Un riche entretien croisé, néanmoins un peu décevant sur le fond.
Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/01/17/note-de-lecture-de-lesprit-daventure-gerard-chaliand-patrice-franceschi-jean-claude-guilbert/
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Ce n'est pas de la litérrature, c'est du partage.
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Gérard Chaliand : Certes, il faut participer pour pouvoir parler d’aventure. Mais il faut aussi posséder un bagage suffisant, qui permette que cette action ne soit pas juste une participation sans comprendre. J’accorde beaucoup d’importance au savoir. Il faut arriver armé. C’est pourquoi je privilégie l’étude des sociétés au sens large, l’aspect religieux, anthropologique, sociologique, etc., et mon itinéraire a été essentiellement, à cet égard, solitaire. Pour reprendre la phrase de Melville : « La mer a été mon Harvard et mon Yale », le terrain et la lecture ont été mes universités. Par ailleurs, dans les sociétés que j’ai pu rencontrer au cours de ma vie, je me suis rendu compte que les voyages n’étaient pas seulement spatiaux, mais aussi sociaux. Beaucoup de gens n’auront connu dans leur vie qu’une catégorie sociale : la leur, celle avec laquelle ils travaillent. Quand on a connu à la fois la paysannerie de tel ou tel pays, et qu’on a en même temps fréquenté des chefs d’Etat, des syndicalistes, des dirigeants de guérilla et d’autres catégories sociales, qu’il s’agisse de la petite bourgeoisie, de marchands, etc., on dispose d’une connaissance que l’on ne peut que très difficilement acquérir chez soi. Cela permet aussi, au fil du temps, – parce que ma vie a été essentiellement une succession de voyages -, grâce aux connaissances acquises sur les sociétés en question, d’être à la fois dedans et dehors, ce qui donne une capacité d’analyse souvent plus grande parce qu’on est à cheval sur plusieurs sociétés, pas juste deux, comme ceux, par exemple, qui sont d’origine étrangère, et qui connaissent plus ou moins leur société d’origine et celle d’accueil, mais trois, quatre, dix, selon la chance qu’on a eue de séjourner longuement dans des sociétés qu’on a pu pénétrer, dont on connaît les cultures. C’est cela qui rend, à mon avis, le voyage de l’aventurier productif, c’est cela qui rend l’action féconde – parce que je connais des gens qui ont beaucoup voyagé, qui ont vu beaucoup de choses, mais qui ne connaissent que des anecdotes. Le monde est plein de voyageurs qui n’ont retenu que des anecdotes. Si on veut assumer davantage d’humanité, il faut se fatiguer. Il faut travailler, accroître ses connaissances. Prendre plaisir à découvrir l’Autre.
Gérard Chaliand : L’esprit d’aventure implique le goût du risque voire sa recherche. Précisons d’emblée que l’esprit d’aventure, tel que nous allons l’aborder, ne concerne pas seulement ses manifestations physiques mais aussi celles des aventures de l’esprit. Le goût du risque est ce qui caractérise ce qu’on appelle en anglais les « pathfinders », les découvreurs de pistes, ceux qui, intellectuellement ou physiquement, ou les deux à la fois, ont ce courage parce qu’ils ont une conviction qui les pousse à sortir des sentiers battus. Ce goût du risque et de l’innovation est souvent opposé à l’esprit du temps.
Intellectuellement, les exemples sont nombreux, et on peut citer Copernic, Giordano Bruno et Galilée qui ont modifié la conception de l’univers, tenue pour vérité avant eux dans le monde chrétien. Le goût du risque, qui dans le cas de Giordano Bruno lui a coûté la vie, est aussi une avancée vers l’inconnu. L’esprit d’aventure est lié à l’inconnu, au courage, au caractère, au dépassement. Il est passion et volonté. Peut-être est-ce une manière de refuser ce qu’on appelle la grisaille de la vie quotidienne. L’esprit d’aventure paie, en exaltation de l’existence ce qu’il coûte en sécurité.
Gérard Chaliand : La guerre, c’est le désordre, un désordre que les dirigeants, quand ils sont intelligents, cherchent à organiser. Mais, même organisé, c’est encore le désordre. D’ailleurs, ce que les deux parties cherchent, c’est à casser l’ordre de l’autre. On est donc dans une sorte d’espace de liberté considérable, avec les armes, la présence de la mort, et une participation physique. Une situation extrême. En 1982, au Panshir, malgré la présence des Soviétiques sur le terrain, j’ai pu voir le travail politique et organisationnel réalisé par Massoud. C’était un détournement du léninisme et du maoïsme pensé par un organisateur et un stratège de grand talent.
Gérard Chaliand : La créativité concerne toutes les disciplines, aussi bien la stratégie que l'exploration, la politique, l'art, la géographie, ou la religion. On ne fixe pas de limite à ceux qui participent de la créativité en général. Il y a un conformisme ou stérilité pour ceux qui ne sont pas habités par l'esprit d'innovation. Il va de soi que cela concerne même les plus grands comme Moïse, Confucius et Bouddha.
(P. 35)
Patrice Franceschi : Comment lire bourlinguer à quinze ans et vouloir vivre et travailler comme tout le monde !
(P.89)
Echange entre Gérard Chaliand, géostratège, aventurier, écrivain et Xavier Fos, président de stratégies françaises. Le spécialiste des relations géopolitiques répond à de nombreuses questions, dans un grand entretien.
Gérard Chaliand, dont Hubert Védrine estime que c’est l’un des meilleurs géostratèges contemporains, évoque la Russie de Vladimir Poutine et la situation en Ukraine. Gérard Chaliand a accepté de répondre à nos questions. Quelle va être la conclusion du conflit en Ukraine ? Quelles conséquences a ce conflit sur l’OTAN ? Pourquoi le reflux de l’Occident est inéluctable ? Xavier Fos interroge l’auteur de plus de 60 ouvrages de stratégie militaire, de géostratégie. Gérard Chaliand revient sur la situation politique aux Etats-Unis (Biden vs Trump). Xavier Fos, président de stratégies françaises fait l’interview de Gérard Chaliand. L’écrivain décrit les spécificités de l’Afghanistan et les raisons pour lesquelles ce petit pays a réussi à repousser l’URSS et les Etats-Unis . Gérard Chaliand parle du conflit entre Israël et le Hamas. Le poète rencontre le club stratégies françaises. Gérard Chaliand explique son expérience au Moyen Orient, et notamment auprès des kurdes. Il évoque l’amour à travers les continents. Le spécialiste du monde nous explique le cheminement de la passion amoureuse. Il raconte comment la poésie a éclairé sa route. Gérard Chaliand explique ses origines arméniennes et le rapport qu’il a à ce pays natal.
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