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EAN : 9782070307579
496 pages
Gallimard (11/10/2007)
4.39/5   57 notes
Résumé :

C'est après avoir abandonné la prédication à l'âge de vingt-six ans que Vincent Van Gogh décide de consacrer sa vie à l'art. Dès lors, il suit avec obstination son chemin solitaire vers cette libération du trait qui va lui permettre de rendre l'émotion dans sa brutalité. Il se fixe un but : peindre comme on écrit. Cette vie, au fond méconnue, qui fut aussi le roman bouleversant de deux fr&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà la biographie la plus touchante que j'ai jamais lue. Je ne m'attendais pas à être aussi bouleversée et émue lorsque j'ai ouvert ce livre.
Je voulais découvrir Vincent, le grand Vincent van Gogh, si proche et pourtant si loin, dont l'art m'a récemment beaucoup plu mais dont je ne connaissais de la vie que les grandes "lignes" que l'on connait tous et si souvent clichés ; "peintre maudits" "fou à l'oreille coupée" etc. David Haziot nous fait découvrir la vraie vie de Vincent. Une vie tumultueuse, au sens propre du terme : agitée, bruyante, compliquée. Car ici on a affaire à un être complexe, aux multiples facettes et au parcours de vie totalement singulier.

Vincent van Gogh nait en 1853 dans un petit village de Hollande au sein d'une famille très imprégnée de religion mais aussi de culture. C'est une famille plutôt unie et aimante, mais cela n'a pas empêché Vincent de se sentir toujours un peu décalé. Car Vincent, contrairement aux autres membres de la famille, va avoir le plus grand mal à trouver sa place et sa voie.
Comme le résume très bien un historien spécialiste de Vincent : "il a eu 37 adresses en 37 ans". Il aura vogué un nombre incalculable de fois. Son père et ses oncles l'ont longtemps aidé à chercher une carrière en le plaçant dans diverses écoles ou divers postes à travers la Hollande, l'Angleterre, la Belgique ou la France. Vincent aura été tantôt instituteur dans le Kent, tantôt prédicateur à Londres, tantôt galériste à La Haye, libraire à Dordrecht, évangéliste dans le Borinage…Bref il serait vain d'essayer d'être exhaustif tant il a parcouru de lieux (et de lieues) et tant il a fait d'allers-retours entre ses quatre pays. Ces errances et ces « échecs » répétitifs contribueront à l'isoler un peu plus de sa famille, mais aussi à le renfermer intérieurement. Mais malgré toute cette instabilité, il y a une chose, ou plutôt une personne dont la présence sera une constante sa vie durant : Théo, son frère. Aujourd'hui presque aussi connu que Vincent, Théo aura été le pilier de sa vie. Leur relation est l'une des plus bouleversantes que l'on puisse lire.
C'est d'ailleurs avec son aide qu'il trouvera enfin sa voie: la peinture. Et c'est aussi avec son aide, financière et morale, qu'il pourra la pratiquer. Et comme Théo a lui un emploi stable de galeriste à Paris, il baigne dans la sphère artistique de la capitale et permettra à Vincent de faire la rencontre de tous les peintres du moment. Mais même là tout ne se passera pas forcément bien; Vincent encore une fois, de part sa nature, est en décalage avec beaucoup d'entre eux. Lui qui avait caressé l'idée de créer une sorte d'association d'artiste il se heurtera aux égos et à la méfiance régnant dans ce milieu. Hormis quelques uns comme Bernard, Signac ou Pissaro avec qui il liera amitié et confiance.

