de vie et de métamorphose et celui qui abritera sa cabane, celle-là même qu'il construira de ses propres mains. Pendant trois mois, il vivra là-haut, coupé des siens qu'il retrouvera le dimanche...

Trois mois de parenthèse enchantée, trois mois loin des hommes, trois mois à observer le monde qui l'entoure... C'est ce qu'Édouard Cortès a vécu pour pouvoir se retrouver, se ressourcer, s'apaiser, se reconnecter avec la nature pour mieux retrouver celle des hommes. Au coeur de ce chêne majestueux qui accueillera sa cabane minutieusement pensée, il s'offre du temps, un besoin vital pour lui qui s'est perdu. Ses journées, rythmées par le soleil, seront propices à la découverte de la faune et de la flore, du monde minuscule qui l'entoure, admirer la nature qui s'éveille... Adapté du roman éponyme d'Édouard Cortès, cet album, immersif, contemplatif, foisonnant de moult détails, est une véritable bouffée d'oxygène. L'on est emporté, nous aussi, loin du tumulte et l'on admire, silencieusement, toute cette nature qui semble s'offrir à nous. Si le propos, intelligent, raisonné et non dénué de sens, s'avère des plus intéressants, le fond, magnifiquement mis en beauté par Dominique Mermoux, est exaltant. En effet, ce dernier, par son trait et sa palette de couleurs délicats, donne parfaitement à voir, à ressentir, à sentir. Aussi, l'on s'arrête pour admirer ici cette fourmi, ce loriot ou cette libellule, là cette forêt en pleine nuit étoilée.
Un album touchant qui donne à réfléchir...
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Le chêne, pas les chaînes.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2023. Il s'agit d'une transposition en bande dessinée du roman du même nom avec la participation de son auteur Édouard Cortès comme coscénariste, en équipe avec Dominique Mermoux coscénariste, et qui réalise également les dessins et les couleurs. Il comprend cent-quatorze pages de bande dessinée.

Dans le Périgord noir, dans une forêt en bordure d'un château et d'un village. À six mètres de hauteur, Édouard Cortès vit seul dans les branches d'un chêne. C'est le printemps. Il est entré dans sa cabane pour un long séjour de silence. Perché dans un arbre, il a la ferme intention de renaître avec lui. Il va nicher dans cette cachette construite de ses mains. Entre quatre branches, l'abri de bois et de verre le protège des regards et du bruit. Un lieu rare. Inespéré dans son état. Il se sentait fatigué du monde d'en bas et de lui-même, il est donc monté là-haut. Les autres, sans doute aussi, s'étaient lassés de lui. Il entreprend une métamorphose à l'ombre des forêts. Il veut voir à hauteur d'arbre. Ce 21 mars 2019 au matin, il a étreint sa femme Mathilde et ses deux enfants, enfilé ses bottes, supprimé ses comptes sur les réseaux sociaux, envoyé promener mille cinq cents amis invraisemblables pour en garder quatre ou cinq vrais. À presque quarante ans, il a beaucoup de doutes sur ses certitudes et peu de convictions sur ses illusions. Éloigné des hommes, il est décidé à arracher tout ce lierre qui l'étouffe. Quand la mort approchera, il aimerait pouvoir répondre sans crainte : A-t-il eu assez d'audace pour suivre son étoile ? Toute une civilisation est née dans l'humus des chênes du Quercy : c'est à leurs racines que se cache la truffe noire qu'il aime à caver avec son chien. C'est dans ce berceau de France, celui des souterrains médiévaux de Paluel, de la Vierge noir de Rocamadour, des duels du hussard Fournier, de Tounens roi de Patagonie, des expéditions de Larigaudie, des noix et des arbres truffiers qu'il a planté ses souvenirs d'enfance. Les faunes et les sylvains l'ont lié au pays de la servitude volontaire. Cet ancrage lui a-t-il accordé une certaine latitude dans ses chemins ? La lecture de la Boétie l'invite à plonger dans le vert. le chêne pas les chaînes.

