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EAN : 9782360540860
331 pages
Le Mot et le reste (18/04/2013)
3.43/5   15 notes
Résumé :
Grizzly Park retrace le voyage d'Arnaud Devillard et sa compagne, de Denver au nord du Montana. Sur fond de bearanoia, du rock en guise de bande-son, cette odyssée américaine nous plonge dans l'ouest des cow-boys, des trappeurs, des parcs nationaux des Rocheuses, des mountain men et des Sioux. Des Interstates interminables dans les grandes plaines où galopent les antilopes aux villes quasi désertes, Arnaud Devillard porte un regard décalé mêlé d'authentique excitati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je l'avoue sans fausse honte : j'ai repéré ce livre un soir où je cherchais un titre qui compte plusieurs lettres à 10 points dans un Scrabble – pas forcément dans l'idée de les lire aussitôt, mais plutôt pour agrandir ma WL, et puis qui vivra verra. Plusieurs mots me venaient en tête (yeux ou mystérieux par exemple, les deux avec un Y et un X), et puis tout à coup bingo ! je pense « grizzly » (deux Z et un Y)… et me voici, après quelques recherches sur l'un ou l'autre sites, avec en plus le K du Park ! Les notes que je vois ici ou là ne sont pas hyper-emballantes, mais pas tout à fait négatives non plus, et la couverture ne me déplaisait pas, donc j'ai craqué…

Tout le livre correspond assez bien au synopsis : ce n'est rien d'autre qu'un carnet de voyage, de l'auteur lui-même accompagné de sa compagne, à travers plusieurs parc nationaux américains, du Colorado au Montana en passant par le Wyoming, où ils visitent brièvement l'une ou l'autre ville plus ou moins typique, dorment généralement en camping, et font un certain nombre de randos à la journée, tout en dégustant systématiquement une bière dans les nombreuses brasseries locales. Ce livre est l'occasion, aussi, de rappeler les vacances de l'enfance de l'auteur, en camping dans divers pays européens, avec ses parents tous deux instituteurs ; il en profite pour regretter (avec un certain réalisme désenchanté) comme il comprend désormais que son père aurait sans doute aimé plus de complicité entre eux, mais qu'il n'était pas capable de lui offrir à cette époque-là. C'est aussi une playlist, au fil de ce que l'auteur et sa campagne entendent sur l'autoradio – et autant de souvenirs d'enfance, à nouveau, de l'auteur, qui se dit fan de rock depuis le jour où il l'a découvert.

Mais bien sûr, le sujet central de ce livre, ce sont les parcs, ces espaces où la nature sauvage est soi-disant préservée mais hyper-aménagée, tout en gigantisme, pour que les touristes américains ou internationaux puissent la découvrir en toute sécurité. Il dénonce ce tourisme de masse qui prétend respecter la nature mais où certains animaux sont tellement habitués à l'homme qu'ils s'en approchent au moindre prétexte, et inversement : ces hommes et femmes ont perdu toute notion de danger, ou de simple respect face à cette nature sauvage, et s'approchent inconsciemment au plus près des animaux, le temps d'une photo, parfois même au risque de leur vie ! Il a ainsi une vue très cliché sur l'Américain moyen, cette vision assez réductrice que l'on peut avoir depuis l'Europe, et que les propos du journaliste qu'il est semblent corroborer… sauf qu'il semble oublier qu'il observe là des comportements de masse de touristes en vacances. Or, n'observe-t-on pas les mêmes comportements de nos touristes bien européens, sur certains sites particulièrement attractifs chez nous ? ce sont les mêmes qui arrivent en masse au plus près du Mont-Blanc (je parle du téléphérique de l'Aiguille du Midi) en short, t-shirt, et tongs, parce qu'il faisait soleil dans la vallée… sont-ils pour autant aussi abrutis que semblent l'être ces Américains tournés en dérision par l'auteur ? du coup, même si j'ai tendance à être d'accord avec lui, même si j'ai vécu plus qu'à mon tour, dans mes jeunes années, le plaisir de sortir des sentiers battus (que ce soit dans les Alpes suisses ou françaises, ou dans les Pyrénées, même si ces dernières étaient à l'époque nettement moins aménagées pour les touristes, et dès lors plus agréables à mes yeux) pour trouver une « vraie » nature, une « vraie » paix, une vraie connexion avec les éléments et avec soi-même ; bref, malgré tout cela, cette vision très stéréotypée du touriste américain, que l'on sent très souvent étendue à l'Américain moyen en général, c'est quelque peu dérangeant…
Bon, ok : ces Américains entretiennent en plus un culte de la voiture (et de préférence de gros SUV ou des chars à boeufs urbains), qui reste nettement plus circonscrit chez nous, et qui dès lors paraît aussi incompréhensible que choquant…

