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François-René Daillie (Traducteur)Thomas Day (Éditeur scientifique)Xavier Mauméjean (Éditeur scientifique)
EAN : 9782207109083
192 pages
Denoël (13/01/2011)
3.6/5   34 notes
Résumé :

Grendel, qui narre l'épopée de Beowulf du point de vue du monstre, s'est imposé en moins de quarante ans comme un des grands classiques de la fantasy anglo-saxonne. Court, brutal, d'un humour ravageur, ce conte philosophique frappe le lecteur avec la force d'une comète, dans l'éblouissement.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Beowulf est un poème épique considéré comme l'un des plus vieux témoignages de la littérature anglo-saxonne. L'époque de sa composition reste toutefois imprécise puisque datée entre le VIIème siècle et la fin du premier millénaire selon les sources. Écrit à destination d'un public de lettrés chrétiens, il s'inspire toutefois de la tradition orale anglo-saxonne et met en scène un puissant guerrier goth, qui donne son nom au poème, lequel est doté de bon nombre de vertus chrétiennes (fidélité, courage, sens de l'honneur, etc.). le poème s'articule autour de trois combats de Beowulf, le premier d'entre eux étant celui qu'il mène contre Grendel, un monstre qui, chaque nuit depuis douze ans, dévore un guerrier du roi du Danemark, Hrothgar. Quand Beowulf fait étape dans sa cour il se porte volontaire pour tuer le monstre et n'y parvient qu'indirectement puisque Grendel ne meurt de sa blessure qu'après avoir fui dans le marécage qu'il occupe.
Spécialiste de la littérature médiévale, John GARDNER réécrit cette première partie de Beowulf en adoptant le point de vue du monstre et en jouant avec la multitude de références et symboles bibliques qui émaillent le texte original. Ce faisant, il fait porter à Grendel un regard sans concession sur les hommes et leur condition, lesquels n'étant finalement guère plus que des brutes avinées et vaniteuses. Pourtant Grendel aurait bien voulu vivre parmi les hommes, tout du moins à leurs côtés ; mais ceux-ci ne le voient pas, ne comprennent pas leurs différences, et ne veulent que détruire ce qui ne leur ressemble pas, ce qui conduit à la sanction que l'on connaît désormais.
Une telle réécriture nécessite bien entendu une connaissance pointue de l'oeuvre originale. C'est pourquoi le roman de GARDNER est particulièrement érudit et demande au lecteur un minimum de connaissances sur le poème s'il veut en appréhender toute la portée. Néanmoins, la prose de l'auteur est facile d'accès, notamment grâce à un ton plein d'humour noir et sardonique. A ce titre, la scène où Grendel prend la place d'une statue divine pour éprouver la foi du prêtre est véritablement excellente. Et puis il y a également une part autobiographique dans le roman de John GARDNER, laquelle est très bien analysée par Xavier MAUMEJEAN dans la postface qui clôt cette excellente réédition.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce court roman qui nous permet de découvrir le monstre Grendel de la légende de Beowulf. Un récit fascinant, percutant, passionnant, intelligent qui risque de ne pas laisser indifférent le lecteur et qui offre une vision de l'Homme bien particulière. Grendel fascine et effraie à la fois et pourtant se révèle d'une certaine façon attachant par sa vision de voir les choses et de les partager, mais aussi par sa philosophie. L'auteur se laisse parfois un peu aller à en faire un peu trop dans ses axes philosophiques et parfois on sent que la méconnaissance du poème originale empêche la bonne compréhension de quelques passages mais rien de vraiment bien gênant car au final on retrouve une histoire magnifique, poétique, troublante et violente. La plume de l'auteur se révèle vraiment dense et soignée. À noter aussi l'excellente postface de Xavier Mauméjan sur le livre et son auteur.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Ce que j'ai aimé :

- la réécriture de Beowulf (non, pas le nanar avec Christophe Lambert), ce poème épique anglo-saxon du VII° siècle qui pose les bases du trope « héros blond contre dragon » et avait déjà inspiré notamment un certain Tolkien… mais en se plaçant, cette fois, du côté du monstre ! le Grendel de Gardner est la seule des nombreuses adaptations de Beowulf qui fait ce pari audacieux.

- le respect des fondamentaux de l'oeuvre originale que permet l'excellente connaissance du matériau de base de l'auteur (qui, comme Tolkien, était un universitaire spécialiste de Beowulf). Par exemple, ni Grendel ni sa mère ne sont jamais décrits, comme dans le poème original qui en fait des êtres monstrueux aux caractéristiques floues.

- l'écriture (et l'excellente traduction), très recherchée et imagée. Certains passages sont fulgurants, comme l'entrevue entre Grendel et le dragon, ou, surtout, le combat inégal entre Unferth et Grendel. On a l'impression d'être ballotté à toute vitesse dans la tête dérangée d'un être qui ne pense pas du tout comme nous – et qui a beaucoup de mal à organiser ses idées. C'est la première fois que j'ai cet effet caméra à l'épaule en lisant un livre. J'ai presque ressenti des effets physiques, comme lors du visionnage d'un film sans cesse en mouvement.

