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EAN : 9782081220270
712 pages
Flammarion (30/11/-1)
4.21/5   24 notes
Résumé :

Dans Orwell ou l'horreur de la politique, sans doute le meilleur essai consacré à la figure de George Orwell avec Orwell, anarchiste tory de Jean-Claude Michéa, Simon Leys affirme qu'il ne voit pas "un seul écrivain dont l'œuvre pourrait nous être d'un usage pratique plus urgent et plus immédiat". L'intérêt porté à cette vie ne saurait correspondre, aux yeux de l'auteur des Habits neufs du présid... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ils ne sont pas si nombreux que cela les auteurs qui ont créé des oeuvres, des personnages ou une thématique si archétypale que des dizaines voire des centaines d'autres romanciers ont pu s'en inspirer. Je pense en particulier au Robinson Crusoé de Daniel Defoe créé en 1719 et dont l'idée a été ensuite reprise par Robert-Louis Stevenson "L'île au trésor " (1883), par Jules Verne « L'école des Robinsons » (1882), Michel Tournier "Vendredi ou les limbes du pacifique" (1967) et la liste est loin d'être exhaustive.

On peut penser aussi à Don Quichotte qui a personnifié le mythe du héros courageux qui combat seul pour l'amour et la justice et pour rendre réel l'imaginaire.

N'oublions pas Faust (16e siècle) et le mythe littéraire du pacte avec le diable, Don Juan, Sherlock Holmes, le mythe du robot (Mary Shelley, Assimov), Monte Cristo etc.

Toutes ces oeuvres ont marqué les esprits et sont rentrées dans notre mémoire collective, elles influencent presque au quotidien nos comportements et nos modes de pensée. Je considère que George Orwell (Éric Blair) fait partie de ces créateurs qui ont su créer une oeuvre originale et puissante donnant racines et vie à des centaines de ramifications. Son roman « La ferme des animaux » publié en 1945 est un préliminaire à son oeuvre magistrale « 1984 » publiée en 1949. Dans ces deux romans, Orwell dénonce le danger de la concentration du pouvoir au service d'une idéologie qui conduit à l'aliénation de l'homme, il dénonce tous les totalitarismes de droite ou de gauche. Il ne fait pas que dresser un tableau dystopique des sociétés futures, il s'appuie sur le réel et l'état du monde à son époque pour démontrer que le futur qu'il décrit est prévisible à partir des données existantes. La montée du nazisme et du totalitarisme soviétique annonce le monde de demain, fait de mensonge et de falsification de l'histoire. Il percevait avec acuité les liens qui pouvaient exister entre la clarté du langage et l'expression de la vérité objet de manipulation et de détournement. Il dénonçait le conditionnement des masses comme une science née au cours des années 1920 et que personne ne savait encore jusqu'où mèneraient ses progrès. Il eut beaucoup de mal à faire publier ses oeuvres, car ses idées étaient très en avance sur son temps. Il faut bien sûr avoir lu « 1984 » pour comprendre à quel point Orwel était un visionnaire. Il souhaitait que son livre réveille les consciences afin d'éviter l'avenir sombre qu'il prévoyait si l'on ne réagissait pas. Son avertissement est toujours valable de nos jours, car la prise de conscience n'est pas encore générale. Il a mis en évidence le concept de Novlangue comme instrument de domination et a dénoncé "le langage politique destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que vent".


La biographie de Bernard Crick est sans doute l'une des plus complètes et des plus sérieuses sur ce grand écrivain politique. Il nous montre un George Orwell très humaniste, qui n'hésite pas à s'engager dans les rangs des républicains pendant la guerre d'Espagne contre Franco. Il y fut grièvement blessé. Correspondant de guerre, intervenant à la BBC, auteur de nombreux articles il n'écrivait qu'à la lueur du flambeau de la justice. Comme il le confiait dans « Pourquoi j'écris » : « Ce qui me pousse au travail c'est toujours le sentiment d'une injustice […]. Quand je décide d'écrire un livre, je ne me dis pas : “je vais produire une oeuvre d'art.” J'écris ce livre parce qu'il y a un mensonge que je veux dénoncer ».

