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Jean-Baptiste Grasset (Traducteur)
EAN : 9782070752294
368 pages
Gallimard (14/04/1998)
3.45/5   20 notes
Résumé :

A Barcelone, un avocat minable est engagé pour effectuer une recherche en paternité. Mais l'affaire qui lui est confiée comporte de nombreux points obscurs et l'enquête s'avère moins facile que prévu - surtout dans une ville bouleversée où chacun, comme l'inspecteur Méndez, cherche son chemin après la chute de Franco.
--Ce texte fait référence à l'édition

Poche
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À Barcelone, un petit avocat est engagé pour effectue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je poursuis, cet été, mon exploration de l'univers de Francisco Gonzáles Ledesma. Après 5 femmes et demi et les rues de Barcelone, c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai attaqué le dossier Barcelone.
Ecrit en 1983, ce roman restitue avec précision, sensibilité et intelligence le contexte de l'Espagne post franquiste.
De la mort de Franco le 25 novembre 1975 à l'adhésion de l'Espagne à l'Union Européenne en 1986, le pays a sans cesse flirté avec son passé et son avenir, comme un amant inconstant hésite entre deux femmes.
Je choisis avec raison la référence à l'amant, tant la relation homme femme sert de guide à la réflexion des différents personnages du roman.
Une allégorie érotique non dénuée de sens.
Le fils de l'industriel Masnou est tenté par une vie radicalement différente de celle de son père. Ses amis Prado et Costa sont des militants de gauche, impatients de saisir l'occasion de la mort de Franco pour « changer » la société espagnole. Isabel, la soeur de Costa n'est pas la moins « enragée », elle devient l'amante du fils Masnou qui l'abandonnera peu après.
Mireia, une femme qui gravite autour du groupe, sollicite un avocat minable pour prouver une origine de paternité, et joue l'ambiguïté de la séduction.
Le roman est une mine de renseignements sur Barcelone, ses quartiers et ses rues, ses transformations, mais aussi sur les événements qui ont marqués la période de la transition en Espagne.
Le garrotage de Puig Antich. L'assassinat de l'amiral Carrerro Blanco. L'ETA et les GRAPO. La position du roi par rapport à la République. le rôle des leaders communistes. Les personnalités d'Adolfo Suarez et de Felipe Gonzales. le coup d'état manqué de Tejero en 1981.
Enfin, le roman est l'occasion de nombreux rappels historiques, notamment l'histoire de ce jeune tambour espagnol qui aidé par l'écho des montagnes fait croire aux troupes napoléoniennes que l'ennemi est supérieur en nombre et provoque sa retraite, qui montrent comment le franquisme a façonné et vendu au peuple espagnol une vision de l'Espagne qui n'était plus.
Certes, on pourrait objecter que l'on est loin du Polar, du commissaire Mendez (qui fait une brève apparition) et qui court déjà après les ennuis avec sa hiérarchie, des intrigues palpitantes, des meurtres sanglants dont on se demande quel est le mobile et qui est l'auteur.
Rien de tout cela ici, mais beaucoup plus.
Le roman est construit autour de 5 couples de personnages :
- Mireia et l'avocat
- Isabel Costa et le fils Masnou
- Esther Jou, une publiciste et le fils Masnou
- le fils Masnou, sa soeur Maria del Mar et leur « ami » Prado
- Pardo et le commissaire Lorente
La narration mêle dialogue entre les personnages et échanges de correspondance, donnant au récit une dynamique faite de recoupements et reflétant la complexité des choix auxquels a été confrontée la société espagnole après 1975. Un pays ne sort pas indemne de 40 ans de dictature. Ledesma dépeint avec justesse la façon dont les soutiens de l'ancien régime, notamment les entreprises, mais aussi les forces de Police, la justice et l'administration dans son ensemble vont se recycler en soutien du nouveau pouvoir.
Comme il sait le faire, Ledesma illustre son propos de phrases à l'emporte pièces : « La droite doit seulement gérer des intérêts, ce pour quoi elle emploie les technocrates, ces thaumaturges du XXème siècle. Et vous savez que les livres de comptes, depuis Esaü et son plat de lentilles, ont toujours fini par s'équilibrer, d'une façon ou d'une autre. »
« C'est pourquoi la gauche véritable n'arrive jamais à se mettre d'accord, car elle doit gérer à la fois de l'argent, des tourments, des drapeaux, des martyrs et des courants d'air. »
« Isabel lisait les poètes plus ou moins interdits, bien sûr, mais aussi les économistes proscrits par le régime, à commencer par Lassalle, pour continuer par Marx et aussi par Proudhon, si tant est qu'on puisse qualifier Proudhon d'économiste. Pour moi, c'est ce dernier qui me plaisait le plus : c'est lui qui avait le plus de couilles au cul, comme on dit chez nous. »
Un roman à conseiller à ceux qui aiment l'Espagne, la Catalogne, Barcelone, la vieille Espagne, celle des plages où les touristes européens surveillés par les Gardes-Civils viennent s'affranchir sur la Costa Brava et l'Espagne contemporaine, celle qui envoie ses touristes partout dans le monde.

