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EAN : 9782749166896
288 pages
Le Cherche midi (14/01/2021)
3.66/5   86 notes
Résumé :
" Je suis le Vivant. Le dernier d’entre nous. Quand j’aurai terminé mon ouvrage, je quitterai ce monde, laissant une trace secrète dans un repli du temps."

Un séisme au Japon met au jour une vaste sépulture. Sandra Blake, paléogénéticienne, se rend sur les lieux, avec Tom, son petit garçon, autiste.
La datation du site archéologique plonge la communauté internationale dans la stupeur. Une civilisation jusqu’alors inconnue se révèle peu à peu, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un surprenant roman, inclassable même, qui propose une odyssée dans l'histoire de l'Humanité, rien que ça, avec en plus de belles notes poétiques ( qui m'ont parfois rappelé La Nuit des temps, de Barjavel, même si le scénario part dans d'autres directions ).

Un séisme fait surgir au Japon une nécropole tellement ancienne que sa datation en est insensée, provoquant un séisme intellectuel vertigineux qui remet en question les repères historiques et scientifiques communément acquis, bouleversant notre conception darwiniste du fil du temps. Et sous la plume de Denis Drummond, c'est passionnant, même pour quelqu'un comme moi qui n'a pas de culture scientifique solide. Il est évident que la travail de recherche de l'auteur a été conséquent mais il parvient à injecter cette documentation dans son récit de façon très fluide et accessible ( à quelques développements près sur la génétique, un peu plus exigeants ).

Il faut dire que son dispositif narratif est très pertinent pour susciter l'envie de poursuivre, comme si on était dans un thriller. Chacune de ses six parties chronologiques ( comme autant de séquences dans un ADN si je me fie à la quatrième de couverture ) est subdivisée en différents matériaux : un récit descriptif classique, des extraits de correspondance courriel, le journal de la paléogénéticienne Sandra qui mène les fouilles, des articles de presse, le point de vue de Tom son fils autiste, et enfin le point de vue du Vivant, le dernier de la civilisation disparue. Ce procédé permet de traiter le sujet dans toutes les dimensions possibles, selon plusieurs angles, ce qui donne un tissage très fin ainsi qu'un relief particulier au récit.

Ce roman résonne fort en abordant de front une multitude de sujets et je trouve puissant que ce soit une civilisation inconnue très très ancienne qui fasse réfléchir sur notre civilisation contemporaine tout en lui donnant une leçon. le récit est d'une grande richesse et interroge en profondeur : décryptage génétique, réchauffement climatique, raréfaction de l'eau, céréales génétiquement modifiées, enjeux géopolitiques, controverses religieuses, perte de l'autorité scientifique au profit des idéologues ... cette liste peut faire craindre une indigestion et ce n'est jamais le cas.

Au-delà de l'habile avancée de l'intrigue et de la richesse du propos, il fallait de la chair et de l'émotion pour parvenir à attraper définitivement le lecteur. le choix de la paléogénéticienne et de son fils permettent d'incarner le récit, malgré quelques clichés ou facilités scénaristiques. Si j'ai beaucoup aimé le personnage de la mère prête à mener de front les fouilles archéologiques qui constituent le sommet de sa carrière sans pour autant négliger son engagement maternel, j'ai un peu tiqué sur l'évolution spectaculaire de son fils autiste. Sans doute ce personnage permet-il à l'auteur de proposer une allégorie des origines et de la sortie de l'enfermement en parallèle de l'exhumation de la civilisation égarée.

Mais ce que je retiens de ce roman foisonnant, c'est à quel point il a stimulé mon imaginaire, au fil de l'avancée des fouilles, des différentes découvertes extraordinaires qui les émaillent, du déchiffrement de l'écriture venue du passé. Et puis il y a le Vivant. Ses passages sont sublimes de poésie mélancolique et leur brièveté leur confère une grande puissance contemplative.

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Le récit commence avec un séisme au Japon. Sa violence et le lieu de l'épicentre ont une conséquence dramatique : l'ensevelissement d'un petit village, qui disparait avec tous ses habitants. L'émotion est grande mais ce que va révéler le phénomène naturel aura des répercussions insoupçonnées : le glissement de terrain met à jour une nécropole dont la datation va bousculer l'ensemble des connaissances sur l'évolution admises à ce jour.

