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Bibliothèque nationale de France (Collaborateur)
EAN : 9782711858569
382 pages
Réunion des Musées Nationaux (07/04/2011)
4.25/5   8 notes
Résumé :

De l'époque angoissée des Noirs (fusains, lithographies) jusqu'à la profusion colorée des dernières ouvres, Odilon Redon (1840-1916) a profondément marqué la génération symboliste, avant celle des Nabis et des Fauves. Il a été l'explorateur des méandres de la pensée, des labyrinthes de l'âme.Quand l'exposition retrace le parcours chronologique d'une oeuvre aussi foisonnante que variée, l'album, lui, propose de s'attarder sur certains traits de cette diver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
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C'est l'histoire d'une surprise, puis d'un émerveillement : le mien…
J'étais venu insouciant au Grand Palais à Paris en cet après-midi de début juin, dans un esprit de découverte d'un peintre moderne que l'on disait symboliste. Je savais que cet artiste avait vécu l'aventure impressionniste puisqu'il avait participé à la huitième et dernière exposition du groupe en 1886. Etrangement, je ne connaissais que son nom et ignorais son oeuvre. On le disait discret, renfermé, singulier dans son travail…
Je gardais précieusement dans ma bibliothèque un vieux bouquin « Peints à leur tour », daté de 1948, écrit par Thadée Natanson, important critique d'art, fondateur et rédacteur en chef de la Revue Blanche à la fin du 19e. Il avait bien connu Odilon Redon et l'avait surnommé le « prince du rêve ». Quelques phrases de ce livre m'avaient intrigué :
« Pour donner de formes sensibles, mais aussi de cheminements abstraits, une expression toujours purement plastique, […] personne n'aura trouvé de moyens plus simples, mais plus efficaces et plus originaux. »
« Dans le royaume lointain du lithographe, […] les noirs d'Odilon Redon, qui sont parmi les plus noirs qui aient été tirés, réalisent sur le papier les ténèbres. Monsieur Degas, connaisseur difficile, disait son admiration de ces noirs. »
« Les créations de Redon ne ressemblent qu'à elles-mêmes. Tantôt grâce à une sagacité de l'inachevé, tantôt par un très personnel accent de tristesse. »

Dans la première salle, silencieuse, je ne vois que des petites oeuvres accrochées l'une à côté de l'autre dans la pénombre : dessins au fusain, eaux-fortes, gravures. Je lis sur un mur que l'essentiel de l'oeuvre du peintre, jusque vers sa cinquantième année, reste de façon presque exclusive dans le noir. « le noir est en somme la couleur la plus essentielle, n'est-ce pas ? disait Redon à Emile Bernard. »

La plupart des gravures de Redon qu'il avait publiées dans une douzaine de recueils lithographiques, sont exposées : Dans le rêve, À Edgar Poe, Les origines, Hommage à Goya, La tentation de Saint Antoine, À Gustave Flaubert, Les fleurs du mal, Les songes…
Une grande liberté anime le travail de cet artiste original. Tous les sujets ont retenu l'attention du dessinateur : visages, corps, chevaux, arbres, fleurs, paysages. L'univers de Redon, exprimé sur un mode intimiste à la façon d'un Gustave Moreau, est sombre, fantastique, énigmatique : Une tête sans corps repose sur un plateau. Une étrange araignée à tête humaine nous sourit.
Cette première partie de l'exposition se termine. Les yeux d'enfants de Redon exploraient-ils ses origines ? : résonance intime de son âme… émerveillement et angoisse de la petite enfance…
« L'art est une fleur qui s'épanouit librement, hors de toute règle ; il dérange singulièrement, ce me semble, l'analyse au microscope de savants esthéticiens qui l'expliquent. »


Puis la couleur jaillit… le jour succède soudainement à la nuit…
Un sentiment d'espace métaphysique, de légèreté, de joie simple, transfigure les toiles qui m'entourent. Les murs présentent une symphonie musicale dont les couleurs chatoyantes sont les notes.
Odilon Redon a 50 ans en 1890. Jusqu'à son décès en 1916, le peintre va travailler sur la couleur, avec une préférence pour la technique du pastel qu'il épouse définitivement. Son art est ravivé. Il écrit à Emile Bernard en 1895 : « Je délaisse de plus en plus le noir. Entre nous, il m'épuisa beaucoup, il prend, je crois, sa source aux endroits profonds de notre organisme. »

