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Retour de flammes tome 1 sur 2
EAN : 9782331046506
Glénat (05/02/2020)
3.87/5   26 notes
Résumé :
Le cinéma est une arme de guerre.
Paris, sous l’Occupation, septembre 1941. Un incendie dans le cinéma Le Concordia détruit la pellicule d’un film de propagande nazi. Chargé de résoudre l’affaire, le commissaire français Engelbert Lange découvre sur les lieux qu’il est surveillé par la Gestapo. Car c’est la deuxième fois qu’un acte similaire est perpétré dans la capitale, les autorités allemandes prennent donc la chose très au sérieux : la piste terroriste es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Coup de projecteur sur les années noires

Paris septembre 1941, un mystérieux incendiaire met le feu aux bobines du « juif Suss », un film de propagande nazie, dans le cinéma Concordia et appelle les pompiers une fois son forfait accompli pour que le feu ne se propage pas aux immeubles environnants. C'est le commissaire français Engelbert Lange flanqué de l'inspecteur Goujon qui est chargé de l'enquête. Mais il découvre rapidement qu'il est surveillé par Jager un officier de la Gestapo. En effet, ce n'est pas une première: quelques jours auparavant, les bobines d'un autre film allemand « président Krüger » ont été incendiées au Louxor. Pour les allemands, il s'agit donc d'un acte terroriste ! le supérieur de Lange souhaite favoriser une étroite collaboration entre la Gestapo et la police française mais Engelbert et Goujon ne l'entendent pas de cette oreille et veulent mener leur enquête à leur manière. Elle les amènera à une boîte de transformistes « aux gars de Paname » mais également à la société de production Continental gérée par le mystérieux Alfred Greven. Ils doivent aussi élucider dans le même temps le meurtre d'une jeune figurante, maîtresse d'un haut gradé nazi tandis que Lange voit arriver dans son immeuble une nouvelle voisine Clotilde ….

Il était une fois en France…

Le 9 eme art a fait du temps de l'Occupation une de ses périodes de prédilection. Qu'il s'agisse du tandem Christin-Goetzinger dans « La Diva et le Kriegspiel » ou de celui de Noury et Vallée pour l'histoire du collaborateur Joseph Joanovici dans la série « Il était une fois en France », du premier tome d' « Opération, vent printanier » de Wachs et Richelle ou du diptyque de Jean-Pierre Gibrat « le Vol du Corbeau », maints albums nous content le Paris de l'Occupation.

Mais, à l'exception peut-être de « Dolor » de Catel et Bocquet qui évoque le triste devenir de l'actrice Mireille Balin, icone du cinéma d'avant-guerre brisée au moment de l'épuration pour avoir été amoureuse d'un officier allemand, aucun d'eux ne s'était intéressé au 7eme art dans cette période. Laurent Galandon, qui fut dans une autre vie exploitant de salle de cinéma et demeure un cinéphile invétéré, répare cet oubli. Il avait déjà magistralement rendu hommage au cinéma muet dans le diptyque « La Parole du muet » réalisé avec Frédéric Blier.

Ici, il nous dépeint de façon extrêmement documentée le monde du cinéma français sous l'Occupation. D''emblée le titre de l'album est un clin d'oeil à l'un des fleurons de la production de la société Continental : c'est également le titre d'un film de Henri Decoin avec Danielle Darrieux en tête d'affiche. Une grande partie de l'intrigue tourne en effet autour de cette société dirigée par le mystérieux Alfred Greven qui employa la fine fleur des comédiens français de l'époque (Suzy Delair, Danielle Darrieux, Harry Baur, Pierre Fresnay tous présents en caméos dans l'abum) et qui voulait élaborer non pas de simples films de propagande mais concurrencer le cinéma américain qui n'avait plus le droit de cité dans les pays occupés et créer ainsi une manne de revenus pour le Reich.

C'est l'occasion pour Galandon de rappeler que certains grands cinéastes, tels Clouzot, ont éclos à cette époque (on assiste sur plusieurs planches au tournage de « L'assassin habite au 21 ») mais également que certains acteurs très populaires se sont largement compromis avec L'occupant : on aperçoit ainsi Fernandel à la table d'officiers allemands ou encore Tino Rossi riant complaisamment devant une attitude déplacée d'un officier nazi or, ces louches fréquentations seront mystérieusement gommées à la Libération… Il rappelle aussi les conditions de production difficiles en cette période de pénurie lorsqu'il fait dire à Clouzot qu'il ne peut s'autoriser qu'une seule prise car les mètres de pellicule sont comptés.

