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EAN : 9782070349364
320 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.71/5   70 notes
Résumé :
Il s’appelle Jésus et, tout compte fait, c’est un pauvre diable. Cet ouvrier agricole sait, depuis toujours, que la passion, la haine et la violence circulent comme le vent, entre le monde des humains et le monde des bêtes. Il sait aussi, sans s’en affliger, que la vie et la mort n’en finissent pas de se mêler dans cet univers où la hache détruit le hêtre, où la musaraigne avale le ver de terre, où les hommes fracassent, dans l’indifférence, la tête des chats et cel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Sitôt terminée la lecture du troisième volume de ‘L'histoire intime de la Vème République, « La souille », du même auteur, paru en 1995 et « finaliste » du Goncourt la même année ; qui vit le couronnement d'Andreï Makine pour « le testament français ».
Noir c'est noir…
Il n'y a plus d'espoir : c'est assurément ce que pense Jésus. Non, pas celui qui marche sur l'eau (quoique ?!), le commis de ferme, un peu l'idiot du village, celui qui va être mêlé à un drame bien malgré lui. Il en sera le spectateur privilégié avant d'en devenir un acteur.
Nous sommes dans la Normandie profonde où l'on retrouve tous les stéréotypes du lieu : Mme Avisse, la châtelaine, Mme Ducastel, maitresse de maison, son fil, Maxime, pas trop finaud, Jésus, un peu demeuré, semble-t-il ; en réalité directement connecté avec la nature dans tout ce qu'elle a de bucolique, mais également de sauvage dans les rapports « prédateur prédaté ». Il y aura des chasseurs, parmi lesquels l'inspecteur de police ; et aussi un sanglier mythique, un grand solitaire.
Ajoutons à ceux-ci des enfants livrés à eux-mêmes ...
Et Epiphanie, le cadeau du ciel. Celle sur qui tous les soupçons vont converger. N'est-elle pas une horsine (étrangère au pays) ?
Noir, c'est noir, disais je : une nature restreinte aux multiples relations de survie dans le monde animal. Une humanité qui tend à l'imiter, agrémentée de tout ce qui la rend détestable aux yeux de Jésus. le style en moins, on se croirait dans un roman d'Yves Ravey.
Une première découverte d'un auteur que j'avais jusqu'alors limité à son rôle de journaliste un peu (beaucoup) narcissique, mais qui me surprend ici. C'est bon, même si certains passages sont un peu difficiles…
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On l'appelle Jésus, il est garçon de ferme. Solitaire, dur au mal, peut-être un peu simplet ? En tout cas différent.
Jésus aime la terre, la pluie, l'humus, et la bouteille, à l'occasion. À première vue l'archétype du brave type un peu fruste (mais aussi penseur à ses heures perdues !), en totale osmose avec la nature et le monde animal, du plus petit insecte au redoutable "gros noir", cet énorme sanglier qui rôde alentour.

Son histoire débute donc comme un conte champêtre, dans une ferme normande : terroir, ruralité, travaux des champs et rythme des saisons.
La fable bucolique est toutefois rapidement ternie par l'ambiance pesante qui régne sur le domaine, où rancoeurs et préjugés ont la vie dure, et par les brimades quotidiennes à l'encontre de Jésus ou de la nouvelle arrivante, Épiphanie.
Certes, les papillons volètent, les écureuils batifolent et le narrateur glorifie Dame Nature, mais dans le même temps le renard égorge la poule, l'araignée dévore le moucheron, et le même narrateur est pris de pulsions malsaines.
Autour de ce personnage ambigu, Franz-Olivier Giesbert souffle donc le chaud et le froid, par une succession de tableaux à portées vaguement symboliques. Il entrecoupe en effet son récit de petites scènes animalières, parfois charmantes (voir l'excellent paragraphe sur l'accouplement de deux escargots en page 61, par exemple !) et parfois moins... La vie et la mort se livrent ici une bataille sans fin, et c'est bien cette savante alternance, ce contraste de tous les instants, ce mélange poisseux de sève printanière et de sang répandu qui font la force du roman.

Un microcosme rural parfois tendre et parfois violent, quelques jolies métaphores sur la beauté cruelle du règne animal, une nature omniprésente, des personnages assez troublants et plus complexes qu'il n'y parait, et des instincts primaires impossibles à museler : "la souille" (n.f : Flaque boueuse creusée par le sanglier, où l'animal se vautre), porte finalement bien son nom !
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Blaise Mortemar (le narrateur) est garçon de ferme depuis des années chez les Ducastel. Il est affublé d'un deuxième prénom (peu banal) et lourd à porter (Jésus) que son patron – par espièglerie – divulguera à tout le monde, en l'utilisant tel son prénom usuel (après l'avoir découvert fortuitement, sur la carte d'identité de son ouvrier agricole …)

Maxime, le fils Ducastel, est trop timide pour oser flirter avec les filles alentour. Alors, il va se résoudre à écrire à une agence matrimoniale, afin de trouver une compagne. C'est une jeune femme répondant au prénom – non moins surprenant – d'Epiphanie qui va venir se présenter à la ferme. Et cette Épiphanie, ma foi, plait bien à notre ami Jésus … Une pauvre Épiphanie que Madame Ducastel mère – par contre – n'aime pas, mais alors pas du tout !