Février. Un mois et demi plus tôt. L'idée de l'arbre lui a été soufflée par Cyrano. Il relisait un soir Rostand, s'attachant à la bravoure de son cadet de Gascogne comme à une caresse. Dans la dernière scène, il agonise. Il ne veut personne pour le soutenir. le seul recours que M. de Bergerac s'autorise, c'est un tronc. Pour appuyer ses alexandrins, il touche l'écorce et trouve l'énergie des derniers vers, concluant en allant s'adosser à un arbre, et exigeant que personne ne le soutienne, rien que l'arbre ! Au matin, Édouard avait filé vers la forêt à dix kilomètres de sa maison. Un seul objectif : trouver son arbre. Il agissait par habitude, selon son principe : penser l'action, vivre comme il pense. Cette forêt, il la connaît bien pour s'y être perdu.

Cette bande dessinée constitue l'adaptation d'un roman autobiographique, avec la participation de l'auteur, racontant son expérience de vivre dans un arbre au milieu d'une forêt, du 21 mars 2019 au 24 juin de la même année. Une décision simple : s'éloigner du monde pour prendre du recul, une forme de retraite, mais pas dans un monastère ou un ashram, au milieu de la nature dans les branches d'un arbre. le lecteur peut ainsi l'accompagner dans les quelques semaines qui précèdent son installation dans son arbre, ou plutôt la cabane qu'il a construite dans le chêne qu'il s'est choisi, dans quelques retours en arrière quand il était éleveur de brebis, par deux fois dans son enfance, et dans son quotidien durant ces trois mois passés en hauteur. Il ne s'agit pas d'une retraite en ermite : il voit ses enfants et son épouse chaque dimanche car ils viennent manger avec lui. Vers la fin de son séjour, trois amis viennent passer une soirée avec lui et dormir dans sa cabane.

Le récit présente l'organisation de ses journées avec son programme quotidien : sport, méditation, toilette, petit déjeuner, écriture, lecture, ménage, déjeuner, vaisselle, observation, activités manuelles, sport, dîner, harmonica, lecture. Il présente également l'agencement de sa cabane située à six mètres en hauteur : Au nord son vestiaire sur une étagère. Au centre du faîtage, une fenêtre de toit, ouvrable et assez large pour le laisser sortir. Il peut ainsi danser sur les tuiles de bois ou fuguer dans les branches hautes quand l'envie lui en prend. Fenêtre sur le ciel pour, de son lit, rêver les yeux ouverts. Et tous les jours ce puits de lumière inonde son habitat, panthéon miniature à la coupole de bois. Son lit mezzanine s'élève à un mètre et demi plus haut que le plancher. À l'est, vers le soleil levant, un oratoire sur une étagère : un crucifix, une icône de saint David dit le Dendrite (ermite retiré dans un arbre), deux bougies, du papier d'Arménie. Au nord-est, la cuisine : poêle et casserole, un deuxième banc-coffre avec la vaisselle usuelle et les condiments. À côté une petite cuisinière à gaz. Côté sud, son bureau et un tabouret. Sur l'étagère à mi-hauteur, des bocaux de verre (pâtes, riz, noix, fruits secs), son harmonica, des appeaux. Les livres de chevet : Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, L'enfer de Dante, Les pensées de Marc-Aurèle. À l'ouest, le coin toilette : un miroir, une bassine en zinc, deux jerricans d'eau potable, un banc-coffre avec des outils. Côté sud-ouest, une petite terrasse qui s'avance dans le vide. Une branche maîtresse la soutient souplement. La corde permettant de monter les objets lourds ou encombrants. Au soleil le réservoir pour la douche. Ainsi, il peut vivre en autonomie, allant s'approvisionner en eau avec son âne et se nourrissant de provisions amenées avec lui, et de végétaux qu'il récupère.