Le crime de Monsieur Lange

Tous ces détails ne sont pas artificiellement amenés mais font partie intégrante de l'intrigue : ainsi les renseignements sur la Continental sont donnés par la nouvelle voisine du commissaire, Clotilde, qui travaille à la cinémathèque ; Lange doit se rendre sur le tournage de Clouzot car il enquête sur le meurtre d'une aspirante actrice qui devait y être figurante et qui, en attendant son heure de gloire, était la maîtresse d'un officier directeur du Referat Film (service cinéma du ministère de la propagande) ce qui permet au scénariste d'opposer de façon très fine les deux conceptions du cinéma qu'ont Goebbels et Greven. Pour nouer davantage les intrigues entre elles, le commissaire Lange est même « repéré » par Greven qui veut en faire la star de son nouveau projet « Mam'zelle Bonaparte » un film historique (on notera d'ailleurs que c'est là que se situe la seule petite erreur de l'album qui mélange les deux empires). Enfin, le policier est accompagné dans ses pérégrinations d'une mystérieuse jeune femme dessinée en noir et blanc, Madeleine, un fantôme très bavard, coiffé à la Louise Brooks et portant des habits des années folles. Friande des revues de cinéma « Vedettes » ou « Ciné-Mondial », elle commente tout ce qu'elle voit à chaque incursion de Lange dans ce microcosme ce qui permet au lecteur d'identifier toutes les stars de l'époque et pimente l'intrigue aussi puisqu'on ne sait pas pour l'heure quels sont les liens réels de Madeleine avec le héros et quels traumatismes sont à l'origine de ses hallucinations. Les personnages principaux cachent tous de secrets : à Lange et son fantôme répondent la double vie de l'inspecteur Goujon, les liens unissant Clotilde à la petite Elisabeth qui l'accompagne et les motivations de Greven et de son éclairagiste. Petit à petit des intrigues apparemment étrangères se rejoignent et s'imbriquent entre elles et l'album est un véritable « page turner »!

A la maestria du scénario répond la qualité du dessin : on trouvera dans le traitement semi-réaliste des personnages d'Alicia Grande dont ce sont les débuts en bande dessinée (mais elle a tout d'une grande !) des réminiscences de Jordi Lafebre. On admirera la grande attention prêtée aux décors et la minutie de la reconstitution historique ainsi que la très belle mise en lumière. Les cadrages sont plutôt classiques mais efficaces et cela sied bien à l'histoire. Lorsque les planches s'émancipent du gaufrier pour donner de grandes vignettes comme à la première et à la dernière page, elles sont vraiment très belles et on espère en voir davantage de ce type dans le deuxième opus. On saluera enfin la magnifique mise en couleurs d'Elvire de Cock qui permet de bien définir les différentes ambiances. Pour ajouter encore un peu plus à notre plaisir de lecture, on ajoutera que le deuxième tome du diptyque (« dernière séance ») est déjà bouclé et que nous n'aurons pas à subir une longue attente puisque la suite des aventures de Monsieur Lange paraîtra fin avril !

Un très bel album à la fois historique, policier et fantastique saupoudré d'une dose de romance : prenez votre billet sans hésiter pour ce « premier rendez-vous » avant « la dernière séance » !

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Dans le film "La cité de la peur", un mystérieux assassin tuait les projectionnistes qui projetaient le film "Red is dead", un film d'horreur nanardesque. C'était délicieusement décalé.

Ici, c'est différent : un mystérieux type détruit des films de propagande nazi. Nous ne sommes pas dans une comédie, mais en 1941, sous l'Occupation.

Un agent de la police secrète allemande demande au commissaire Lange d'éponger cette affaire avant qu'il n'y ait des fuites et que les gens évitent les cinémas et ses merveilleux films allemands ! C'est de l'ironie de ma part, bien entendu, ce n'en est pas du fridolin qui cherche surtout un coupable Juif.

Le graphisme est très beau, les dessins sont réalistes, coloriés dans des tons pastel, assez clairs. Bref, c'est un bel objet.