« Les yeux clos », daté de 1890, est l'oeuvre qui semble faire la transition du noir vers la couleur. La figure surgit dans l'aube grise comme émergeant de l'eau, sorte d'image christique de la résurrection.
Cette lumière éclatante m'éblouit… Je repense à ces levers de soleil qui trouent la nuit à l'aurore et envahissent d'un coup le ciel de lueurs flamboyantes.
Des motifs divers m'apparaissent : de magnifiques portraits de femmes, une Jeanne d'Arc nimbée de rouge, des êtres mystiques ou mythologiques, Vénus sort d'un coquillage. La voile d'une barque mystique est portée par une onde verte sous un ciel d'or et d'argent, l'intensité du jaune de la voile juxtaposé au bleu de la quille fascine. Un cyclope, redoutable géant, semble attendri et suppliant, comme figé d'admiration devant un nu féminin.

Très touché par le décès de Gauguin aux Marquises en 1903, Redon fait un portrait posthume « Portrait de Paul Gauguin » du peintre qu'il admire.

J'observe des vases de fleurs des champs. Les tons purs du pastel les rendent aériennes, légères, lumineuses. Je n'avais encore jamais vu une telle réunion de pastels. Les tonalités veloutées sont somptueuses.

Un talent unique ! Un grand poète ! Ce peintre mystérieux puisant son inspiration dans les méandres de son inconscient, de ses rêves, m'avait totalement séduit. Il refaisait le monde à son image :
« On a tort de me supposer des visées. Je ne fais que de l'art. »

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A l'occasion de l'exposition « Odilon Redon, prince du rêve, 1840-1916 » présentée au grand palais à Paris (23 mars-20 juin 2011) parait ce catalogue, richement illustré de près de 300 estampes, peintures, pastels, fusains et dessins, dont plusieurs inédits pour former un ensemble exceptionnel montrant l'évolution de l'artiste dès ses débuts en 1855 jusqu'à sa mort en 1916.
Contemporain des impressionnistes, Odilon Redon a joué un rôle essentiel dans la genèse du symbolisme au tournant des 19ème et 20ème siècles. Après de grandes monographies à Londres et à Francfort, cette exposition a permis de le redécouvrir à Paris pour la première fois depuis 1956 et pour ma part, de le découvrir. En effet, je ne connaissais pas du tout l'oeuvre de cet artiste français et c'est Patti Smith qui m'a donné envie de le connaitre en l'évoquant dans son excellente biographie « Just kid ». Je lui en suis reconnaissante car le travail d'Odilon Redon est exceptionnel.
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Instantané de l'exposition du Grand Palais consacrée à Odilon Redon, ce catalogue est l'occasion rêvée pour s'initier à l'univers du peintre, grand explorateur des mystères de l'âme et du subconscient. L'onirisme et le bestiaire cauchemardesque dépeints par l'artiste sont autant d'intertextes littéraires (Baudelaire, Poe, Verhaeren), que de jalons posés vers la naissance du symbolisme et du fauvisme.
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Un beau petit catalogue qui permet de garder une trace de l'exposition comme on le demande à tout catalogue, mais il est un peu dommage que la mise en page ne donne pas une idée de l'envergure de certaines pièces, comme le décor de la salle à manger du chateau de domecy, je me serais attendue à ce qu'il y ait au moins une photo de mise en situation.
Les couleurs sont belles, les noirs sont bien rendus, le papier a un toucher agréable. Un extrait conséquent de l'oeuvre d'Odilon Redon qui en donne un bon aperçu, et à un format assez compact pour ne pas trop encombrer la bibliothèque.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
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Mon père me disait souvent : « vois ces nuages, y discernes-tu, comme moi, des formes changeantes ? » Et il me montrait alors, dans le ciel muable, des apparitions d'êtres bizarres chimériques et merveilleux.

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Tout se crée par la soumission docile à la venue de l'inconscient.

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Peintre de l’imaginaire et du subconscient en pleine époque naturaliste, contemporain des impressionnistes, avec lesquels il exposera en 1886, mais dont il ne partageait pas la vision, Odilon Redon demeure un artiste à part.
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