Grandeur et limites de la pensée freudienne

Si nous considérons maintenant l'ensemble de la trilogie, nous debvons conclure que l'inceste n'est pas le thème principal, ni même essentiel, de l'idée de Sophocle. C'est l'impression que l'on peut avoir si on ne lit que la tragédie Oedipe roi (et combien de gens qui parlent d'abondance du complexe d'Oedipe ont-)ils lus la totalité de la trilogie ?) ; mais si on considère l'ensemble des trois drames, on voit que Sophocle traite du conflit entre le principe matriarcal de l'égalité et de la démocratie, représenté par Oedipe, et le principe de la dictature patriarcale, de la "loi et de l'ordre", représenté par Créon. Bien que le patriarcat reste victorieux dans les termes du pouvoir, ses principes sont moralement vaincus dans la débâcle de Créon qui reconnaît qu'il n'a accompli rien d'autre que ma mort.

A une époque où on savait relativement peu de choses à propos des influences hormonales sur la psyché, il y avait pourtant un phénomène où le rapport du physiologique et du psychique était bien connu : la sexualité. Si on pouvait considérer la sexualité comme la racine de toutes les pulsions, le problème théorique pouvait alors être résolu, la racine physiologique des forces psychiques était découverte. Ce fut C.G. Jun, plus tard, qui assouplit ce rapport et qui, à cet égard, apporta à mon avis un complément vraiment important à la doctrine de Freud.

Le savant n'a pas même peur de se tromper ; il sait que l'histoire de la science est une série d'assertions erronées, mais productives, fertiles, d'où naissent de nouvelles idées qui dépassent les précédentes et conduisent à leur tour à de nouvelles idées.

... je suggère que plus l'analyste a de réalité pour l'analysé, plus il perd son caractère fantomatique et plus il est facile à l'analysé de renoncer à son attitude d'impuissance et d'affronter la ré"alité. Mais n'est-il pas désirable, et même nécessaire, que le patient, dans une situation analytique, régresse à un état d'enfance, pour pouvoir exprimer les désirs et les angoisses qu'il a appris à refouler afin d'être accepté en tant qu'adulte ?
Cela est vrai, mais avec une précision importante. Si l'analysé, pendant l'heure analytique, redevenait tout  fai run enfant, il pourrait tout aussi bien ne faire que rêver. Il lui manquerait le jugement et l'interdépendance dont il a besoin pour être capable de comprendre la signification de ce qu'il dit. L'analysé, au cours de la séance analytique, oscille constamment entre l'existence infantile et l'existence adulte ; c'est sur ce processus même que repose l'efficacité de la procédure analytique.

Que savons-nous de plus sur Freud après cette interprétation de son rêve ? J'ai bien peur de devoir répondre : à peu près rien. Et pourtant, la signification du rêve est tout à fait évidente, et elle nous fournit une clé extrêmement importante pour la compréhension de la personnalité de Freud.
La fleur est un symbole d'amour, d'Eros, d'amitié et de joie. Qu'a fait Freud de l'amour et de la joie ? Il les a transformés en objets de recherche scientifique. Amour et joie ont été enlevés de la fleur qui est maintenant séchée et observée par le savant. Que peut-il y avoir de plus caractéristique en ce qui concerne l'ensemble de la vie de Freud ? Il a transformé l'amour (la "sexualité", selon ses propres termes)à en un objet d'observation scientifique et, ce faisant, il l'a desséché et lui a fait perdre toute signification en tant qu'expérience humaine [...].