AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742796632
Actes Sud (01/02/1900)
3.8/5   45 notes
Résumé :
Gaston Brache, soldat de la Grande Guerre, marche dans la neige. Il doit trouver un homme, et lui délivrer le message d'un compagnon d'armes décédé qui tient en quelques mots obscurs : "Je n'ai pas pu le contenir." Le vieux paysan auprès duquel il s'acquitte de sa mission semble frappé d'épouvante. Tandis que tonne le canon, et qu'à l'étage résonnent des bruits étranges, il sert un verre au visiteur et lui raconte son histoire...
Que lire après Je finirai à terreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 45 notes
5
1 avis
4
10 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
« Longtemps j'ai cherché mon chemin dans le froid et la nuit tombante. Je n'aurais jamais pu imaginer que je finirais ici, allongé de tout mon long à terre, sans souci de la neige qui me tombe sur le dos, incapable de bouger, terrassé par la peur...»

Pendant la Première Guerre Mondiale, non loin du front…
Une nuit d'hiver glaciale, sous les coups des canons qui résonnent au loin, sous un ciel strié de lueurs jaunes par les tirs des obus, sur une terre dévastée par les bombardements, le jeune soldat Gaston Brache arrive dans un hameau austère de la région d'Artois.
La longue route qu'il a effectuée, n'a qu'un seul but : délivrer un message d'un compagnon d'armes décédé.
La terre tremble sous ses pieds, il frappe à la porte d'une ferme, un vieux paysan le fait entrer.
Gaston Brache révèle au vieux fermier les termes d'un curieux message : « je n'ai pas pu le contenir »…
Déclaration pour le moins sibylline, que le vieil homme comprend pourtant, car son visage reflète alors la plus indicible des peurs.
Tandis qu'à l'étage, des bruits étranges se font entendre, les deux hommes s'attablent autour d'un verre ; d'une voix blanche, le vieux entreprend la narration d'une histoire terrifiante...


Laurent Gaudé revisite le mythe du Golem dans un récit intense et ténébreux aux accents d'apocalypse.
L'homme de théâtre sait parfaitement camper décors et atmosphères en phrases simples, mesurées mais incommensurablement fortes, énergiques, puissantes, saisissantes.
Une écriture cinématographique qui, immédiatement, fait jaillir les images : les pas lourds dans la neige, les zébrures orangées dans le ciel de la nuit, les larges cicatrices que laissent dans la chair de la Terre les bombes éclatées…
On y est, on s'y croit, on le sent…
Ici, c'est la voix caverneuse d'un vieil homme qui s'élève, spectrale, tressautant de peur contenue, dans le noir de la nuit…
Ici, c'est l'effroi d'un jeune soldat qui écoute, et comprend que la peur, comme un venin mortel, coule désormais dans ses veines…
Ici, c'est la Terre qui souffre, qui geint, qui se tort et crie vengeance…
Les hommes l'ont à ce point dévastée, ravagée, détruite, qu'elle ne cherche plus qu'à les anéantir.
Ici, c'est un monstre de boue, de glèbe et d'humus qui se reconstitue…
Trois voix, celle du jeune soldat, celle du vieil homme, celle de la Terre, pour raconter la souffrance indicible, la cruauté sans borne, le ravage innommable que la guerre occasionne.
Soixante pages d'un texte sombre, mystérieux, captivant, effrayant, tirées du dernier recueil de nouvelles de Laurent Gaudé, qui laissent augurer d'autres lectures aussi troublantes avec « Les oliviers de Négus ».

« Les nuages roulent. Les pierres craquent. le vent se lève. Je reste à terre. le monde est impatient de nous effacer. Je me tais. Je sais que, désormais, la peur ne me quittera plus. Jusqu'au bout de ma vie. La peur. Et rien d'autre. »
Commenter  J’apprécie          200
Une nouvelle surprenante! Merci à Myriam3 de l'avoir pioché dans le cadre de Pioche dans ma PAL février 2018.
De manière générale, je n'apprécie pas beaucoup ce genre littéraire. Pour autant, j'aime beaucoup l'écriture de Laurent Gaudé. J'avais la fausse impression que ce titre serait une ébauche de Cris. Rien n'est plus faux. Si effectivement l'histoire se déroule au temps de la Première Guerre mondiale, l'auteur a choisi une manière astucieuse de dépeindre les horreurs de la Grande Guerre en donnant à la terre elle-même toute son importance, la dépeindre comme un personnage à part entière meurtrie par cette guerre. Sur fond de fantastique, à travers l'histoire d'un paysan, les conséquences de la barbarie des hommes nous sont contées. J'ai apprécié cette courte lecture.
Commenter  J’apprécie          221
Depuis quelques siècles, nous maltraitons la planète sur laquelle nous vivons. Mais que ferait-elle si elle pouvait nous répondre ? Laurent Gaudé, mêlant le genre historique et fantastique, nous plonge dans la peau d'un soldat de la première guerre mondiale confronté à une créature venant exterminer les humains pour tous les maux qu'ils ont provoqués à la Terre.