Si on ne connait pas exactement la période à laquelle se situe l'histoire, on perçoit qu'elle est contemporaine, avec les problématiques environnementales qui agitent les cerveaux sans que de vraies décisions soient prises. Comme tout événement qui bouscule les acquis, chacun s'empare du problème en prenant soin de tirer son épingle du jeu, Et dans le domaine de l'évolution, politiques et sectes de tout poil ont de quoi alimenter les querelles.

Le roman propose un mélange des genres, en associant la narration classique , des extraits de journal, des articles, et les témoignages de personnages, ainsi que des explications scientifiques concernant la génétique.

Le roman fait aussi la part belle à l'art de l'estampe japonaise, et au théâtre no.

L'intérêt de la dystopie est de proposer de multiples pistes de réflexion, grâce au décalage apporté par un élément qui rompt le déroulé de nos habitudes de pensée, et de tenter ainsi d'éveiller les consciences.

Dennis Drummond signe là un roman original, que le fond philosophique et écologiste inscrit dans une actualité brûlante. L'écriture non dénuée d'humour en fait un agréable moment de lecture.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un tremblement de terre au Japon met au jour une mystérieuse nécropole dont l'exploration provoque un autre séisme : l'humanité existait déjà il y a 13 millions d'années. Cette découverte exceptionnelle est narrée à l'intérieur d'une structure répétée 6 fois: narrateur omniscient, journal de l'archéologue, articles et chroniques scientifiques, journal du fils autiste de l'archéologue, monologue intérieur du dernier homme de la civilisation disparue. La 4° de couv' explique que cet agencement renvoie à la formule de l'ADN. Vérification laborieuse après: le chiffre 6 peut effectivement renvoyer aux 4 nucléotides (A, C, G, T) qui relient les deux brins de la double hélice du code. Oui, mais: pourquoi avoir répété 5 fois la structure ?
De fait, il est assez évident que les chiffres tiennent une place essentielle dans le bouquin. Parce que la datation est au coeur des différents récits qui font reculer d'une manière vertigineuse l'origine de l'humanité. Mais surtout parce que leur emploi est avant tout symbolique, que le lecteur est invité à déchiffrer le texte comme les différents spécialistes travaillent sur la nécropole et l'écriture qu'ils finissent par y découvrir.
Le 2 est essentiel : il est au fondement du vivant et de la génération, nos chromosomes appariant notre double origine paternelle et maternelle. Il signale aussi la bipédie propre aux humains. le 2 apparaît donc presque à chaque page: « Sur les trente mille habitants, il n'y eut que deux survivants », « les animaux du parc naturel de Yala, dont deux cents éléphants », « Après deux jours et presque deux nuits d'intenses recherches », « dans un carré formé par un chemin de fougères, les deux paires de jumeaux », etc. Quant à l'histoire, elle se déroule sous le double patronage de la science et de la poésie.
Le 3 renvoie notamment au temps (passé, présent, futur) et à la répartition des fonctions chez les Indo-Européens, mise en évidence par Dumézil (sacré, guerre, nourriture); et ce chiffre est également très présent dans le roman : « à raison de trois jours toutes les trois semaines. », « L'autisme de Tom a été décelé très tôt, vers l'âge de trois ans », « Les trois autres étoiles sont représentées par la disposition des trente-neuf autres foetus », etc. Et la nécropole est organisée selon un système de figures géométriques : cercle, carré et triangle.
Le 4 qui double le 2 se retrouve dans les 4 points cardinaux ou les 4 éléments : la momie « est disposée au sommet de quatre points formant une croix latine », «  Lui avec Marc, en géologie. Moi avec Makoto, en archéologie. Nous étions quatre inséparables », « ce pays situé au carrefour de quatre plaques tectoniques »…
Quant au 5, qui correspond au nombre de narrations présentes dans chaque partie, s'il est moins présent, il renvoie néanmoins à une caractéristique essentielle de l'humanité : les cinq doigts de la main, dont le pouce opposable. D'ailleurs, parmi les 5 narrateurs, 4 appartiennent aux XX° et XXI° siècles, tandis que le dernier parle du fond des âges, à la fois opposé et complémentaire.
Bref, tout ce roman se présente comme un récit mythique qui réinvente l'humanité en l'ancrant il y a 13 millions d'années, mais une humanité jumelle de la nôtre, qui disparut après avoir épuisé la Terre: mythe-miroir qui annonce le retour de la catastrophe mais qui suggère aussi les moyens de l'éviter, fable écologique d'un optimisme mesuré qui voit dans l'autisme une métaphore de notre destin collectif. de même que « les connexions neuronales des autistes sont en surtension ou en sous-tension », notre rapport à la nature nous empêche de communiquer vraiment avec le monde; mais de nouvelles relations peuvent naître qui demanderont beaucoup de temps et de patience.
Trop pour moi, sans doute. Ce symbolisme appuyé m'a paru de plus en plus pesant et la fonction de décodeur à laquelle le lecteur est assigné trop limitée. La fin peut sembler ouverte mais elle ajoute un nouveau double à un texte surchargé de jumeaux et de binarités. Bref, l'idée est intéressante mais le côté escape game « Échappe-toi de la nécropole et sauve le monde en résolvant les énigmes de l'univers » m'a légèrement saoulée.
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D'abord la couverture, la vague d'Hokusai.
On entre dans la vague, on frissonne.
Et puis on se laisse flotter sur le silence de l'art japonais
comme s'il portait en lui des millénaires réunis dans la contemplation d'un seul brin d'herbe
jusqu'à l'infini des ciels.

