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EAN : 9782213711485
240 pages
Fayard (06/03/2019)
4.45/5   11 notes
Résumé :
Ce que Raphaël admirait chez Serge, c’était sa rage. Une colère, une hargne qui donnait plus d’impact à chacun de ses gestes, de présence à son corps, de profondeur à son regard.
Par rapport à son ami, Raphaël se sentait trop doux. Guimauve.
Et son admiration se teintait d’envie.
Lorsqu’après vingt ans sans s’être vus Raphaël et Serge se retrouvent par hasard, tous les sentiments de l’enfance et de l’adolescence ressurgissent. La même fascinatio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il a la rage, il enrage,

Il en veut à tout le monde,

A son père trop présent, à sa mère trop absente, à sa soeur trop brillante, à lui-même d'être ce qu'il est, à Serge d'être celui qu'il est et qu'il voudrait être.

Ils se sont connus enfants puis adolescents, l'un était l'idole de l'autre. Raphaël aimait tout chez Serge : sa fouge, sa force, son allure, sa moto, sa façon de se moquer de tout et de tout le monde, de vivre la vie qu'il avait choisie jusqu'à sa manière de passer sa main dans ses cheveux.

Lui n'était qu'un garçon doux, timide, obéissant, subissant l'autorité d'un père, le CPE (Conseiller Principal d'Education) comme il le nomme, appliquant le même comportement autoritaire au collège et chez lui. Face à lui on obéit ou on s'efface comme le fait sa mère, si douce, si soumise, si absente, ou on correspond à ses schémas, comme sa soeur, Virginie, si brillante et qui sera pharmacienne comme CPE l'a décidé.

Son regard n'avait pas appris à se taire (p193)

Ils étaient unis comme les doigts de la main d'ailleurs ils ont uni leurs prénoms en lettres rouges, comme les liens du sang, pour se définir : RAGE (RAphaël + serGE) : rage de vivre pour l'un, vite, fort, sans limite et rage de devenir pour l'autre.

Ils ont connu la même bande d'amis, partagé leur adolescence entre musique et virées, l'un tentant de correspondre à ce que son père CPE espère de lui, en gentil garçon guimauve qu'il est, l'autre menant sa vie tambour battant, en folle chevauchée, traficotant ici ou là, de plus en plus dangereusement.

Ils se sont perdus de vue, la vie les a éloignés mais quand elle les remet en présence l'un de l'autre vingt ans plus tard, c'est l'occasion pour Serge de se replonger dans ses souvenirs et de faire le point sur le chemin parcouru. Qui des deux a finalement réalisé ses rêves, qui est heureux et « réussi » sa vie ?

Ce qui nous divise, ce qui nous amène à nous cracher à la gueule, c'est le simple fait que les grands mots n'ont pas le même sens pour tous. (p204)

Christophe Desmurger a pris le parti de faire de ses deux héros des opposés mais on sait que les opposés s'attirent comme les deux pôles d'un aimant. Leur amitié est forte, solide, sûrement parce qu'il y a ce déséquilibre entre eux, même s'ils ne partagent pas tout comme la musique, l'un admirateur inconditionnel de Renaud qui exprime si bien cette colère sourde en lui et la transforme en poésie, l'autre se retrouvant dans le punk rock des Berurier noir, criant sa révolte.

Le récit démarre par la rencontre des deux amis 20 ans après, un jour comme les autres, un jour où Raphaël n'aurait jamais imaginé recroisé celui qui fut une sorte de modèle, le rebelle qu'il n'était pas mais qui l'avait déçu, blessé.

C'est l'occasion pour lui de remonter le temps, de revenir sur son adolescence, sur tout ce qui constitue les bases de ce futur, de revivre le premier amour, celui qui restera toujours en soi.

Nous serons l'un pour l'autre la première fois, celle qui tue l'enfance et fait couler quelques larmes. (p82)

Viens ensuite l'âge adulte, l'âge d'homme, l'âge où l'on fait ses choix, où il rencontre celle qui va apaiser, qui va comprendre, qui va accepter Raphaël tel qu'il est, avec ses rêves, avec ses choix. Celle qui n'est pas son opposé mais sa moitié, sa complémentarité. Doit-on se construire à travers ceux que l'on admire ou être soi-même et s'accepter comme tel ? Et si finalement le regard que l'on porte sur soi était faussé par celui des autres, par ce que l'on croit devoir faire pour répondre aux attentes de parents et ne faut-il pas enfin s'accepter tel que l'on est avec nos pleins, nos manques, nos bosses et nos rêves ?

