AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Anne Krief (Traducteur)Jaime Semprun (Traducteur)Bernard Pecheur (Traducteur)
EAN : 9782851842855
314 pages
Ivrea (13/05/2005)
4.36/5   21 notes
Résumé :
Les textes extraits de«Essais, articles, lettres», couvrent la période de 1943 à 1949. Ils reflètent la diversité des intérêts d'Orwell tout comme l'évolution de ses idées ainsi que des thèmes orwelliens : disparition de la vérité, occupation des esprits par la propagande, irresponsabilité des intellectuels, corruption du langage, etc.
Que lire après Tels, tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Contant ses souvenirs d'internat et les dures réalités de la promiscuité, George Orwell confesse qu'il n'avait pas l'instinct grégaire. de fait, si une unité ressort de cet assemblage d'articles aux sujets disparates, c'est la stimulante liberté de propos d'un franc-tireur faisant feu de tout bois. Bien sûr, le nom d'Orwell reste associé à la dénonciation du totalitarisme soviétique, à une époque où ce positionnement n'avait pas reçu la sanction des événements. Mais l'on se rend bien compte ici, de Dali à Gandhi en passant par Swift et Tolstoï, qu'aucune icône ou tendance de mode n'était de nature à échapper à l'examen critique, argumenté, clair et sans complexe de ce libre esprit. Lecteur manifestement traité en individu d'égale dignité, si l'on n'est pas obligé d'être toujours d'accord, au moins on ne s'ennuie pas. Avec Mr Blair, même atteint de tuberculose sur l'île écossaise de Jura, on ouvre grand les fenêtres. "Être humain consiste essentiellement à ne pas rechercher la perfection, à être parfois prêt à commettre des péchés par loyauté, à ne pas pousser l'ascétisme jusqu'au point où il rendrait les relations amicales impossibles, et à accepter finalement d'être vaincu et brisé par la vie, ce qui est le prix inévitable de l'amour porté à d'autres individus" (contre Gandhi, page 295). J'aurais aimé vous connaître, Mr Blair.
Commenter  J’apprécie          20
Très, très impressionné par la justesse de ton et d'analyse, mais surtout, incroyablement, je regardé maintes fois la date de parution des articles... Et oui, Orwell est nettement en avance sur son temps.
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les discours et les écrits politiques sont aujourd'hui pour l'essentiel une défense de l'indéfendable. Des faits tels que le maintien de la domination britannique en Inde, les purges et les déportations en Russie, le largage de bombes atomiques sur le Japon peuvent sans doute être défendus, mais seulement à l'aide d'arguments d'une brutalité insupportable à la plupart des gens, et qui ne cadrent pas avec les buts affichés des partis politiques. Le langage politique doit donc principalement consister en euphémismes, pétitions de principe et imprécisions nébuleuses. Des villages sans défense subissent des bombardements aériens, leurs habitants sont chassés dans les campagnes, leur bétail est mitraillé, leurs huttes sont détruites par des bombes incendiaires : cela s'appelle la "pacification". Des millions de paysans sont expulsés de leur ferme et jetés sur les routes sans autre viatique que ce qu'ils peuvent emporter : cela s'appelle un "transfert de population" ou une "rectification de frontière". Des gens sont emprisonnés sans jugement pendant des années, ou abattus d'une balle dans la nuque, ou envoyés dans les camps de bucherons de l'Arctique pour y mourir du scorbut : cela s'appelle l'"élimination des éléments suspects". Cette phraséologie est nécessaire si l'on veut nommer les choses sans évoquer les images mentales correspondantes.
Extrait de "la politique et la langue anglaise"
Commenter  J’apprécie          80
