à Stéphanie
Un petit miracle cette correspondance en est un, puisqu'elle débute par hasard,
Madeleine Allain recevant une lettre écrite par Ilo à l'intention du philosophe Alain. Ainsi débute un échange de lettre d'une qualité remarquable, d'une beauté limpide, entre un homme engagé volontaire dans la Légion étrangère et Madeleine qui lui écrit depuis Paris. Il ne se sont jamais rencontrer, restant à jamais dans un entre-deux, oscillant entre amour et amitié, quel est le mot pour ça, mettre un terme sur un sentiment impalpable mais où l'on peut sentir le sang qui tambourine sous l'encre asséché et dans chaque fibres de papier, est-ce seulement possible ?
"N'importe. Je crois qu'il ne faut jamais se faire plus grave que ce qu'on est - et avec vous je veux être simplement tel que je suis dans le moment où je vous parle".
Ici tout est beauté, les lettres en provenance d'une grande solitude, exprime une émotion d'une rare pureté, et jusque dans la qualité de l'écriture, qui écrit encore comme cela de nos jours ? de ce désert chauffé à blanc, nous avons la chance de pouvoir lire un échange sincère et limpide comme le cristal.
"Et j'ai vécu. Et je n'ai pas renié le bonheur. Je l'ai épié toute ma vie, je lui ai toujours gardé sa place. Mais celui qui est venu, c'est le bonheur qui est au-delà, qui voit toutes choses, qui se tait et qui s'ignore. Un bonheur qui touche aux berceuses de la terre, au grand ciel, aux grands sables. (...) qui est pour un seul (sauvé ? perdu ?), et qui se tient un peu plus haut que la tristesse".
J'ai lu, et relu, ce petit livre magique, avec d'autant plus d'attention, et d'émotion, qu'il m'avait été offert par une amie aujourd'hui disparue, mille mercis à elle pour ce cadeau inestimable, je les lui adressent à présent, même si elle ne peut plus les recevoir, que dans les limbes des souvenirs ensoleillés que je garde d'elle, au plus profond de moi.