Le lecteur fait vite l'expérience que l'adaptation en BD reprend des portions du livre, rendant le récit copieux, instaurant un rythme de lecture posé. Dans le même temps, la bande dessinée commence par trois pages muettes. Cette adaptation ne se contente pas de montrer en images ce qui faisait l'objet de descriptions dans le livre, et de reprendre le flux de pensée de l'auteur, ses réflexions, ses ressentis. Il s'agit bien d'une bande dessinée, avec des cases disposées en bande ou d'une manière plus libre, sans bordure, et des séquences racontées par une narration visuelle. le lecteur n'éprouve pas la sensation que les images reprennent des éléments déjà présents dans le récitatif. le ressenti de la lecture atteste de la concertation entre l'auteur et le bédéiste pour adapter le roman. Régulièrement, la narration visuelle prend le dessus : un dessin en pleine page pour un cerf et une biche, la vue en coupe de la cabane, le déplacement pour aller chercher de l'eau, les activités de la journée, l'observation d'un cerf à la jumelle, une nuit d'orage en deux pages sans texte et le constat des dégâts au petit matin, l'utilisation d'une loupe de botaniste et ce qui apparaît alors, une pleine page pour une belle nuit étoilée, le déplacement d'un sanglier, l'observation d'une biche et de son faon, etc.

L'artiste effectue un travail remarquable pour tous les éléments sylvicoles, botaniques et relatifs à la faune. le lecteur comprend qu'Édouard Cortès dispose de connaissances sur la flore et la faune, et qu'il a emmené des livres pour continuer à se cultiver sur le sujet. le lecteur peut ainsi voir représenté de nombreuses essences d'arbres (if à deux têtes, houx fragon, chêne, hêtre, tilleul, châtaigner, sorbier des oiseleurs, érable champêtre, merisier, alisier), d'arbustes (noisetier, houx, genévrier, cornouiller sanguin, prunelier, au sol le lierre) et des micro-plantes (hypne cyprès, dicrane en balais, sphaigne des marais). Les rencontres avec des animaux sont également nombreuses, à commencer par les oiseaux (rouge-gorge, geai des chênes, sitelles torchepots, mésanges bleues, pic épeiche, loriot), quelques insectes et coléoptères (fourmis, hanneton, imago du citron, aeshna cyanea, etc.). Ainsi que des animaux : âne, renard, loup, lapin, brebis, écureuil, sanglier, un rapace qui fond sur un pigeon ramier, etc. Dominique Mermoux réalise des dessins un registre réaliste et descriptif avec un petit degré de simplification. La mise en couleurs s'apparente à de l'aquarelle, avec un côté doux, rehaussant les reliefs, et filant une ambiance lumineuse tout du long d'une scène. Il utilise un ton brun – sépia pour les séquences du passé.

L'auteur décide donc de se retirer du monde pour se déconnecter du flux incessant, et pour retrouver la sérénité qui l'a abandonné après qu'il ait dû liquider son affaire d'élevage. Ce séjour hors du monde lui permet de considérer la vie d'un arbre, ainsi que tout l'écosystème dont il fait partie. Il va évoquer ou développer des aspects divers : le cavage, le modèle qu'il souhaite donner à ses enfants en tant que père, le formicage, le cycle de l'eau à travers l'arbre et la fonction de climatiseur en période chaude, la médiocrité des objets du quotidien conçus pour devoir être rachetés sans fin, l'isolation des individus, l'affection moderne qu'est l'immédiateté, le chêne qui sacrifie ses branches les plus basses pour mieux se développer (Abandonner un peu de soi, laisser mourir certaines branches pour avancer.), la volonté de vivre (Dans ces instants, ce n'est pas de quitter la vie qui demande du courage, mais de puiser des forces pour la conserver.), le développement de la forêt française, la notion de bonheur (Mais le bonheur, n'est-ce pas d'accepter de n'être jamais absolument consolé ?), etc. Il fait le constat et l'expérience des merveilles de la nature, de l'interdépendance des différentes formes de vie d'un écosystème, de l'absurdité toxique de certaines facettes de la société de consommation. Dans le même temps, le lecteur voit que la démarche de cet homme ne relève pas de l'utopie de l'autarcie, car il continue d'utiliser des objets produits industriellement, et son séjour a une fin programmée.