Alors, bien sûr, l'objet du titre : tous ces parcs ont la caractéristique d'être des lieux de vie de toujours de différentes espèces d'ours – les ours noirs et l'incontournable grizzly, devenu même un symbole… mais contre qui les rangers, ces fameux gardiens des parcs, ne cessent de mettre en garde, rappelant autant la nécessité de préserver ces espèces que la plus élémentaire sécurité des randonneurs et autres campeurs, ces ours étant restés sauvages et naturellement plus dangereux qu'un tamia par exemple ! Or, l'ours est bel et bien chez lui, pas assez craintif face à cet homme qui empiète de plus en plus sur son espace vital et qui n'hésite pas à le tuer (même s'il est protégé) quand la vie d'un autre humain semble en danger. Et l'auteur de se moquer de cette paranoïa qui, à l'américaine, est devenue une bearanoïa – avec ses affichettes « be bear aware » (soyez conscients de l'ours) dans tous les coins, jusque sur les portes des sanitaires des campings ! Il décrit comme cette beranoïa finit par les étreindre, lui et sa compagne, à la moindre rando… tout en espérant secrètement en croiser un quand même, histoire de pouvoir le raconter et pourquoi pas le montrer en photos, lors de leur retour chez eux !

Ainsi donc, ce livre n'est pas inintéressant, d'autant plus que, comme écrit plus haut, je partage le point de vue de l'auteur sur toute une série de sujets, même ramenés à ma petite échelle européenne – j'ai certes aussi voyagé sur le continent américain, mais jamais aux États-Unis (sauf en transit, et de ce point de vue-là, les contrôles absurdes et excessifs, de même que les visages blasés et inexpressifs des forces de l'ordre dans ces aéroports, c'est tout à fait ça !), et même si j'ai fait un peu de tourisme dans les pays visités, c'était davantage pour retrouver des amis que pour aller m'agglutiner au milieu d'autres touristes, même si j'ai quand même vu quelques sites incontournables ici ou là ;) ...
Bref, oui, on partage assez facilement ce point de vue parfois réducteur, mais rendu agréable à lire grâce à un humour constant, proche de l'(auto)dérision, parfois caustique. Cependant, comme tout récit de voyage, c'est aussi très personnel, c'est une tranche de vie parsemée de souvenirs. Au début, c'est presque touchant, mais et au fil des pages ça devient un peu lassant, car c'est quand même répétitif - même si les régions visitées ne se ressemblent pas forcément, on perd peu à peu de l'enchantement de découvrir tout cela. Pour cet aspect, j'aurais apprécié un encart (au milieu ou en fin de livre) présentant quelques photos, et de préférence en couleurs – pas forcément de l'auteur même, il dit assez souvent qu'il a spontanément évité, la plupart du temps, de prendre des photos à temps et à contretemps – mais il existe tant et tant de cartes postales, qui auraient pu embellir le livre sans avoir besoin d'aller « vérifier » sur Internet, sans jamais être certain que ce qu'on voit correspond réellement à ce que l'auteur a vu, or lui il aurait pu faire une sélection !

