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EAN : 9791091365420
52 pages
Le Realgar (01/07/2017)
2.5/5   3 notes
Résumé :
« Mais il fallait que chantât d’une étymologie sans pareille le nom de Kerouac, et qu’importe qu’elle fût tirée par les cheveux : une légende dorée se fabrique grâce à la littérature ».
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jack Kerouac est revenu en France sur les traces d'un lointain ancêtre, qui au 18ème siècle partit en terre québécoise pour échapper à la prison : cela donnera Satori in Paris, où l'auteur racontera son périple, mais ne retrouvera pas les ancêtres prestigieux dont il rêvait.
Quelques décennies plus tard, dans une sorte de mise en abyme littéraire, Jean-Pascal Dubost marche sur ces mêmes traces, à la recherche cette fois d'une plaque dédiée à Kerouac : il finira par la trouver, non pas dans le village de l'ancêtre (les villageois n'ayant jamais entendu ce nom – « kerouacoquoi ? »), mais, un peu plus loin, dans la forêt de Huelgoat, selon l'indication du libraire local.
Parvenu enfin à l'objet de sa recherche, l'auteur cache mal sa déception : « cette plaque n'était pas une plaque, mais une stèle, dont l'hideux aspect n'avait pour égal que l'hideux aspect d'un marbre funéraire […]. Ni tristesse, ni joie particulières ; rien que le constat de la hideur en totale correspondance avec la grisaille de l'échec de Kerouac. »
Car Jean-Pascal Dubost n'est pas tendre avec Kerouac. S'il avoue qu'il aime son livre parce que c'est un livre raté, il ne ménage pas l'auteur américain : « un excellent écrivain et probablement un pathétique type » ou encore « un pochtron ». Certes, les auteurs américains qui ont usé, voire abusé, de l'alcool sont nombreux : d'Edgar Poe à Jim Harrison, en passant par Faulkner, les exemples ne manquent pas, mais on peut au moins s'interroger sur le rôle de l'ivresse dans leur écriture ? Cela n'a rien d'une évidence pour Jean-Pascal Dubost, même s'il finit par concéder qu'il faut « séparer l'homme de l'oeuvre et s'attacher à l'une et pas à l'autre ».

Avec un langage précieux, souvent pompeux ou même ampoulé, le poète déroule son récit et on peut se demander s'il n'est pas lui-même tombé dans le piège qu'il décrit pour Kerouac : « Aucun satori, aucune illumination soudaine, aucune révélation » à la lecture de Kerouac de Huelgoat. Ce qui sauve pourtant ce court récit (qui se veut ?) poétique, c'est peut-être la fin : l'auteur, délaissant les conseils de l'Office du tourisme sur les chemins à suivre, se perd dans la forêt et tombe sur une autre stèle : celle de Victor Segalen, retrouvé mort par son épouse Yvonne dans des circonstances mystérieuses.
Cet autre voyageur, délaissant son pays pour les charmes de l'Asie et ramenant dans ses valises des textes de qualité, n'aura, lui, pas raté la mise en scène de sa mort : un pied de nez à l'auteur américain, qui mourra noyé dans l'alcool et misérable, « môme à maman mort dans son giron après avoir bien raté toute une vie », sans même avoir renoué avec ses aristocratiques ancêtres bretons, malgré son pseudo Satori ?
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J'ai découvert ce court récit grâce à Masse Critique et aux Editions du Réalgar.
Kerouac de Huelgoat… j'imaginais le récit des exploits d'un personnage local. Après quelques pages de lecture, je comprends mon erreur : le Kerouac dont il est question est Jack, celui de la Beat Generation, celui de « Sur la route » ;
Jean-Pascal Dubost nous emmène alors à la recherche topologique des traces du passage de l'écrivain sur les terres finistériennes, passage-éclair alcoolisé, recherche inefficace, ou presque.
Alors mon souhait de lire Kerouac se réactive. « Sur la route » m'attend quelque part, je vais m'y plonger. Et pourquoi pas pousser jusque « Satori à Paris » ?
Car ce récit elliptique très court nous emmène à la fois dans la profondeur moussue et majestueuse de la forêt de Huelgoat, et dans la vie de Jack Kerouac. Il nous présente l'homme derrière l'écrivain, avec ses faiblesses et ses bassesses. Il pose le problème de la relation entre l'homme qui écrit et son oeuvre : « Il faut à un moment donné séparer l'homme de l'oeuvre et s'attarder à l'une et pas à l'autre. » Jean-Pascal Dubost donne sa réponse à un problème sempiternellement posé. Il n'est pas complaisant ni même bienveillant avec Jack Kerouac. IL en a le droit : son récit est intime, il ne prétend pas à LA vérité. Pour appuyer son point de vue, il termine son récit par la description d'une stèle voisine de la plaque de la famille Kerouac, stèle dédiée à Victor Segalen par sa femme.
Et c'est je crois le grand intérêt de ce texte : il nous invite aux voyages, voyage à Huelgoat pour aller voir des stèles commémoratives, pour savourer cette magnifique et mystérieuse forêt. Mais aussi voyages littéraires pour lire ou relire Kerouac, pour lire Victor Segalen, un autre écrivain voyageur ayant des racines en Finistère.
L'écriture de Jean-Pascal Dubost est particulière : le vocabulaire est recherché, parfois précieux, mais la syntaxe suit le rythme des pensées de l'auteur, ses ellipses, ses exclamations.
J'ai trouvé ce récit attachant, original, documenté. Ce n'est pas un essai puisqu'il ne prétend ni à l'exhaustivité ni à l'objectivité. C'est un petit moment de vie, une déambulation sylvestre, littéraire, piétonnière.
J'ai beaucoup aimé l'objet-livre : un format réellement de poche que l'on peut emporter en balade (à Huelgoat par exemple), une typographie claire, une mise en page aérée.
En consultant le catalogue du Réalgar, je découvre des choix éditoriaux risqués, ambitieux, originaux. A suivre et à soutenir…
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Le titre du livre m'avais donné envie de le lire, connaissant la ville d'Huelgoat.
Mais j'ai été déçue car j'ai surtout rencontré une multitude de nom pour une seule personne et je n'ai pas réussi a comprendre ù voulait en venir l'auteur.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« (Jack Kerouac n’est pas un mythe, pas une icône, encore moins un clochard céleste ni un vieil ange vagabond et solitaire, mais un homme de leçons et de grande rétention, môme à maman mort dans son giron après avoir bien raté toute une vie mais aussi celle d’écrivain mort sanctifié, canonisé et béatifié par une marmaille littéraire disciple et prosélyte à tendance singeuse ; foutaises sur foutaises ; un excellent écrivain et probablement un pathétique type proférant des insanités nationalistes sinon racistes depuis son fauteuil avachi et en fin de vie. Un pochtron, certes au plus fort du désespoir, qui pensait avoir des manières abominablement exquises, prétendant posséder le raffinement et la dignité des aristocrates, et beuglant mais « où sont les Kerouac d’autrefois ? » Le vent a soufflé. Il faut à moment donné séparer l’homme de l’œuvre et s’attacher à l’une et pas à l’autre.)
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