Une adaptation de roman réussie, qui aboutit à une vraie bande dessinée, et pas un texte illustré. le lecteur partage la vie quotidienne, ses découvertes et les pensées d'Édouard Cortès effectuant une retraite du monde, sous la forme de trois ans passés dans une cabane qu'il a construite dans les branches d'un chêne. La narration visuelle emmène le lecteur dans cet environnement, le rendant témoin du quotidien dans toute sa banalité, et son unicité, à prendre conscience ou découvrir la flore et la faune, leurs interactions, leur interdépendance. Il ne s'agit pas d'une forme de retour naïve à un état de nature primitif, mais de prendre le temps d'observer la nature et de vivre à son rythme. Une lecture riche et apaisante.
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S'isoler des Hommes, non pas pour les fuir mais pour se retrouver soi-même et reprendre confiance en soi. C'est ce qu'a fait Édouard Cortès.
Alors que son métier d'éleveur de chèvres était étouffé par des exigences administratives kafkaïennes, il a bien failli choisir une poudre pour y attacher une corde...il.a finalement décidé de faire prendre de la hauteur à son désespoir en demandant l'hospitalité à un chêne ! Il s'est construit une adorable cabane dans ses branches et y a passé trois mois en réglant sa vie au moment présent,en écoutant battre son coeur au rythme de la vie sylvestre,en observant les habitants de la forêt, de la fourmi au sanglier,de l'araignée à l'écureuil, de la mésange à l'escargot... sans oublier la flore.
Sa " cabane est un avant- poste sur la beauté du monde."
Dominique Mermoux à mis tout son talent de dessinateur pour raconter en images ce singulier voyage immobile d'un homme au sein d'une nature resplendissante par sa simplicité, par l'évidence de la beauté de la vie et de son harmonie lorsqu'elle est respectée. C'est également un émouvant voyage intérieur puisqu'il va permettre à Édouard de retrouver les siens.
C'est un album profondément écologiste qui allie rêve d'enfant et cheminement existentiel. Il offre une très belle bulle d'oxygène.
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Club N°52 : BD sélectionnée
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Adaptation en BD du récit du même nom de Edouard Cortes, on l'y suit à la quarantaine en proie à la dépression et qui décide de se réfugier pour un printemps dans une cabane qu'il construit dans un chêne d'une foret du Périgord.

Retrouver le rythme de la nature, s'émerveiller du monde devant nos yeux et réaliser la beauté de la nature.

C'est une BD superbement illustrée qui reprend le texte de Cortes et la dure poésie de sa tranche de vie, entre la dépression et l'échec puis la sève nouvelle qui parcourt l'auteur à mesure que celui-ci en prend, de la hauteur.

Appel à ralentir, à réfléchir à ce qui est important et à observer le monde qui nous entoure, là, juste devant nos yeux.

Un vrai bel ouvrage.

Greg
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Une bande dessinée magnifiquement illustrée qui donne envie d'aller rejoindre le narrateur dans sa cabane...

Adaptée du témoignage d'Édouard Cortès.

A lire pour vivre au rythme des oiseaux et autres animaux qui accompagnent le récit...