Comme le commissaire Lange, nous sommes des néophytes en matière de cinéma des années 40, heureusement, en même temps qu'une personne le renseignera, nous pourrons en apprendre plus de notre côté et se coucher moins bête.

Le scénariste a fait du bon boulot en amenant des détails de la vie à Paris sous l'occupation et les infos sur le cinéma de l'époque de manière subtile, intégrant le tout dans son scénario, dans les dialogues, sans que cela ressemble à un cours. Alicia Grande, la dessinatrice, a bien restitué le tout en images.

Bien des sujets seront mis en lumière dans ce premier album, les uns s'imbriquant dans les autres, comme les briques de couleurs célèbres, le tout formant une toile cohérente. de plus, notre commissaire n'enquêtera pas que sur le pyromane des bobines de propagandes. Il y a du crime mystérieux aussi.

Les personnages ne sont pas figés, chacun a ses petits secrets, ses bizarreries. le commissaire décroche le pompon (mais je ne dirai rien de plus), son adjoint, l'inspecteur Goujon fera fort lui aussi, sa voisine Clothilde n'est pas en reste non plus…

Des mystères, des enquêtes qui doivent se faire avec délicatesse pour ne pas froisser les copains des dignitaires nazis et où le mot "collaboration" peut prendre plusieurs sens, bon comme mauvais.

Le résultat est que le premier tome est instructif tout en étant addictif. Nous sommes face à des enquêtes dont les mystères sont aussi épais qu'une bottine allemande et avec des personnages qui nous cachent bien des petits secrets inavouables…

Bien des personnages connus se retrouveront croqués dans ce premier album, dont Tino Rossi qui ne chantait pas "petit papa Noël" à la table des officiers allemands ou le réalisateur Clouzot qui ne faisait qu'une seule prise puisque les mètres de pellicule étaient comptés, ainsi que Danielle Darrieux et Fernandel chez Maxim's.

Une bande dessinée sur une période sombre de l'Histoire et ce ne sont pas les projecteurs du cinéma qui vont lui donner de la lumière, vu que le régime de Vichy a créé le C.O.I.C (Comité d'Organisation de l'Industrie Cinématographique) afin de contrôler la production cinématographique…

Sans compter qu'il fallait correspondre aux exigences de Goebbels qui voulait que les Français se contentent de films creux, de sornettes légères, de films inconsistants, comme les producteurs de films faisaient déjà puisque soumis à la censure vichyste.

Une belle découverte, une fois de plus et je m'en vais de ce pas lire le second tome (c'est un diptyque) afin de découvrir ce qu'il se cache derrière tous ces mystères…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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C'est une enquête plutôt intéressante se situant dans la France de l'Occupation en septembre 1941.

En effet, un commissaire de police française est obligé de collaborer avec un membre de la Gestapo et de lui rendre des comptes car on brûle des pellicules de film allemand dans les cinémas de la capitale parisienne. Pour moi, il n'y a pas mort d'homme. Il faut dire que les films nazis en question sont axés sur la propagande et plutôt antisémites.

On se rend compte également de l'ambiance un peu particulière du couvre-feu qui s'appliquait en soirée et durant la nuit. Il est vrai qu'on a renoué assez récemment avec cette pratique d'un autre temps. Pour revenir à la bd, il y avait alors des soirées clandestines propices à des exactions contre l'occupant.

J'ai bien aimé ce premier tome bien que notre héros commissaire ait un caractère parfois désopilant notamment avec les femmes. On va se rendre compte que les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît. J'ai bien aimé cette densité psychologique des personnages bien que le nazi de service soit bien méchant. Il y aura également des fausses pistes dans ce polar historique.

Au niveau du scénario, il est plutôt très fluide donc accessible. J'ai beaucoup aimé le dessin très réaliste et minutieux dans les détails des décors. C'est d'ailleurs sur un grand format ce qui met la bd en valeur. Bref, rien à redire sur le fond et la forme.

Je dois dire que c'est surtout le cadre historique qui est très intéressant pour voir comment notre police collaborait avec l'ennemi. On apercevra d'ailleurs le chanteur Tino Rossi, auteur du célèbre Papa Noël, en charmante compagnie avec des officiers de la SS.
Mais bon, on oubliera tout cela après la guerre où il connaîtra un succès phénoménal. Même chose avec certaines actrices évoquées comme Danielle Darrieux. le Paris de l'Occupation avait ses lâches et ses héros aux destins variés.