L'auteur a parfaitement fait ressortir le mal-être de cet adolescent, sa colère silencieuse en de courtes phrases scandées comme une sorte d'appel au secours durant la première partie de sa vie. C'est une narration truffée de musique, de complicité, de rires mais aussi d'amertume de ne pas être celui que l'on sent bouillir en soi.

C'est un roman de la vie, d'apprentissage de soi, parfaitement maîtrisé et construit. J'ai accompagné Raphaël dans sa quête de lui-même, craignant parfois qu'il ne tombe ou qu'il ne se laisse embarquer sur un chemin qui n'était pas le sien. J'ai aimé cette écriture vive, haletante, cette Rage qui tient les deux protagonistes debout pour des motifs différents, une rage de plus, une rage d'encore.

C'est une écriture qui va à l'essentiel, forte, claire, sans fioriture mais qui sonne tellement bien, rythmée par les références musicales. Il y a des rages qui détruisent et celles qui construisent ; Christophe Desmurger a choisi de donner à Raphaël une leçon de vie :

Je veux profiter de ce temps provisoire. de cette parenthèse. C'est la seule chose à faire. Courir après le bonheur est une connerie le meilleur moyen d'avoir une vie de merde, c'est d'essayer d'être heureux. le bonheur est une invention. Sa quête remplit les pages des magazines, mais elle est vaine. Les parenthèses existent. Il faut les reconnaître, s'y installer et ne pas se ronger les sangs à l'idée qu'elles se referment. Elles se referment. C'est comme ça. (p169)

J'ai aimé voir grandir cet adolescent, le voir devenir philosophe, attentif à ce qui compte, à s'aimer et s'autoriser à aimer, à faire la paix avec l'adolescent qu'il était, grâce peut-être à Serge, à son monde artificiel, toujours à la recherche de plus, de clinquant, de voyant, d'artificiel mais qui ne sera jamais celui de Raphaël, le doux, la guimauve.
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Le temps qui passe, les illusions qui se perdent dans le dédale de la vie, quatre lettres rouges peintes à la main sur un Perfecto... « Rage ». Comme un avertissement ! Pas une révolte contre l'ordre social, non ! Plutôt la peur devant les contraintes de tous ordres perçues comme autant de menaces à la liberté. Raphaël n'est pas un marginal, il suit le mouvement et quand la rage s'invite à nouveau avec l'envie de tout passer par-dessus bord, quand l'absence de route devient trop pesante, il y a toujours moyen de trouver un refuge, le temps d'une soirée, avec les copains ou la musique. Renaud, le compagnon fidèle !

Sa mère à lui, lorsqu'elle l'accompagne chaque lundi au car qui le conduit au lycée, ne cesse de l'encourager en lui disant qu'il est beau, il en a besoin mais... ça ne suffit pas à le rassurer. Malheureusement elle semble toujours triste, sa mère, peut-être parce qu'à elle personne ne lui dit qu'elle est belle. Pas même son fils, il ne sait pas faire.
Quant à son père, tellement sérieux qui ne laisse jamais aucun geste au hasard, c'est un angoissé ! En fait, seule Virginie sa fille trouve grâce à ses yeux. Belle et brillante, mention Très bien au bac. Un jour elle sera pharmacienne. Avec son fils, c'est différent. CPE, c'est comme ça que Raphaël le désigne, ne cache pas sa déception de voir qu'il refuse obstinément de prendre la vie au sérieux.
Quand les repas à la maison n'en finissent plus, il n'y a plus qu'à fuir.
Et voilà Serge, l'ami de toujours. Lui, il a du succès auprès des filles et il ose cultiver la marge. C'est vrai qu'il se livre régulièrement à de petits trafics, mais toujours il revient. Et puis il y a le sourire de Sarah qui veille sur lui comme lui veille sur elle. Bérénice aussi, avec sa frange et ses yeux bleus, qui le trouve mystérieux.
Arrive le temps du bac, les vacances en Camargue, la fac qui se profile à l'horizon, le permis de conduire. Il va bien falloir le quitter ce monde de l'enfance. S'essayer à faire l'adulte. Et que vont-ils devenir, tous ?

