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Céline Zins (Traducteur)
EAN : 9782070407521
304 pages
Gallimard (23/04/1999)
3.06/5   18 notes
Résumé :
En 1970, dans la nuit du Nouvel An, l'auteur rencontre Diane Soren, une actrice américaine de trente ans. Elle a connu la gloire toute jeune, au cinéma, dans le rôle de la sainte Jeanne de Bernard Shaw, dont elle a gardé l'allure garçonne. Fragile, fantasque, dévoreuse d'hommes, " chasseresse solitaire ", Diane incarne aussi la ferveur, parfois naïve, d'une certaine gauche intellectuelle et artistique des années soixante. Parce qu'elle est engagée dans toutes les " ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Diane est actrice, belle, blonde, américaine, avec la candeur diaphane des filles venues d'un village de ploucs de l'Iowa, et en pleine crise cinématographique. le narrateur est mexicain à moustache, marié et en pleine crise conjugale, également écrivain célèbre et en pleine crise littéraire. Années 70, nuit de la Saint Sylvestre, les deux protagonistes se rencontrent et arrive ce qui doit arriver, que l'on soit en pleine crise ou pas. C'est la passion à la mexicaine qui normalement doit se terminer avec une rupture shakespearienne, parfois même wagnérienne : dans un cas il faut réviser son anglais et dans l'autre son allemand.
Carlos Fuentes fictionnalise dans ce roman sa brève et torride relation avec une star américaine de la nouvelle vague, à la coupe courte et blonde bien connue. L'auteur affirme à propos de ses deux personnages que leur potentiel sexuel fut infini. En effet, on le constate.
Fuentes a déclaré : "l'érotisme du corps est une illusion de la permanence de la chair" : il a pu le vérifier dans cette relation et son immanquable dissolution. Leur séparation et les dégâts sentimentaux furent immenses, d'un autre côté Diane était alcoolo, droguée, progressiste et déjà à moitié folle, obnubilée par les Black Panthers et les droits de l'homme. Carlos Fuentes est sans complaisance aucune avec l'actrice comme avec lui-même. (En vrai, l'actrice va quitter Carlos the big one pour une liaison passionnelle avec Clint Eastwood. Comme je la comprends : le beau Clint porte à merveille le poncho mexicain).

Si Fuentes est ici dans la pure lignée de ses personnages toujours écartelés entre leurs impossibles aspirations et un réel décevant, mouvant et médiocre, "allant jusqu'au bout du souvenir ou du mensonge" dit l'auteur à propos de son oeuvre, et son écriture toujours enchanteresse, son récit n'arrive pas à trouver le souffle épique et le réalisme symbolique de ses oeuvres précédentes. Fuentes est, je le répète, en crise littéraire. Les parties les plus intéressantes de Diane ou la chasseresse solitaire sont celles où Fuentes se transforme en essayiste lucide et analyse le système Hollywoodien à la solde du capitalisme et de sa propagande, la bien-pensance progressiste d'une jeunesse bourgeoise universitaire américaine dont le pays aide en sous-main les pires dictatures latino-américaines ou encore les mythes historiques (la vraie passion de Carlos Fuentes). L'auteur fait un parallèle assez judicieux entre la dissolution de la relation entre l'actrice et son narrateur, celle de leur vie respective et la dissolution du monde et de ses derniers idéaux.
Enfin, pour Carlos Fuentes, la littérature heureuse est celle qui réunit trois réalités au même moment : réalité matérielle, réalité subjective et réalité de la rencontre de son moi avec le monde. Cette dernière réalité dissoute dans ce livre par les fracas de cette relation érotique est effectivement une littérature malheureuse.
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Diane ou la chasseresse solitaire de Carlos Fuentes
Il rencontra Diane Soren, une jeune actrice américaine d'une trentaine d'années le soir du nouvel an 1970. Il était marié avec Luisa Guzman, avait des maîtresses et venait de finir l'écriture de son roman. Diane apparaissait comme une adolescente vêtue à la garçonne, image que l'on garderait d'elle plus tard dans ce film magnifique lorsqu'elle distribue le Herald Tribune sur les Champs- Élysées en jean et T-shirt. Elle était mariée à Ivan Gravet, célèbre écrivain français originaire de l'Est. Il tomba amoureux et trahit, une fois de plus, Luisa, il était sans illusions, il connaissait la réputation de Diane, chasseresse, il était l'élu du soir. Elle était à Mexico pour tourner un western en studio d'abord, à Santiago après, il la suivit les deux mois. Il essayait d'écrire mais il était en panne de création, il ne le réalisa que plus tard.

