Lettre historique & politique adressée à un magistrat sur le commerce de la librairie est un essai rédigé en 1763 par
Denis Diderot dont la réputation n'est d'ores et déjà plus à faire. D'abord rédigée à la demande des libraires parisiens sous le titre Mémoire sur la liberté de la presse, le texte est remanié en 1764 pour s'adresser au magistrat Antoine de Sartine. Il est publié le 8 mars 2012 chez Allia dans la collection Petite Collection.
Dans cet essai de 128 pages,
Diderot aborde des domaines somme toute actuels déjà à son époque. On y retrouve la question de la contrefaçon, de l'étranger, de la concurrence déloyale ou encore des conditions de l'exercice du métier de libraire qui étaient également les éditeurs d'aujourd'hui en ce temps. Il pose ainsi des idées très importantes sur les droits d'auteur, la diffusion des livres et la favorisation de la production des livres et de l'impression en France.
Denis Diderot est sans équivoque un homme possédant une large culture et il n'hésite pas à la partager avec nous. S'il est appréciable d'avoir bon nombre d'informations sur un sujet qui peut parfois être mal desservi, il est toutefois regrettable que cet apport massif de connaissances alourdisse la lecture.
Malgré le format pratique de ce livre dont le nombre de pages peut nous paraître dérisoire comparé à la plupart des romans qui assaillent le marché, on en vient à regretter l'absence de chapitres ou, du moins, de sauts de lignes afin de pouvoir souffler. le texte, compact, s'enchaine et se poursuit tout du long de ces 128 pages sans nous laisser le temps de faire une pause. Car s'arrêter au milieu de sa lecture pour la reprendre plus tard signifie malheureusement devoir faire un retour en arrière de plusieurs paragraphes afin de retrouver le fil de l'argumentation. Une lecture qui n'aurait dû nous prendre qu'une heure ou deux finit par dévorer notre après-midi. Dans le cas contraire, il est indéniable qu'on soit passé à côté de quelques points essentiels de ce texte.
Il faut tout de même reconnaître le talent de
Diderot dans le domaine de l'argumentation. S'il arrive à nous persuader d'être de l'avis du magistrat Sartine au début de sa lettre, ses arguments ne vont que crescendo jusqu'à nous ouvrir les yeux sur ses véritables pensées.
Diderot combat la publication clandestine de copies d'éditions et s'insurge contre le magistrat qui est vraisemblablement opposé aux privilèges.
On connait son jeu mais on se laisse tout de même mener par le bout du nez à travers ses antiphrases bien ficelées. Ce qui ne rend son point de vue que plus percutant dans l'esprit du lecteur qui, au fil des pages qui se tournent, réalise l'importance de ses propos.
À travers cet essai,
Denis Diderot nous offre un texte important qui nous permet de mieux cerner les enjeux des métiers du livre à l'aube de la Révolution française et peut-être même ceux qui animent encore les débats d'aujourd'hui.
Chronique rédigée par Elodie
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