Mano
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Cette bd est inspirée de l'ouvrage autobiographique de Édouard Cortés, écrit depuis la cime d'un beau chêne.
Cortés, tout en racontant son quotidien au coeur d'une forêt et d'un arbre, retrace son parcours d'agriculteur en prise avec la bureaucratie, les lois de la Pac et ses systèmes de subventions. Son affaire a capoté, le laissant sur le flan, surtout psychologiquement. Il a donc hésité entre deux voies: prendre une corde et se pendre (on sait la quantité affolante de suicidés parmi les agriculteurs...) ou prendre cette même corde et l'utiliser pour hisser du matériel, des vivres en haut d'un chêne, voire en faire l'attache d'une balançoire. Vous l'aurez compris, Cortés opte pour la 2eme solution, sinon nous n'aurions pas le privilège de lire son récit.
Il s'éloigne donc un temps de sa femme et ses enfants (ils ont un "droit de visite/de regard" le dimanche) pour s'isoler dans un chêne, au milieu du Périgord noir. Là il va observer aux jumelles ou à la loupe toute la vie qui renaît au printemps. La remontée de la sève dans les arbres, les insectes, les oiseaux, le sanglier, les cerfs, les libellules, écureuils, loriots, fourmis, etc etc... Parfois il raconte des souvenirs de l'enfance, la forêt et les arbres agissaient déjà à cette époque comme un refuge ou un baume.
Cortés reprend confiance en lui et donc en l'humanité à travers ce voyage. Il tourne ainsi une page. Témoin des lois de la nature, il s'inspire d'elle pour reprendre goût à la vie tout en acceptant les déboires, les échecs passés, les antagonismes liés au vivant.