Livre autobiographique, (facile de mettre les noms sur les pseudos), Fuentes relate cette folle passion, en tout cas pour lui, il n'hésite pas à nous faire partager quelques scènes torrides et il mélange sa narration de considérations politiques et philosophiques, rendant sa lecture parfois difficile.

Je conseillerai ce livre à ceux qui ont aimé Chien Blanc de Romain Gary, ils y retrouveront sous un autre angle Jean Seberg, les black Panthers et le FBI.
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Carlos Fuentes est l'archétype du latin volage. Il se définit lui-même comme un Don Juan. Il ne cache pas ses infidélités à sa femme, Luisa, une superbe métisse indienne, dont il est toujours épris. Ecrivain et diplomate mexicain, il fréquente les milieux intellectuels et artistiques internationaux. Il a eu une liaison avec Jeanne Moreau.

Dans son roman autobiographique, Diane ou la chasseresse solitaire, il revient sur le coup de foudre qui l'a précipité dans les bras de Jean Seberg en 1970, alors qu'elle était l'épouse de Romain Gary. Elle tournait au Mexique à cette période.

Carlos Fuentes a changé son nom. Elle est Diane Soren dans le roman, mais on entend clairement la voix de Jean Seberg, avec son délicieux accent, à travers les mots de l'auteur. Elle est telle qu'on a pu la voir dans A bout de souffle. Les chapitres sont courts. le récit est plein de vie, avec beaucoup de dialogues, d'échanges, et de descriptions détaillées qui y apportent une authenticité flagrante. Il y a aussi beaucoup d'émotion.

Carlos Fuentes l'explique bien lui-même, l'écriture, et la mémoire qu'elle sollicite, est un moyen de redonner vie à un moment passé. C'est aussi la mise en oeuvre d'une réflexion à posteriori, avec les remords et les regrets que cela suppose.

L'auteur situe le récit dans son contexte socio-politique. Les révolutions soixante-huitardes sont encore toutes récentes. La liberté sexuelle est affichée. Alors que les Stones chantent" I can't get no satisfaction", Carlos Fuentes se reconnaît dans cet hymne, lui qui est un Don Juan à jamais insatisfait.

Le roman a une dimension tragique, toutefois. le nom de Diane fait écho à la mythologie, d'une part. L'apparition de l'actrice à une soirée de nouvel an, précédée d'une explosion de ballons, est d'autre part très théâtrale. Carlos Fuentes suggère ainsi ce que la rencontre provoque en lui. Il y aura plus loin l'apparition de Clint Eastwood, en photo, qui tel une statue de commandeur rappelle à l'auteur les menaces qui planent sur son idylle. Il y a évidemment un retour à la tragédie en fin de récit.

L'écriture de Carlos Fuentes laisse place à beaucoup de poésie, mais aussi à une grande sensualité. Non seulement dans les ébats amoureux décrits ( les passages virent à la pornographie ), il y a par ailleurs un savoureux passage où l'auteur évoque non sans humour la qualité du papier anglosaxon en des termes très sensuels.

Publié en 1994, l'ouvrage comporte, au détour du récit, une réflexion encore d'actualité. Carlos Fuentes y rappelle la condition d'immigrés des premiers américains, dont les descendants chassent aujourd'hui les mexicains qui tentent de passer la frontière pour immigrer eux aussi aux Etats Unis.
L'auteur remonte l'histoire américaine et interroge l'innocence du pays. Il a vis à vis du pouvoir une posture distante et même provocatrice.

