Il est des autobiographies étonnantes, celle-ci en fait partie. D'abord parce qu'elle va jusqu'aux 18 ans (à peu près) de l'auteur et qu'au lieu d'une narration des moments passés, des anecdotes, changements et atermoiements, Drieu, dans une langue belle, nous fait partager à la fois, son malaise de naissance au monde, la velléité qui le handicapera durement et dont on peut trouver les conséquences dans son évolution ultérieure, mais aussi une analyse intéressante de la rencontre au monde et des influences que l'enfant peut subir sa vie durant. Cette autobiographie n'est pas d'un accès simple. Elle appelle une concentration forte qui ne m'a pas accompagné au fil de la lecture avec la même intensité.
Commenter  J’apprécie         10
Comment nait-on à la vie ?par des efforts dont on ne se souvient que rarement avec précision.On a des souvenirs ,des événements ,des images souvent ressassés toute sa vie.
Drieu tente de se souvenir des efforts terribles assez souvent, qu'il a du faire pour épouser la vie qui lui était faite, ,mais aussi des laisser -aller sympathiques .C'est aussi une invitation à faire de même .Mais à quels risques,quand on sait ce qu'il est devenu!!!
Commenter  J’apprécie         00
Oublier le personnage pour lire ses textes d'avant son dérapage. La richesse de ses mots, l'analyse psychologique forte de l'évolution du garçon qu'il était au tournant du 20 ième siècle, le regard sur la société dans laquelle il évolue méritent amplement la lecture de ce livre.
Commenter  J’apprécie         10
J'étais grand, blond. Les yeux bleus, la peau blanche. J'étais de la race nordique, maîtresse du monde. J'étais droit, dur, avec des ruses directes. Naïf, plein d'un égoïsme généreux. Une secrète mystique, au fond du goût de la puissance. J'avais envie d'émigrer en Amérique ou en Australie pour rejoindre ceux des nôtres qui connaissent notre plus haute prospérité. Je n'ai jamais songé du reste à aller en Scandinavie où notre race trop pure s'anéantit dans la perfection. Cette sorte de mythologie, vers 1910, me leurrait. Nietzsche, Gobineau : Bibliothèque des Romans d'Aventures. Plus tard j'ai manqué donner dans l'autre godant : la Méditerranée. Enfin je suis Français du nord de la Loire. J'ai été bien autre chose.
Loin de mes lieux familiers, je découvrais la vérité de mon âme. Il m'était donné un sentiment de soulagement, de libération que j'avais jusque-là, sans le savoir, attendu parmi les miens. J'aurais voulu le partager avec eux. Cet alcool que je buvais parmi ces inconnus, à peine débarqué sur leur sol, ne faisait qu'exalter la chaleur de mon amour pour les miens.
On m'a appris à lire. Mes yeux ont été armés de ce pouvoir immense. J'ai connu l'initiation décisive des signes.
Le sang, ce hiéroglyphe se dessine partout sous ma peau, mystérieux comme le nom d'un dieu. Je subis son influence mais je ne saurai jamais trouver le mot magique où elle se sublimerait. Le sang est subtil comme l'esprit. Des maladies passent dans le sang et la couleur des yeux.
Quand j'avais insulté un pion on pouvait bien m'empêcher d'aller au music-hall convoiter les femmes ou au terrain de football admirer les hommes qui y figurent la charge, l'assaut, j'avais assouvi déjà tout l'animal.
C'est une histoire française.
Elle se passe à Paris pendant l'Occupation, puis dans le maquis du Vercors où les résistants se battent dans la neige, jusqu'au dernier. C'est une histoire qui oppose deux France. Celle des Cossé-Brissac, le côté maternel de l'auteure, dont la grand-mère May, aussi libre de son corps en privé qu'attentive aux conventions en public, reçoit le Tout-Paris de l'Occupation, de Paul Morand à Pierre Drieu La Rochelle, de Josée Laval à Coco Chanel. Une jeune fille grandit là, promise à un mariage de l'entre-soi, bientôt elle sera rebelle. Elle se nomme Marie-Pierre de Cossé-Brissac.
L'autre France, c'est celle de la résistance par les idées et par les armes. Un grand médecin juif parisien envoie son fils en province. L'intellectuel rompu aux joutes de l'esprit rejoint le maquis. Il se nomme Simon Nora, rebaptisé « Kim » dans son réseau.
À la fin de la guerre, le survivant du Vercors rencontre l'aristocrate en rupture avec sa famille.
Les héritiers des deux France s'aiment comme s'ils n'en formaient qu'une. Mais auront-ils le droit à la liberté ?
Ce roman haletant est une fresque guerrière, un amour
impossible, une brève libération.
Extrait disponible sur notre site https://www.editions-stock.fr/livres/la-bleue/une-breve-liberation-9782234094024
+ Lire la suite