Michael Frayn est à rapprocher de
Tom Sharpe ou d'
Arto Paasilinna. J'ai bien conscience que la comparaison pourrait faire hurler. A mon sens,
Michael Frayn, en tout cas avec ce livre, n'arrive pas à la hauteur des aventures de Wilt ou des explosions surréalistes de Paasilinna, mais on retrouve cette surabondance de quiproquos, de renversements de situation.
Michael Frayn multiplie les invraisemblances, les portes qui claquent, les mérpises... pour notre plus grand bonheur. C'est une lecture "lâcher les vannes". Inutile d'essayer de savoir ce qui va suivre, quel quiproquo interviendra ensuite, ou comment le personnage principal se sortira d'affaires. On est spectateur d'un vaudeville. Et on se délecte. D'autant plus que l'auteur essaie (parfois un peu maladroitement, à mon avis) d'insuffler un peu de contenu via des réflexions sur l'être et le paraître, sur les convenances, les identités. C'est intéressant, même si c'est assez mineur dans la gaudriole générale.
Ce qui m'épate plus particulièrement, c'est qu'un auteur de 79 ans arrive à composer un opus discrètement politiquement incorrect qui égratigne ses pairs, professeurs, notables... Et de manière aussi fine et léchée.
Car la langue est raffinée. Parfois trop, sans doute. On manque de punch, de quelque chose de direct, de brutal. Il y a quelques creux, des moments où on se sent en roue libre, où l'action rebondit faiblardement... sans réelle conviction. Puis on repart. Par rapport aux auteurs précités, il m'a manqué une intrigue plus large, plus grande, qui nous emmène loin.
Michael Frayn reste dans son microcosme (OK, c'est une île) et on ne peut s'empêcher de trouver que l'on tourne en rond bien souvent.
Dommage, car on sent qu'il est capable de mieux.