Bernard Crick nous montre toutes les facettes du personnage sans concession, sans céder à la facilité de romancer sa vie pour plaire au lecteur, mais en restant au plus près de la réalité en s'appuyant sur des témoignages recueillis auprès de ses proches et de sa correspondance avec ses amis, sa famille et ses éditeurs.

Orwell s'est éteint prématurément à l'âge de 47 ans en 1950 atteint par la tuberculose depuis plusieurs années. Son courage moral et physique lui a permis de terminer son dernier livre « 1984 » dans des conditions pourtant difficiles. S'il avait pris le temps de se ménager, il aurait sans doute pu vivre encore quelques années.

— « George Orwell » Bernard Crick, Flammarion (2020), 712 pages.
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Ce livre n'est pas une hagiographie d'Orwell : ses faiblesses, ses hésitations, ses erreurs mêmes, y sont exposées sans dissimulations. le parcours d'un homme "normal" donc. Et pourtant, l'ouvrage terminé, on ne peut que ressentir de l'admiration pour cet homme "normal" là et craindre que le modèle en ait disparu. Car où donc, avec une santé toujours fragile et vacillante, a-t-il trouvé cette énergie toujours renouvelée, ce courage pour mener son combat permanent contre l'injustice sociale et toutes les formes d'oppression et d'exploitation. Orwell ne fut pas un homme de parti ni un idéologue; son inspiration, il la trouva au contact des réalités, souvent très sévères, auxquelles il ne cessa de se confronter, souvent dans la solitude et la pauvreté matérielle. Son besoin de vérité et de cohérence naturel fit qu'il n'eut jamais aucun mal à reconnaitre ses erreurs et à aller de l'avant. Sans doute, Orwell concrétisa-t-il parfaitement cette réflexion d'Hofmannsthal : " Cela ne veut rien dire d'être exceptionnel par ce qui nous distingue de l'humanité, car le seul critère de la grandeur réside dans la manière et la puissance de ce que l'on partage avec l'humanité entière. "
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Orwell est à la mode ,car deux de ses livres "1984" et "La ferme des animaux" semblent en résonnance avec notre époque. Mais l'homme Orwell est aussi passionnant que son oeuvre par sa vie d'engagement , ses forces et ses faiblesses. A ce titre cet ouvrage de l'universitaire Bernard Crick est indispensable:loin de tout hagiographie ou démolition il s'appuie sur des sources riches et incontestables .
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il était tout à fait engagé aux côtés du "Socialisme démocratique" (avec le soin qu'il prit à mettre un grand Set un petit d) avant même de partir pour l'Espagne, mais il ne s'était pas engagé "contre le totalitarisme". Ce fut l'Espagne, et non Wigan, qui le convainquit que le Parti Communiste était irrémédiablement contre la révolution et qui lui fit voir certaines ressemblances entre le stalinisme et l'hitlérisme. (page 267 éditions Points 1984)
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[...] une intelligence libre, un type d'individus également exécré par toutes les petites orthodoxies malodorantes qui se disputent aujourd'hui le contrôle de nos esprits.
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(...) il envisageait d'écrire 1984 avant même d'entamer la rédaction de La Ferme des animaux. La relation entre les deux livres est bien plus étroite que de nombreux critiques ne l'ont supposé. Tous deux prirent une forme très différente, mail il y a une continuité sur le plan intellectuel entre l'histoire de la révolution trahie et l'histoire des traîtres, de ces assoiffés de pouvoir qui dans les deux livres se perpétuent pour conserver à jamais le pouvoir.
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1934-1935
Le principal motif de son installation à Londres fut probablement le désir de vivre au milieu d'autres écrivains, ou d'intellectuels en général. Il avait traversé une longue période d'isolement, passée à beaucoup réfléchir mais rarement à discuter de livres et d'idées (...); et Hampstead était un bon endroit pour rencontrer de jeunes écrivains et de jeunes radicaux, avec qui il pouvait se confronter à égalité.
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Orwell se rendit dans les tranchées du front d'Aragon à Alcubierre. Il appartenait à la "Rovira", ou 29ème Division, et toutes les divisions avoisinantes étaient composées exclusivement de milices anarchistes. "J'étais tombé plus ou moins par chance dans la seule communauté de quelque importance en Europe occidentale où la conscience politique et le refus du capitalisme étaient plus naturels que leur contraire."
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