J'ai beaucoup aimé cette Bd, ses dessins éloquents. Les planches dédiées aux souvenirs sont marron et sépias, celles du présent, fidèles à une vie sylvestre au printemps: des gammes de verts, rouges, bleus et quelques touches vives de jaunes pour les oiseaux colorés qui peuplent nos forêts.
Ce témoignage touchant et humain (ré)-conforte les amoureux des forêts et invite ceux qui ne se sont jamais aventurés dans la verdure à le faire au plus vite.
Un très beau témoignage.
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critiques presse (2)
BDGest
27 juin 2023
Récit d’une introspection ressourçante, Par la force des arbres invite à une parenthèse rare, celle de prendre le temps, d’aller au contact de la nature et d’en sortir revigoré, ou au moins (ré)enchanté. À découvrir.
Lire la critique sur le site : BDGest
LigneClaire
17 avril 2023
Un rêve de gosse à l’échelle de l’adulte qu’il est devenu. Il écrira un roman, Par la force des arbres que Dominique Mermoux a adapté en BD avec une aisance, une force et un ton si authentique qu’on est ému, si ce n’est un brin envieux. Il avait publié avec Jim L’Invitation. Un arbre et une aventure qui font du bien au cœur.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
À six mètres, je vis seul dans les branches d’un chêne. C’est le printemps. Je suis entré dans ma cabane pour un long séjour de silence. Perché dans un arbre, j’ai la ferme intention de renaître avec lui. Je vais nicher dans cette cachette construite de mes mains. Entre quatre branches, l’abri de bois et de verre me protège des regards et du bruit. Un lieu rare. Inespéré dans mon état. Je me sentais fatigué du monde d’en bas et de moi-même, je suis donc monté là-haut. Les autres, sans doute aussi, s’étaient lassés de moi. J’entreprends une métamorphose à l’ombre des forêts. Je veux voir à hauteur d’arbre. Ce 21 mars au matin, j’ai étreint ma femme et mes enfants, enfilé mes bottes, supprimé mes comptes sur les réseaux sociaux, envoyé promener mille cinq cents amis invraisemblables pour en garder quatre ou cinq vrais. À presque quarante ans, j’ai beaucoup de doutes sur mes certitudes et peu de convictions sur mes illusions. Éloigné des hommes, je suis décidé à arracher tout ce lierre qui m’étouffe. Quand la mort approchera, j’aimerais pouvoir répondre sans crainte : Ai-je eu assez d’audace pour suivre mon étoile ? Toute une civilisation est née dans l’humus des chênes du Quercy : c’est à leurs racines que se cache la truffe noire que j’aime à caver avec mon chien. C’est dans ce berceau de France, celui des souterrains médiévaux de Paluel, de la Vierge noir de Rocamadour, des duels du hussard Fournier, de Tounens roi de Patagonie, des expéditions de Larigaudie, des noix et des arbres truffiers que j’ai planté mes souvenirs d’enfance. Les faunes et les sylvains m’ont lié au pays De la servitude volontaire. Cet ancrage m’a-t-il accordé une certaine latitude dans mes chemins ? La lecture de La Boétie m’invite à plonger dans le vert. Le chêne par les chaînes.
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La visite – Au nord mon vestiaire sur une étagère. Au centre du faîtage, une fenêtre de toi, ouvrable et assez large pour me laisser sortir. Je peux ainsi danser sur mes tuiles de bois ou fuguer dans les branches hautes quand l’envie m’en prend. Fenêtre sur le ciel pour, de mon lit, rêver les yeux ouverts. Et tous les jours ce puits de lumière inonde mon habitat, panthéon miniature à la coupole de bois. Mon lit mezzanine s’élève à un mètre et demi plus haut que le plancher. Il s’est lové entre deux branches. L’une coudée retient mon oreiller, l’autre me chatouille les pieds. À l’est, vers le soleil levant, un oratoire sur une étagère : un crucifix, une icône de saint David dit le Dendrite (ermite retiré dans un arbre), deux bougies, du papier d’Arménie. Au nord-est, la cuisine : poêle et casserole, un deuxième banc-coffre avec la vaisselle usuelle et les condiments. À côté une petite cuisinière à gaz. Côté sud, mon bureau et un tabouret. Sur l’étagère à mi-hauteur, des bocaux de verre (pâtes, riz, noix, fruits secs), mon harmonica, des appeaux. Les livres de chevet : Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, L’enfer de Dante, Les pensées de Marc-Aurèle. À l’ouest, le coin toilette : un miroir, une bassine en zinc, deux jerricans d’eau potable, un banc-coffre avec des outils. Côté sud-ouest, une petite terrasse qui s’avance dans le vide. Une branche maîtresse la soutient souplement. La corde permettant de monter les objets lourds ou encombrants. Au soleil le réservoir pour la douche.