Mais la rencontre artistique la plus tragiquement décisive sera bien évidemment celle avec Paul Gauguin. David Haziot en fera une véritable analyse chirurgicale passionnante et sidérante à la fois. La relation est si complexe que là aussi je ne pourrais la résumer ici. On dira simplement que Vincent vouait une admiration sans bornes, frisant la fixation, pour Gauguin, se plaçant volontairement dans une position d'infériorité, voire s'autoflagellant. Gauguin se montrera dur, froid, insensible et surtout extrêmement dédaigneux de l'art de Vincent. En lisant on comprend mal comment Vincent a pu persister dans une relation qui dès le départ était déséquilibrée et toxique, mais encore une fois sa fragilité mentale et son gigantesque manque de confiance en lui expliquent beaucoup. le mois qu'il passeront ensemble à Arles aura des conséquences psychologiques dramatiques sur Vincent. Ce sera en quelque sorte le point de rupture d'une fragilité mentale déjà prépondérante.
La crise qui s'en suivra l'amènera à se faire interner pendant plus d'un mois… Après cela Théo voudra le rapprocher de lui et lui trouvera un joli village proche de Paris du nom d'Auvers-sur-oise…

David Haziot livre ici une biographie que j'ai trouvé excellente et passionnante, mais aussi singulière. Avant de lire j'ai vu que David Haziot était d'abord philosophe de formation, ce qui explique beaucoup de la forte acuité à la fois psychologique et philosophie du livre. Au début j'en ai été un peu déboussolée puis peu à peu j'ai compris que c'était effectivement nécéssaire pour comprendre une personnalité telle que Vincent. Et aussi pour donner une idée, au plus proche du réel possible, de sa maladie mentale. D'ailleurs celle-ci a durant longtemps, nous apprend l'auteur, été l'objet d'études et d'analyse par d'éminents psychiatres ou spécialistes, mais que sans la présence du patient le diagnostic est nécessairement imprécis... Vincent souffrait, il est certain, de dépressions, de crises, de névroses, et selon l'auteur fortement accentués par l'état de tension physique et psychologique dans lequel il se trouvait la plupart du temps (de part l'exigence de son art et la rudesse de son mode de vie).
À côté de l'analyse psychologique, l'auteur nous livre aussi une analyse picturale des oeuvres de Vincent, car c'est là aussi une facette capitale de la compréhension de sa personne.

