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EAN : 9782866422080
122 pages
Cahiers du cinéma (07/03/2001)
4.62/5   16 notes
Résumé :
Alexandre est un oisif. Il passe son temps dans les cafés germano-pratins à lire, à discuter, à regarder les filles. Le soir, il retrouve Marie chez elle. Il a d'autres aventures. Veronika notamment, qui peu à peu envahit sa vie.
Ce « texte de feu », comme le disait Bernadette Lafont, est écrit à partir de la vie et de la passion, mais jamais Jean Eustache ne cède à la tentation d’imiter la vie de façon naturaliste. C’est bien d’écriture et de recréation litt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« c'est un film unique qui ne ressemble à rien d'autre »
Il accroche par son titre, il explose sous nos regards, calmement, chaque plan démontre une maîtrise technique rare. D'emblée le personnage joué par Léaud nous séduit, par sa verve sans gêne. La durée du film (3h40) dénote une grande indépendance, l'emploi du noir et blanc semble être une provocation de plus. L'utilisation du champ / contre-champ ne laisse rien au hasard et suppose un travail, une réflexion et une connaissance profonde du cinéma. Dès lors les échanges de paroles ne sont plus simplement traités en va-et-vient mais selon une économie du déséquilibre très subtile : la caméra se focalise sur celui qui parle, moins sur celui qui écoute, l'effet d'attente ainsi créer rend d'autant plus sensible la réception des mots.
L'utilisation de la durée permet aussi de long plan fixe et pousse le spectateur hors des limites traditionnelles, mais tout est fait dans la construction de l'ensemble, l'écriture sublime, pour que l'on soit à l'écoute ; et notre attention est en permanence aiguisée. Mis à part les nombreuses qualités de l'image et su son – notamment dans les scènes de café – c'est le travail d'écriture de Jean Eustache qui frappe
le spectateur-lecteur.
La vérité, la pureté et la crudité de ces mots donnent une tension surprenante à l'ensemble du film, un souffle brûlant, de gaieté et de révolte. « le langage est une peau : je frotte mon langage contre l'autre. C'est comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L'émoi vient d'un double contact : d'une part, toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l'alimente, le ramifie, le fait exploser (le
langage jouit de se toucher lui-même) ; d'autre part, j'enroule l'autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j'entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire auquel je soumets le relation » (idem). La densité du jeu des acteurs est marquante, Eustache est une exigence presque surhumaine, et la longueur, la beauté des monologues, nous montre la force d'un « discours » plein de sincérité et d'émotion, et il nous dévoile peu à peu la douleur d'un écorché vif : « J'ai fait ce film parce qu'une femme m'a quitté. Et j'espérais qu'elle
reviendrait », dit Jean Eustache.
La vie se dévoile dans ce film, de manière étonnante. Dans l'économie du discours les femmes prennent donc le dessus, notamment Véronika. On est sous le choc, car on éprouve que trop rarement un tel plaisir au cinéma. Il ouvre sur la vie et sa complexité, et vous donne finalement le vertige. « Parler en dernier, conclure, c'est donner un destin à tout ce qui s'est dit, c'est maîtriser, posséder, dispenser, asséner le sens (…) par le dernier mot, je vais désorganiser, « liquider » l'adversaire, lui infliger une blessure (narcissique)
motelle, je vais l'acculer au silence, le châtrer de toute parole » (Barthes encore)
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Le film est l'un des plus grands de l'histoire du cinéma français , un ovni devenu culte , symbole d'une époque révolue ou le 7 éme art français avait une voix originale , puissante et forte . La lecture du scénario d'Eustache compléte remarquablement la découverte du film . On y retrouve ici la puissance des mots , l'intelligence de l'histoire , la singularité de cette oeuvre inclassable . Un chef d'oeuvre , ni plus , ni moins .
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Lyrique. Envie de le revoir, après avoir vu le film de Michael Dacheux, l'Amour debout. Avec une belle équipe d'acteurs et d'actrices et toujours Paris qui est toujours beau, quand on aime le cinéma. Le monologue est toujours aussi impressionnant. Du cousu main. Merci!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'ai souvent souhaité un nouveau réveil, pour renaître, tout ressentir à nouveau, les joies, les peines et tout et tout. Je crois aujourd'hui ce réveil trop grand ou trop dangereux pour l'homme que je suis Cette porte vers la félicité qui me visite dans mes rêves peut je crois n'être que celle de la mort.

Peine perdue (fragments d'un scénario abandonné).
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"Je croyais que les gens qui travaillaient étaient plus équilibrés que les autres, ou au moins qu'ils faisaient semblant."
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C'est curieux. Je n'ai pas cessé de souffrir. Je ne me suis pas accroché à toi mais à ma souffrance. J'ai essayé de la retenir pour te garder près de moi. Pour nous garder. Le jour où je m'en sortirai, comme tu dis, où je ne souffrirai plus, c'est que je serai un autre.
Et je n'ai pas envie de devenir un autre parce que ce jour-là nous ne pourrons pas nous retrouver. Tu sais, je ne suis pas dupe. Il y a le temps qui passe... Je ne pourrai pas lutter très longtemps contre lui. Aujourd'hui, je suis venu te chercher. Si tu ne sais pas ce que tu veux il sera peut-être trop tard quand tu le sauras...
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[Alexandre] Je crois que je confondais le jour et la nuit. Vous savez comme les gens sont beaux la nuit, c'est comme Paris, Paris est très beau la nuit, débarrassé de sa graisse que sont les voitures. J'avais coupé le monde en deux. J'étais tombé amoureux des gens de la nuit. Je les trouvais très beaux. Je refusais obstinément de les voir le jour. Je passais mon temps à boire, à jouer, à fumer, à faire l'amour. J'avais de l'argent, un peu d'argent, quand j'ai de l'argent je ne fais plus rien, je déteste cette attitude des gens qui veulent en avoir toujours plus. Le matin, je prenais un dernier verre au comptoir des cafés, avec les gens qui venaient de se lever, avec leurs gueules d'abrutis pour aller travailler. Et je rentrais. Elle se levait pour aller travailler. Elle me réveillait en revenant. L'hiver je ne voyais plus le jour. Petit à petit, elle n'a plus rien compris à ma vie, ni moi à la sienne ; elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.

(scénario brut de tournage)
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Elle remonte.
VERONIKA. J'ai pensé à vous dans les chiottes. Il y a un graffiti.
"Ma rage d'aimer donne sur la mort comme une fenêtre sur la cour" et quelqu'un a écrit dessous "Saute Narcisse".
ALEXANDRE. Ca vous a fait penser à moi.
VERONIKA. Ca vous ressemble non ?
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Videos de Jean Eustache (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Eustache
Cette semaine arrive en salles un Everest de trois heures quarante qu'il faut absolument gravir.
Portrait saisissant de la société française post-Mai 68 autant qu'analyse sans tabou du sentiment amoureux à l'heure de la libération sexuelle, "La Maman et la Putain" est enfin de retour sur les écrans (dans une version magnifiquement restaurée), cinquante ans après avoir reçu le Grand Prix spécial du jury au Festival de Cannes.
Tous ceux qui ont eu la chance de découvrir le chef-d'oeuvre de Jean Eustache vous le diront : on ne se remet jamais de la vision d'Alexandre (Jean-Pierre Léaud) partageant son lit et sa lâcheté avec Marie (Bernadette Lafont) et Veronika (Françoise Lebrun) ; de leurs monologues sans limites ; des gros plans en noir et blanc qui retrouvent la poésie et l'innocence du muet.
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