C'est une histoire des origines de l'humanité, elle remonte à la surface suite à un séisme au Japon, engloutissant le village d'Atsuma. Un glissement de terrain dévoile une civilisation insoupçonnée, aux mille et une énigmes. La plus importante étant l'âge inconcevable des squelettes découverts ; 13 millions d'années !
Sandra, l'archéologue, est la scientifique parfaite pour élucider ces mystères, avec l'aide de son équipe. Elle porte en elle la patience, la poésie et les blessures de la vie qui lui permettront de recoller les bribes, comme un potier le ferait avec les fêlures d'un bol embelli par de épissures d'or.

Avec délicatesse la trame de l'histoire se tisse des fils de celle de Tom, son fils autiste, de celle d'Akira, le peintre d'estampes, de Yoko et de Ran, habitant avec l'artiste dans un hameau qui surplombe Atsuma.

Un voyage vers l'aube des temps, construit en chroniques, récits, journaux, emmêlant le passé au présent comme s'il ne faisait qu'un, comme si l'odyssée s'écrivait encore à l'instant.
Un roman pas comme les autres ; un roman-monde.

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Un tremblement de terre au Japon dans l'ile d'Hokkaïdo entraine un glissement de terrain qui ensevelit un village et met à jour une nécropole .
Une équipe de scientifique menée par des japonais se constitue rapidement devant l'importance de cette découverte .
Sandra Blake, une paléo-anthropologue d'origine australienne se joint à eux, elle emmène avec elle son fils Tom, un jeune garçon autiste en pleine rechute .
Les premières constatations devant la dépouille mise en scène dans cette nécropole de l'homme , baptisé l'homme d'Atsuma va ébranler l'ensemble des milieux scientifiques car sa datation vient en contradiction avec toutes les découvertes antérieures, car beaucoup plus ancienne et balaye toutes les certitudes.

Le livre a une construction originale, calquée sur une séquence d'ADN : six chapitres et dans chaque chapitre des sous-chapitres reprenant à chaque fois, le récit proprement dit, le journal de Sandra , le Dit de Tom, le Dit du dernier vivant et des extraits d'articles et de mails échangés à propos des avancées des recherches ainsi que certaines pages d'explication scientifique .

Drôle de mélange de genre entre roman , documentaire, fiction qui donne un kaléidoscope que le lecteur découvre avec plaisir et intérêt car c'est finalement l'histoire de notre monde en accéléré que raconte cet homme d'Atsuma avec des interrogations sur les modifications et manipulations génétiques .

Quand on voit que très récemment les chinois revendiquent avec la découverte de l'Homo Longi , une nouvelle espèce d'homme préhistorique , on comprend que ce sujet est sensible au delà du monde scientifique .

