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EAN : 9782253002574
347 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Quatrième de couverture : Ce n'est pas uniquement l'attirance pour l'inconnu, le pittoresque ou l'insolite, habituelle composante du goût des voyages, qui' incite l'écrivain anglais Graham Greene à se rendre avec sa cousine en 1936, au Libéria, sur le golfe de Guinée. Cet État d'Afrique offre encore l'image d'un pays que n'a pas atteint -ou corrompu la civilisation du XXe siècle dont le machinisme outrancier et la sophistication semblent devoir étouffer l'âme des ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comme son titre l'indique , ce livre raconte un voyage "sans cartes"que fit Graham Greene avec sa cousine Barbara Greene au Liberia, en 1935, à trente ans. Difficile d'imaginer à cette époque là de voyager sans carte, avec des guides de fortune en terre inconnue. Pourtant deux cartes existent. L'une issue par les britanniques et l'autre par le ministère de la guerre de Etats-Unis.Celle britannique,totalement faux, consiste en une grande zone blanche représentant l'intérieur du pays,couverte de forêts, et la côte aux quelques noms disséminés, méconnus de tous. Celle américaine,encore pire, la côte exceptée , n'indique que la mention "Cannibales ".

Le Liberia est un pays particulier d'Afrique, fondé en 1822 par une société philanthropique américaine de colonisation, l'American Colonization Society, pour y installer des esclaves noirs libérés, qu'ils trouvent désormais encombrant sur leur territoire ( aujourd'hui l'idée même d'un pareil acte semblerait absurde !).
Cette population nouvellement asservie a pour leitmotive "L'amour de la liberté nous a emmené ici-( The Love of liberty brought us here)". Mais malheureusement l'amour de liberté de ces colons métis est loin de correspondre avec celui de la population autochtone. Un grand malaise en sera déclenché, entraînant chaos et guerre civile sur des décennies.C'est dans ce chaos que se rend Greene, qui quitte l'Europe pour la première fois et qu'il reconnaît lui-même comme une entreprise amateur et ingénue. Est-ce sans doute l' ignorance totale de ce qui l'attend qui lui donne le courage d'entamer un tel voyage,qui nécessite une logistique compliquée à l'époque.
Un voyage en train et camion à travers le Sierra Leona où il accoste arrivant d'Angleterre, jusqu'à la frontière, et 350 miles à pied à travers le Liberia et la Guinée française, avec quatre serviteurs et 25 porteurs. En 1935 , une histoire assez particulière, d'autant plus que même aujourd'hui c'est loin d'être une destination touristique, les conditions de vie dans la brousse ayant peu changées.( témoignage -http://www.nytimes.com/2011/03/26/opinion/26iht-edbutcher26).

A travers la forêt dense, dans les villages où règne une misère totale , il rencontre à sa grande surprise des indigènes calmes,accueillants et gentils envers l'étranger, et extrêmement tendres envers leurs enfants.Douceur, gentillesse et honnêteté sont les attributs dont il qualifie cette population que les américains nomment "cannibales" sur leur carte. L'homme non touché par la civilisation le touche profondément.
Il nous raconte une expérience extraordinaire, riche en réflexions et observations,
sur les rites,coutumes et croyances des indigènes, sur les divers spécimens humains ( un allemand qui apprend des langues indigènes dans la brousse, un autre , nazi, docteur dans une mission.....) qui croisent sa route, agrémentée de nombreux détails,amusants (les montres qui s'arrêtent, dû au climat, et fait disparaître la notion de temps à jamais), intéressants (les sociétés secrètes cannibales, Leopard Society, Alligator Society...)......
Green qui a peur des papillons de nuit et des oiseaux,s'apprivoise même à l'idée de dormir dans la brousse avec des rats à son chevet. Rien ne le déçoit vraiment ni le décourage sinon la triste réalité de l'exploitation de ces pays pauvres par l'Occident et leur soi-disant apport de civilisation qui fait plus de mal que du bien.....

Ce voyage est aussi un voyage métaphysique, qu'un retour revigorant à la nature, hors de son milieu social naturel, donnera à Greene l'occasion d'aller au plus profond de lui-même à la recherche d'idées et souvenirs intimes enfouis dans son subconscient, qui l'aidera à libérer son esprit des démons du passé. Une collision entre le fervent catholique et l'Afrique animiste,monde des esprits, altérera à jamais sa perception du risque et de la mort, un voyage qui changera radicalement sa vie:"Je découvrais en moi quelque chose que je ne pensais pas posséder: un amour de la Vie ("I was discovering in myself a thing I thought I had never possessed: a love of life" p.171).

