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sur 694 notes
Un essai autobiographique intéressant dans lequel l'auteur, philosophe, professeur d'université, mêle ses souvenirs personnels à des considérations sociologiques générales.

Alors qu'il ne cachait pas son homosexualité, Didier Eribon s'est longtemps efforcé de taire ses origines sociales qu'il exécrait et dont il avait honte. Ce n'est qu'après le décès de son père avec qui il était brouillé, (comme d'ailleurs avec le reste de sa famille), qu'il décida de revenir dans sa ville natale, Reims et d'avoir de longues conversations avec sa mère. Dans cet ouvrage il ose enfin dévoiler le milieu modeste dans lequel il a vécu jusqu'à ses vingt ans. Père manoeuvre porté sur la boisson, mère femme de ménage, frère garçon boucher, grand-mère concierge, habitat dans une cité HLM, l'auteur décrit froidement la vie d'une famille ouvrière pauvre et peu instruite, la sienne. Des conditions précaires et une classe sociale qui ne laissaient présager, pour lui, d'aucune ascension dans la société. Il n'a eu de cesse de s'en échapper afin de poursuivre ses ambitions.

L'auteur raconte toutes les étapes de son parcours personnel, les difficultés auxquelles il s'est heurté, sa résistance et sa combativité. Il y ajoute des réflexions sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, les genres, la politique, les gouvernements, les dominations sous leurs différentes formes. Il cite et développe les théories de divers philosophes et sociologues qu'ils l'ont inspiré tels Michel Foucault, Pierre Bourdieu, Jean-Paul Sartre, Raymond Aron. J'avoue que certains passages sont parfois ardus et peu accessibles aux lecteurs non initiés.
Didier Eribon fait aussi référence aux récits intimistes, à l'ascension sociale et à la honte qu'a longtemps ressentie Annie Ernaux. Ces parcours peuvent être mis en parallèle tout comme celui d'Edouard Louis, pour lequel Retour à Reims reste une référence primordiale.

J'ai aimé le réalisme et le regard froid que l'auteur porte sur son milieu d'origine mais aussi son effort d'introspection et au final sa sincérité. Il découvre que son brillant parcours s'est construit sur le rejet de son origine sociale. Peut-être après coup éprouve-t-il quelques remords ou regrets...). Et même si je me suis parfois un peu perdue dans ses réflexions sociologiques, j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage.

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Livre culte pour Édouard Louis entre autres "Retour à Reims" de Didier Eribon mérite largement des louanges. le sociologue saisi l'occasion d'un retour aux sources pour écrire ouvertement sur son identité sociale et sexuelle.
C'est avant tout le livre d'un intellectuel proche de Michel Foucault et de Pierre Bourdieu, dont les références citées sont appréciables et incitent à la lecture : Annie Ernaux, Paul Eluard, Marguerite Duras, Samuel Becket, Simone de Beauvoir et surtout James Baldwin, Jean-Paul Sartre et John Edgar Wideman.

En rupture avec sa famille depuis une trentaine d'années, ce retour dans la maison de son enfance à la mort de son père est l'occasion de raconter son histoire et, à travers elle, la nôtre puisqu'il complète ses confessions par des réflexions sur l'évolution des mentalités.
Publié en 2009, cet essai permet à Didier Eribon de revenir sur le passé. Pour cela, il reconstitue l'histoire familiale et les expériences constitutives de son appartenance à la classe ouvrière. Il y constate en particulier comment cette classe ouvrière où, dans son enfance on votait communiste, s'est désormais tournée vers l'extrême droite, se sentant abandonnée par la gauche.
Il se redécouvre donc fils d'ouvriers lui qui s'était toujours envisagé comme un adolescent gay. Dès lors, deux parcours s'imbriquent, l'un en regard de l'ordre sexuel et l'autre en regard de l'ordre social. Cela lui permet d'analyser sa trajectoire de transfuge de classe, et le rôle qu'y a joué son homosexualité. D'ailleurs, il montre comment il a repoussé sa famille, sa honte du prolétariat mais aussi la contradiction entre son ressenti et l'intellectualisation. Il écrit "J'étais politiquement du côté des ouvriers mais je détestais mon ancrage dans leur monde."

