Ce merveilleux petit roman, qui se présente sous la forme d'un récit autobiographique, décrit les pérégrinations d'un lettré pauvre dans une Chine aujourd'hui disparue. Au centre de ce récit, la relation privilégiée avec sa compagne et la façon dont ils affrontent ensemble la dureté de ces temps. On est ébloui par la qualité humaine de ce rapport, aux antipodes de l'égocentrisme et du narcissisme contemporain.Une incomparable leçon de poésie et de savoir vivre.
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Un classique, paraît-il, de la littérature chinoise. Ce récit raconte la vie d'un intellectuel pauvre du XVIIIe siècle et celui de son épouse aimée mais malheureuse. Un livre court mais très riche et qui prend la liberté de ne pas être un récit purement chronologique. Lyrique.
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La figure de la femme de Chen Fou, cette Tch'en Yun - ou Yun tout court, comme il l'appelle de son nom personnel -, est, en effet d'un type rare dans la littérature chinoise. Orpheline de père, élevée dans la gêne, elle avait dix mois de plus que son mari. Ils furent fiancés à douze ans, le 11 août 1775, par leurs parents et surtout par la mère de Chen Fou. La fillette était sa nièce, fille d'un de ses frères. Le mariage entre cousins germains était parfaitement admis en Chine : il était même préconisé depuis la haute antiquité, mais à la condition, comme l'a montré Marcel Granet, que les cousins fussent « croisés », c'est-à-dire qu'ils n'appartinssent pas à la même lignée agnatique et que leurs parents ne portassent pas le même nom de famille ...
351 - [Folio n° 968, p. 8] Préface de Paul Demiéville
Incipit :
Je naquis pendant l'hiver de l'année kouei-wei de K'ien-long, le vingt-deuxième jour de la onzième lune. Le pays jouissait alors des bienfaits de la paix, et de plus je venais au monde dans une famille de lettrés qui vivait à Sou-tcheou auprès du Ts'ang-lang-t'ing ou "Pavillon de l'onde azurée". Aussi peut-on dire que le Ciel m'a été propice. Tong-p'o a dit : "Le monde est semblable à un rêve printanier qui se dissipe sans laisser de traces." Ne pas mettre mes souvenirs par écrit serait me montrer ingrat envers la Providence.
Quand en été les lotus commencent à fleurir, les corolles se ferment le soir pour se rouvrir à l'aurore. Yun avait coutume d'enfermer une pincée de thé dans un sachet de gaze qu'elle plaçait à la tombée de la nuit au coeur de la fleur. Elle le reprenait le lendemain matin, et le thé ainsi préparé, à l'aide de l'eau de pluie réservée à cet usage, avait un parfum d'une exquise délicatesse.