Un bon premier tome en attendant le second qui terminera ce diptyque.
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Laurent Galandon nous entraîne à nouveau dans la période de l'occupation de la France pendant la seconde guerre mondiale. L'action se déroule à paris et le principal protagoniste est le commissaire Engelbert Lange secondé par l'inspecteur Goujon.

Un incendiaire s'en prend aux bobines des films de propagande allemande et ce dans les cabines de visionnage. La police française est mobilisée mais la police allemande est aux aguets et souhaite une résolution rapide.

Les auteurs lèvent le voile sur une partie du monde de la nuit, avec la vie dans les cabarets mais aussi les lieux clandestins pour les rencontres homosexuelles. Nous découvrons aussi les relation entre le monde du cinéma français et la censure allemande. Les auteurs nous donnent une approche de ce monde d'artistes au coeur de l'occupation.

Les conditions de vie de la population parisienne en particulier sont évoquées : les restrictions de circulation avec le couvre-feu, les restrictions alimentaires, le rôle de la police et son "indépendance" vis à vis de l'occupant, la collaboration.

Au delà de l'enquête, plusieurs histoires ou tranches de vie sont suggérées :
- les fantômes du commissaire
- le secret de Clotilde et Elisabeth
- le trouble de l'inspecteur Goujon

Autant d'éléments qui attendent une réponse dans le tome 2.

Les allusions au cinéma des années 40 (affiches, titre, noms d'acteurs ou de metteurs en scène,...) nous replongent dans une filmographie parfois un peu oubliée.

Le scénario de Laurent Galandon est très bien servi par les dessins d'Alicia Grande et les couleurs d'Elvire de Cock et Jean-Baptiste Merle. Les décors redonnent bien l'ambiance de cette époque et nous renvoient à certains films.



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Paris, 1941. Un pyromane s'en prend à des cinémas diffusant des films allemands. le commissaire Lange est chargé de l'enquête...

Un premier volet assez plaisant, avec un personnage central plutôt tourmenté, et qui subit une forte pression de la Gestapo dans le cadre de son enquête. Par contre, la fin de ce premier tome nous laisse dans l'expectative... quelle frustration de devoir attendre pour connaître la suite, et notamment le nom et les motivations du coupable !
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critiques presse (1)
BoDoi
30 avril 2020
Comme souvent, Laurent Galandon trousse un scénario documenté, efficace et fluide, construisant une intrigue haletante dans un cadre historique intéressant. Les pièces du puzzle de ce diptyque s’imbriquent peu à peu, les personnages prennent de l’épaisseur au gré d’une ligne de dialogue ou d’un regard, et le mystère reste entier dans ce qui est, tout de même, un polar en pleine Occupation.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
-- Voyez-vous, commissaire, Goebbels notre ministre de la propagande, est un grand penseur, un visionnaire même ! Mais en matière de cinéma, il fait une erreur et Diedrich assume, avec zèle, son rôle de chien de garde. Il souhaiterait voir les Français se satisfaire de sornettes légères et creuses. Mais les producteurs français, soumis à la censure vichyste, produisent déjà de tels films inconsistants. Moi je souhaite voir de grands films réalisés et joués par des comédiens français que les spectateurs seront ravis de découvrir ! Et mon ami Hermann Gering, responsable de la production économique a compris le parti que le Reich pouvait tirer de l’exploitation de films de qualité.
-- J’imagine que vous ne m’avez pas sollicité pour m ‘exposer vos stratégies monsieur Greven.…
(Alfred Greven et Le commissaire Lange) p. 57-58
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Un feu mal éteint peut toujours se rallumer, mais jamais il ne brûlera d'une même flamme.
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S'il s'agissait d'un simple détraqué excité par le feu, il ne s'en prendrait pas qu'à des films allemands. Il laisserait les bâtiments s'embraser pour jouir pleinement de son forfait.
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Et, finalement, cette enquête nous permettra d'échapper encore un peu à l'odieuse chasse aux juifs et aux communistes à laquelle se plie notre police...

(page 7)
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Tout le monde est prêt ? Je vous rappelle qu'on ne peut s'autoriser qu'une seule prise ! Les mètres de pellicule sont désormais comptés .

(page 48)
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