Au final, Didier Eribon propose de rompre avec les théories qui découpent le monde selon des frontières uniques (de classes, de genre, de race, de sexualité) et d'élaborer une théorie du sujet qui permet de penser la multiplicité de nos expériences.
De quoi faire réfléchir.


Challenge Entre-deux 2023

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Essai sociologique qui peut rebuter au premier abord, mais se lit presque comme un roman ou une autobiographie.

J'ai beaucoup aimé suivre le parcours du jeune Eribon dans l'acceptation/révélation de ses origines, de ce qu'il est devenu et dans le déroulé de sa réflexion : comment l'homosexualité a pu être son premier objet d'étude, avant l'observation de ses origines populaires ? Pourquoi ? Parce que comment révéler à son nouveau milieu que l'on vient d'une classe inférieure ?

Le plus intéressant est évidemment tout ce qui relève du transfuge de classe, de cette nécessité de réussir et les barrières que la réalité nous met : certains débouchés sont réservés à une certaine classe de population, et l'on a beau réussir à l'atteindre, elle nous glissera toujours entre les doigts.

La question homosexuelle est évidemment prégnante et forme une intersectionalité qui complexifie les rapports à soi, et à l'autre.

Je trouve Retour à Reims juste et honnête : Eribon ne cache pas, assume et prend ses responsabilités. Peut-être est-ce ce qui manque aujourd'hui à Édouard Louis.
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Un classique pour les socio-lovers, cet objet à la fois littéraire et sociologique est une pépite. C'est une autobiographie avec une analyse sociologique très fine, franche et éclairante sur le phénomène des transfuges de classe (personnes ayant changé de classe sociale au cours de leur vie, de façon ascendante ou descendante).
Le récit du retour en famille (qui vit à Reims) est une révélation pour l'auteur : il réalise qu'il s'est construit en rejetant son origine populaire et sa famille, mais en affirmant son identité sexuelle minorisée, en adoptant une culture gay et en travaillant sur le sujet (voir son livre "Réflexions sur la question gay"). Dans cet ouvrage il conscientise et décrypte son rejet de sa classe sociale d'origine. C'est le récit d'un jeune adulte qui valorise beaucoup la culture et l'intellect, et s'éloigne de sa famille ouvrière, tout en conservant des idéaux d'extrême-gauche. Il se rend compte de la souffrance qu'il a pu occasionner dans un tel détachement, mais y lit une sorte d'élan vital qu'il explique par ailleurs très bien.
Parfois virulent contre une psychologie trop simpliste (qui prétendrait expliquer l'homosexualité) ou contre quelques grandes figures de la sociologie et de la psychanalyse (Aron, Lacan...), le ton de Didier Eribon peut être à la fois ironique et savoureux... y compris envers lui-même, et ses propres contradictions.
L'angle sociologique ne rend pas la lecture austère, loin de là, elle rend plus saillante encore la révélation de l'intime au coeur de grandes structures sociales dans lesquelles une personne évolue, se transforme, change de place, sans jamais devenir totalement étrangère à sa sphère sociale d'origine. L'écriture donne accès à cette subjectivation, avec une lecture politique et sociale de l'organisation sociale française (et en particulier la sélection sociale dans le domaine scolaire).
Brillant !
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Beaucoup de mépris dans ce texte et bien peu d'amour… on comprend certes une ambition – devenir un intellectuel – puisque l'auteur reconnaît qu'il n'a suivi des études que dans la construction d'une pensée politique complètement décalée de la réalité et en copiant ce qui s'est fait ailleurs (ainsi son DEA n'est obtenu que de cette manière sans qu'il ait lu les auteurs qui forment son sujet…), et on saisit bien que le moteur de cette ambition est l'aversion, mais on ne saisit pas bien, en dehors de l'autosatisfaction de s'être offert une vie confortable, ce que de positif aura animé cette existence… le mépris, en particulier, à l'égard de sa famille devient insupportable à force d'être répété et sans qu'il ne mène jamais, semble-t-il, seulement à une prise de conscience de l'auteur qui se contente de le déverser avec d'autant plus de violence qu'il est exprimé avec indifférence – et on se demande à quoi il sert de devenir intellectuel si c'est pour marquer une telle incapacité de compréhension – des autres… Les passages sur le marxisme et la politique sont aussi superficiels que dépassés puisqu'ils reprennent des schémas de pensée entre une gauche ouvrière et une droite patronale dont il ne semble pas qu'il soit abusif de dire