LE CHŒUR : Le désir de Zeus n'est pas aisé à saisir ; mais en tout cas il flamboie même dans les ténèbres, alors que la noire infortune fond sur la race des mortels.
Quand Zeus a décidé dans sa tête l'accomplissement d'une chose, elle tombe à coup sûr, et jamais à la renverse. Les voies de sa pensée vont à leur but, cachées sous une ombre épaisse que nul regard ne saurait percer.
Du haut de leurs ambitieuses espérances il précipite les mortels dans le néant, mais sans s'armer de violence : rien ne coûte de peine à un dieu. Sa pensée qui plane au haut du ciel exécute de là tous ses desseins, sans quitter son siège sacré.
LES SUPPLIANTES.
Et la terreur alors saisit tous les barbares, déçus dans leur attente ; car ce n'était pas pour fuir que les Grecs entonnaient ce péan solennel, mais bien pour marcher au combat, pleins de valeureuse assurance. et les appels de la trompette embrasaient toute leur ligne. Aussitôt, les rames bruyantes, tombant avec ensemble, frappent l'eau profonde en cadence et tous apparaissent bientôt en pleine vue. L'aile droite, alignée, marchait la première en bon ordre. Puis la flotte entière se dégage et s'avance, et l'on pouvait entendre, tout proche, un immense appel: « Allez, enfants des Grecs, délivrez la patrie, délivrez vos enfants et vos femmes, les sanctuaires des dieux et les tombeaux de vos aïeux : c'est la lutte suprême ».
Les Perses, 385-405 - Édition Les Belles Lettres - série grecque - traduction Paul Mazon
le Chœur: Mais alors, sire Darios, sur quelle conclusion s'arrêtent tes discours? Comment , après cela, pourrons-nous, nous, Perses, agir au mieux?
Darios: En ne portant plus la guerre sur terre grecque, l'armée des Mèdes fût-elle encore plus forte: le sol lui-même se fait leur allié.
PROMÉTHÉE. Oui : j'ai guéri les hommes d'être hantés par la de leur mort.
LE CORYPHEE. Quel remède as-tu su découvrir pour ce mal ?
PROMÉTHÉE. J'ai logé en eux des espérances qui les aveuglent.
LE CORYPHÉE. C'est un immense bienfait que tu as procuré là aux hommes !
(dans Prométhée enchaîné)
Les coques se renversent ; la mer disparaît sous un amas d’épaves, de cadavres sanglants ; rivages, écueils, sont chargés de morts, et une fuite désordonnée emporte à toutes rames ce qui reste des vaisseaux barbares – tandis que les Grecs, comme s’il s’agissait de thons, de poissons vidés du filet, frappent, assomment, avec des débris de rames, des fragments d’épaves ! Une plainte mêlée de sanglots règne sur la mer au large, jusqu’à l’heure où la nuit au sombre visage vient tout arrêter.
(Les Perses)
ESCHYLE — Le Chœur & le Sacré (UNIVERSITÉ NANTERRE, 1994)
Un cours audio de Émile Lavielle enregistré le 8 février 1994 pour l’Université de Nanterre.