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sur 1165 notes
Quelques pages, vite lues et qui seront sûrement vite oubliées. Une question me taraude cependant. Pourquoi Annie Ernaux, à quatre-vingts ans passés, a-t-elle eu le besoin d'écrire ce récit ? La réponse est sans doute dans l'exergue du livre : « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'au bout, elles ont été seulement vécues. »  Certes, mais pourquoi un accouchement si tardif, car ce qui a été vécu est la relation amoureuse de l'auteure, alors cinquantenaire, avec un homme de trente ans plus jeune ? le passé revisité est-il source d'inspiration littéraire ou source d'aspiration à un temps révolu ? Seule l'écriture peut rendre présent ce qui n'est plus, cautériser les blessures du passé, redonner naissance à un embryon avorté. Outre se remémorer un amour, en écrire le récit a sans doute permis à Annie Ernaux d'être en paix avec elle-même. Quant au lecteur, il est possible que certains passages le rejoignent. Pour ma part ce livre ne m'a guère touchée.

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Avec le temps…avec le temps va tout s'en va ?

« Avec lui je parcourais tous les âges de la vie, ma vie ».

En peu de mots couchés sur quelques pages, Annie Ernaux écrit son essentiel.

A cinquante-quatre ans, à travers une liaison avec un jeune homme de trente années de moins qu'elle, le reflet de la jeune fille qu'elle fût se dévoile sur le miroir du présent gravé d'expériences.

Un récit très intimiste, un regard en perspective sur ses origines sociales, osant une puissante résonnance avec son passé familial, féminin, bravant scandales et conventions sociales.
« Il était le porteur de la mémoire de mon premier monde ».

Je découvre Annie Ernaux avec ce texte d'une brièveté qui m'a néanmoins surprise ; et, j'en ressors mitigée. J'y ai lu une mise à nue de la part de l'autrice, des révélations sans fard, une défiance quant à l'opposition de deux milieux sociaux et un parallèle qui m'a interpelée entre cette relation et l'avortement auquel elle fait référence et sujet d'un autre de ces livres (mais ce n'est que mon ressenti).
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38 pages sans les pages blanches (avec un texte en gros caractères et de nombreuses lignes blanches entre chaque paragraphe) 8 euros. Si Balzac avait été payé à ce tarif, il aurait été l'homme le plus riche du monde. Ce n'est pas de la littérature, c'est une opération commerciale. Je suppose qu'Annie Ernaux, dans l'urgence absolue de nous communiquer ce souvenir qui remonte à 30 ou 40 ans ne pouvait pas attendre de faire une deuxième nouvelle pour étoffer un peu son livre.

Bon je suis de mauvaise foi, car je n'ai pas payé le livre je l'ai lu au super U, 15 minutes suffisent amplement.

Sur le fond et la forme, cette nouvelle se lit sans problème, mais on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi faire un livre à ce prix pour si peu. le livre n'est pas une marchandise, mais je dois dire que je suis resté sur ma faim.

Gallimard veut profiter de la notoriété de l'auteure, car le coût de production d'un tel opuscule est de l'ordre de 40 centimes ! La marge est ENORME, peut-être qu'une partie des bénéfices est reversée aux écrivains nécessiteux.

On dit d'Annie Ernaux qu'elle a une écriture "blanche", je pense qu'elle vient de rajouter une corde à sa plume : la "page blanche".


— « Le jeune homme », Annie Ernaux Gallimard (2022) 38 pages.
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Dans les années 2000, alors qu'elle a passé la cinquantaine, Annie Ernaux entame une relation avec un jeune homme de trente ans son cadet. Cette expérience, elle va la vivre comme une redite de son passé, la représentation théâtrale de ses années perdues. Car chez ce jeune homme, tout fait écho à sa propre jeunesse : la ville de province où il vit, sa condition d'étudiant précaire, la différence d'âge qui lui rappelle le temps où elle se sentait «scandaleuse ». Annie Ernaux vit tout cela dans l'insouciance, jusqu'à ce qu'elle réalise que le jeune homme habite juste en face de l'hôpital où elle fut admise, jeune femme, à la suite d'un avortement clandestin…

J'ai trouvé intéressant le fait qu'Annie Ernaux ai eu besoin de cette relation pour enfin parler du traumatisme vécu, comme si elle vivait là, avec ce jeune homme «qui aurait pu être son fils », l'accouchement qui n'a pas eu lieu à l'époque.
Le jeune homme est instrumentalisé et même si c'est totalement inconscient pour Annie Ernaux au moment de leur relation, on ne peut s'empêcher de ressentir un malaise. Ce que j'ai trouvé assez réussi.

