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EAN : 9781097160358
112 pages
Massot éditions (20/09/2018)
4.16/5   193 notes
Résumé :
« Je lis plein de choses et je les regroupe par thèmes. Au bout d'un moment, j'ai le sentiment qu'un des thèmes mérite d'être porté au public. Je résume et ancre ce thème un peu théorique dans nos vies privées : ces expériences personnelles qui permettent de toucher chaque femme. C'est vraiment ça que j'ai vécu quand je me suis éveillée à la politique, qui a longtemps été pour moi un truc un peu chiant. J'ai trouvé dans des articles féministes des scènes que j'avais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
4,16

sur 193 notes
Emma Clit est l'autrice qui a popularisé la notion de charge mentale. Et pour ça, la moitié de l'humanité peut lui être reconnaissante.
À vrai dire, l'autre moitié aussi pourrait lui être reconnaissante, et cesser de se mesurer, se bagarrer et se faire la guerre, pour s'occuper des trucs vraiment importants.
Bon, ceci dit, cet album-ci m'a un peu déçue.
La charge émotionnelle et autres trucs invisibles, c'est un peu un fourre-tout.
Y a des réflexions sur le consentement et sur le harcèlement, OK. En 2018 c'était moins répandu qu'aujourd'hui.
Pis y a des trucs pas invisibles du tout, dedans, comme le racisme dans la police et les violences policières.
Reste ce qui est encore invisible, comme le travail des femmes et la charge émotionnelle.
Quand je dis travail des femmes, il ne s'agit pas de travail salarié bien sûr. C'est de la "deuxième journée" qu'on parle. Si un homme célibataire rétribue une femme pour s'occuper de sa cuisine, son ménage, son linge etc... elle est comptée dans les rangs du salariat. Mais admettons qu'ils s'aiment et vivent ensemble : elle continuera à faire tout ça, mais gratos. Ça n'interroge pas grand monde.
Disons que cet album peut peut-être ouvrir les yeux de personnes qui ne se sont jamais questionnées là-dessus, c'est son mérite.

Challenge Bande dessinée 2024
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Le dernier week-end de janvier a lieu chaque année le festival d'Angoulême, événement majeur du 9e art. En 2023, il a été précédé d'une polémique centrée sur Bastien Vivès, dont l'exposition a été annulée. Il a été accusé de promouvoir la pédopornographie dans certaines de ses oeuvres, notamment Petit Paul, et d'avoir eu des propos virulents contre l'autrice féministe Emma lors de la publication de son ouvrage sur la charge mentale.

Je n'avais jamais lu d'oeuvres d'Emma. Quand une amie m'a proposé la lecture de deux bandes dessinées de cette autrice, ma curiosité était attisée.

Dans la charge émotionnelle et autres trucs invisibles, l'autrice aborde cinq thèmes qui font réfléchir sur notre société. Qu'est-ce que le consentement dans les relations et comment déconstruire les conditionnements pour l'assurer ? Qu'est-ce que le harcèlement et comment lutter contre, notamment à travers des changements dans l'éducation ? Est-ce que les violences policières n'existent qu'aux Etats-Unis ou également en France ? Quelles sont les conséquences du travail productif et reproductif et comment, selon les classes et les générations, plusieurs réponses féministes différentes ont pu être apportées ? Qu'est-ce que le travail émotionnel des femmes qui permet un transfert d'énergie vers un travail de création qui va être récompensé plus souvent chez l'homme que pour la femme ?

L'intérêt de cette bande dessinée est de présenter une situation factuelle, d'en tirer un état des lieux et de proposer des pistes de réflexion. Les sujets sont exposés très clairement, sans trop de détails, ce qui permet une compréhension facile des notions. Dans un des développements, Emma cite Liv Strömquist, autrice à laquelle j'ai pensé au cours de cette bande-dessinée.

Si vous souhaitez découvrir ces autrices féministes actuelles du 9e art, je vous conseillerais plutôt de débuter par les oeuvres d'Emma, plus faciles à aborder, pour après continuer par le traitement de Liv Strömquist, plus complexe et documenté.
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« Un autre regard » est une collection de petits albums BD qui rassemblent les planches réalisées par l'illustratrice engagée Emma dont le travail est disponible sur internet. Féministe et anticapitaliste, l'artiste aborde des sujets de société très variés, mais qui visent principalement à mettre en lumière l'inégalité des relations entre les femmes et les hommes, ainsi que les conséquences dramatiques de notre modèle économique. Les thèmes abordés sont toujours passionnants, et l'angle de réflexion choisi (très à gauche) permet de voir les choses d'une autre manière. A l'aide de témoignages, de données chiffrées, ou encore d'extraits des thèses de certains intellectuels ou chercheurs (sociologues, économistes…), Emma nous offre un nouveau regard sur des sujets aussi variés que la culture du viol ou l'éducation genrée, sans oublier les violences policières, le travail invisible et gratuit des femmes, mais aussi le travail émotionnel.