qu'elle est plus que datée, et on pourrait même reprocher à cette pensée qui se veut de gauche une supériorité et une capacité à cliver, à rejeter hors de soi ce qui gêne, une tendance qui pourrait selon les mêmes schémas être jugée comme typique d'une droite – qui ne serait pas la plus centriste… En particulier, j'ai trouvé le mode argumentatif avec lequel il s'adresse à sa mère (p. 141) au sujet de son vote, particulièrement fourbe : comment peut-on avoir écrit sur la honte et s'en être plaint, prétendre être qualifié en politique internationale, et ne trouver pour argument envers quelqu'un dont il ne cesse de rappeler la faiblesse des connaissances que – la honte ? La particularité de la honte est qu'elle se retourne contre qui veut en faire abusivement usage – et c'est bien le cas ici… de fait, si les premières pages laisse envisager par leur très grande littérarité et leur perçant un texte hautement littéraire par une introspection que leur brutalité semble imposer, il n'en est rien : le récit de l'enfance n'est pas approfondi vers une explicitation de la haine que ressent l'auteur. Sartre est cité pour fourni un « principe [d'] existence » : « L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous » : l'auteur indique dans cet ouvrage qu'il n'a fait que du dégoût du dégoût qu'il dit avoir subi – sans jamais montrer qu'il aurait cherché, malgré sa grande érudition qui marque ici son artifice puisque moyen plutôt que fin, ne serait-ce qu'à le comprendre… Ne reste donc que cela : la haine, le dégoût, le mépris, qu'illustre magnifiquement les toutes dernières lignes et qui nous donne singulièrement l'impression d'être pris pour les mêmes imbéciles que ceux dont il parle dans cet ouvrage par une existence de façade qui n'aurait appris à maîtriser les mots que dans le soucis de marquer son mépris des autres et sans aucunement celui de leur donner d'autre sens...
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Le voilà, le livre qui a influencé Edouard Louis pour son roman En finir avec Eddy Bellegueule. Les deux hommes ont en commun de partir de leurs expériences personnelles très proches ; mais là où Edouard Louis transcende la simple réalité pour faire oeuvre littéraire, Didier Eribon lui se lance dans une analyse sociologique passionnante. Partant du constat qu'il a, au fil de ses travaux, beaucoup analysé sa fuite liée à son homosexualité et complètement occulté l'aspect transfuge de classe de sa propre histoire, Didier Eribon revient sur ses années d'adolescence pour décrypter comment il a déjoué le parcours qui se dessinait pour lui, enfant d'ouvriers. le propos est souvent dur et sans aucune concession. Il ne fait pas vraiment dans la dentelle : que ce soit ses proches ou le système (scolaire, économique), tous en prennent pour leur grade. La première partie, dans laquelle son histoire personnelle sert de lien, est très intéressante. Dans la seconde partie, plus théorique, je me suis parfois noyé dans les méandres des idées sociologiques. L'écriture, parfois un peu savante, ne rend pas la lecture de cet essai très fluide.
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Didier Eribon, sociologue et philosophe, à l'occasion d'une remise de prix, a tenté de faire un bilan de son parcours, celui d'un transfuge de classe, et considère sa famille, sa classe, sa ville natale et son environnement qu'il a tenté d'apostasier toute sa vie, d'une manière plus objective.
J'ai été gênée dès le début de ma lecture avec les similitudes de ce récit non seulement avec ceux d'Édouard Louis mais aussi avec Jean-Luc Lagarce ; j'ai essayé de me les expliquer par la chronologie, par la similitude de leur parcours (écrivains, intellectuels, gays, ex-provinciaux, transfuges de classe, en rupture familiale...) qui doit créer un nouveau topos sur le retour d'une telle personne/d'un tel personnage dans la famille quittée : les conversations auxquelles on feint de s'intéresser mais qu'on écoute à peine, les neveux inconnus dont on se contrefiche, la mère qu'on se garde comme point d'ancrage mais sans la surinvestir, le père haï voire craint dont on découvre le corps détruit par la vieillesse et la pauvreté laborieuse et qui (le fils enfui étant revenu oint d'une gloire médiatique et surtout télévisuelle, donc racheté) abjure avec le temps son homophobie et reconnaît son fils. Édouard Louis, qui doit beaucoup aux conseils d'Eribon, a-t-il conscience qu'il a creusé le sillon avant lui ? Et Eribon a-t-il conscience qu'il écrit si tard que cela frôle la réécriture ? En tout cas, son approche est moins littéraire, plus "sciences humaines" plus rigoureuse en fait, je n'ai pas l'habitude et ça m'a bien plu.