Histoire captivante, nouvelle angoissante, l'auteur aborde le sujet de la protection de l'environnement de manière originale et intense. du début à la fin, nous nous trouvons saisis par l'histoire, le souffle coupé. Une ambiance sombre plane sur le livre et je l'ai fortement ressentie lors de ma lecture. Je pense que chacun peut s'identifier au personnage principal, qui, face à la mort, tremble de peur, face à la violence, veut "se cacher", lorsqu'il prend connaissance de la bête meurtrière. J'ai beaucoup apprécié le choix de Laurent Gaudé de commencer l'histoire par la fin. de ce fait, il nous tient en haleine tout le long du livre, nous faisant subir une pression quasi constante. Lorsque le paysan à l'allure mystérieuse conte la légende du monstre sans pitié, je me suis réellement pris à l'histoire, comme si cet homme était devant moi et me la racontait. L'auteur nous décrit la Terre comme un personnage fatigué d'être abîmé. Je l'ai trouvée vraiment attachante même si, personnellement, j'aurai préféré qu'elle se comporte autrement .

Cette nouvelle m'a beaucoup plu, elle a réussi à capter mon attention et à me captiver. Elle m'a permis de me questionner sur le sort que l'on réserve tous les jours à la planète, et sa personnification fait vraiment frémir.
Amoureux du suspense, de la tension, de l'angoisse, je vous recommande vivement de vous jeter sur ce récit.
Commenter  J’apprécie          30
Depuis le début de son existence, l'Homme n'a cesser de s'entre-tuer avec ses semblables, abîmant la Terre, en en faisant un tombeau à ciel ouvert. Mais cette fois-ci la Terre n'entend pas ce laisser faire et va répliquer en utilisant une arme terrifiante.
Après la mort d'un de ses supérieurs dans une violente explosion, Gaston Brache ,un poilu, est chargé de remettre un message; les dernières paroles de son capitaine à une personne faisant visiblement parti de son entourage.Il fera la connaissance d'un fermier, le destinataire de ce funeste message. Mais alors qu'il pensait sa mission terminée, le fermier va soudain lui faire des confidences et lui raconter une histoire qui parait aussi invraisemblable que terrifiante. Cette nouvelle de Laurent Gaudé est un parfait mélange de récit fantastique et historique, contant l'histoire d'un soldat de la première guerre mondiale qui doit faire face à un monstre sortant des entrailles de la Terre . Cette nouvelle m'a captivé, aussi grâce à son sujet que son rythme haletant. L'angoisse du fermier semble irrationnelle et dénuer de tout fondement mais l'on se retrouve vite happé nous aussi par cette angoisse presque palpable au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture. Personnifier la Terre est une idée que je trouve excellente, et très bien décrite. L'atmosphère change radicalement tout au long de la nouvelle et nous tient en haleine du début à la fin. Les personnages sont réalistes et attachants, on a peur pour eu. le suspense est prenant et ce dès le début de la nouvelle, notamment par le fait de retrouver la fin au tout début de l'aventure.
J'ai été happés des les premières lignes par ce livre et je n'ai pas pu m'en défaire avant la chute. le rythme est haletant, l'histoire fait froid dans le dos, le sujet original et maîtriser de bout en bout. Ce livre est bluffant et plein de bonnes idées. Si vous aimez le suspense et la peur de l'inconnu sauter sur ce livre sans attendre ; vous ne pourrez plus le lâcher.
Commenter  J’apprécie          20
Depuis des millénaires l'Homme a fait de la Terre un champ de bataille, gorgé de cadavre qui lors de la première guerre mondiale a cessé de se taire. Et ainsi elle va menacer les Hommes en utilisant une arme hors du commun.

