La maison mobile des Miller de Minnie Moore Mine

La véritable histoire de la maison mobile des Miller.
Quelle aventure! Et dire que nous partirons d'une affaire ordinaire de trou de chien puis d'un gisement fabuleux de pépites d'or.
Cette histoire de Dave Eggers fera sourire par son ton sérieux avec sa pointe d'humour pince-sans-rire permanente, comme un film curieux et ordinaire du réalisateur Wes Anderson.
Les personnages suivront des revers terribles et l'on pourrait se dire que la vie est une sacrée capricieuse.
Un homme sans le sou de San Diego (US) trouvera des pépites dans le terrier d'un rongeur grâce à un chien.
Madame la chance, vous voila!
Et puis de spéculations en bonnes affaires, le terrain deviendra une mine, puis accueillera une maison, enfin s'y fondera une famille.
La maison, on le voit et on le lit, sera un bijou d'orgueil car rien ne saurait être assez beau pour la belle Annie qui venait de dire "oui", d'accepter de venir s'installer ici. Pinacle de la chance insolente qui sourit, elle deviendra finalement la seule fortune d'Annie qui devra se retrousser les manches et se mettre à travailler.
L'élevage de cochons? Et pourquoi pas?
Mais des cochons, ce n'est pas hygiénique, ça ne sent pas la rose, comment Annie va t-elle pouvoir contourner la règle d'interdiction d'élevage de leur bonne vieille ville de Bellevue?
En déménageant la maison hors de la ville pardi?

L'idée est forcément insensée, incroyable, irrésistiblement drôle. Absurde?
Nous ne retiendrons de l'idée d'Annie que son courage (lisez, vous comprendez pourquoi).
Que l'on déménage d'une maison, on connait.
Qu'une maison déménage de son adresse, à part si c'est une caravane, on ne voit pas, n'est-ce pas?
Et pourtant, Annie, sans le sou, ne se laissera pas dicter sa conduite, surtout si cela peut lui permettre de garder sa maison et d'élever son Douglas (son fils qui n'aura rien contre l'élevage de cochons).

L'album insistera bien plusieurs fois sur le caractère véridique de l'histoire et cela participera aussi à l'humour, le lecteur se mettant à douter plus le livre insistera pour lui dire que c'est arrivé et comme il dit.

Ce que l'on sait et dès le début:
Cet album est le résultat d'un projet subventionné et participatif avec des scolaires CE2 et CM1, d'une classe de Washington DC à une autre de San Diego à l'opposé du pays.

Ah? Alors ce n'est donc qu'histoire excellente mais à dormir debout?
Et bien on a cherché et puis on a trouvé.
La maison "Minnie Miller" est classée en tant que Patrimoine historique.
https://www.newspapers.com/article/the-times-news-h-e-miller-story-bellevie/62464848/

Ravi que l'illustratrice Júlia Sardà est été chargé des images, on aime toujours autant son univers pittoresque et étrange.

Je crois que je ne peux qu'aimer chacun des livres illustrés par la formidable Julia Sarda.
Son univers graphique a le pouvoir de nous plonger dans une ambiance, de nous immerger immédiatement dans une histoire.
Ici, une drôle de fable américaine dans laquelle on se demande ce que devient la veuve d'un homme devenu très très riche (grâce à l'exploitation de la terre et des mineurs qui l'exploitent...) une fois qu'il n'est plus là. Elle fait ce que savent faire les femmes : elle se débrouille et bataille pour que son fils ai un toit au dessus de sa tête.
Ce petit conte, presque moderne, est joliment tourné et plutôt drôle. Julia Sarda, dont on sait qu'elle rend très bien le mystère, le mystique et le merveilleux des contes traditionnels, fait cette fois souffler sur son art un vent de grand ouest américain, et beaucoup d'humour.