Un récit introspectif sensible, qui m'a interpellé, même si le style dépouillé et le format très ramassé me laisse un peu sur ma faim.
« Ah non ! C'est un peu court jeune homme… ».
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Juste après avoir lâché le cabas à commission et déchaussé avec grâce ses louboutins Annie (Nous nous permettons le petit nom: depuis le temps que l'on la lit on peut se le permettre) s'envoie en l'air sur les paroles de « she lives in the love street » des doors She lives on Lovestreet, lingers long on Lovestreet, (Elle habite Rue de L'Amour, flâne Rue de L'Amour)

C'est hot ! Elle aurait pu le faire sur celles des « sucettes » de Gainsbourg. C'est tout aussi chaud (hot) et de la même époque mais l'anglo-saxon c'est le top et c'est moins exotique et un peu plus salace (et fin) on connaît Gainsbarre et France Gall. Quoique, pour une telle entrée en matière (Nous parlons du coït)On aurait plutôt vu une charge de décibels du style Led Zep avec «Wanna whole lotta love ...you need... looooove » sur musique endiablée mais decrescendo

Donc «Des dimanches inoubliables» se font non pas «près des casernes» mais près de l'Hôtel Dieu de Rouen qui, nous rappelle -t-elle, a vu un des hauts faits féministes balbutiants de l'époque, son accouchement clandestin.
Waou quelle femme!
Petit rappel pour son livre «L'Événement» qui y fait allusion: il y a un peu plus de pages, 129 exactement et doit encore être édité donc n'hésitez plus!

Un condensé de vie de quinqua féminine vécu à 100 à l'heure: «Vivre vite, mourir le plus tard possible et faire un beau cadavre» mais avant consigner tout ça en brochure de 37 pages, véritable cordial pour dames âgées, pour ne rien oublier !L'histoire jugera.
«Non je n'ai rien oublié» chantait Aznavour: nous malheureusement nous essayerons de le faire.

Écriture plate et dépouillée comme toujours mais maintenant chaude (hot) et sulfureuse et donc une thérapie séniore par l'écriture
Car il a semblé nécessaire de conclure cette belle aventure, on est tenté de dire «essai philosophique avec pratique programmée en vue de mémoires testamentaires tarifées» par un écrit à 8 € les 37 pages !
"... c'est cher et c'est moche, ça ne va avec rien, et c'est non remboursable par l'Ameli." aurait pu dire Karl Lagerfeld

On notera cependant, cette inaltérable vision des choses de la vie quotidienne chère à Annie allant jusqu'à nous parler de la lunette des WC (qui heureusement n'étaient pas fermés de l'intérieur)

Pathétique, disons nous, que cette auteure intéressante fasse du « testamentaire » en cherchant par des formules philosophico-sociales maladroites, hésitantes qui se cherchent pour être mieux comprises, plaquées ça et là, avec mauvais goût! La fatigue sans doute mais qui ne l'a pas empêché d'assumer un «spécial Annie Ernaux» avec le sirupeux Busnel à la sortie de sa brochure

Une inversion des rôles la princesse charmante ou plutôt reine mère un peu fanée mais encore verte et le jeune éphèbe «blanc-neige» qui voudrait redevenir foetus. Inversion parfaitement assumé avec un «lâche moi la grappe» viril.
Waou; quelle femme!
Vision du matriarcat très fun! Prix Virilo en vue

On voyais Annie comme une auteur à textes, plats certes, mais instructifs, une philosophe de la vie domestique mais à la suite de cette brochure on ne peux s'empêcher maintenant de la voir en goule goulue ou cougar sulfureuse et éphébophile attifée à la Catwoman et ondulant au rythme des Doors.
Waou quelle femme!
Quel écrit à 82 ans bravo l'artiste!

Bon toujours est-il que nous avons un peu honte pour elle et nous en avons un peu de peine. Elle aurait pu garder ça pour elle ou lui (on se demande bien ce qu'il peut en penser lui de ce bouquin pas flatteur) mais si ça peut l'aider à passer un cap qui sommes nous pour la critiquer ? On vous le demande !!

c'est pas tout ça maintenant je vais regarder «tatie Danielle»

«whole lotta love ...you need... looooove » …

note pour les fauchés; le lire à la sauvette en bibliothèque ça ne prend pas de temps et ça évite de l'acheter.8€ une histoire de fesses, plate (l'histoire) et introvertie de mamie!
On préfère un cornet de glace
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Déception, je le dis tout de suite pour ce roman très court et , à mon avis, sans intérêt.
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Annie Ernaux dans " La Honte" , " Une femme", "L'évènement", " La Place", " Regarde les lumières mon amour" mais cette histoire d'amour entre une femme mûre et un "jeune homme" ne m'a fait ni chaud, ni froid.
Peut-être suis-je passée à côté, c'est possible!

