Amour et inspiration

Amour et inspiration (2022)
Vladimir Fédorovski

Fédorovski Vladimir nous a déjà montré dans son oeuvre tous les personnages qu'il aborde ici avec passion qui appartiennent à ses souvenirs, à son passé russe culturel, politique, historique.. ma foi riche et foisonnant !

Il survole les chapitres plus qu'il ne les étaye de manière savante. Je le lui avais reproché je me souviens, à la faveur de la publication de la Volupté des neiges où chaque chapitre aurait pu faire l'objet d'un livre tant ses thèmes merveilleux appelaient des développements qu'il ne fit pas. Bon, mais Fédorovski, grand témoin de son temps, a la fibre romanesque, il semble que sa liberté est à ce prix, alors je vais arrêter de le chatouiller là dessus et me satisfaire du romancier, intarissable, qui butine sur l'histoire russe de l'empire tsariste à Poutine à grandes enjambées. Il nous fait un croc en jambes à chaque fois car lorsqu'on le pense plutôt railleur à l'égard de Poutine, il le défend ; ainsi de sa Russie dès Brejnev. ce n'est pas par esprit de contradiction, c'est l'âme slave qu'il est impossible que nous la comprenions un jour !.. Je pense que dans le fond il est lassé par notre comportement léger à leur égard, à la française ! Il est vrai aussi qu'il entend tellement de conneries proférées par le monde occidental sur l'immense pays des frimas qu'il n'aura jamais assez de temps pour réparer toutes ces contrevérités. Rendons-lui cette grâce.

Ainsi, "Amour et inspiration" ne sacrifie rien à ses habitudes. Pour les néophytes des questions russes, l'ouvrage est une bonne mise en bouche, moi-même je m'en sers comme piqure de rappel et d'acheter livre après livre de Fédorovski n'exerce sur moi aucun mal être, car j'aime bien son amour communicatif des belles choses de la Russie dans un esprit de bon aloi. Les thèmes qu'il aborde me sont chers pour bien des raisons !..

Ici il met le curseur sur les imbrications entre l'art russe et les professionnels des arts indispensables à sa promotion. Evidemment au coeur de son sujet, on voit apparaître les liens qui se sont tissés avec la France qui a grandement favorisé l'essor de tous ces artistes exilés pour la plupart, mais aussi le rôle joué par les grands mécènes russes sur l'art occidental :

"Au printemps 1919, Ivan Morosov quitte définitivement la Russie pour ne jamais y revenir. Il s'installera à Paris, à l'hôtel Majestic puis au 4 square Thiers.
Il décède à Carlsbad où il séjournait pour une cure, le 22 juillet 1921, sans avoir revu sa collection. Plus tard, Matisse dira à Lydia Delekorskya (sa muse) qu'il est "mort du chagrin de ne pas voir ses tableaux"

Il va sans dire que pour ces mécènes russes fortunés, la passion guidait plus leurs pas que le gain.
Quant à Chtchoukine qui avait vu sa galerie célèbre nationalisée par les bolcheviks ne tarda guère à suivre le chemin de l'exil : il vécut à Paris jusqu'à a sa mort en 1936 dans un quasi-repli, loin du monde..

Les manifestations actuelles qui ont lieu dans le monde liées à leur mémoire et à leur collection ne sont que justice. On ne dira jamais assez leur action bienfaitrice immense à l'endroit de nombre d'artistes internationaux dont Matisse le plus connu dont la réputation mondiale n'aurait probablement pas revêtu une telle acuité, assurément même ..