Le 20 mai, Gilliard et les quatre enfants sont transférés de Tobolsk à Tioumen sur le Rouss, le bateau qui les avait amenés huit mois plus tôt. Les gardes sont nerveux et brutaux. La tension est grande. Au moment de monter dans le train en gare de Tioumen, sans qu’il s’y attende, Gilliard est séparé des enfants. Il doit voyager dans un autre wagon, en quatrième classe, et sous bonne garde. À Ekaterinbourg, le 23 mai, il les voit pour la dernière fois, depuis la fenêtre du train. Olga, Tatania, et Anastasia avancent dans la boue, traînant leurs lourds bagages.
Alexis, qui ne peut plus marcher, est porté par le matelot Klementi Nagorny. « Je voulus sortir, mais je fus brutalement repoussé dans le wagon par la sentinelle. » Pour Gilliard, ce sont des souvenirs douloureux : « Je revins vers la fenêtre. Tatiana Nicolaïevna s’avançait la dernière, portant son petit chien et traînant péniblement une lourde valise brune. Il pleuvait et je la voyais enfoncer à chaque pas dans la boue. Nagorny voulut se porter à son aide : il fut violement rejeté en arrière par l’un des commissaires. » Ils sont emmenés à la maison Ipatiev, rebaptisée pour la circonstance Maison à destination spéciale.
Exposition "Controverses" à l'Elysée à Lausanne