Depuis toujours il écrivait des chansons, des petits textes comme il disait. C'est décidé, il sera chanteur. Chanteur de bar, chanteur de bal, avec pour commencer, les chansons des autres. Derrière son micro, dans ce petit bistrot des Saintes-Maries-de-la-Mer, pendant que les verres circulent, il chante et se sent bien. Bien sûr il est sans illusion sur l'attention distraite que lui prêtent ceux qui sont là. Peu importe, ils ont choisi ce lieu pour fuir les hordes de touristes.
Un jour, au milieu du public, il remarque Clarisse qui est là sans boire de bière et qui le regarde...

Une écriture serrée, des phrases souvent très courtes, quelques mots seulement. Comme s'il fallait se hâter à dire les choses pendant qu'elles étaient encore là. Ne rien laisser passer non plus. Les mots, pas la peine de vouloir les enrober, ils risquent de perdre leur éclat. D'ailleurs ils ne sont pas là pour raconter des histoires mais pour dire l'essentiel. Inutile de faire semblant !

J'avais aimé « Des plumes et du goudron », « L'Assassinat de Gilles Marzotti ». Christophe Desmurger vient de passer avec brio l'obstacle du troisième roman.

Une critique de Dominique Molin
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= Rage ? =

‘‘Il fait jour. Un jour maussade. Un jour de manifestation. Une de plus. On change de slogan. Mais pas la peur. La société tremble. Tout le monde a peur. Des attentats. Des réfugiés. D'un avenir de plus en plus sombre. de la marche folle d'un monde devenu incontrôlable. de l'agonie d'une civilisation.''
C'est sur fond d'une France qui manifeste et à travers un titre intrigant que l'auteur va emmener son lecteur au coeur de l'adolescence du personnage principal : Raphaël.

Un adolescent qui a des amis avec des caractères différents du sien, voire tout son contraire. Des ados rebelles, mais lui aussi éprouve intérieurement cette rage en silence.

Un jeune qui ne se sent ni beau ni moche, quelqu'un de banal !
‘‘Je ne pouvais pas lutter. Raphaël Dubois est le commun des mortels. Raphaël Dubois ne sera jamais un aventurier, un rebelle, un voyou.
Raphaël Dubois suit la masse. Il monte docilement dans l'autocar à la fin des vacances. Poli, il salue le chauffeur à l'haleine douteuse. Il s'installe au fond contre la vitre et trouve son baladeur entre deux paires de chaussettes.''
D'une écriture fluide, l'auteur crée une histoire avec un Raphaël attendrissant.
Il ne se sent pas à sa place ou ne la trouve pas. Il découvre le chanteur Renaud et se rêve sur l'Olympiade et pourtant sa vie va devenir tout autre…

A la lecture de ce roman, j'ai eu comme des flash-back de mon adolescence à moi !
Cette rage, je l'ai ressentie, les amours d'adolescents je les aie vécus. C'est comme si l'auteur à travers Raphaël me ramenait à mon passé.

J'ai beaucoup aimé dans ce roman, le faite que le personnage principale soit un homme, car je me suis rendu compte que filles ou garçons, à l'adolescence nous ne sommes pas différents.

Un roman si réel, qu'il nous ramène à nous-mêmes, notre adolescence, notre vie d'adulte.
Le questionnement de cette rage. Est-elle nécessaire pour être heureux ? Réussir sa vie ? Et qu'est-ce que réussir sa vie ?
Voici les questions que je me suis posées en sortant du roman.

Une belle histoire, une plume efficace, sans fioriture, qui nous ramène à nous même : nos émotions passées et à venir.

Une belle découverte livresque pour moi et que je recommande.

Lien : https://livresdeblogue.blogs..
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Rage de Christophe Desmurger, une remontée dans l'adolescence, ce moment où on en veut à la terre entière. Où une rage folle, non palpable est en nous. Incontrôlable. Où l'amitié grandit, s'étoffe ou se délie.

Raphael rencontre par hasard son ami d'enfance. Son meilleur ami, Serge. Une rencontre qui va chambouler la stabilité qu'il a enfin trouvée. Raphael ne peut s'empêcher de revivre son adolescence auprès de Serge. Jusqu'à la déchirure.