Un livre qui a croisé mon chemin par pur hasard, une édition de 1971 acheté d'occasion chez un bouquiniste.Si vous aimez la prose de Greene, les histoires intéressantes, l'Afrique et voyager, ou juste l'un d'eux, ne passez pas à côté, un livre passionnant.
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Pour son premier voyage en Afrique, en 1936, Graham Greene fait fort : il choisit le seul pays qui n'ait pas été colonisé par les puissances occidentales et (donc) sans cartes, sans routes, sans trains, un pays vierge en somme.
Une société philanthropique américaine a eu l'idée (humanitaire ? cynique ? bon débarras ? ) d'envoyer, en 1822, au « Libéria », pays inventé, des esclaves noirs libérés, dont la devise est « l ‘amour de la liberté nous amena ici ».

Ironie de l'histoire, les colons ex esclaves américains sont des colons.

Depuis la Sierra Leone, où Graham Green reviendra dans d'autres circonstances, il entend surtout parler d'une situation catastrophique, des maladies graves( éléphantiasis, paludisme, fièvre jaune,)ainsi que de l'impossibilité pour un Blanc de pénétrer dans la République du Libéria.
Il y arrive tout de même, accompagné de sa soeur, des porteurs (les hamacs, le whisky) en suivant les frontières du pays, en nous dessinant une carte (celle venant d'Angleterre était en blanc, comme dans Conrad, celle du Département de la guerre américain portait mention « cannibales »). le sienne suit son parcours, avec le nom des villages.
Et en joignant à son livre des photos.
Parce qu'en réalité, il ne verra que peu les habitants de la capitale Monrovia, ni les politiciens ex/ esclaves. Son voyage est une marche entre les villages, avec, oui, les dangers des maladies, des léopards et des éléphants, et aussi des sociétés secrètes pratiquant le cannibalisme. Il se prend une chique dans le pied, il finit par ne même plus faire attention aux cafards, aux fourmis dévoreuses, aux serpents, ni aux rats.

Il est, il y est, il découvre que dans certaines conditions limites, la joie s'instaure, inexplicablement. GG parle plusieurs fois de la psychanalyse, du besoin d'aller voir en soi même des sentiments inexplorés, alors, à mesure qu'il entre dans un pays inexploré, avec l'extrême fatigue de ces marches dans les sentiers, il découvre un formidable sentiment de bonheur.
« J'éprouvai, dit-il, de nouveau un sentiment heureux de liberté ; on n'avait qu'à suivre un sentier assez longtemps pour traverser tout un continent. ».


Il finira par éprouver beaucoup de tendresse pour les serviteurs et porteurs qu'il a recrutés. Ils ont vécu la même aventure, car c'est une aventure, ils ont souffert des mêmes maux. Les villageois visités leur offrent gite et souvent couvert, ils aiment leurs enfants, ils sont pauvres et doux. Beaucoup d'admiration aussi pour les religieux, petite annexe de l'Angleterre « dont on pouvait s'enorgueillir ; colonie pleine de douceur, de piété, de candeur et d'abnégation, qui ne savait même pas qu'elle était courageuse. »
Enfin, il analyse les danses, parfois mimant l'acte sexuel, parfois tout à fait neutre, l'accompagnement par les masques à robe de raphia, les danses aboutissant à la transe, la musique qui dure toute la nuit, et certaines petites filles, aussi, les seins nus, jouant de leur beauté devant lui comme des chattes.

Le Temps n'est plus divisé et mesuré: les porteurs et lui comptent par journée de marche, les montres de toute façon ne fonctionnent plus.
GG rapporte la remarque de Stanley sur son lit de mort, entendant sonner Big Ben : « voici donc le Temps ». En Afrique, « il faut cesser de compter fût-ce les jours, les semaines et les mois ».
Autre aspect que j'ai adoré dans ce livre, qui touche de très près à la réalité d'une certaine Afrique éloignée de la civilisation, et pourtant ravagée par les fièvres, la saleté et la faim : la constante comparaison que fait GG avec la pauvreté du temps des Stuarts.
Lui, le catholique, qui a contemplé les maléfices des sorciers, le surnaturel des sociétés secrètes et leurs rites d'initiation, s'indigne, lorsqu'ils arrivent à « la Côte, » Grand Bassa, de ce que l'homme a fait du primitif, représentant l'enfance humaine.