Mais s'il faut retenir quelque chose de Vincent c'est qu'il avait de la joie. Qu'il aimait les couleurs vives (surtout le jaune), il aimait le grand air, il avait une grande volonté de vie. C'était un être qui luttait en permanence avec sa maladie et qui avait énormément de courage de le faire. le courage de tenir bon, le courage de trouver comment aller mieux, le courage de « travailler » comme il le disait de sa peinture. Un homme qui s'est battu pour essayer de vivre de sa passion, de vivre tout court. Vincent est exactement comme une palette de peinture: de toutes les couleurs et de toutes les nuances. Coloré.
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Une biographie passionnante sur un peintre tout aussi passionnant, j'ai adoré cette lecture et je la recommande vivement que vous aimiez ou non les oeuvres de Vincent van Gogh. C'est enrichissant à tout point de vue, déjà l'écriture est excellente, l'auteur arrive à nous plonger dans l'intimité de l'artiste, dans ses bonheurs comme dans ses tourments. Sa vie à tout d'un roman, il a vécu comme nombres d'entre nous ne vivrons jamais, et plus que tout, il a su révolutionner et marquer l'histoire de l'art par son style si particulier.
On en apprend autant sur l'artiste que sur ses peintures, c'est avec finesse que David Haziot rend hommage à ce grand homme. L'auteur a su dépeindre tout un tas d'émotions, celle de van Gogh, allant bien sûr de la mélancolie, au bonheur mais toujours avec cette fragilité d'âme qui le caractérise. J'ai toujours apprécié les oeuvres de Vincent van Gogh et je suis très content qu'on lui ai trouvé un auteur talentueux pour écrire une biographie difficile et riche en informations, je me sens encore un peu plus proche de lui maintenant.
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Belle et émouvante biographie de van Gogh. Celui-ci naît le 30 mars 1853, un an jour pour jour après un enfant mort-né portant les mêmes prénoms que lui : Vincent Willem. Les van Gogh - nous dit le biographe - sont "par tradition des gens d'excellente instruction, avisés, entreprenants, intelligents, ayant pour le moins le sens des relations". le père de Vincent, prénommé Théodorus, est pasteur. Quant à sa mère Anna Cornelia Carbentus, "issue d'une famille de relieurs connue de la Haye, elle avait d'après les témoignages une prodigieuse habileté, non seulement à l'aiguille à tricoter, mais aussi au crayon ou au pinceau". La famille paternelle est marquée par la fragilité psychique. Après la naissance de Vincent, ses parents auront encore deux fils, dont Théo, né en 1857,et trois filles. Intelligent et cultivé, dévorant sans cesse des livres, Vincent maîtrisait le néerlandais, le français et l'anglais ; il avait le goût des longues marches. Après des déboires professionnels - notamment des tentatives ratées de devenir pasteur ou évangéliste - et amoureux, Vincent décida de consacrer sa vie au dessin et à la peinture, sacrifiant tout à son art, se privant de nourriture pour acheter des couleurs. David Haziot retrace avec finesse le parcours de l'artiste, ses recherches picturales, son comportement parfois excentrique et ses difficultés relationnelles. Selon le biographe, c'est sa rencontre avec Paul Gauguin et leur cohabitation de quelques mois à Arles d'octobre à décembre 1888 qui entraîna le naufrage de Vincent. Tout opposait les deux hommes : caractère, rythme de vie, goûts artistiques. Paul Gauguin ne réalisait pas la valeur de l'oeuvre accomplie jusqu'alors par Van Gogh et se considérait comme très supérieur à lui. Quant à Vincent, qui voyait dans son "ami" un substitut paternel, il développa un complexe d'infériorité et se mit à douter de son art. La tension monta jusqu'à la crise durant laquelle Vincent se coupa le lobe de l'oreille et le fit parvenir à une prostituée de l'endroit. Il sembla toutefois se remettre rapidement et reprendre espoir, mais une grande fragilité persistait, qui ne l'empêcha toutefois pas de produire encore en abondance. le biographe laisse entendre que le suicide de Vincent - qui s'est tiré une balle dans la poitrine dans un champ de blés en date du 27 juillet 1890 - est un acte accompli en toute lucidité, conséquence d'une lettre alarmante de son frère Théo, lui annonçant que sa situation professionnelle était compromise. Vincent se serait tué parce qu'il se considérait comme une charge insupportable pour Théo, marié et père d'un petit garçon, prénommé aussi Vincent.
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oui Van Gogh malgré les idées fausses qui ont été véhiculées étaient non seulement un peintre de génie qu'on apprécie de plus en plus au fil du temps mais aussi un humaniste au grand coeur
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Voici une biographie du peintre Vincent van Gogh présenter d'une façon romancée. Cette façon permet rapidement de rentrer dans l'histoire. Une histoire basée surtout sur la correspondance de Vincent van Gogh et les témoignages de l'époque, ce qui peut sembler un peu mince comme trame de base. Il a réussi quand même a stimulé la curiosité pour poursuivre cette montée vers cette folie créatrice qui l'habita jusqu'à sa fin. Surpris par sa culture par ses nombreuses lectures et sa facilité à parler et lire près de quatre langues différentes.
Dans mon regard d'artiste-peintre, je perçois cette énergie créatrice qui lui prend beaucoup de place, pour ne pas dire trop de place. Il me semble que ce fut cette essence qui lui a permis de survivre dans le monde à cette époque, et ce, malgré la bête qui l'habitait au plus profond de lui et qui prenait avec le temps de plus en plus de place. Ému et touché par ce long et dur parcours créatif et d'avoir tenu si longtemps. Il pouvait peindre une dizaine de toiles du matin au soir et même contre le vent il pouvait peindre à quatre pattes sur le sol terreux puisque le chevalet ne tenait plus en place. Il écrivait à son frère qu'il peignait comme une locomotive par la force et la vitesse, enivré par la force créatrice. Même le début du succès dans les derniers mois de sa vie n'avait plus aucune raison. Il se trouvait non digne de cet intérêt pour ses tableaux et sa personne. Cette soif de créer ses images lui a permis de survivre jusqu'à sa limite à 37 ans le 29 juillet 1890.
À lire que vous soyez artiste ou pas, pour découvrir à travers ses mots ce qui l'habitait et qui a provoqué avec la couleur sur les toiles qui rayonne encore de cette lumière presque aveuglante.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Ah mon cher Théo*, si tu voyais les oliviers à cette époque- ci...!Le feuillage vieil argent et argent verdissant contre le bleu. Et le sol labouré orangeâtre. ... c'est d'un fin, d'un distingué ! ... Le murmure d'un verger d'oliviers a quelque chose de très intime, d'immensément vieux. C'est trop beau pour que j'ose le peindre ou puisse le concevoir.