Lucide, il l'est aussi sur sa relation avec Diane. Il est bien conscient de son aspect éphémère, qui lui apporte d'autant plus d'intensité. La rupture inévitable va se produire malgré tout. Carlos Fuentes n'assiste pas à la dérive de Diane dans l'alcool et la drogue, après son lynchage politique orchestré par le FBI. La fin du récit n'en est pas moins crue, et abrupte.
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Je l'ai acheté pour son titre, et parce que la photo choisie pour la couverture m'avait plue. Je peux acheter un livre pour sa couverture, comme un album pour sa pochette, une bouteille pour son étiquette, comme embrasser un homme pour une lumière dans son regard. Qu'y a t-il à l'intérieur ? le flacon importe, et tant mieux si l'on y trouve l'ivresse.

Cette couverture a attiré mon oeil et j'ai acheté le livre, sans connaître l'auteur. Cette posture à la fois mutine et langoureuse, cette lumière qu'on aperçoit irradier la pièce, cette femme endormie, calme, sereine, dans un environnement familier. Une femme enfant, chasseresse ?

Diane, ou la chasseresse solitaire. Quelque chose de paradoxalement doux se dégage de cet attribut, chasseresse, mangeuse d'hommes ? Solitaire, oui mais pas seule. Alors, libre ? On a tant envie qu'elle le soit en tous cas. On la lit et la fantasme, on la fantasme fantasque et libre Diane. Je l'imagine légère mais forte, fébrile dans la passion mais réaliste aussi, ancrée dans la vie. Fragilisée, déçue, désillusionnée. Pars Diane, vole. Vis.

Diane croise le chemin de l'auteur une nuit d'ivresse de Saint Sylvestre, ils ne se quitteront pas le lendemain, ni le jour suivant. Leur passion sera brève mais brûlante, et brûlée jusqu'au dernier bout. Jeune actrice déjà déchue, incarnant un star system à peine naissant déjà en passe de dévorer ses étoiles auxquelles il n'accorde que le temps de quelques étincelles, Diane porte aussi en elle une rébellion, elle porte les luttes et les idées de son époque. Celles d'une Amérique progressiste, celles de la gauche créative intellectuelle des sixties, insurgée du Viet-nâm, enfant rebelle assoiffée du cataclysme politique qui fera éclater en morceaux les idées rangées de ses parents maccarthystes. C'est toute une époque qui est infusée dans ces pages et Fuentes y peint, par petites touches, le tableau d'une Amérique éclatante, en fête comme en luttes. Celle de Kennedy, Malcolm X, Martin Luther King. Dylan, Coltrane, Castaneda, Wharol, Che Guevara. Diane incarne ces joies, ces maux, une sensibilité, des amours déchirés, les fluctuations perpétuelles d'un esprit jaillissant mais, écrasé. Cette vie de paillettes ne lui irait pas mais elle la regrette. Talentueuse, malheureuse, vivante étouffée, Diane est déjà le pur produit d'une Amérique qui starifie puis jette ses étoiles, sans vergogne. Ça la consumera. Et la tuera. Diane, tu aurais dû chasser en solitaire.

J'ai refermé ce livre sans savoir si je l'avais aimé ou non. Je l'ai offert deux fois depuis. J'ai adoré ce livre.

Tumultueuse, sur le fil, envoûtante, Diane émeut par ses contradictions. Son entièreté, sa sincérité. Diane rit et pleure. Tous l'aimeraient.