C'est pas bien mais : C'est la culture du viol qui intéresse Emma dans ce premier chapitre qui revient sur toute une série de comportements abusifs dont les hommes n'ont pas forcément conscience mais qui consistent, tous, à se passer de consentement. L'occasion de rappeler qu'avoir un comportement abusif ce n'est pas seulement employer la force, mais aussi profiter de la vulnérabilisé de sa partenaire ou de la culpabiliser jusqu'à ce qu'elle accepte une relation sexuelle. Une excellente entrée en matière qui insiste sur la nécessité de déconstruire un certain nombre de mythes et conditionnements qui nuisent à notre société.

Un rôle à remplir : le second thème vise à nous faire comprendre que les relations entre hommes et femmes sont faussées par notre éducation genrée. L'auteur y évoque, entre autre, la manière dont nous axons l'éducation des petites filles sur le physique, les injonctions à se conformer aux critères de beauté qu'on ne cesse de nous imposer, ou encore les réactions hostiles suscitées par le mouvement Me too (réactions émanant quasiment toutes de la classe bourgeoise qui revendique « le droit d'importuner »… ?!).

L'histoire d'un gardien de la paix : le troisième sujet abordé est aussi le plus long : il traite du parcours d'Erik, aujourd'hui à la retraite mais qui a effectué toute sa carrière dans la police. C'est un peu par hasard qu'Erik est recruté dans la police où il commence sa carrière dans la BAC auprès d'un supérieur très à cheval sur le respect de la déontologie. le métier lui plaît, jusqu'à ce qu'il soit muté et se retrouve confronté aux violences perpétrées par ses collègues. A Paris, il intervient au côté d'une équipe d'intervention de nuit où il est témoin de comportements dangereux et illégaux : rodéo voiture dangereux, rapports ambigus avec les prostituées, comportements violents et racistes… Choqué, le jeune policier s'empresse de faire un rapport à sa hiérarchie. le premier d'une longue série qui seront tous classés sans suite. C'est même lui qui sera sanctionné à la place de ses collègues ! Falsification de rapports, mutation au poste de garde statique, conseil de discipline… : autant de mesures auxquelles la hiérarchie aura recours pour le forcer à se taire. Erik finira par créer son propre syndicat pour dénoncer les violences policières et les dégâts de la politique du chiffre mais il finit sa carrière épuisé et déprimé. Une bande dessinée passionnante qui nous incite à nous questionner sur le rôle de la police : protéger les citoyens ? Ou servir le pouvoir en place ? En tout cas une chose est clair, ceux qui essaient de changer les comportements se font broyer par l'institution.

Michelle : le quatrième sujet évoque la répartition genrée des responsabilités au sein du couple et la division sexuelle du travail. En gros, les homme se livrent majoritairement au travail productif, et les femmes au travail reproductif. Sauf que l'un donne le droit à un salaire et une retraite, tandis que l'autre est invisible et gratuit. Cette répartition créé une situation de dépendance financière au sein des couples, et celles-ci sont d'autant plus difficiles à supporter pour les femmes qui se retrouvent du jour au lendemain seules, ou qui voudraient quitter leur conjoint mais ne le peuvent pas parce qu'elles n'ont pas les ressources nécessaires pour vivre seules (d'après l'INSEE, les femmes séparées voient leurs revenus baisser de 14,5 % alors que ceux des hommes augmentent de 3%). Emma profite du sujet pour aborder les réflexions de féministes cherchant à mettre fin à ce travail gratuit des femmes. Ainsi, alors que les féministes de droite considèrent que l'émancipation passent exclusivement par le travail, sans jamais questionner les conditions de travail imposées aux femmes (les métiers qui correspondent aux activités dévolues aux femmes dans la vie privée sont essentiellement exercés par des femmes et ne font donc que reproduire les inégalités), les féministes anticapitalistes réfléchissent pour leur part à un moyen non seulement de mieux répartir le partage des tâches reproductives mais aussi des moyens de production. Instructif !

Le pouvoir de l'amour : La cinquième et dernière thématique aborde un sujet rarement évoqué, celui du travail émotionnel, soit le fait pour une femme d'endosser (seule) la responsabilité du confort émotionnel de son entourage. Gérer la santé de son conjoint, entretenir les liens entre tous les membres de la famille, anticiper les moindres besoins du conjoint…. : autant de comportement qui conduisent les femmes à endosser le rôle de mère plutôt que de partenaire, et qui contribuent à renforcer les inégalités entre les sexes.