C'est très bon le désespoir. C'est âpre, ça fait mal à la gueule, ça couche par terre quand c'est trop fort. Mais, pour l'écriture, c'est idéal.

Ce roman se situe entre la première partie de Nous rêvions juste de liberté de Henri Loevenbruck et Rural Noir de Benoît Minville. Deux références pour moi et pour bon nombre de lecteurs.

Christophe Desmurger a réussi à ma surprendre, car tout laissait présager que ce roman serait dense et très noir (par son titre et sa couverture) mais il n'en est rien. Oui c'est un roman noir, car l'adolescence est une période violente pour l'être humain. C'est une fracture avec l'enfance et bien souvent les cicatrices de l'adulte.

Bien que l'histoire se passe de nos jours, la plus grande partie du roman est l'adolescence de Raphael.

Raphael a un mal être dû à son âge. Mais, il a également l'ambition d'un père pour lui, une soeur brillante et voit sa mère totalement effacée. Trop d'éléments qui le fait se raccrocher à Serge, le Bad boys de cette petite ville de campagne. Jusqu'au jour où tout s'écroule.

Le Raphael adulte a un électrochoc en revoyant Serge. Lui qui a fui , se retrouve confronté à sa vie.

Un très bon roman que nous offre Christophe Desmurger. Ayez la curiosité d'aller jusqu'à lui !
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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Quand Raphaël retrouve Serge, installé à la terrasse d'un café non loin de l'appartement de sa soeur, c'est la surprise. Il s'est passé vingt ans, pourtant certains souvenirs lui reviennent, comme si c'était hier. L'occasion pour lui de retracer son histoire avec son lot de rencontres, amoureuses ou non.
En fond sonore, la musique de Renaud que le narrateur affectionne tellement. Il a cette rage qui l'anime, qui transpire de ses textes, sans oublier les craintes souvent associées aussi. Lui, il ose.
Il ose, comme Serge, quand ils étaient gamins : Raphaël, déjà à l'époque, enviait sa fougue, son assurance, son mode de vie, si éloigné du sien. Lui, coincé entre un père CPE strict qui n'apprécie pas que son fils fréquente Serge, et une mère absente et dévouée à son mari, une mère qui a toujours l'air triste, sans que l'adolescent ne comprenne pourquoi. Il y a sa soeur aussi, Virginie, qui est tellement brillante et qui fait la fierté de leur père. Difficile de trouver sa place.
Serge et Raphaël, c'était une rage en commun : physique pour l'un, peinte sur un blouson pour l'autre. Cette rage qui est un bout de l'un (RAphaël) et de l'autre (SerGE). Mais ce sont aussi deux opposés, qui s'attirent.
Nous ressentons parfaitement dans ce texte les émotions de Raphäel : ce mal-être qui le suit, cette rage qui l'aura habitée, tempérée par la douceur de la belle Clarisse. La musique est présente dans le texte, que ce soit par les références ou par le rythme des phrases, parfois tellement incisives. On suit le parcours de notre narrateur, on craint qu'il dérape, on veut qu'il vive la vie dont il a envie. On s'interroge sur la notre, aussi.
Rage est le troisième roman de l'auteur, Christophe Desmurger. Paru aux éditions Fayard.
Lien : https://lesbilletsdefanny.wo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je veux profiter de ce temps provisoire. De cette parenthèse. C’est la seule chose à faire. Courir après le bonheur est une connerie Le meilleur moyen d’avoir une vie de merde, c’est d’essayer d’être heureux. Le bonheur est une invention. Sa quête remplit les pages des magazines, mais elle est vaine. Les parenthèses existent. Il faut les reconnaître, s’y installer et ne pas se ronger les sangs à l’idée qu’elles se referment. Elles se referment. C’est comme ça. (p169)
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Ce qui nous divise, ce qui nous amène à nous cracher à la gueule, c’est le simple fait que les grands mots n’ont pas le même sens pour tous. (p204)
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Nous serons l’un pour l’autre la première fois, celle qui tue l’enfance et fait couler quelques larmes. (p82)
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C'est très bon le désespoir. C'est âpre, ça fait mal à la gueule, ça couche par terre quand c'est trop fort. Mais, pour l'écriture, c'est idéal.
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Son regard n’avait pas appris à se taire (p193)
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