L'histoire est toujours présente dans les romans de Fajardie. Dans celui-ci elle est centrale, puisque ce court roman publié en 1988 est dédié aux combattants républicains de la guerre d'Espagne.
Louis Mena, militant de la lutte des classes, Henri
Sajer – Riton – son ami marié et père de deux enfants, et Robert Harszfield, orphelin juif, l'intellectuel de l'usine, sont tous les trois employés par l'Electromécanique de Savoie à Ivry-sur-Seine. Par esprit de vengeance, par conviction politique et par amitié, ils décident de partir en Avril 1938 combattre au côté des Républicains en Espagne, alors que ceux-ci sont déjà en position difficile après la progression des fascistes fin 1937. Pas sûrs d'en revenir tous les trois, ils vont vivre la dernière année de cette guerre, la terrible bataille de l'Ebre et les dissensions internes et règlements de comptes entre Républicains espagnols.
Tout le charme des romans de Fajardie est là, et sa pertinence ne cesse de croître dans notre époque dans laquelle il est si facile d'oublier d'où l'on vient : son style sobre et nerveux, l'épaisseur des personnages qu'on aimerait tellement côtoyer, une forme de désillusion sans désespoir, et un lien toujours visionnaire entre passé et présent.
En postface, «
Une charrette pleine d'étoiles» est complété, aux Editions Mille et une nuits, par un bel hommage de
Jérôme Leroy au grand talent de Fajardie, sous le titre «Un cassandre maoïste».