Mais Eribon a d'autres références : il cite, entre autres, Baldwin (Conversations, 1989 : to avoid the journey back is to avoid the Self, to avoid "Life") et je vois le Prologue de Juste la fin du monde.

J'ai été emballée par la rétrospective qu'Eribon fait du rôle du Parti (communiste) entre 1950 et 1970 auprès de la classe ouvrière. La définition que Deleuze donne de la gauche dans son Abécédaire est inepte et Eribon souligne que le premier n'a pas pris la peine de la vérifier auprès de qui que ce soit avant de la pondre.

Cf. suite de cette très longue critique sur mon blog au lien ci-dessous.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Après avoir vu sur Arte le film documentaire Retour à Reims (fragments), j'ai voulu lire le livre pour assembler les pièces manquantes des fragments qui permettent de mieux comprendre pourquoi Didier Eribon a mis si longtemps pour parcourir les quelques cent cinquante kilomètres qui séparent Paris de Reims. Un livre très émouvant et très important qui nous permet de mieux comprendre le fossé entre les élites intellectuelles et les milieux populaires depuis la chute de l'Union soviétique en 1989 et la mondialisation.
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Le titre est à prendre bien sûr dans son sens littéral, puisque Didier Eribon est bel et bien retourné à Reims après des décennies d'éloignement, dès que son père a quitté la maison familiale pour un service dédié aux personnes atteintes d'Alzheimer ; mais il revêt aussi un sens symbolique, car, en retournant à Reims, ou plus exactement à Muizon, dans sa banlieue, c'est vers son enfance et sa jeunesse, vers une part de lui-même qu'il avait délibérément rejetée, reniée, qu'il a accepté de revenir, dans un travail de réconciliation avec cette part constitutive de son être.

Ce philosophe et sociologue à la carrière impressionnante nous livre un récit autobiographique touchant, qui mêle histoire personnelle et analyse sociologique et politique. Au fil des chapitres, il explore son passé, restitue l'histoire de sa famille et celle de la classe ouvrière et essaie de comprendre comment sa trajectoire personnelle a pu s'écarter du destin tracé d'avance pour les enfants d'ouvriers. Sa prise de conscience progressive de l'écart entre les classes sociales, de l'effet d'appartenance de classe dans une vie individuelle l'a fait fuir ce milieu d'origine pour devenir autre chose que ce à quoi le destin social l'assignait. Il expose le rôle du système scolaire dans le processus de perpétuation de ces écarts, de ce qui semble « aller de soi » -quitter l'école dès qu'elle n'est plus obligatoire pour les enfants de la classe ouvrière ou faire de longues études, pour ceux de la bourgeoisie ; le film récent de Jean-Gabriel Périot, Retour à Reims (Fragments), dans lequel Adèle Haenel lit des extraits du livre, sur fond d'images d'archives et d'extraits de films, l'illustre de façon saisissante, avec l'interview de jeunes ouvrières tout juste sorties de l'école, qui disent préférer la liberté gaie de l'usine à l'enfermement austère de l'école et ont eu l'impression d'avoir effectué ce choix librement et non d'être victimes d'un déterminisme d'exclusion.