C'est donc un bon livre-carnet de voyage, pas exceptionnel mais sympathique, parfois cliché mais plein d'un humour teinté d'autodérision qui rend les choses faciles et agréables à lire… et finalement on l'aura bien peu croisé, cet ours qui continue de faire bien un peu rêver !
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Arnaud Devillard partage ici le voyage qu'il a effectué avec sa compagne Cécile de Denver dans le Colorado à Glacier National Park, au nord du Montana. le couple arpente les routes et visite les parcs nationaux avec toujours en tête la bearanoia. Là réside l'ambivalence des touristes des grands espaces américains : avides d'aventure, ils viennent voir des animaux sauvages sans penser que lesdits animaux sont effectivement sauvages et peuvent les réduire en pièces en cinq minutes. Les park rangers essaient de raisonner les touristes, en vain, ceux ci n'hésitant pas à s'agglutiner dés qu'un ours pointe son nez, et ce au péril de leur vie. Arnaud et Cécile suivent quant à eux les instructions des park rangers à la lettre : faire du bruit en marchant, éviter toute odeur forte, et si on se retrouve nez à nez avec un ours au détour d'un chemin ne surtout pas partir en courant, mais bomber le torse pour impressionner l'animal sauvage... Plus facile à dire qu'à faire me direz-vous ? Arnaud et Cécile en ont bien conscience, raison pour laquelle ils redoutent à chaque pas de rencontrer LA Bête !

Pour l'heure, point d'ours, mais des marmottes, des tamias, des biches, et surtout des paysages à couper le souffle ! Mais là encore le paradoxe du tourisme fait rage :

"Avant d'y pénétrer, j'avais une vision très extrémiste du système des parcs ; naïve, je le reconnais. Des espaces inviolés, difficiles d'accés, où il serait aisé de se perdre, loin de tout et sans sa voiture. En réalité, il y a des routes, dans les parcs nationaux. Des parkings, des navettes, des abribus, des campings, des hôtels et la queue aux douches." p. 51

"C'est le paradoxe des parcs nationaux américains. Ils ont été inventés pour préserver des écosystèmes et des paysages de l'activité humaine, empêcher les forages, les exploitations minières et forestières. Or les zones naturelles alentour sont laides, saccagées. Mécaniquement, prolifère aux lisières des parcs nationaux tout ce qui est interdit à l'intérieur." p. 48

Les deux voyageurs peignent avec humour les moeurs américaines, ces hommes toujours en mouvement pour qui la voiture a tant d'importance :

« La première chose qu'un touriste américain nous demande en arrivant à Yellowstone, c'est jusqu'où il doit rouler pour voir un ours ; la première chose que me demande un touriste européen, c'est où il doit aller marcher pour voir un ours »

Les passages humoristiques alternent avec des pages plus lyriques :

"En reprenant la route, je ressens partout la torpeur crépusculaire qui s'est emparée du parc. L'impression est trompeuse. Plutôt que de torpeur, il s'agit de la sauvagerie véritable qui reprend ses droits et impose son rythme après avoir cédé à celui des hommes durant la journée. Les bruits du soir et de la nuit seront les siens. Les mouvements seront les siens. Les ours pourront arpenter les parkings qui, pour tout dire, n'existeront plus. Cette heure que j'apprécie tant envoie le message que nous n'appartenons pas à ce monde. En saisir quelques bribes me remplit d'une jubilation muette." p. 133

Le récit se teinte d'émotion quand l'auteur évoque ses souvenirs d'enfance de fils d'instituteurs et ses rapports privilégiés avec son père. C'est un peu pour lui qu'il continue à voyager, par fidélité pour cette passion qu'il lui a léguée.

Un récit drôle et intelligent, placé sous l'égide de Pete Fromm et de Doug Peacock...

Mes réticences : un peu lassant sur la fin : promenade, peur de l'ours, voiture, puis repos bienvenu, camping déserté, pizza et bière, nuit agitée par la peur de l'ours, etc...