Ce qui importe avant tout, c'est que le sens gouverne le choix des mots, et non l'inverse. En matière de prose, la pire des choses que l'on puisse faire avec les mots est de s'abandonner à eux. Quand vous pensez à un objet concret, vous n'avez pas besoin de mots, et si vous voulez décrire ce que vous venez de visualiser, vous vous mettrez sans doute alors en quête des termes qui vous paraîtront les plus adéquats. Quand vous pensez à une notion abstraite, vous êtes plus enclin à recourir d'emblée aux mots, si bien qu'à moins d'un effort conscient pour éviter ce travers, le jargon existant s'impose à vous et fait le travail à votre place, au risque de brouiller ou même d'altérer le sens de votre réflexion. Sans doute vaut-il mieux s'abstenir, dans la mesure du possible, de recourir aux termes abstraits et et essayer de s'exprimer clairement par le biais de l'image ou de la sensation. On pourra ensuite choisir - et non pas simplement "accepter" - les formulations qui serreront au plus près la pensée, puis changer de point de vue et voir quelle impression elles pourraient produire sur d'autres personnes. Ce dernier effort mental élimine toutes les images rebattues ou incohérentes, toutes les expressions préfabriquées, les répétitions inutiles et, de manière générale, le flou et la poudre aux yeux.
Extrait de "La politique et la langue anglaise"
Commenter  J’apprécie          30
Le principal ennemi du langage clair, c'est l'hypocrisie. Quand il y a un fossé entre les objectifs réels et les objectifs déclarés, on a presque instinctivement recours aux mots interminables et aux locutions rabâchées, à la manière d'une seiche qui projette son encre. A notre époque, il n'est plus concevable de "ne pas s'occuper de politique". Tous les problèmes sont des problèmes politiques, et la politique elle-même n'est qu'un amas de mensonges, de faux-fuyants, de sottise, de haine et de schizophrénie.
Extrait de "La politique et la langue anglaise"
Commenter  J’apprécie          20
Une bonne part de ce que nous appelons plaisir n'est rien d'autre qu'un effort pour détruire la conscience. Si l'on commençait par demander : Qu'est-ce que l'homme ? Quels sont ses besoins ? Comment peut-il le mieux s'exprimer ? on s'apercevrait que le fait de pouvoir éviter le travail et vivre toute sa vie à la lumière électrique et au son de la musique en boîte n'est pas une raison suffisante pour le faire. L'homme a besoin de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux. S'il en prenait conscience, il pourrait utiliser avec discernement les produits de la science et de l'industrie, en leur appliquant à tous le même critère : cela me rend-il plus humain ou moins humain ? Il comprendrait alors que le bonheur suprême ne réside pas dans le fait de pouvoir tout à la fois et dans un même lieu se détendre, se reposer, jouer au poker, boire et faire l'amour. Et l'horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie ne serait pas considérée comme un simple archaïsme sentimental, mais comme une réaction pleinement justifiée. Car l'homme ne reste humain qu'en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité, alors que la plupart des inventions modernes - notamment le cinéma, la radio et l'avion - tendent à affaiblir sa conscience, à émousser sa curiosité et, de manière générale, à le faire régresser vers l'animalité.
Commenter  J’apprécie          00
il est intéressant d'essayer d'imaginer quelles seraient les lectures d'une société parvenue à un totalitarisme sans faille. Les journaux continueront probablement d'exister jusqu'à ce que la technique de la télévision se perfectionne, mais on peut dès aujourd'hui se demander si, les journaux mis à part, la grande masse des habitants des pays industrialisés éprouve un besoin quelconque de lire quoi que ce soit. Ils refusent en tout cas de consacrer à la lecture l'équivalent de ce qu'ils dépensent pour plusieurs autres loisirs. Il est probable que les romans et les nouvelles seront entièrement remplacés par le cinéma et la radio. Ou peut-être un certain genre d'ouvrages à sensation de bas étage survivront-ils, ouvrages fabriqués à la chaîne de façon à réduire l'intervention humaine au strict minimum.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de George Orwell (47) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Orwell
Les citations franches de George Orwell (Les Vaillants, 03/11/2023)
Dans la catégorie : EssaisVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Essais (43)
autres livres classés : pensionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (52) Voir plus



Quiz Voir plus

La ferme des animaux

Qui est Mr Jones en Russie?

le tsar Nicolas I
le tsar Nicolas II
Trotski
Lénine

8 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thème : La ferme des animaux de George OrwellCréer un quiz sur ce livre

{* *}