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Après avoir fait la connaissance de l'inspecteur Mendez dans « La Dame de cachemire» il m'a semblé intéressant de le retrouver depuis ses débuts et donc dans ce « dossier Barcelone » il fait une apparition, une petite figuration très brève mais n'est qu'un élément de la narration. Toutefois le personnage est déjà tout créé surtout avec sa verve très crue et désabusée.
On s'attend à une enquête policière, certes elle est là mais tellement tordue qu'on ne la sent pas car perdue dans le contexte. En effet on débouche rapidement sur une analyse sociale, politique, économique de l'Espagne franquiste et les soubresauts post franquistes du pays.
le contexte historique et l'aspect politique est l'élément important de cette narration. La vie après le franquisme reste compliquée et l'intrigue policière n'est qu'un révélateur de tous ces problèmes
Après la chute du franquisme la fermeté des institutions partent à vau l'eau dans une pagaille anarchique Les affaires de banditisme sont recyclées, les attentats révolutionnaires des rouges et ou anarchistes en expansion aux quelles se mêlent les magouilles politico/policières et la chasse aux rouges

Une narration qui est menée de plusieurs manières différentes

Une partie vue par un avocaillon retenu pour dénouer une banale affaire de recherche en paternité qui va se trouver mêlé à des attentats de politiques et de policiers Confronté à la police, à sa cliente il va essayé de ne pas se faire phagocyter par son affaire et bien entendu faire, malgré le danger, son boulot.

Une partie explicative par des lettres du présumé père Ramón Masnou, fil de patron embringué philosophiquement dans une idéologie communiste.
Ici, dans cette confession épistolaire adressée à mademoiselle Esther Jou une amante potentielle, le contexte général de l'Espagne, l'ambiance politique de la petite entreprise de son père et les méthodes odieuses d'organisation du travail, les syndicats, ses liens avec un groupuscule évolutionnaire et amoureux y sont admirablement décrits..
Une analyse très pertinente de la classe ouvrière, des groupuscules estudiantins rouges politisés, du patronat et des affaires nauséabondes de banquiers et de l'immobilier en plein essor à Barcelone.
Une analyse en outre extrêmement désabusée et cynique de la condition humaine, de sa petitesse et de ses propres sentiments mitigés sur sa compagne, sa pensée politique, sa situation financière et son avenir.
Et tout ça est terrifiant!

Une partie rédigée par un communiste Ricardo Prado ami de Ramón Masnou sous forme de confession arrachée par le commissaire Lorente
Très instructive sur la pensée politique et sociale des révolutionnaires anarcho-communistes aigris et désillusionnés

Globalement mais en beaucoup moins dense cela m'a rappelé l'analyse de Corti dans son « cheval rouge » en Italie. Les conditions économiques, sociales et politiques y sont très semblables

Une intrigue policière quand même qui trouvera un épilogue bien noir et très peu encourageant pour l'avenir.

Très étonnant qu'on ne connaisse en littérature espagnole policière et politique que Manuel Vázquez Montalbán et que Ledesma soit quasiment inconnu et qu'il soit difficile de trouver des informations sur celui-ci. La qualité de l'analyse de l'Espagne des années franquistes et post franquistes mêlée savamment avec une intrigue policière et politique très réaliste est vraiment impressionnante. Il mérite nettement, d'être mieux connu car il est « cash » par contre peut-être peut on lui reprocher une narration assez salace sans nuance mais qui s'adapte toutefois parfaitement au contexte de sa narration.
Un livre difficile et très désenchanté.
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Barcelone sous le franquisme et après : un petit avocat est engagé pour une recherche en paternité impliquant le fils d'un riche industriel. Ce fils a écrit à une femme toute sa vie : sa jeunesse rebelle, son retour dans le giron familial. En prison son ami de jeunesse écrit au commissaire Lorente les raisons de son militantisme communiste. Des petits chapitres imprégnés de l'histoire espagnole pour ceux qui sont curieux.
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pourtant conseillé par mon libraire-magique... pas pu le finir....
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Et vous continuez à dire, ceux qui êtes passés par les universités, que vous êtes intelligents, qu’au moins vous êtes ça. Mais c’est quoi l’intelligence ?
Passer sa vie dans cette merde et même pas pouvoir relever la tête, c’est de l’intelligence ? Et quoi encore ? Larguez tout ça une bonne fois, putain ! Foutez toute cette paperasse par la fenêtre et cherchez un emploi où vous pourrez vous mettre en arrêt maladie !
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J’en arrivai à une conclusion peut-être surprenante, mais qui est restée enracinée en moi: les gens ne vont là que pour voir souffrir cet animal, pour se repaitre de sang. lls contemplent avec extase l'exécution d’une bête, faute de pouvoir contempler l'exécution d' homme.
Aussi est-il bien étrange que l'on relie cela à des sentiments spirituels, à la musique, au soleil, aux fleurs et au grand air: il n'y a rien là que sueur de fauve aux abois (quelle terrible angoisse que celle du taureau qui tourne et tourne encore entre les lices cherchant en vain à s’échapper), sang sur le cuir et sur le sable souillé, douleur animale (s’il le pouvait, le taureau crierait et implorerait pitié, face à sa mort inéluctable).
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le maire Porcioles avait rendu visite à Salvador Dali. Ils s’étaient embrassés si cordialement que le peintre se crut obligé d’expliquer à l’assistance : « C’est que nous sommes tous les deux fils de notaires. » Sur quoi Porcioles, un peu méfiant, s’était empressé de préciser :
« Mais pas du même notaire, hein, pas du même notaire… »
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Publié en 1983.
Première apparition de l'inspecteur Méndez dans l'oeuvre de Ledesma, Le dossier Barcelone est un roman complexe qui tente de décrire la dure réalité quotidienne barcelonaise pendant la période de transition du franquisme à la démocratie.
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Je crois que nous sommes un peu comme cet industriel
qui s’était aperçu que son associé se farcissait sa femme (pas celle de l’associé, celle du patron) sur un divan de l’entreprise ; comme il ne souhaitait pas se séparer de son associé, ni casser la figure à sa femme, qui avait aussi des capitaux dans l’affaire, il choisit de vendre le divan.
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