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EAN : 9782363607782
Feryane-Livre en gros caractères (04/09/2023)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manisfestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un mond : celui d'une République islamaique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
François-Henri Désérable a eu le courage d'entreprendre un voyage en Iran juste après que la jeune Masha Amini en eût adopté une posture bien plus courageuse, celle d'ôter son voile, ce qui lui couta la vie, comme à tant d'autres jeunes et moins jeunes d'Iran. Mais, le voyage de l'auteur exprime trop peu ses perceptions de tout ce qu'il a vu, entendu, senti, analysé au cours de ce périple interrompu par la police iranienne.

Néanmoins, il traduit bien l'atmosphère de ce pays, atmosphère abîmée par un régime qui détruit sa population en fondant ses actions davantage sur l'oppression que sur le respect d'une religion qui pourrait être vécue sans tous ces interdits et asservissements, particulièrement à l'égard des jeunes femmes. En cela, son livre remplit un objectif mais un peu trop du bout des lèvres à mon goût, ce qui pouvait se comprendre tant qu'il était là-bas en danger réel de mort. Il témoigne d'ailleurs parfaitement de toutes les précautions qu'il doit prendre pour transformer, aux yeux du régime, sa démarche en simple voyage touristique. Malgré cela, ses interlocuteurs ne semblent pas dupes.

Ce que j'ai trouvé regrettable, c'est le fait qu'il encombre son récit de trop nombreuses citations, particulièrement de Nicolas Bouvier dont il suit les traces un demi-siècle plus tard, mais aussi de Ryszard Kapuściński et d'autres encore. Il le fait à tel point que, si ces extraits suscitent l'envie de lire ces auteurs, elles finissent par occulter une bonne part du ressenti de François-Henri Désérable.

J'ai eu l'opportunité d'aller il y a quelques années dans ces cités iraniennes, comme Téhéran, Ispahan où je rejoins la vision du bleu de l'auteur de ce livre, Kashan, Chiraz, Yazd et j'ai eu plaisir à voir ces lieux sous les yeux d'une autre personne. J'ai été frappé par l'accueil des iraniens, la culture française qui imprègne nombre d'entre eux, les sourires, voire rires éclatants des jeunes filles, avec toujours cette réserve et ce désir exprimé par ces jeunes d'entendre, d'écouter, d'imaginer peut-être, timidement, ce que peut être notre vie de liberté dont nous ne sommes pas suffisamment conscients quelquefois.

Le livre de François-Henri Désérable est une approche réussie du contexte iranien et, même s'il peut laisser le lecteur sur sa faim, il mérite absolument d'être lu pour savoir, comprendre, peut-être aider.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Mais le nom de Masha Amini passe de lèvres en lèvres et bientôt tout le pays le murmure, puis le gueule à pleins poumons dans les rues, sur les places, dans les universités de Téhéran, d'Ispahan, de Mahabad ou de Tabriz. Et alors on assiste à des scènes auxquelles on n'aurait jamais cru assister. A Chiraz, on voit une jeune fille juchée sur le toit d'une voiture, son hidjab à la main, crier "Mort au dictateur!"; à Kerman, des étudiantes brûler leur voile et danser autour du brasier; dans une école de Téhéran, des lycéennes tête nue saluer d'un doigt d'honneur la photo de l'ayatollah Khamenei; partout en Iran, des femmes, cheveux au vent, une pierre à la main, prêtes à défier le régime.
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La découverte de Bouvier, vers vingt-cinq ans, fut une déflagration comme j’en ai peu connues dans ma vie de lecteur. C’était prendre la vraie mesure du monde, en même temps que son pouls. On s’avise qu’il est vaste, et grandiose, et terrible -- et qu’on n’en a rien vu. Dès lors, on ne connaît pas de mot plus beau, plus enivrant que celui de voyage, et l’on est mû par une seule obsession : prendre la route. Mais bientôt c’est la route qui vous prend, vous happe, et trois mois, six mois, dix mois plus tard vous rejette à une vie sédentaire, à laquelle il faudra bien s’habituer. Les années filent, votre jeunesse prend le large; votre sac, la poussière au fond d’un placard. Un matin, vous repartez. Et chemin faisant, vous en tirez une règle de vie à laquelle vous n’allez plus déroger : passer la moitié de vos jours dans ce monde à le voir, et l’autre à l’écrire.
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Au parc Kosar, les branches des arbres étaient nues, leurs feuilles jonchaient la pelouse : l'hiver était là, mais l'hiver était doux, comme un post-scriptum de l'automne.
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Qui dit empire dit capitale de l'empire : Persépolis, édifié en 521 avant notre ère, à six kilomètres à peine du tombeau de Darius. Deux petits siècles d'existence jusqu'à sa mise à sac par les armées d'Alexandre. Après le passage du Macédonien, tout à brûler sauf la pierre. N'en restent aujourd'hui que de pans de murs gravés de bas-reliefs, des statues, un escalier monumental et des colonnes monolithes, qui voici deux mille cinq cent ans soutenaient des plafonds en bois incrustés d'or et d'argent...
Et maintenant, "la paix suprême, la paix des mondes à jamais abandonnés, plane sur ces prairies d'avril, - qui ont connu, dans les temps, des
somptuosités sardanapalesques, puis des incendies, des massacres, le déploiement des grandes armées, le tourbillon des grandes batailles". A quoi bon écrire sur la cité de Darius ? Pierre Loti l'a déjà fait, et bien mieux. Au retour de l'Inde en 1900, il visite Persépolis. Et lui consacre des pages si étincelantes qu'elles vous découragent d'y ajouter la moindre ligne.
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Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Masha Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage.
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Videos de François-Henri Désérable (37) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François-Henri Désérable
"Tous les voyages sont toujours dans un but littéraire, en quelque sorte. Soit j'en tire un récit de voyage, soit un article, ou alors c'est pour me documenter pour un roman, mais c'est rarement pour m'allonger sur le sable, sur une plage."
Amélie le Berre et Félix Ferreira Da Silva sont allés à la rencontre de François-Henri Désérable, auteur de "L'usure d'un monde" (2023) et de "Mon maître et mon vainqueur" (Grand prix du roman de l'Académie française, 2022).
Ce film a été réalisé en partenariat avec le Master Scénario, Réalisation, Production de l'École des Arts de la Sorbonne Université Paris 1.
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