La fille du diable

: Il était une fois dans cette histoire l'aventure audacieuse, amoureuse et présomptueuse du paysan Jean qui succomba au charme d'une créature ailée au corps de femme.
Il en tombera tellement amoureux qu'il sera près à passer le test paternel pour demander sa main.
Les pères n'aiment pas toujours se séparer de leurs filles aussi il devra tenir bon pour se montrer à la hauteur de la jeune fille donnée en mariage.


La mise en place de ce conte nous en rappellera d'autres sans doute comme le permet régulièrement le conte qui voyage et qui nous revient ni tout à fait le même ni tout à fait différent.

L'expérience du jeune paysan de l'histoire, Jean, curieux et tombé en amour pour l'une des jeunes "filles du diable" qui se baignent dans un lac près de chez lui, rappellera peut-être la légende inuit de la femme phoque, avec cet homme si aimant au point qu'il cachera la peau de phoque de son épouse magique pour que jamais elle ne reparte. Celui-ci était un conte sur l'amour sincère et mais possessif.

Dans ce nouveau conte, point de peau de phoque, de serpent ou plumes de grues sauvages, les amateurs de contes remarqueront peut-être que ces trois créatures débarquant dans la campagne du personnage, rappelleront aussi les sirènes telles qu'elles sont décrites dans l'oeuvre d'Homère plutôt que d'Andersen: des sortes de harpies ailées au torse de femme.
Notre paysan ne se laissera pas intimider par les artifices et ne renoncera toujours pas devant les mises en garde de la jeune fille sil veut demander sa main à son père:
"... chez papa, ne mange ni ne bois.
Refuse net tout ce qu'il t'offrira.
Va au rebours de ce qu'il dira.
Et surtout, surtout...
Quoi qu'il désigne du doigt,
Ne te tourne pas! N'y regarde pas!
Sans quoi, il te tordra le cou..."

Voici qui devrait en décourager plus d'un mais Jean est amoureux. Jean est-il ensorcelé?
Les baisers de la jeune fille seront-ils doux comme la plume ou ardents comme les braises?
A t-il toutes ses chances de battre le diable à son jeu: la roublardise?
Nous comprendrons rapidement que la suite se trouvera rythmée et animée de toutes ses conditions émises par la fille du diable.
Aurions-nous bonne mémoire dans pareille cas?
L'affaire nous paraitra doublement intéressante puisque la jeune fille demandera aussi à son promis de ne pas se montrer poli devant les bonnes règles d'hospitalité, de ne pas se montrer sous son meilleur jour de prétendant.
C'est assez tordu, n'est ce pas?
Pas la meilleure façon de se faire accepter dans la famille diabolique par beau-papa cornu.
Pourtant, cette irrévérence devrait selon la belle lui sauver la vie.

On adore ce papa filou qui mettra innocemment au défi le prétendant de lui rapporter du pain avant la nuit tombée avec le blé qu'il aura fait pousser dans un bois rempli d'une forêt encore présente.
Ceci ne prend-il pas du temps?
Et de plus, il lui fait offrir pour l'aider une hache de verre et une scie de carton.
Grand seigneur, ce roi diable.
Ceci ne sera que le début des missions impossibles et les lecteurs devraient s'en amuser. C'est un jeu de dupes et clairement, cette histoire ne pouvait pas finir sur une vie heureuse avec beaucoup d'enfants en cherchant à gagner contre le diable.
Sauf que nous sommes dans un conte merveilleux et que l'amour sincère y triomphe toujours de tout.

Un conte aussi plaisant dans le fond que la forme. La tournure du conte devrait aussi nous rappeler " Trouvé-dans-un-nid" de Praline Gay-Para ou " Babayaga" de Taï-Marc le Thanh sur la randonnée des transformations.
On aime.