Voici un livre qui indique que la campagne des Municipales à Paris est lancée. Mais
Benoît Duteurtre se rend-il compte à quel point le titre est mauvais?A tel point que j'ai été gênée de prononcer ce mauvais calembour pour le demander à la libraire. Ce premier reproche n'est pas léger, car l'auteur nous a habitués à plus de finesse, plus de délicatesse. Deuxièmement, j'ai été agacée par la construction décousue de cette "chronique fantaisiste", qui ressemble plus à un patchwork de billets d'humeur ou d'articles ressassant les mêmes thèmes, parfois en usant des mêmes termes, d'un chapitre à l'autre.
Enfin j'ai été ennuyée par la fantasmagorie qui selon moi alourdit inutilement le propos.
Ces réserves formelles faites, reste l'essentiel: le contenu précis, convaincant, des critiques adressées à la politique de la Maire de Paris,
Anne Hidalgo. Ancienne parisienne,lors de mes visites à Paris, j'ai pu constater moi-même à quel point et de plus en plus, la vélocratie attaque de façon préoccupante la liberté de flâner chère au promeneur parisien, ou aux personnes dont l'âge, la condition physique, ou le goût ne les portent pas à devenir cycliste. J'ai observé avec stupéfaction Paris se hérisser de barrières, de couloirs aménagés, les rues de plus en plus encombrées de voitures roulant au pas quand elles roulent et de bus à impériale promène touristes , j'ai senti une pollution de plus en plus grande, entendu un vacarme de plus en plus puissant de moteurs , de klaxons, de sirènes, de marteaux-piqueurs, ressenti une angoisse permanente de me faire renverser par un engin plus rapide que moi , pourvu d'une, deux ou trois roues, conduit (?) par un individu généralement agressif , méprisant, ou simplement ailleurs, casqué de décibels à usage personnel qui le rendent à peu près indifférent au monde qui l'entoure.
J'ai constaté que l'aire praticable par le piéton est de plus en plus étroite et non respectée par le cycliste triomphant et sûr de son bon droit, par le trottinettiste arrogant, et vu en nombre important les déchets que sont ces objets roulants, que l'on peut laisser partout sur le trottoir, se combiner avec les décharges sauvages de mobiliers et de matelas souillés, les poubelles à tri sélectif débordantes et entourées de détritus ni triés ni sélectifs, au grand bonheur de nos amis les rats. J'ai vu se développer un tourisme de masse, et l'aménagement si particulier des quartiers historiques qu'il entraîne,parfaitement décrit et détaillé par le riverain de Notre Dame qu'est l'auteur. J'ai découvert avec horreur, dans ce livre, les projets en cours qui vont accentuer l'aspect muséographique de tous les lieux ou monuments à Paris comme dans tout le pays, avec tables d'orientation, texte explicatif en français et en anglais, la cohorte de marchandisation et d'enseignes de marques qui parachèvent la rentabilisation de la manne touristique, mais hélas tuent l'authenticité des lieux et nous parcastérixisent plus sûrement qu'ils n'instruisent les visiteurs.
Discours ronchon et passéiste direz-vous. Pour ma part, je déteste les parcours flêchés quand je découvre un pays, et les vitrines formatées qui me vendent du souvenir à prétention culturelle. Et à Paris, ce que j'aimais c'était cet air de Paris, vous savez celui dont Hugo disait que le respirer, cela conserve l'âme. En attendant de respirer l'air pur que promet
Anne Hidalgo, il est important de lire les objections et le témoignage à charge de Duteurtre, qui possède en soi une grande salubrité.