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Les forêts du monde souffrent. Certaines brûlent en Amazonie, Californie, Australie, Sibérie. L’Europe a délocalisé sa déforestation. L’ère du Pyr est venue. D’autres forêts, comme chez nous, sèchent. Les arbres ont soif. Affaiblis, ils tombent malades et meurent d’embolie gazeuse. Chênes, tilleuls et bouleaux subissent le même sort funeste quand est atteint le seuil de tolérance sous lequel le manque d’eau sera fatal. L’arbre a besoin de temps pour s’adapter au climat. Pourtant les arbres font tout ce qu’ils peuvent pour ralentir le réchauffement. Pour la première fois peut-être, l’arbre a besoin des hommes. Toutefois si la forêt de France souffre par endroits à cause de la chaleur, de la monoculture de conifères et d’une filière bois sous pression mondiale, elle se porte plutôt bien par sa croissance et sa diversité. Plus de cent-trente-six essences d’arbres, des forêts d’exception protégées, des forêts publiques et des millions de propriétaires privés qui possèdent 75% de la sylve sont pour la plupart bons cueilleurs d’arbres. C’est grâce à la déprise agricole, mais aussi, en partie, grâce aux grands travaux de Napoléon III de boisement des Landes, de la Sologne et de massifs montagneux. Les bergers délaissèrent alors leurs troupeaux pour se faire éleveurs d’arbres. En deux cents ans, la forêt a presque doublé de surface. La majorité des Français vit à moins de trente minutes d’une futaie. Un tiers de l’hexagone baigne sous l’ombrage des arbres. Comme un tiers du monde appartient au règne des bois. Taïgas boréales, forêts tropicales, subtropicales et tempérées : le vert manteau protecteur s’assortit avec le ciel et les océans pour régler le temps.
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Pour survivre dans la guerre du soleil, mon chêne a sacrifié des branches basses. Une dizaine, d’un bon diamètre, sont mortes. Il les a abandonnées, les coupant de sève au profit d’autres ramures mieux placées. L’arbre s’auto-élague et concentre ses forces. Trois sont déjà tombées au sol, laissant des moignons que l’écorce cicatrise. Ces plaies circulaires font la joie des larves pilonnées par le bec des pics. Les trous creusés par les marteleurs profitent aux mésanges, écureuils ou loirs. D’autres branchages défunts tiennent encore solidement au tronc et se laissent décomposer un entourage affamé. La mâchoire invisible des champignons, mousses et vers mord dans l’aubier. Ne reste qu’un bois de cœur, le duramen, craquelé, dense et dur. Je me vois comme l’une de ces ramures. Je suis sec du cœur quand j’aimerais pleurer. Le chêne m’indique une autre voie. L’accès à la lumière se fait de sacrifice. Abandonner un peu de soi, laisser mourir certaines branches pour avancer.
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Premiers jours en cabane. La vie m’est si agréable que je ne descends pas une seule fois. J’espère le débourrement. L’aurore orchestre mon réveil. Avant les premiers rayons, je m’adonne à un petit jeu. Une mésange ? Non. Un grimpereau peut-être ? Ou une sitelle. Et ça ? Un rouge-gorge ? Ces ritournelles seraient un des signaux annonçant aux arbres la venue du printemps. Des chants en guise de baiser pour tirer du sommeil les bois dormants. Geai des chênes. Coquin des forêts françaises, imitant rapaces et passereaux, jusqu’au miaulement du chat. À la manière dont il va de planche ne planche, je crois bien qu’il est là pour satisfaire sa curiosité. Ai-je pris sa place en cette période de nidification ? Certainement cache-t-il quelques glands pour s’aventurer ici. Le geai thésaurise comme tant d’autres petits banquiers de la forêt. Il cache à l’automne glands et faines en des milliers de lieux. Dans son gosier, une poche lui permet de récolter trois ou quatre glands d’un coup. Il sélectionne minutieusement les glands de meilleure taille, mûrs, sans parasite ni vers. Il enfouit ses trésors en milliers de cachettes qu’il mémorise parfaitement. Tel un Petit Poucet, il va jusqu’à poser des cailloux, balises du garde-manger. Le geai n’est pas mon oiseau de prédilection. Il jacasse trop, vole sans grâce et razzie les œufs des plus petits que lui. Mais pour planter, ce n’est pas un glandeur. Champion en titre des reboiseurs des forêts françaises, enfouissant parfois plus de quatre mille glands par an. Mon chêne avait-il germé d’une cachette oubliée ?
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Dans le 148e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Environnement toxique, album que l'on doit à Kate Beaton et aux éditions Casterman. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l'album À la recherche de l'homme sauvage, titre que l'on doit à Frédéric Bihel qui est sorti chez Delcourt - La sortie de l'adaptation du roman de Marc Dugain La chambre des officiers adapté en bande dessinée par Philippe Charlot au scénario, Alain Grand au dessin et c'est co-édité par Jean-Claude Lattès et les éditions Grand angle - La sortie de l'album Par la force des arbres, adaptation d'un roman d'Édouard Cortès que l'on doit à Dominique Mermoux et c'est édité chez Rue de Sèvres - La sortie de l'album Carnet de prison que l'on doit à Galien et aux éditions Steinkis - La sortie du deuxième tome de Mégafauna baptisé le livre des délices et des infortunes, que l'on doit à Nicolas Puzenat et aux éditions Sarbacane - La réédition de Jo, Zette et Jocko que l'on doit à Hergé dont l'intégrale est disponible chez Casterman
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