Il tente aussi d'analyser l'histoire des dernières décennies en terme de classes sociales et s'interroge sur les raisons du passage de sa famille et de la classe ouvrière en général d'un vote communiste (eux les patrons vs nous les ouvriers) à un vote d'extrême droite (eux les étrangers vs nous les Français). Il tient pour responsable de ce changement la disparition de la notion de classes sociales dans le discours de la gauche qui l'a remplacée, à son arrivée au pouvoir, par l'idée de responsabilité individuelle et de pacte social. Didier Eribon estime que, en effaçant cette notion de groupes sociaux dans le discours politique, on amène ces groupes et classes à se reconstituer d'une autre manière.

Enfin, il souligne son sentiment d'appartenance à une classe sociale défavorisée en terme de références et intérêts culturels, d'opportunités et de choix, une classe de dominés et d'humiliés, et la honte qui accompagne le contact avec les ressortissants de classes privilégiées. On retrouve la même analyse chez Annie Ernaux, que Didier Eribon cite à plusieurs reprises ; comme elle, il relève ces « prononciations et tournures de phrases fautives, les idiomatismes régionaux » dont il a dû se débarrasser, et des phrases familières à sa famille : « Y'a pas de raison qu'on n'ait pas le droit d'avoir ça nous aussi », « Ils ne sont pas malheureux » et certaines situations où la honte l'empêchait d'être lui-même...

Avant ce retour vers sa région natale, il avait déjà écrit sur les mécanismes de la domination et de la honte (dans Réflexions sur la question gay, en 1999, qui aborde la honte qu'on ressent à ne pas être dans la norme sexuelle), mais jamais dans le domaine social, sur le fait d'être né dans la classe ouvrière, sur son ressenti de transfuge de classe. « Il me fut plus facile d'écrire sur la honte sexuelle que sur la honte sociale » écrit-il. Avec cet essai, il s'explique sur cette honte sociale, incommunicable auparavant, ce type même de honte spontanément caché, qu'il met cette fois en avant pour la faire entrer dans le débat public.
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À propos de Raymond Aron, qui évoque son absence de conscience de classe, Didier Eribon répond : “Il me semble surtout incontestable que cette absence du sentiment d'appartenir à une classe caractérise les enfances bourgeoises. Les dominants ne perçoivent pas qu'ils sont inscrits dans un monde particulier, situé.” p.100-101

Didier Eribon est un sociologue, né dans un milieu populaire. Dans retour à Reims, il questionne son milieu social, et sa trajectoire de classe.
Il y aborde les thèmes de l'homosexualité masculine, du racisme, du vote dans le milieu ouvrier ainsi que la place des femmes dans ce même milieu.

Je me suis un peu reconnue dans ce livre, notamment en ce qui concerne la volonté de m'éloigner de mon milieu social, de le distancier. Mais aussi concernant la question de l'extraction de son milieu. En effet, il évoque le fait que sans relations, sans capital social, les diplômes sont insuffisants pour faire une belle carrière. Sans les rencontres qu'il a faite dans le milieu homosexuel, il n'aurait pas pu s'extraire de sa classe. Il analyse son homosexualité au regard de sa trajectoire de classe, et pense que c'est élément qui l'a fait dévier. Ne s'intéressant pas, et ne se reconnaissant pas dans les codes hétérosexuels masculins, il a dévié. “Il se pourrait bien que, en ce qui me concerne, le ressort de ce “miracle” ait été l'homosexualité.”

Autre élément important et intéressant, il propose des éléments de compréhension sur le vote des milieux ouvriers blancs. Il y a le racisme, et il y a l'abandon de la gauche de gouvernement. Cette dernière a arrêté de parler de lutte de classe mais a préféré parler de “vivre ensemble”, ou encore ne parlait plus “d'exploitation et de résistance, mais de “modernisation nécessaire” et de “réformation sociale.””
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