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Il ne s'agit pas d'un roman, mais d'un épisode de la vie de l'auteur.
Il se revendique « homme à femmes » (c'est mon terme, pas le sien), et ici, sur le tournage d'un film au Mexique, est séduit par une jeune femme, Diane Soren. Sous ce pseudonyme se cache une jeune et célèbre actrice des années 60, dont il est facile de deviner l'identité. Je ne la dévoilerai pas.
Ils s'aiment. C'est torride. Ils rompent. On s'y attendait. Les galipettes entre Monsieur et Madame, complaisamment décrites, sont vite lassantes. C'est toujours pareil, quels qu'en soient les protagonistes, le lecteur n'y apprendra rien...
Le "je t'aime moi non plus" m'a toujours profondément ennuyé et, une fois de plus, c'est le cas ici.
On trouve cependant quelques réflexions intéressantes sur les États-Unis et leurs relations avec le monde, telles que pouvait les voir un Mexicain, ainsi que sur l'industrie cinématographique de la fin des années 60 ainsi et sur la vie de l'actrice.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Cooper versa immédiatement et inévitablement dans le thème de l'innocence perdue qui obsède tant les Américains. Je me suis toujours demandé à quel moment ils avaient été innocents – quand ils tuaient les Indiens ? Quand ils donnaient livre court à leurs ambitions de conquête du continent, de l'Atlantique au Pacifique, ce qui semblait être leur vocation ? quand ? Au Mexique, nous vouons une grande admiration aux cadets qui se jetèrent du haut du château de Chatultepec plutôt que de se rendre aux troupes d'invasion du général Winfield Scott. S'agissait-il d'une bande d'adolescents pervers qui refusaient de livrer leur drapeau à d'innocents envahisseurs ? Quand les Etats-Unis furent-ils innocents ? Quand ils exploitaient le travail des esclaves noirs ? Quand ils se massacraient entre eux pendant la guerre de Sécession ? Quand ils exploitaient le travail des enfants et des immigrés, amassant des fortunes colossales acquises, sans aucun doute, de manière parfaitement innocente ? Quand ils foulèrent aux pieds des pays sans défense comme le Nicaragua, le Honduras, le Guatemala ? Quand ils lancèrent la bombe sur Hiroshima ? Quand McCarthy et ses commissions détruisirent des vies et des carrières sur de simples insinuations, de vagues soupçons, par pure paranoïa ? Quand ils dévastèrent la forêt indochinoise à coup de défoliants ? (…) Oui, peut-être les Etats-Unis ne furent-ils innocents pour la première et unique fois de leur existence, que lorsqu'ils étaient au Vietnam, quand ils crurent qu'ils pouvaient, comme l'énonça le général Curtis Le May, chef des forces aériennes US, « bombarder le Vietnam jusqu'à le ramener à l'âge des cavernes ». Quel étonnement pour un pays qui n'avait jamais perdu une guerre d'être en train d'en perdre une, justement contre un peuple pauvre, asiatique, jaune, ethniquement inférieur dans la mentalité raciste que, flagrante ou réprimée, honteuse ou combattue, chaque gringo porte clouée comme une croix sur le front.
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Les Etats-Unis en revanche, affirment que leur politique extérieure est totalement désintéressée, presque un acte de philanthropie. Comme cela n'a jamais été le cas pour aucune grande puissance, y compris les États-Unis, personne ne les croit, mais l’auto-mystification des Américains est telle qu'elle les plonge tous dans la confusion. Ils savent quels sont les intérêts en jeu, mais personne ne veut l'admettre. Le but officiellement poursuivi, de manière désintéressée, est la liberté, la démocratie, sauver les autres d'eux-mêmes.
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Dans aucun pays on n’accorde autant d’importance à la célébrité qu’aux États-Unis. C’est l’apogée du grand tapage moderne, cette salve de trompettes qui depuis un demi-millénaire proclame que le nous ne suffit plus, pas même le moi, qu’en plus du nom, c’est le re-nom qu’il faut, la Renommée. Andy Warhol l’avait fort bien énoncé « Nous serons tous célèbres pendant un quart d’heure ».
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Rien ne suscite plus grande mélancolie que l'idée de ne pas connaître tous les êtres qu'on aurait pu aimer, qu'on va mourir avant d'avoir pu les rencontrer.
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Ce qui peut perdurer, c’est la volonté de passion… Pour l’un comme pour l’autre, l’amour était l’occasion de tout recommencer, même si pour elle vivre c’était vivre ce qui n’a pas encore été vécu, alors que pour moi, c’était savoir revivre ce qui a déjà été vécu. Pour le meilleur ou pour le pire, je ne veux pas faire de mon passé un orphelin errant.
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Videos de Carlos Fuentes (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlos Fuentes
Mercredi 20 octobre 2011, Carlos Fuentes reçoit les insignes de Docteur Honoris Causa.
Biographie: Né en 1928 à Panamá où son père était alors Ambassadeur du Mexique, Carlos Fuentes est un des plus grands écrivains du XXe et du XXIe siècle. Sa pensée et son œuvre romanesque ont largement influencé les écrivains et les intellectuels espagnols et latino-américains contemporains. Catégorie Éducation Licence Licence de paternité Creative Commons (réutilisation autorisée)
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