Jésus, bien que discret, voit tout. Entend tout. Sait tout. Il possède un don, qu'il cache précautionneusement … Jésus préfère être pris pour un simple d'esprit plutôt que pour un sorcier, voire même le diable …

Un joli roman, peuplé de personnages savoureux, tels que : Monsieur Chevillard (l'oncle maternel de Maxime), les Papavoine qui habitent une caravane (Didi, treize ans, Roro, onze ans et Cricri – la fille – sept ans), Sami (qui n'a pas de métier), Madame Avisse, les Crochemore, sans oublier Monsieur l'Abbé … Un récit à la fois tendre et cruel, où Dieu est omniprésent. Une touche de poésie par-ci, un brin de mystère par-là, dans cette fort belle nature normande, dotée d'habitants parfois bienveillants, parfois hostiles. Une intrigue où le drame est imminent et se dessine au fil des pages …

Première lecture signée Franz-Olivier Giesbert pour ma part. Et, je le reconnais bien volontiers, il s'agit d'une découverte plutôt agréable !
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Blaise Mortemar, que tout le monde appelle Jésus, est garçon de ferme chez les Ducastel depuis plus de vingt ans. Il est un peu simple d'esprit et passe son temps à observer les gens qui l'entourent, les animaux domestiques et sauvages et en particulier un très vieux sanglier sans oublier toutes les forces de la nature. Maxime, son patron, trouve une femme par le biais d'une agence matrimoniale : Epiphanie qui sera aussi mal accueillie par sa belle-mère que par sa toute-puissante voisine qui tient les Ducastel car ceux-ci ne peuvent pas rembourser l'argent qu'elle leur a prêté...
Un roman (presque) du terroir normand particulièrement bien écrit dans un style minimaliste fort agréable où Giesbert, brillant journaliste au Point et dans nos étranges lucarnes, rivalise avec Fournier ou Mingharelli, autant dire avec les meilleurs du genre. le personnage de Jésus est magnifique, tout à la fois ambigu et troublant. Malheureusement, à chaque paragraphe centré sur les turpitudes humaines en répond un autre sur la vie animale qui, comme chacun sait est tout aussi cruelle. Mais n'est pas Maurice Genevoix qui veut. Dans ce livre, le symbolisme et la philosophie restent en permanence en filigrane ne serait-ce que par le biais de ce valet de ferme plus penseur que rêveur qui se régale de « L'éthique » de Spinoza et par les maximes ou aphorismes qui terminent pratiquement tous les passages.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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La Souille est un roman sur la misère humaine. Jésus, homme de ferme a priori simplet, est un Candide aux réflexions toujours bien senties (CF citations). Nous sommes dans la Normandie profonde (quelle époque?) et il observe une micro-société dans laquelle rôde la mort, la jalousie, le mépris, la tristesse. La métaphore filée entre ses réflexions sur ses observations des Hommes et celle de la souille du sanglier sont rudes et sadiques, mais percutantes et pertinentes. Un roman qu'on ne lâche pas : "il ne se passe rien" ou presque mais tout ce qui se passe dans la tête de Jésus, la portée symbolique et philosophique et finalement notre attachement au protagonistes et à ceux qu'il côtoient ont raison de notre ennui...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L’avenir, c’est du passé qui recommence. Le monde a toujours besoin de boucheries, pour réguler l’espèce. Il mouline sans arrêt les mêmes vanités. Rien ne change donc jamais, ici-bas. Sauf qu’il y a de moins en moins de curés et qu’il faut de plus en plus de gendarmes.
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Le temps étant long après la vie, il vaut toujours mieux passer sa mort à rire. Surtout qu'une fois qu'on a quitté ce monde, il n'y a plus aucune raison de pleurer.
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C'était un grand garçon avec un visage ouvert, des cheveux blonds, des taches de rousseur et les yeux si bleus qu'on croyait voir le ciel au fond. tout le monde disait qu'il était beau. Moi, je ne comprends pas comment on peut être beau quand on a l'air bête.









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Je suis comme les enfants.Je n'aime pas qu'on dise que je suis amoureux.
C'est trop grave pour qu'on en parle. Ça doit rester un secret entre moi et moi.
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C'est une sainte ma sœur.
- Je ne crois pas C'est très casse-pieds, un saint. Il pousse des colères, il fait des histoires. C'est pourquoi on les aime toujours mieux morts que vivants. Ta sœur, elle est la douceur même.
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