- l'humour (noir) du roman, qui prend pour protagoniste un ogre anthropophage et hyper violent, qui jalouse le bonheur des hommes (l'élément déclencheur de sa folie meurtrière : les rires et les chants des banquets au château de Hrothgar)

- Grendel (« le broyeur »), le dit ogre, fort sympathique avec ses questions existentielles, et qu'on finit par prendre en pitié (à dire vrai, j'ai toujours trouvé cette histoire très triste, avec la mère de Grendel qui se fait tuer en venant le venger!). Ce monstre fascine les auteurs : Dan Simmons, par exemple, y fait référence lorsque le personnage de Martin Silenus décrit le Gritche dans Hypérion.

Ce que je n'ai pas aimé :

- le livre est court (12 chapitres) mais difficile à lire de par son petit côté expérimental : certains chapitres sont écrits sous la forme de chants, de pièce de théâtre… et la plupart du temps, on a l'impression de lire les délires d'un fou en plein trip psychédélique.

- le grand nombre d'onomatopées (hors dialogues), qui le rend encore plus ardu

- les anachronismes : même si c'est bien évidemment fait exprès et que le dragon est omniscient, cela m'a fait bizarre de le voir parler de peau de banane dans une histoire censée se dérouler au VII° siècle

Mon bilan

Ce roman est un classique et mérite d'être connu, pour son sujet et le traitement qu'il en fait. Mais ce n'est certainement pas le genre de roman qu'on prend sur le rayonnage en se disant « ah tiens, je vais me faire une bonne petite fantasy des familles ce soir ! ». À réserver aux puristes, à ceux qui s'intéressent à l'expérimentation et à l'utilisation des sources historiques en fantasy et aux fanatiques de Beowulf.
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Un roman inclassable que ce texte si bref ! Je l'ai terminé il y a à peine deux heures, et voici que je voudrais déjà le relire, car la lecture de la fin éclaire sans doute le début et il me semble avoir manqué tellement de la signification de ce texte-coup de poing.

L'intrigue est assez simple : l'auteur reprend le texte de Beowulf (qu'il connaissait parfaitement, puisqu'il enseignait la littérature médiévale) et le réécrit du point de vue du monstre, Grendel. Un monstre curieusement dépourvu de la faculté de s'exprimer, mais tout à fait capable de réflexion existentielle... au sens propre du mot, car John Gardner, s'il respecte à la lettre le poème médiéval et les interprétations qui en ont été faites, ajoute des références philosophiques notamment à Nietzsche à l'existentialisme...
Voici Grendel, maudit car descendant de Cain, promu révélateur de l'humanité rationnelle, qu'il fait exister en symbolisant les forces obscures de l'irrationnel et de la haine, monstre réfléchissant à sa propre existence, tenté par l'art et l'amour, mais ne sachant que détruire.

Mais au delà de ces thématiques fort philosophiques, le texte est avant tout un cri de souffrance, le hurlement du solitaire puni de sa laideur et de sa méchanceté.

Un texte à découvrir !
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L'une des modes cinématographiques de ces dernières années est le préquelle (ou prequel en anglais), ou quand on prend une franchise célèbre et qu'on fait un film racontant ce qui s'est passé avant. Par exemple, avec la Planète des Singes ou X-Men.
Cela permet de montrer les personnages sous un autre angle et d'éclairer quelques points d'ombre sur l'histoire. Une idée bien honorable mais qui est souvent trop mal utilisée.

En littérature, le préquelle existe aussi, avec Gargantua de Rabelais, ou le Monde de Narnia, certains des livres se passant chronologiquement avant d'autres.
Le cas de ce livre est un peu particulier, puisque son auteur n'a pas écrit ce dont il s'est inspiré. Mais grand connaisseur de la saga de Beowulf, il s'est dit qu'il était temps de donner la parole à son personnage le plus-sous estimé: Grendel, monstre éternellement coincé entre la traîtrise de sa succube de mère et la démesure du dragon.

Nous voilà donc parti pour une exploration des méandres d'un personnage bien plus complexe qu'il n'y parait. Si ce n'était qu'un monstre sanguinaire dans l'épopée de Beowulf, John Gardner en fait ici un être tourmenté, perdu et tiraillé par sa monstruosité et l'attirance mêlé de répulsion qu'il éprouve pour les humains et sa part d'humanité en lui.
Ce n'est pas une lecture facile: il y a beaucoup de philosophie dans Grendel, car c'est un monstre qui pense, qui pense beaucoup et qui pense bien. C'est un livre qui fait réfléchir, qui va plus loin que ce qu'on attend de lui.

Fantasy et philosophie riment, n'en déplaise à ceux qui refusent de le croire, et Grendel est peut-être l'apothéose de cette rencontre. John Gardner a transcendé le matériel d'origine, il a donné une nouvelle profondeur à un récit et un personnage qui en manquait. le seul défaut que je pourrais trouver au livre, c'est qu'il reste quand même hermétique à ceux qui ne connaissent pas bien la philosophie. C'est parfois difficile, alors si vous vous attendez à une lecture aussi facile qu'agréable, rebroussez chemin ! Mais sinon, c'est sûrement l'un des meilleurs livres de fantasy que vous pourrez lire, point barre.
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