Bilan : Je veux y aller....
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Ce livre m'a accompagné lors de mon séjour aux États-Unis. J'ai parcouru une région légèrement plus au sud, mais les descriptions qu'Arnaud Devillard donnent des parcs nationaux, de son rapport aux américains et à leur culture, de ses randonnées y ont trouvé un véritable écho. Son humour et l'oeil étonné qu'il pose sur chacune de ses découvertes sont tout-à-fait caractéristiques du ressentis des touristes français que nous avons croisés sur place : cette culture américaine, quoi qu'on en pense avant de débarquer d'avion, nous fascine et nous étonne dès les premiers pas sur place. Certaines scènes m'ont beaucoup fait rire et j'ai compris tous les sous-entendus qu'il pouvait y mettre (le passage de la douane, la complaisance des serveurs, les "touristes" américains en voiture/RV grand luxe...).
Un vrai moment de détente et de bonheur. J'ai vraiment beaucoup apprécié ce livre et ai pris beaucoup de plaisir à le feuilleter à nouveau à mon retour.
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Avec sa compagne Cécile, Arnaud Devillard a traversé en voiture le Colorado, le Wyoming et le Montana, de Denver à Glacier National Park. C'est le récit de ce voyage qui lui a permis de visiter de multiples parcs nationaux que Grizzly Park nous propose. Et, que l'on soit passionné ou pas par la culture américaine, on se laisse emporter par les multiples anecdotes de l'auteur, son talent pour raconter des évènements banals de manière passionnante et avec humour. le style d'Arnaud Devillard ne manque en effet pas d'autodérision, ce qui ne l'empêche pas d'être émouvant lorsque l'écrivain voyageur évoque sa relation avec son père, ou très pédagogue à l'occasion. Au passage, vous découvrirez ainsi des informations aussi essentielles que ce qu'est la bearanoïa, mais aussi pourquoi il ne faut surtout pas emmener de thon en miettes avec soi en randonnée dans les parcs nationaux.

Un récit de voyage plein de charme, qui donne envie de partir aux États-Unis pour quelques semaines !
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Un livre que je n'aurais pas choisi spontanément mais que j'ai lu dans le cadre d'un prix de livres de voyage. En effet je n'aime pas trop les récits d'aventuriers car j'ai du mal a m'identifier à ces sportifs téméraires et un peu masos aussi.
Or ce livre fut une bonne surprise : Arnaud Duvillard est un voyageur ordinaire,qui ne fait pas de parapente et ne mange pas des chenilles crues,..si ce n'est qu'il relate son voyage avec le talent d'un écrivain.
Dans ce livre nous découvrons avec lui et sa compagne, partagés entre la crainte et l'envie de rencontrer un grizzly, les parc nationaux Américains, leur faune et leur flore, le plaisir de la marche, les problèmes écologiques, "l'américan way of Life", le tout arrosé de bières artisanalessur fond de rock .
Ce voyage est aussi l'occasion pour l'auteur d'évoquer ses souvenirs de vacances, enfant, et surtout son père récemment décèdé. Une touchante déclaration d'amour.
Bref un livre qui malgré quelques longueurs permet de passer un bon moment dépaysant en compagnie de gens sympathiques: de vraies vacances.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Depuis [mes précédents voyages], j'ai entrepris d'aller voir à quoi ressemble l'Amérique des grands espaces et des contrées sauvages, l'Amérique mythique que l'on pense avoir déjà vu mille fois avant même d'y être allé. Celle des déserts de grès navajos, des séquoias, des villes fantômes, des Grandes Plaines et des Montagnes Rocheuses. J'assume très bien tous les clichés que j'ai en tête et je n'ai jamais sérieusement pensé tous les retrouver à leur place, comme dans un récit de Mark Twain ou un western d'Anthony Mann. J'ai bien arpenté l'East End de New York en croquant des cornichons au piment achetés chez Pickle Guy ou visité les toits du Financial District de San Fransisco avec une véritable excitation. Mais sillonner l'Arizona, l'Utah, le Colorado, le Montana ou la Californie du nord me convainc d'être aux Etats-Unis pour les bonnes raisons - les miennes en tout cas.
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Depuis que vous êtes arrivés dans la région, qui, parmi vous, a vu un ours ?

Les trois quarts de la salle lèvent la main. Pas nous. Ils n’ont l’air ni excités, ni fébriles, ni particulièrement fiers, tous ces gens qui ont vu un ours, réunis pour ce ranger-led program dans une salle attenante au visitor center du parc national de Yellowstone. Avoir vu un ours ne semble pas relever de l’exploit. L’exploit, c’est apparemment de ne pas avoir réussi à en voir un. (p. 7)
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