« Un autre regard » est une excellente collection qui permet de réfléchir à des sujets de société qui sont, finalement, rarement traités de manière globale. Grâce aux témoignages et chiffres recueillis, ainsi que grâce à sa propre expérience en tant que femme et militante, Emma parvient à nous sensibiliser à de multiples problématiques allant de l'inégalité entre les hommes et les femmes aux violences policières. Une démarche militante qui fait un bien fou tant il est rare d'entendre parler d'alternatives au capitalisme.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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La charge émotionnelle, quel beau titre! J'aimerais aimer son livre à Emma, parce que quoi de plus noble qu'une bd féministe ? Bretécher nous a quittés il y a trois mois, on n'oubliera jamais son trait qui jaillit, les lignes brisées, les gros pifs, le mouvement, la caricature indissociable du texte en surtitrage, toujours ironique, cinglé d'une calligraphie énervée. Bretécher, pas une ligne claire, mais une ligne de défense. Les dessins d'Emma sont très ligne claire, trait net, couleur en aplat, contour sans demi-teintes, ni relief, et contiennent peu d'information. Des personnages assis qui soliloquent. Une tête qui parle – la sienne – cernée par les bulles d'un monologue dans une typo d'enfant sage. On pourrait, sans que le sens n'en soit changé, remplacer les dessins de la page 12 par ceux de la page 40. La cause des femmes est la mienne, et je remercie Emma d'avoir mis en scène le moment où un discours féministe légitime auquel j'adhère, mute en un discours néopuritain digne de la flotte de Winthrop aux antipodes de la tradition libertaire et humaniste. Emma maudit Karl Marx. Comment s'émanciper en conservant les structures de domination? Et pourquoi diable apporter de l'eau au moulin de ceux qui ont déporté Louise Michel? Emma pourfend l'éducation genrée mais elle vomit l'homme et participe ainsi du discours genré. Vive la colère face à l'injustice, aux souffrances, aux vies démolies. Mais comment persuader les lecteurs de la cause des femmes par un sermon de prédicateur qui emprunte aux catégories du discours des chasseurs de sorcières? Ses pages m'ont rappelé celles de Zweig sur Calvin, qu'on peut paraphraser ainsi : pour donner à la femme la dignité la plus haute, on réduit la dignité de l'homme, cette créature imparfaite et immorale, toujours disposée au mal, impatiente de se perdre dans le pêché, pire encore qu'une ordure. « Si l'on juge l'homme d'après ses dons naturels, on ne trouve pas en lui, des pieds à la tête, la moindre trace de bonté » écrivait Calvin cité par Zweig. J'ai la faiblesse de croire que ce n'est pas la vérité du genre humain, femme, homme ou genre qu'on aura librement choisi. Bretécher, reviens! C'est pas les puritains qui nous aideront à émanciper la moitié de l'humanité et tous les autres.
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Faire rire ET faire réfléchir, remettre en cause SANS juger, pas forcément évident comme exercice, mais Emma y excelle !

Dans cet album, 5 parties :
- partie 1 : C'est pas bien mais...
Ici, Emma nous explique, nous montre plutôt, ce que c'est, cette fameuse culture du viol. Dont on entend parler sans vraiment réaliser de quoi il s'agit, tellement on a été habitué à vivre dedans.
- partie 2 : un rôle à remplir
Ici, on aborde les relations intimes entre hommes et femmes, et cette notion dont on ne commence qu'à peine à parler de façon libre, le consentement.
- partie 3 : l'histoire d'un gardien de la paix
Pour le coup, le titre est transparent : Emma nous livre les souvenirs d'un gardien de la paix en retraite, et tous les efforts qu'il a faits, en vain (?) pour amener davantage d'éthique dans son métier... Glaçant !!!
- partie 4 : Michelle
Ou le travail invisible des femmes, la différence entre travail productif et reproductif, le sort de combien d'entre nous jetées au bout de quinze ou vingt ans de mariage après s'être dévouées pour la carrière du conjoint.... et un résumé des différents courants de pensée existants pour pallier ce problème.
- partie 5 : le pouvoir de l'amour
Emma évoque ici le fait que les femmes prennent souvent en charge les besoins émotionnels de leurs proches, souvent au détriment des leurs.

Bref, un album très bien fait, et très pédagogique qui plus est, à mettre entre toutes les mains !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Impossible en grandissant d'échapper aux injonctions de rendre notre corps conforme aux critères de beauté du moment.
Tout nous conditionne à penser que le rôle des femmes est avant tout de donner envie aux hommes de les séduire.
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Être attentive en permanence aux besoins d'autrui représente pour les femmes une charge émotionnelle continue et - invisible.
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J’ai compris que pour lutter contre la culture du viol, il ne suffisait pas de faire la chasse aux violeurs de parking. Il fallait aussi discuter avec les hommes de nos vies: nos frères, nos amis, nos pères, nos partenaires...
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Personnellement, j'ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut avoir envie d'assouvir ses désirs au détriment de l'intégrité d'autrui. Mais apparemment, ça ne dérange pas tout le monde...
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Il finit par convaincre sa femme de repartir sur Paris, où il intègre l'équipe d'intervention de nuit de Paolo.
Paolo est italien, ceinture noir de ju-jitsu, et réputé pour son courage.
Mais Erik déchante vite. Il découvre que la belle image de l'équipe est une façade qui cache des rodéos voiture injustifiés et dangereux, des courses-poursuite acharnées et risquées sur les toits, des rapports ambigus avec les travailleuses du sexe et des comportements violents et racistes.
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