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L'histoire se passe en 1999; une passion brève pour un jeune homme A. Elle avait 54 ans et lui à peine plus de 20, ce qui paraissait scandaleux (une cougar dirait-on de nos jours), il était follement amoureux: cela ravive des souvenirs de jeunesse chez elle, fille scandaleuse qui prend des distances avec son origine populaire. Il voulait un enfant d'elle mais elle ne peut plus concevoir.
En 63, elle avait avorté et a eu ensuite deux enfants.
L'histoire se termine quand A quitte Rouen pour Paris mais "si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues"...Elle éprouve "la certitude qu'il n'y avait pas de jouissance supérieure à celle de l'écriture d'un livre".
Cette aventure déclenche le désir d'écrire sur son avortement, qui a eu lieu alors que A n'était même pas né: la rupture a eu lieu au moment où ce récit de l'événement est écrit, terminé.
On est au plus près de ce qu'est l'écriture pour Annie Ernaux.
38 pages, 8 euros pour 1/4 d'heure de lecture: c'est un peu énervant mais en écrivant ce billet qui m'a pris plus de temps! je me sens moins éloignée de l'autrice dont j'avais été assez proche dans La Place (à cause de l'aspect transfuge de classe)
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Quelles peuvent être les raisons de la publication et du succès public d'un écrit aussi insignifiant ? Après trois lectures successives de l'intégralité de l'oeuvre, je m'interroge encore mais c'est sans doute par méconnaissance de ce qu'est l'essence même de la littérature. Pour ce qui est de la réussite de l'entreprise en termes de ventes, j'ose naïvement suggérer que sa brièveté n'y est pas étrangère lorsqu'on sait la désaffection que connaît la lecture.
Sans doute consciente que "Le jeune homme" ne trouvera pas sa place dans l'histoire de la littérature, Annie Ernaux prend soin de se justifier :
"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont été seulement vécues."
Passe encore qu'elle écrive ces "choses", chacun a le droit d'écrire son journal intime, mais pourquoi donc ressentir le besoin de les faire connaître à la terre entière ? Pour faire savoir qu'elle a réussi à inverser le schéma traditionnel de l'homme mûr accompagné d'une femme bien plus jeune que lui et que de la sorte elle fait avancer le combat de ses soeurs pour l'égalité ?
A-t-elle conscience par ailleurs du mépris qu'elle témoigne pour son jeune amant A. , lui qui lui rappelle son enfance passée auprès de gens de peu, ceux qui "agitent le sucre dans leur tasse de café pour qu'il fonde (sic) plus vite", ceux qui coupent leurs spaghettis ou qui mangent les morceaux de pomme au bout d'un couteau ? Quelle trouvaille d'écrire que la rupture avec A. lui rappelait son avortement subi en 1964: "Comme si je voulais le décrocher et l'expulser comme je l'avais fait de l'embryon plus de trente ans auparavant." !
Un livre dispensable s'il en est mais qui a le mérite de montrer que l'on peut tout se permettre quand on est devenu l' icône d'une certaine intelligentsia.
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Moi, moi et encore moi !
30 pages, les dimensions d'une nouvelle : "...ce désir de déclencher l'écriture du livre - que j'hésitais à entreprendre à cause de son ampleur." On peut rire ?
Une émission entière de "La Grande Librairie" (France 5) consacrée à cette publication - ce que c'est quand même que d'avoir des relais dans les médias - dans laquelle l'animateur (un journaliste ?) ne sait pas, comme à son habitude, pousser les auteurs hors leurs retranchements et de leurs silences ; on est très très loin des "Lectures pour tous" de Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes, ainsi que plus récemment des entretiens Alain Veinstein sur France Culture à minuit où le journaliste savait vraiment écouter les auteurs interviewés et partager avec eux leurs interrogations.
Dans cette espèce de nouvelle, tout est centré sur l'auteure-narratrice ; le jeune homme, "A" auquel l'auteure n'accorde même pas l'obole de la sonorité d'un prénom (A ce pourrait être aussi "Ah ?"), n'est ici qu'un objet ; elle ne cache d'ailleurs pas le mépris intellectuel qu'elle éprouve à son égard : rien n'est dit de leurs échanges en dehors du sexe. Il n'est question que de l'égo de l'auteure-narratrice.
L'incipit de ce livre :"Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu'à leur terme, elles ont seulement été vécues." Pourquoi "les choses" (?!) doivent elles aller à leur terme ? Traiter cette relation de chose en dit suffisamment sur son auteur.
Où es-tu Mallarmé : "“Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.” ?
Où es-tu Jorge Semprun ? Il est temps que je relise "L'écriture ou la vie."
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Ce texte très court relate une aventure amoureuse de l'autrice alors âgée de 54 ans avec un un homme plus jeune qu'elle de 30ans. Comme dans d'autres livres, le décalage temporel entre le vécu et son rendu littéraire est important et on s'interroge sur ce qui déclenche Chez Annie Ernaux le besoin de raconter avec un tel décalage. On sent bien que ce qui a été vécu ne l'a été vraiment complètement que si une narration littéraire le consacre en le figeant dans l'espace et le temps. L'histoire est banale mais elle fait référence à d'autres épisodes de son oeuvre comme des clins d'oeil à un passé révolu mais assumé parce qu'il a été écrit.
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