Je mettrai à part, les belles pages poétiques sur le Maitre japonais des estampes et le théâtre no , symboles intemporels du Japon .
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critiques presse (1)
Culturebox
12 mars 2021
Dans "Le Dit du Vivant", son dernier ouvrage, il nous narre une découverte incroyable, trente ans après Fukushima, dans une langue magnifique de fluidité.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Cela vient comme une clameur. Une clameur qui monte au loin. Une vague s'effondre là-bas avec le bruit sourd d'un train qui approche à vive allure. Ici, la nappe bouillonnante de l'écume laisse place au silence. Le ruissellement cesse. La mer déglutit son reflux, d'où s'échappent quelques clapots qui s'espacent avant de disparaître. Un instant, quelque chose s'est évanoui. Dans ce vide, la vague semble gonfler vers moi. J'entends sa masse s'arracher à ce qu'elle va frapper de nouveau d'un coup. Précédée de bruits de verre pilé, de gravier et de perles, elle se rend à elle-même. Elle s'abat, s'effondre et claque. On dirait du linge battu au lavoir avant de s'émousser sur les contreforts du rivage.
J'entends sa venue toute proche, son effervescence qui éclate en milliers de bulles. Elle crépite tel un feu de broussaille, lance ses bruits d'osselets ramassés paume ouverte, saisis puis rejetés. Alors seulement reviendront en même temps le reflux et la clameur au loin. Le silence aussi, cet évanouissement secret où l'eau parle sans attendre de réponse.

p.28
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Tout en déchiffrant les pas de l'eau sur la grève, Sandra laisse venir ses souvenirs, l'installation provisoire dans la ville de Rosemère, en périphérie de Montréal, au bord de la rivière des Mille-Îles, non loin du centre d'autistes de Terrebonne où, pour la première fois, elle entendit quelque chose de sensé à propos de la maladie de Tom. On ne lui parlait plus de trouble de l'attachement ou de faute des parents, de déficience intellectuelle ou de carence émotionnelle, mais de connexions cérébrales affectant gravement le traitement de l'information.
La langue indéchiffrable des comportements autistiques trouvait sa pierre de Rosette dans les neurosciences. Tom n'était pas coupé du monde, mais coupé du sens de l'information que recevait son cerveau. Celui-ci, mal connecté, ne fonctionnait pas comme les autres.

p.22
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Il peignait les étoiles comme on troue une histoire, en laissant le néant, pas plus grand qu'une tête d'épingle, se remplir du tout pour briller à jamais. Je me souviens qu'assis à sa table de travail, dans son atelier, tout en passant ses brosses de couleur sur le bois gravé, il s'interrogeait parfois à voix haute, posant toujours la même question. Je ne l'ai comprise que bien plus tard en remplaçant le mot "esprits" par Dieu. Il disait : "Dieu et le néant ne sont-ils pas le plein et le vide l'un de l'autre?"

p.253
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Nous avons tous été abasourdis, choqués, en apprenant l'immolation de cet homme près de l'entrée du site. J 'ai eu du mal à contenir ma colère. Nous ne sommes pas là pour ça. Pourquoi la recherche de la lumière suscite t-elle toujours une obscure folie ? Quelle est cette force qui vient assombrir toute clarté nouvelle ?
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De Vincent à Théo Van Gogh, son frère
Arles, 23 septembre
(extrait)

Mon cher Théo,
[...]
Si on étudie l'art japonais, alors on voit un homme incontestablement sage et philosophe et intelligent qui passe son temps à quoi ? À étudier la distance de la terre à la lune ? Non, à étudier la politique de Bismarck ? Non, il étudie un seul brin d'herbe.
Mais ce brin d'herbe lui porte à dessiner toutes les plantes, ensuite les saisons, les grands aspects des paysages, enfin les animaux, puis la figure humaine. Il passe ainsi sa vie, et la vie est trop courte à faire le tout.
Voyons cela, n'est-ce pas presque une religion ce que nous enseignent ces Japonais si simples et qui vivent dans la nature comme si eux-mêmes étaient des fleurs.
[...]
t. à t.
vincent

p.252
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