Jamais je n'aurai lu ce livre sans Idil @bookycooky, la seule à avoir chroniqué
ce livre et à nous avoir donné envie de le lire.
Je la cite : « Si vous aimez la prose de Greene, les histoires intéressantes, l'Afrique et voyager, ou juste l'un d'eux, ne passez pas à côté, un livre passionnant. »
Merci Idil, de m'avoir permis ce voyage particulièrement intéressant.
Pour

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
I was to find curious objections here and there to the silver money I had brought . One tribe wouldn't look at money with Queen Victoria's head on it; the news of her death had penetrated to the most unlikely places where I and my cousin were the first white people be seen in living memory,and the value of the coins, they believed ,had died with her.( J'allais avoir des réactions curieuses ici et là pour la monnaie en argent que j'avais emmené.Une tribu n'acceptait pas les pièces avec la figure de la reine Victoria. La nouvelle de sa mort avait atteint invraisemblablement même ces contrées les plus éloignées qui voyaient pour la première des blancs en la personne de moi et ma cousine.Ils croyaient que la valeur des pièces avait disparue avec sa mort)
Le Liberia 1935
P.65
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The beach is the most dangerous road in all Liberia to travelers, because its people have been touched by civilization, have learnt to steal and lie and kill.(La plage est la voie la plus dangereuse du Liberia pour les voyageurs, car ses habitants ont été touché par la civilisation,et ils ont appris à voler, mentir et tuer).p.234
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Blancs et Noirs ne vivaient là que pour un temps et rien qu’à la surface de cette terre d’Afrique qui finissait toujours par avoir le dernier mot . …Il n’y a pas tant de virginité dans le monde qu’on ne puisse s’offrir le luxe de l’aimer quand on l’y rencontre.
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A quoi pensez vous à la minute où je vous dis : « Afrique ? »…. Aussitôt, une foule de vocables : magiciens, mort, souffrances et Gare Saint Lazare…. Aux mots : Sud-Africain, je m’aperçois que ma réaction est immédiatement : Rhodes, l’Empire britannique, un affreux édifice à Oxford, un autre à Trafalgar Square. Après « Kenya », il n’y a pas d’hésitations : gentlemen-farmers, aristocratie en exil, chronique des mondanités et commérages dans les journaux ; « Rhodesia donne : faillite, tabac de l’Empire, puis de nouveau : faillite.
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“...when once you have taken the Impossible into your calculations its possibilities become practically limitless.( une fois que vous avez placé l'Impossible dans vos calculations,ses possibilités deviennent illimitées ) - Saki p.139
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Videos de Graham Greene (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Graham Greene
Des tranchées d'Argonne à Monrovia en passant par Dakar, New York et Paris, une fresque romanesque puissante qui court d'une guerre mondiale à l'autre, rythmée par les accents vibrants du jazz. 1918. Percussionniste virtuose à l'école des djembés de Gorée, Jules, interprète du régiment de Noirs américains sur le front de cette France ravagée qu'il ne connaît qu'à travers Maupassant, vit à l'aube de l'armistice un amour éphémère avec l'épouse d'une « gueule cassée ». Ce souvenir indélébile l'accompagnera après la guerre dans son long périple à travers l'Amérique bouillonnante des Années folles, quand il rejoint le jazz-band de ses anciens compagnons de guerre, en tournée dans le Sud raciste, puis triomphe au célèbre Cotton Club de New York.
Sa vie croise celle de Joséphine Baker qui l'emmène, avec sa Revue nègre, à Paris où l'amitié qu'il scelle avec l'écrivain-espion Graham Greene les entraîne dans une périlleuse expédition en Afrique. Ils iront jusqu'à Monrovia, capitale du Liberia, sur les traces de Julius Washington, l'arrière-grand-père de Jules, premier grand reporter photographe noir américain. Alors que de nouveau une guerre s'annonce, Jules s'installe à Mamba Point, dans la maison de Julius, l'homme qui a tenté de révéler la véritable histoire de ce pays : celle de ces esclaves affranchis envoyés en Afrique pour bâtir une nation libre. Un rêve devenu cauchemar.
https://bit.ly/3wejAfI
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