L'histoire se passe donc pendant la 1ère guerre mondiale, en Artois. Nous suivons Gaston Brache, un soldat chargé d'une mission. Avançant péniblement dans la neige et le froid, il doit à tout prix délivrer un message. Un fermier effrayé l'accueille et finit par lui ouvrir la porte. Gaston  transmet les mots qu'on lui a confié : « Je n'ai pas pu le contenir », et assiste aux propos apeurés et incompréhensible de son hôte. Ce dernier se décide alors à lui raconter son histoire. Laurent Gaudé, dans sa nouvelle, mélange le genre fantastique et historique, le style de cet auteur nous permet à nous lecteurs de se plonger totalement dans l'histoire et même de ressentir les émotions du soldat comme la peur lorsqu'il se retrouve face à la mystérieuse créature. Son choix de laisser planer le suspens tout au long du livre nous donne une envie supplémentaire de le finir et va même jusqu'à nous apporter une certaine angoisse.

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, je me suis vraiment sentit submergé par l'histoire, et le fait de décrire la Terre comme une personne et de lui donner la parole à certains moments n'a fait que m'y intéresser davantage. Mais cette nouvelle peut aussi nous faire passer comme message que la planète sur laquelle nous vivons est maltraité et que cela ne tient qu'à nous d'améliorer la situation. Comme vous l'aurez compris, je recommande à tous ce livre.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
" Elle espéra un temps qu’il ne s’agissait que de la nourrir. Comme temps de fois auparavant. Elle n’avait jamais dédaigné les corps qu’on enfouissait en elle. Elle les accueillait, les entourait de sa chaleur d’humus et ils se défaisaient doucement. Mais cette fois les corps abondaient et elle comprit qu’il ne s’agissait plus de cela, que si l’on continuait à enfoncer en elle des morts, c’était juste pour dégager de la place et laisser aux vivants l’espace de lutter. (...) Trop de corps à avaler. Par boucgée successives. Pas même le temps de déglutir. Les hommes bourraient le sol de cadavres encombrants et, comme il y avait de moins en moins de place et de moins en moins de temps, ils creusaient de grandes tombes à ciel ouvert et y jetaient de la chaud, pensant que cela aiderait la terre à les assimiler. Mais la cahux étaiet pour elle une poudre blanche qui lui brûlait la langue et la faisait cracher. Elle était comme un animal glouton que l'on gave de force tout en lui battant les flancs. Ils l'ouvraient à mille endroits, la retournaient, la saignaient. Ils la forçaient à manger et frappaient sur son ventre bombé. Elle n'avait plus faim. Mais elle devait continuer. D'une main, ils la nourissaient, de l'autre ils la meurtrissaient. "
Commenter  J’apprécie          20
Le monde va plonger dans la tourmente et la terre nous vomit. [...] Je pressens que ce sera le monde demain. Nous lui serons odieux. La terre, déjà, s’est révoltée, ce sera bientôt le tour des forêts, des flaques d’eau, du ciel. [...] Tout sera puant et vicié, l’air que nous respirerons, l’eau que nous boirons. Nous sommes devenus odieux au monde et tout va bientôt se rebeller. [...] L’homme a offensé les éléments et ne sait plus comment les apaiser. [...] Je ne sais rien, moi. Il ne nous reste que la peur. Je reste à terre. Je sens qu’il n’y a rien que je puisse faire. Le monde bruit et frémit. Je ne sais pas l’arrêter. Il enfle et se gonfle. Les nuages roulent. Les pierre craquent. Le vent se lève. Je reste à terre. Le monde est impatient de nous effacer. Je me tais.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne répondis rien car à cet instant j'étais incapable d'articuler un mot. Il avait raison. Les hommes allaient se battre, saison après saison, se perçant la chair les uns les autres. Personne ne gagnerait. Tout le monde s'était enterré trop profondément pour qu'une victoire soit possible. Alors, le Golem, oui, pourquoi pas ? Qu'il écrase tout jusqu'à mettre en déroute nos troupes et les leurs. Que la terre reprenne ses droits et qu'on en finisse. Ce n'était pas plus flou que le reste.
Commenter  J’apprécie          20
On l’a calcinée et chaque jour on l’éventre un peu plus. Alors dites-moi : pourquoi elle ne voudrait pas nous tuer à son tour ? Il faut bien que cela cesse un jour, non ?
Commenter  J’apprécie          10
Il but son verre d'une traite et je le regardai avec pitié car il y avait dans sa hâte quelque chose de ceux qui savent que leur vie ne durera plus très longtemps.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Laurent Gaudé (101) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurent Gaudé
Laurent Gaude vous présente son ouvrage "Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3044306/laurent-gaude-terrasses-ou-notre-long-baiser-si-longtemps-retarde-recit
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (114) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
176 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..