P. 388

* Théo est le frère de Vincent Van Gogh

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Mais là il se trouvait devant une déshumanisation complète, un statut pire que celui d'esclaves. Les paysans de Millet étaient encore du monde de la lumière, ils croyaient, priaient au moment de l'angélus, travaillaient au grand air, selon les rythmes du jour et des saisons, tandis que toute parole de consolation religieuse paraissait grotesque ou insensée pour ces damnés de la terre.
Vincent comprit l'inanité de ses prêches : devant une telle situation faite par des hommes à d'autres hommes, et à tant d'enfants, les bonnes paroles ne suffisaient plus, il fallait combattre. Sa vocation religieuse mourut au fond du puits de Marcasse, tandis que son amour des hommes et des humbles ne connut plus de limites. Il avait été une sorte de prêtre ouvrier avant l'heure, il devint armée du salut à lui seul et se sacrifia sans compter aux mineurs.
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Vincent Van Gogh est Icare, il s'élèvera en effet sur les ailes de la peinture jusqu'au jaune, jusqu'à l'or absolu de la fin de l'été 1888, rencontrera cette figure brutale du père qu'il voulut voir en Gauguin, puis, après la chute à travers les formes tournoyantes de Saint-Rémy, s'abîmera dans les bleus d'Auvers-Sur-Oise.
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Il est des créateurs qui ont besoin d'exclure les autres pour avancer, une forme de cécité à ce qui n'est pas indispensable, il en est d'autres, tout aussi grands, que le parcours des autres ne gêne pas, qui son prêts à le comprendre. Hugo reconnaît Beaudelaire si loin de lui, Vincent reconnaît Gauguin, mais Gauguin ne voit pas Vincent. C'est ainsi et aussi vieux que l'histoire de l'art et de la littérature.
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On parle de ces crises et de ces maladies comme si elles étaient le fait d'un homme menant une vie ordinaire, mais combien d'individus auraient pu résister aux tensions insupportables auxquelles Vincent fut soumis, de la dénutrition à la dépendance financière, en passant par la dévalorisation de sa peinture par tout le monde durant des années ? Qu'il ait pu résister à ces pressions jusqu'à 35 ans en produisant l'oeuvre qu'il a laissée montre qu'il était d'une très grande robustesse.
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Vidéo de David Haziot
Dans cet épisode, les ateliers henry dougier vous proposent la lecture d'un extrait de "Chemins sans issue selon Van Gogh", un roman qui retrace la création de Champ de blé aux corbeaux et les derniers jours du peintre, suivie d'un entretien avec l'auteur, David Haziot.
Un podcast conçu et réalisé par Margot Grellier et Gaëlle Bidan.
Les ateliers henry dougier présentent... le roman d'un chef-d'oeuvre. Mêlant récit romanesque et enquête historique, chaque auteur raconte la véritable saga d'un tableau en le mettant en scène à l'époque et dans le lieu où il a vu le jour.
Plus d'informations sur le livre : http://ateliershenrydougier.com/chemins_sans_issue.html Lire un extrait : https://fr.calameo.com/read/0055539603a705ed27e82 À commander en ligne : https://www.interforum.fr/Affiliations/accueil.do?refLivre=9791031202839&refEditeur=155&type=P
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